Cahier de pathologies pittoresques (2025)
PITTORESQUES 1
Janvier 2025
c’était dans la nudité des grandes garrigues
dans ce souffle d’abîme
une mort sans avenir
paupières closes
d’un vol bleu d’une presque nuit
…
je continuais la route de ma vie
sur des larmes confidentes
…
la nuit d’un prodigue linceul
…
relisant Spinoza ce cosmique de fausse abstraction
de redoutable demeure universelle
j’avais atteint les gouffres de Padirac
les Pech Merle
les matins nourriciers
***
nous avions mis nos vies porteuses de chaînes
en geôle
en carcération
j’attendrissais le temps avec des étoiles naines
…
j’avance d’une finitude qui s’exclame
***
renard soleil roux
soleil pourpre
apache meurtri
***
détresses abrasives et solaires
pour des demains dotés de phare
de pleine poitrine
ouvert de ciels
et de mâtures
qui creusent des devenirs portuaires
***
les vieux navires de l’Euphrate avec tout un ciel de cuirasses
***
… s’agissant du bonheur humain universel il y a de la
suspicion à avoir
***
porter son cœur finissant en une fugue à quatre voix
un courant d’orgue vénusien
un infini tombeau de marbre
d’un nasard sourd et ténébreux…
***
ma ruine était d’argile
qu’un rossignol d’absurdie
rendait mes vestiges de larmes
en arpèges d’asphalte
***
serai-je ému à l’approche du phare ?
***
l’ensorcellement des sables
des nus à la nuit des nudités
à l’année lumière
au surplomb de foudre
de nos âmes multipliées
***
… nos archipélisations laissées pour compte …
***
distorsion cognitive
sans soleil
nos enfantines frayeurs antiques
à visage de plésiosaure
***
j’escalade les marches de ma mémoire
par la face nord des flétrissures
de trous noirs
et d’éboulis d’ombres
c’est le poète qui s’évade en bas de page
***
dans les couperets de l’ombre
les ailes de l’oiseau
n’ont pas toujours les moyens de faire fortune
***
le penseur de Rodin
l’humanité de marbre
poreuse d’un cœur de craie
***
plus loin que les cuivres du crépuscule
les au-delà océaniques
roses et chair sans pareille
était-ce ainsi ces armes miraculeuses
le sans pourquoi
de l’homme noir la femme blanche ?
***
c’est la pluie qui fendait le rosi de notre innocence
c’était une pluie de fleurs blanches
de saisons de murailles
le mors des terres de Sienne
aux chemins de halage nos cœurs crayeux
vers quelque caravagesque sable mort
***
dans le temps courbe d’Einstein le voyage n’avait altéré le visage de mon enfance
***
influencée par quelque fluide surréaliste une coutume des années 30 veut qu’en certain village on chie tous les jours sauf les mois sans O
***
les étoiles éclosent en perles de mimosas de nuit perdue
***
le ciel était mortel et la raison vrombissante
le rouge et le noir au cœur de la dague
d’une finitude surannée
***
j’ai repris l’armure qui ferme les paupières de la raison
***
j’immacule le temps de nos hérésies
***
je faufile ce palliatif à venir d’une chambre blanche
dans la blancheur coupante
de stores vénitiens posés telles les ailes en partance
d’un vieux corbeau
***
comment l’intra utérus ne serait-il pas dans cette odyssée
de clignotements d’étoiles ?
***
le loup au langage de la lune
de ses blancs cratères hululé de mémoire
***
de tous les fragments de naufrage à l’échafaud du temps
une scintillance à couleurs d’oiseaux
me fit caresser le vent aux crêtes de lourds océans de blé
préludant le champs aux corbeaux
mais c’est d’Utrillo que c’était ouvert aux fenêtres
un blanc absolu
***
c’était un bleu boréal un Klein à forte poitrine
le chant bleu
le tari d’un mensonge méconnaissable
***
régissant les hauts massifs de la nuit
Kathleen Ferrier plus qu’Eurydice
était-elle à la naissance ou à la fin
d’un haut mysticisme la pierre angulaire ?
***
l’arbre de Paul Klee les mariés fugitifs
à la croissance d’une longue traine
le versus d’un sombre Novalis
l’angulaire de la chambre d’hôtel
encore un cercle de Dante une Ariane à Naxos
un sel noir sur un vent de blessures
***
le ciel s’était épuisé de nuitée blanche
de préexistence abrasive
la malemort de jours à rendre gorge
***
j’écris sur le cuir du monde à fleur d’une peau de haut voltage
***
PITTORESQUES 2
Février 2025
c’était la grand roue d’un bonheur solaire
le cœur en toupie
à l’aigu d’oiseau de nacelle céleste
***
Mozart raconte des pluies blanches
comme quenottes d’ivoire
d’une pluie clavecinante automnale
les souliers menus de la pointe du pied
sur quelque chemin
à la clarté natale sans retour
à l’âge des oiseaux tragédiants
***
Mergellina au pied de Naples où est Virgile
la colline au tombeau au-dessus de la ville
***
combien dure la lumière
l’occlusion du temps
temps labouré
sillons d’asphalte
***
huit minutes pour percuter le soleil
à la vitesse de la lumière
baiser de mort
retour de source
rancœur sans retour
mes corpus mes amours
cinq milliards d’hydrogène à perdre encore
pour pétrifier quelque espérance de « je t’aime »
***
j’ai marché sur mes sillons
j’ai entré le temps dans un mal radical
***
Eurydice Jocaste Didon Antigone
et celles que j’aime
dans le vrai cristal des fleurs
légendées coupées et légendaires
d’héroïques papiers fanés
***
un champ labouré
où j’allais à la marche du temps
à hauteur d’enclume
comme une pluie féconde
sur tes yeux de rizière
***
la pluie arborait le mauve de la tristesse
***
des percussions du soleil il ne restait que le sable
***
je romps la constellation où tu gis dans des dentelles d’Hypnos
***
la beauté qui fragmente
qui rend captif
***
par la malignité de la faux
séismale sur le cœur
à la pointe du couteau
***
démuni de vent et d’héritage
d’une terre grêlée
aux vieilles cendres
de ce quartier des orangers
aux aurores mal née
à l’incendie guttural
***
DANS L’AMBROISIE
dans l’ambroisie fugace du Masaccio
les avants propos monumentaux
de la nudité
…
à la froidure vilipendée
à l’abord du marbre
à la menace d’un seul seuil
…
dans l’envoilure des glas le gros œuvre de la lyre
et des cendres fertiles
…
la nuit des chercheurs d’or à la pleine espérance orpaillant
de ses fruits opaques
…
la mort advenue vaine de ses baisers constellés
…
à renaître quelque part vers Avignon
l’ocre et le vermillon
dans les marges des résurgences
vers quelques obscures dérision d’étoile
…
dans les constellations du Cancer et d’Orion
un arsenal géologique qui gît
à visage d’homme
le pourpre et l’incandescence
de la femme recommencée
…
c’est dans un berceau de mémoire un puits accrédité d’anciennes rancunes
et de vieilles chevaleries
que s’étoile sur nos poitrines la fulgurance lyrique de nos survivances à poings fermés
…
… dans son immémorial volcanique de cendres froides
la poitrine ouverte des foudres dans leur blancheur de linceul
***
la nuit est là sereine dans ses controverses
***
j’entends la généalogie du monde dans les couleurs de ton nom
***
c’est toute la mer au creux du coquillage
le simulacre de nos noces
le vivace et le chant de la plus fauve des textures
l’étoffe griffée balconnant en leur ornière de soleil
***
… d’une parousie qui martèle sur la terre
la nuit qui couture
le vent qui altère …
***
nébuleuse dite de l’Œuf au Plat
la naissance brutale dans la matière
***
l’éternité n’est-ce pas ce temps de la lumière qui nous mesure ?
***
… infinie lande de ces lèvres qui portent le désir
***
j’envie le grand duc dans son nocturne d‘hypnose
***
j’avais jadis caressé ta taille de tutu
et le glaive froid de tes beautés sidérales
la maigreur de tes anneaux de Saturne
***
la nuit meurt comme Galatée sous sa couvée d’étoiles
***
AN NURIA
Mars 2025
l’homme du Nord le rebondi
à la maison de briques rouges
au clocher et au carillon
aux poings de bronze
à la source secrète des beffrois
nous allions vers les empires
vers ces mondes dévorant
les rivages dominant vers les pôles
les glaciations précédant les pas
de ciels antérieurs
***
ces eaux rejaillissant comme l’avers de la mémoire
la fontaine bleue où les lèvres se sont rencontrées
cavalières seules chargées d’Histoire
***
ses robes et ses roses allaient faciles
d’un chemin de minotaure
enserrées
météoriques
ronsardiennes et soupirées
de beauté et de cœur facile
de toutes les grâces félines
et de toutes nuits calleuses
la foudre invisible venait
en une invite de dentelle
du plus crépusculaire
devenu ce point d’horizon
aux pétales qu’on attend
toujours avant la nuit
***
l’écriture de l’avenir a ses propres rythmes
je m’y aménage quelques sillons
loin de Corinthe
et savamment dorique
***
… Reconnaissez Madame que mourir
c’est veiller sur le vent qui s’en va !
***
(tout ce que Jean Genet a fait c’est par derrière
il y avait eu la cantatrice chauve certes
il eut aussi celui qui disait « adieu couilles aimées » –
entre deux pages de Pléiades
… couilles d’est-ce… est-ce !?)
***
je dors sur une étoile l’âme aiguisée
le cœur en archipel
dans les bandoulières de mes blessures
je dors sur une étoile d’une pesanteur légère
dans cette ronsardienne souvenance de l’aimée
***
… le taurillon doucement vers la mort
***
j’aime du plus beau de Mars ce mois où la terre ne refleurit pas encore, où l’hiver a capitulé et les jours n’ont pas encore donnés avec opulence les plus heureux prestiges du bouquet à venir. Mars des Béliers dit-on, avec celle qui a posé sur mon front le sel du baptême il y a si longtemps.
***
Etre Eric Clapton
être la poussière
le guitar hero
peut-être le fond de la mer
les moody blues d’une nuit de satin
la pierre le fond de la mer
***
en toute connaissance la foudre
s’était attardée à ceindre notre lucidité
***
la rose crie au bord des gouffres
à cueillir un refus de mille oiseaux
la main baisée madame
de celles qui vont partir
avec des roses dans le champ des courtoisies
***
j’ai longtemps marché sur une éternité séjournée
***
contre champ… dans ses dérives
à l’oubli du tonal
***
je gardais dans ces temps d’angoisse
la fleur qui grandissait lucide
et d’une verdeur de ruse
cette fausse persistance de l’éternité
***
… dans l’inscription furtive de la poussière …
***
dans le domaine clos à perdre des cosmogonies volatiles
***
tant de milliards d’années-lumière pour un pourrissement
raisonnable devant une dernière porte battante
***
reciel nos baisers abrupts les ankyloses et les murissements
à bleuir la volonté droite des lèvres sur la foi d’un temps fécond
***
le visage du temps sur les plages de Rabat
garde le sourire opulent des marées
qui efface à mesure de rocaille
le va et vient de nos sables
les sépultures persistantes de jours anciens
***
l’adolescence est-elle exponentielle à la bourse de l’avenir ?
***
l ’univers dont on nous dit qu’il ne se touche du bout des doigts
est d’une opacité lointaine froide et aussi fourbe que l’ignorance raisonnable qui le présente sur un plateau de désir d’une Salomé
pour Jean Baptiste
***
cette nuit la terre a tremblé de cent mille fleurs
d’une entéléchie de couleuvres
***
Nuria brune comme atone comme baiser du monde
sur toi dans les surmontagnes qui nous animent
***
en resterai-je sur ce solfège des rails à hauteur de voyage ?
***
nous ne vivons que de sépulture
nous ne vivons que de hasards fertiles
***
Parle moi nymphe de mes forteresses …
***
c’était dans l’arlequinerie de ceux de Carthagène
l’ocre matinal
Blas de Lezo
celui qui tenait l’épée devant la forteresse
le port des départs
***
viens-tu dans l’écho de l’étoile cernée de linceul ?
***
loin si lointaine dans les incendies de paille
la fureur d’éperon sur mes paupières
d’un nocturne solaire de Turner
***
étions-nous las de prendre le monde dans ses perspectives aveugles
à force de racines qui intimident ?
***
je pose ces roses à renaître
ces doigts meurtris
ces azurs qui perdraient la mer qui s’anéantit
je pose mes roses je pose la lumière qui s’en irait
rose des Ronsard de la pierre de saint Cosme
et de ses pierres qui tombent
…
je resterai dans la tendresse des tombes
***
je me rends nu clairvoyant et solaire d’un printemps volontaire
tout au long de cette Dordogne qui vient aimée à la clé solaire
le long des coupoles d’un ciel de Périgueux
***
la nuit porte enfin ton nom
***
loin de nous douloureusement la mer captive
le soleil à la place du cœur
quand vient au crépuscule tes robes qui brûlent
…
le temps en années-lumière les multiples morts
et les roses des naissances
j’avais perdu les amarres
le large
le courroux prodigue
le prisme de cent royaumes
du plus bleu de notre temps d’acier
***
des brumes migratoires d’Antigone … à tailler la pierre des murailles
… à déciller victorieusement l’ordre dans le désaveu
***
quelle sorte de doigts de tremble aurait la mort pour nous convaincre ?
***
nous avions racines jumelles jusqu’à ces espérances
au plus haut des cocagnes
***
nous nous étions aimés en abrégeant le jour
***
j’avais circonscrit le règne des oiseaux fuyant un concert d’orgue
et celui de ceux qui accompagnaient d’héroïsant commentaires
la sonate de Chopin à la chapelle de Nohant
un soir de virtuosité mutuelle
***
Ils avaient arsenalisés la justice des injustes jusqu’à perdre
au seuil des platanes les décrets de l’herbe des chagrins
de l’être et du néant au grand soleil
***
nous qui avons eu à vivre les résurgences des souvenirs de Valparaiso
les pavés au seuil de la désespérance de ceux qui perdent le port et sur les plèvres des collines aux lèvres même de nos sommeils des lendemains boiteux ivrognant maladifs au bord de la mer nous portions des avenirs insomniaques
***
j’énumère les temps qui m’oblitèrent d’une nuit massive
***
perdus où nos sources étaient vives
***
de chênes en chaines ces justices tenues en laisses
***
AN NURIA II
Avril 2025
ne reste plus terrestre à heurter l’ordre du monde
bruissant de vigueur neuve
du tragique des fleurs d’orages passés
ne reste plus l’oiseau des fontaines
la soif qui use les lèvres trop vite
demeure l’assiégeant à cerner
la fécondité propice des étoiles
***
l’enracinement jusqu’au point d’orgue du sillon
entrelacs d’enluminures
serpe après serpe
le visage de ceux que nous avons précédés
***
de très haute bourgeoisie ces mille manières de hauts chignons
de la dame de Beauvoir
***
nous avions sculpté l’origine des âges
l’homme de glaise en habit d’apparat
plus que la pierre plus que le temps
qu’à mourir de vieux soleils
d’un glaive de mélancolie
ne naisse la douleur de demain
***
seul à recueillir l’azur par voie d’illumination
***
soleil de mes nuits je dormais dans la bouche d’un volcan
d’un doux tremblement de terre chilienne
***
les yeux d’où se caresse le fil de l’acier tolédan
***
lorsque le vent crie sur l’ivresse de la terre
se mêle le goût de l’étoile au chant du loriot
***
l’éthique crépusculaire vient naître de l’âme sœur
d’une rupture philosophale
***
ma main à donner à la tienne
à porter le temps
***
le vase clos de l’amertume les mains libres
***
c’était en Mai il y a si longtemps
le visage posé sur le monde
sa charge d’avenir
son désir désenclavé
***
les ongles qui croissent encore dans la mort
comme archives d’hiver
***
Bertran de Born Jaufré Rudel de Blaye et de Born
d’entrelacs d’épée sur le flanc de leurs désirs
et cliquetis d’éperons les vers de « l’amour de loin »
avec dame enfuie Kaija Saariaho
***
pareil à la faim et ses griffes dans son noyau de soleil
la solitude au mufle taurin
***
l’amour avait en ce temps-là
la largeur du visage aux yeux orphelins
le dégel des sources comme renaître au front des lucarnes
***
fontaine aux oiseaux de chemins noircis
de griffes et de lumière vorace
bouches de fontaine
les yeux dans les grands écarts de la nuit
***
dans l’incendie des dimanches de pierre
sans blessures
ce sont des lèvres de femmes qui brûlent
leurs fiançailles crépusculaires
***
j’ai quitté mon enfance au travers des hublots du temps
sans arme et sans armure
chevalier bleu en tablier d’écolier
dans le lait des galaxies
AN NURIA III
Mai 2025
dans le chas d’une aiguille
au lointain cosmique
l’œil télescopique apercevait des myriades
d’univers en expansion
comme Blaise Pascal nous nous sommes effrayés
devant le mourir de tant « d’embruns de vérité »
***
elle fermait les yeux sur le jour
le soleil comme un vin frais
une griffure de madrigal
brûlant d’innocence les landes
enfouies de son enfance
***
elle était la chair la dentelle et le rosi du vieux Véronèse
***
j’ai dégluti l’asphyxie de l’imaginaire
***
nous avions acquis la force rupestre
les avril et les architectures de lumière
loin des barbaries croissantes
l’angoisse aiguisée
le visage aimé
comme murmures de perles
de tessons d’étoiles
dans les yeux imaginaires
aux voisinages
de douces dolences gésualdiennes
***
nuage de dystopie
fractale
nuages à l’ultime clarté
en fanes de métamorphoses
***
j’appartiens à la race de ceux qui raturent
les archivoltes de la langue et ses griffures
je fais partie des flibustiers des contre-chants
du vin des lucides sur le pierreux du temps
***
colline après colline nous nous étions pris le pied dans le tapis
des prophéties
à hauteur de métamorphoses imaginaires
***
d’imago Dei
le réel sursitaire
à la découpe
à la tranchée crépusculaire
d’un toast funèbre et ancien
***
de reclus et recluse les talons sur la mort
avec l’aube à la couleur mauve des naissances
***
j’avance dans le pourpre de la nuit dissoute
d’une vénéneuse turbulence de la chair
***
comme les oiseaux de l’enfer quittaient les fleuves de l’oubli
le frisson rouge
la gorge du jour sous la caresse
l’aurait-elle tu
colombe révulsée d’une blancheur de cocaïne ?
***
du haut des colonnes doriques
et des cocagnes vieillies
à chanter la mer
en gants noirs de soupçonnées
de vagues achevées
du haut de ruines acérées
***
je vivais dans les vents à la blancheur de nos linges
sur les terrasses
les murs de clarté
je vivais à Rabat où les vagues et les oracles
entraient aux rostres de la mémoire
***
louve musulmane mordue masquée
***
je perds la lumière les paupières fauves
à l’incurvé des ténèbres
***
la volonté du temps nous séquestre
***
la représentation du monde épouse
l’immanence de notre douleur
***
comment mourir au-delà de Gordes
avec les moulins les ailes sur le crépuscule
depuis les terrasses d’azur qui s’émonde
à la dureté de la pierre confidente
Juin 2025
d’Ennéade en Ennéade
à émonder
à creuser la ténèbre
***
les hommes de sciences -ce sont là professeur d’angoisse-
à prédire la poussière
***
l’aube a toujours les béances de nos incertitudes
le bleu de cœur de l’homme debout
dans sa disponibilité de source
l’enracinée sans pourquoi
descendue de ses dentelles
en terre aride
***
reconnaissons que le hideux Jean-Jacques
jette une ombre de sang bleu
sur les Lumières
***
dans la désagrégation que l’aurore équarrit
j’aurais
à l’insufflée de ton visage de gouffre
l’impeccabilité des glaciers
***
mettre des mots sur leur paquet de pleurs
…
…
sur les lèvres d’une neige commune
***
l’homme de glaive
détisseur d’étoiles
battu d’orage
***
Budapest je traverse tes cernes
le bleu en miroir de tes griffures gothiques
***
j’ai hérité de la culture du néant et de ses baisers de neige
de cette mort des étoiles
à milliards de milliards d’inconnus
que définissent d’espace
nos temps apocalyptiques
***
je tiens ta main d’une éternité furtive contre des murs de ruines
***
je travaille sur les sol mineur en apesanteur des cordes graves
***
elle m’avait pris dans ses bras à la naissance du monde
de part et d’autre d’un fleuve tracé d’amour au loin
penchée comme la rose prédatrice
***
l’emmuré le nocturne à la voix blanche
***
la lézarde des murs telle une buveuse dans sa zébrure
les tombeaux vides pas encore habités
l’enseigne rouge dans le nocturne
le bœuf sur le toit caniculaire
avec les vers de Blaise Cendrars
***
la soif et l’hypnose
le jour contrit
l’incurvé de la blessure
…
ma souffrante aux bras de porcelaine
d’une lumière sans âge
d’un beffroi de terre basse
dans quelle ombre s’était risqué mon cœur …
***
cette brune à la lumière d’un respir
lasse comme une famine
au front de mes fantômes
de celles qui incendient de larmes
le clair-obscur de ses noirceurs en archipels
***
JUILLET 2025
dans Belvàros
la lyre d’Orphée
aux dentelles de château
en eaux peu profondes
***
franchir la neige dans des pas feutrés
…
soleil comme privilège de la pauvreté
nocturne de ces temps oblitéré
quand j’avance criblé d’éternel
***
les architectures de soleil lèvent jusqu’aux sabliers de l’ennui
la peau nue que je déchiffre
***
l’incendie a ces robes de crépuscule en marche
les visages de la mer
avec ces femmes qui font le nid d’étoiles lointaines
coruscantes d’une force blême
d’une volonté nocturne qui effeuille
au seuil du baiser
cette hypnose posée sur des nuages investis
***
à laisser les brides
les plaines et les nudités
les crinières qui vont au vent
l’ébauche de l’étoile porteuse de l’équité du temps
la brève asphyxie
les lèvres affamées
***
derrière le sang et la nuit brute
de ses linceuls
la jonchaie des cendres
est carrément dans l’ombre des cloîtres
…
l’écriture des draps sur des soifs nocturnes
***
c’était un baiser de Danube à Budapest …
***
de quelles couleurs les arcs en ciel d’automne ?
les glaciales et celles de l’or pariétal
les duvets du vent
***
nous avons domestiqué l’obéissance
***
je désapprends les crocs d’une ancre de néant
***
Pasolini parlait des cendres de Gramsci
comme je sais à Naples
l’avenue du même nom
avant la montée à Vomero
avant Chiaia
avant Mergellina
***
la mer disperse ses chants de vieux bas-fonds
la mer des anciens naufrages
ses recueillements d’ogive
d’homme outrepassé
dans la bure bleue qui nous abolit
la mer à ciel perdu
***
c’est dans son visage de brume qu’elle dormait
d’une peau de soif étanchée
…
dans le clignement des rivières et leurs éclats héraclitéens
il y a l’herbe haute où je ne serais plus
***
parfois sur la traversée nous nous rencontrions
parfois je lui demandais l’heure
elle me donnait le temporel et le rire de la noce
***
dans mon sommeil mes évasives prisons de cœur
le temps se voyait grevé de cloches
de cocagnes et de juillets remémorés
du plus vivant enseveli
dans cette ronde d’un passé dissout
***
je suis né d’Atlantique d’une mer où le varech respirait
jusqu’aux poumons qui m’ont donné chair
où les scorpions dansaient de démence
la fantasia des sables des fées à l’incandescence
***
j’ai appris la neige jusqu’à la morsure des racines en gants de laine
***
nous ne sommes plus dans le paysage
ni même aux escarpins de la danse
nous demeurons derrière les fenêtres
de la turbulence
***
d’Eve et d’Adam le péché était la morsure
***
l’odalisque était rouge et blanche allongée aux rayures longues comme des bras d’enserre
puis vinrent ceux aux cernes d’angoisse à la solitude rasta des palmiers
jusqu’à remettre un sens à ces coiffes dont Mallarmé rendait l’éclairage à quelques coiffeur divin et dont ce matin la frange semait de ses friselis ces restes de pudeur dans le ralenti du déshabillé
***
Je vivrais d’un avenir non répertorié
…
dans l’idée de la mort j’ai le cœur nautonier
***
désert dénudant
mémoire sans oasis
…
le soleil dans sa rocaille de lumière sans malice
***
elle m’avait ouvert les veines de la confiance
…
sur les parois à me saisir de tout mon être de pierre
de ciel et d’azur qui concasse
…
résurgent d’émeraude Ventoux de Vaucluse vieux Pétrarque que porte le nom de l’hôtel
j’aime encore la sveltesse de ton alliance
d’ici
***
j’ai donc le bonnet qui me porte vers tes nuits
…
dans peu de temps cette évidente galactique néantisation
***
grand juillet porteur d’été
d’emmurée Budapest
Pont des Chaînes
j’ai laissé Belvàros ses héros de bronze ses saints de Danube son oublieuse rive sur nos baies vitrées d’aurore à quatre heures du jour
mes mains posées pavées d’orage
l’hôtel neuf de ses étoiles comme à l’écho des rafales d’il y a si longtemps
…
j’avais perdu les crocs du verbe sous les bocks des boyaux de la ville
***
je t’aimais de cette terre sur des lèvres qui désertent
***
tes lettres classiques comme embouchure du marbre de ciel romain sous le pont de tes lèvres
…
l’enfer serait-il inévitable après la toccata inaugurale des cuivres de l’Orféo ?
***
c’est à la morsure du talisman la gravure sur le ciel
des pierres qui furent hissées
les yeux émondés de ces oratoires de cieux pascuans
…
c’était une arche à mille berceaux comme nous-même à mi nuit des ténèbres
…
mi – nuit aussi large que l’incendie qui nous vit naître
***
l’amour aurait-il cru s’en aller croître dans ses misères
là où je revenais pas à pas au seuil d’une maison qui m’avait vu vivre ?
***
je te donne les degrés du désir d’un songe à paupières closes
…
je te souriais comme souris aux dents grignote dans l’éphémère trou d’un grand soleil
…
j’ai perdu les amis de mon enfance leurs fenêtres et les nuits d’indiens disparues avant les étoiles
***
le soleil innervait de toutes les vannes de ses pleins bouquets
en tressant ses robes de chair depuis la nuit des temps disait-il
***
Bernard et Chantal
je vous ai connus à la naissance des sources
et de nos vieux westerns
aux portes anciennes de l’enfance…
au numéro 6 de notre rue
*********************
mon avenir descend de tout un contingent de fantômes
…
je ne sais jusqu’où descend la mort
***
sur le sablier de notre chair
de sables et de marées
de nuit rétive
***
le cœur navigue bleu rythmique
***
le ciel était jeune décarboné et nu
***
quelle discipline de soleil dans le répons et les velours de Budapest !
***
nous irions aux jointures du vertige
à la vague du naufrage
***
cette nuit
sommeil
le soleil est en feu
***
elle avait ce visage de rose des rires de la noce
…
le cœur en fleurs à l’église se hissant aux blés
jusqu’à la fin des terres
***
comme un sommeil qui s’épelle
le feu des lèvres qui s’est tari
les éboulis et le vieil éclat
de quelque source
bellezza de pierre
rendue à la quintessence de la poussière
***
la parole partie en feu
***
je parle au vivant
à son corps de mémoire
qu’achèvent les soleils à crocs de boucher
sur des nuques de tournesols
comme coup de grâce
je parle du vivant à ces lieux de nuit
qui parlent à Saint Rémy
de tournesols maladifs
de couteaux à gouache
sur les terrasses au cœur des bleus et jaunes
de nos vieilles absinthes de sommeil
…
l’homme qui s’estompe sur des épaules idolâtres
***
la lune est d’une extrême rotondité
sur nos marées sans oiseaux
de cendres et de pâleur
elle est cette toupie qui veille
***
dans la gibecière du bonheur il n’a jamais été question d’archipéliser nos soifs
coiffées de Ventoux
des fièvres de Valensole
des hypostases de Saint Rémy
***
Août 2025
nos saisons solitaires relèvent d’un amendement
à la froidure des justes
de cœur solidaire
***
(Chanson que j’imagine inventé par mon petit fils. Nous la découvririons ensemble. Pour W., sa petite sœur)
« Le ciel était noir
Je m’en allais voir
Au fond des paniers
Le sommeil des poupées »
***
que fait-on des renoncements de la terre
de ces socles qui prennent les étoiles à témoin ?
***
cathédrale de Laon
cathédrale de Soissons
à creuser nos ciels de pains noirs
…
c’est un pays qui donne un visages sur ces calcaires loin des falaises
***
ils meurent à Elseneur de ces questions d’être…
***
nous savions trop de ces caillots rouges de crépuscule
***
les soleils dans leurs frénésies perdent quelques galets de la bouche de Démosthène
avatar de mots perdus qui s’épousent
***
le soleil reste hérétique
(de vertus lasses gravées pour cinq milliards d’années)
***
je prends le temps des étoiles dans les vacuités de l’asphalte
…
ma vie vient dans le cheminement du carillonneur
…
j’obéis à cette loi de la pierre nue
…
dans le déshabillé des foudres
…
c’était un temps d’olivâtre un ratissage d’automne
à pleins râteaux
les jeux de l’amour et des feuilles mortes
nous avaient mené à la source
baudelairienne
« du jet d’eau qui jazz »
…
la nuit qui crisse comme la craie sur nous deux
***
j’enchantais le Nombre de sa foudre d’ogives
***
toute la mer et toutes promesses aux confins des naissances
ce sont aussi
tous les tragédiants aux falaises
les fureurs du jour
aux mille vents de poitrine
et aux mille famines
la nuit qui révoque
l’invective et la foudre
la mort sûre d’un long baiser de sablier
….
c’est la mer qui gerce sur la pierre à Naxos
la mer aux épousailles d’Ariane et de Bacchus
depuis le portique où se perdent les oiseaux blancs
la mer qui dit « ne crains pas » sur le linge des terrasses
sur l’ombre des tétrarques aux bleus des coupoles
les ourlets d’écume au sommeil portuaire
et le refuge de la ville haute
c’est l’amertume aux lèvres et le vin votif
la mer sans âge le rivage natal
la mer d’écailles qui vient mourir sur l’écriture des sables
***
du haut de la ville où se mêlent les crénelures
et l’embrun des exils
c’est Délos aux lions à la pierre maigre
Délos au cœur de l’Egée comme au cœur d’une cible
le feulement de l’azur dans les juillets de pailles
nous y cherchions l’oiseau de Braque
et les ruines jaunis des anciens cliquetis telluriques de l’âme
les hauts d’une ville d’orgueil
les chants de Jason et le parfum de la cire des ailes d’Icare
***
la Sybille et les filles de la nuit dans la grande jonchaie
***
buveuse inextinguible
mortelle solaire gorgée de vieux déserts
jusqu’à la nuit lourde en son empire concassé de sommeil
…
c’était un goût d’évasion au seuil de nuits prescriptibles
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Les scientifiques sont des gens rationnellement épatants. L’univers est infini mais il aurait des contours, des trous noirs, des distorsions de temps et d’espace, des trous dans le pantalon, un bing bang qui serait une antériorité absolue alors que ce n’est qu’un feu d’artifice qui met en scène une ultériorité chimiquement déterminée à donner les réjouissances du temps 0, moins la feuille de papier du mur de Planck. Les scientifiques sont parfaitement tout ce qu’il y a de plus sérieux. Il parait qu’en plus, caution du rationnel sur le gâteau, ils donnent à rêver.
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C’était à l’éveil d’un bonnet d’âne, sans doute aucun, une anomalie vite éclaircie, j’étais édité dans la collection empire de Gallimard.
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« A l’éveil des sources »disait celui qui inaugurait la « Julietta » de Georges Neveux
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je fus défini intemporel de source et de paroles rejoignant d’autres sources d’une bogue infertile dans la tristesse d’une illusion oppressive, je fus défini à la proue des opacités, de ces beautés qui commémorent et cristallisent de beaux draps blancs comme linceul, poreux et battu des vents.
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ce n’était que poésie de rocaille de celle qui contourne le visage des rivières d’Héraclite
de celles qui ne demeurent joue contre joue
dans l’engouffre stalagmitique des devenirs lents loin des étoiles
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« vous oiseaux… » ceux de Messiaen…
d’une mer qui brûle au seuil des vitraux
celui des robes crépusculaires
les la mineur et les accords qui viennent
d’aurore en aurore
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le cœur qui bat avec les montagnes qui toisent
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« solitude… o solitude » chantait le Shakespeare de Purcell
Alfred Deller faisait sonner l’apostrophe comme une mer vibrante
au pied d’une montagne
une lune grandissante aussi
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le plein midi a ses faunes et ses ogresses
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les tragédiennes au pied de murs anachrones
au portique où vont les goélands
sur les fronces de l’Egée
où je reste métaphore
au plus haut des falaises de l’été
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lune sans paupière
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je baise la transparence de tes paupières
nuit d’ivoire
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… l’empire des oiseaux, de ceux qui vont vers les voussures de l’abbatiale de Conques…
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« nature immense
impénétrable et fière… »
disait la « Damnation » de Berlioz
le diable avait fermé les yeux
les marguerites frissonnaient
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je fus au bois à la pierre à la flore
aux plus pures guipures d’Aliénor
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je suis né proche d’une corne de taureau à l’écorchement vocal
pierreux de Manuel Torre
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notre nuit ne sera jamais infinie
tes lèvres dessinent la source où la vie est facile
puisses tu clore mes paupières aux lunules d’un crépuscule
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les Hauts Commissaires aux Droits de l’Homme
vont-ils et viennent-ils sans rire
du marbre de trop hautes vertus ?
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La dernière vocation du dinosaure en fin de race
fut de partir
de devenir oiseau
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j’avais appris l’hiver
les désertions de la rue de l’enfance
les chemins du cœur à mes pieds
***
les hommes d’amour
ceux du plein feu ne croient à rien
…
à peser nos cœurs d’un rouge baiser de porphyre
***
je n’ai plus de cœur que le sommeil
la rive aride de l’énigme
la noce étoilée de nos néants
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pourquoi vivre mieux que ces griottes pourpres
sur le lobe d’une oreille d’amour ?
***
ces ciels nocturnes portent flambeaux
quand ceux qui s’aiment se croient chez eux
***
quand c’est trop beau c’est Berlioz
dernier troyen aux pleurs de Didon
avec le fleurissement des cuivres
soleil qui se lève
avec égrènements d’étoiles
***
l’air à l’orage comme l’acier qui pèse sur le cœur
le ciel à nos pieds
…
je sais nous rejoindre
nous rendre aux racines des floraisons
***
elle lançait sa ténébreuse pavane
comme un azur rougi
une chaleur renouvelée
d’une longue mante d’infante
***
dans les terres nomades
vers les pâtres de ciel
à vivre dans les failles
les armes qui pointent la mer de cuivre
les vaisseaux à cœur d’homme
***
… vivants de tendres cendres
***
ceux de pouvoir
pétrisseurs de faux fantômes
les bouffis de vertu
***
mes lèvres de poussière
ces fleurs
tenues par des serrures amères
***
avec le futur je ne prendrai pas de gants
***
notre avenir brûle à consumer ses propres ténèbres
***
tu as le visage de ce royaume la vallée fertile
à grive musicienne
la terre griffée
la claustration de ciel
bleu sur bleu
aux mors pavés d’infini
***
anges déconstruits
aiguilleurs à lignée d’âge corrompu
***
tu m’accomplis
Lascaux d’une nuit taurine
aux cornes d’étoiles
aux flancs de paroi
qui t’auront rendu mort
bonhomme
une première fois
***
SEPTEMBRE 2025
déchues et démantelées
volières et multitudes d’anges adossés au ciel
…
la nuit des nuit sonnera une pavane en crêpe de dentelles mauves
***
j’ai toujours aimé Eluard sans savoir
tout en sachant
la fonte des neiges la couleur de terre à terre
la femme au verbe être des capitales
au visage nidifié d’anciennes amours
***
je fleuris dans les hautes raréfactions
mes sonnets mis à nu
de fleurs de lys
et de roses de sang
***
Bashô ne disait-il de beuveries de pleines floraisons
qu’elles égrenaient
des perles rouges de poésie solaire ?
***
de cette lumière de tournesol
n’est- ce mise au secret
pour dernier épi d’humilité
les pieds dans les champs
la chapelle émergée ?
***
l’abaissement brutal jusqu’à rupture de la lumière
l’abat-jour de l’illusion
***
nous resterions l’objet du feux prométhéens
l’angle mort des ailes
des failles du ciel
***
de ce temps nocturne
de cette architecture qui nous fait debout
d’une épée tolédane qui jamais n’abolira
la rotondité solaire
***
Pour Céci
maintenant je pourrais encore t’épouser
te dire vraiment fidélité pour chaque jour
sachant pourquoi
chaque angoisse et chaque soleil
maintenant que le temps se fait plus petit
maintenant que ce n’est plus en aveugle
mais les herbes sur les joues
les blés en croissances
que je connais le chemin
que je sais le vent
si c’était à refaire
***
comme paupières closes l’ombelle de nos secrets
friselis d’Ys les ciels sans pareil d’Helsinki
***
nous venions d’un autre néant de cette lumière blanche
qui attend sur des sillons bleuis la ténèbre du cœur
***
dans ton soleil nos yeux grandissaient
***
es-tu Idomeneo de toute clarté ?
***
cran d’arrêt sur cette nuit qui vient
la terre tourne sur nous
pour tous les murs de pain chaud
les femmes inconnues
l’enfance qui s’en va
les étoiles du fond de l’abime
…
nuit de temps nuit fantôme
d’un mourir vif
d’orage sans avenir
***
la route vers le ciel d’un faux Tiepolo
d’un premier rang à Naples
***
la révolution c’est l’œil bandé
corsaire
la nuque abdiquée
***
la nuit comme la force d’une fausse note
***
géographie munie de bras l’un sur l’autre
à la caresse nue
à la Caravage
des « Sept œuvres de la Miséricorde »
ombreusement noir sur blanc
***
… le ciel a les armes rendus d’une mélancolie de nuages
***
d’un ciel ouvert de cloches et de clavicordes
bien au-delà des chansons et des histrions
je fais souvent appel à la nuit et ses hordes
des pures poésies de Louis Aragon
***
je garde une tendresse pour Robert Schumann
avec des nuits du Rhin et d’un Düsseldorf
que je ne connais pas
les vins blancs et les arabesques de forêts à cœur
les orages et les coulées d’enclume
de telle Fantaisie opus 17
***
le temps nous menait aux lisères de l’asphyxie
à la pierre bègue
au seuil d’un balbutiement miroitant
de notre éphémère
***
nous avions engendré une déflagration de Spinoza
sur les murs obscurs de la pensée
de celles qui disent que dieu s’en va
une vérité d’éthique d’une nuit sans linceul