Ulysse déjà dans son voyage eut maille à découdre avec les sirènes : musiciennes quelque peu magiciennes. Et ne dit-on pas dans certains poèmes de la Renaissance, aujourd’hui moins lus que les Ronsard de notre enfance, et dans l’Anacréon de jadis, que le fait musical était en " l’Amour mouillé"? Etonnantes noces que celles de la musique et de la mer, la mer elle-même dispensatrice, au-delà de l’appel des sirènes, d’un univers auriculaire mouvant et impalpable, matrice de l’univers vivant, hommes et poissons, maillonets d’une chaîne en devenir.
Tout, dans une exposition sur la mer et ses magies appelle à entendre, invite à l’écoute. Outre l’écho des sirènes sus- nommées , celles d’Iliade , mais aussi celles des navires mélancoliques , aux rostres du voyage , à l’orée des ports , de retour d’aventure. Univers et sites auriculaires, s’il en était, proues et rostres des vaisseaux fendant l’écume, galets, roseaux, épaves roulées aux rivages d’un rythme immémorial.
Douleur et pathétisme des femmes en noir pleurant ceux qui ne sont pas revenus. De tel horizon chimérique coupable
«car il faut que les femmes pleurent
et que les hommes curieux tentent les horizons qui leurrent»
Sully Prudhomme
Mais la mer enivre aussi. Et ce sont les chants des hommes qui s’essaient à calquer le rythme de leur cœur à celui des houles.
"La mer est infinie et mes rêves sont fous" Jean de la Ville de Miremont.
Dans une exposition sur la mer magicienne, aux noces houleuses de la mer et des hommes, tout invite à l’écoute des sons. De même Karl Heinz Stockhausen, célébrant les espaces aériens, instaure l’audacieux dialogue des pals et rotors de l’hélicoptère avec le vénérable quatuor à cordes !…
Epousailles périlleuses … Mais la mer, elle , si naturellement , si intimement propre à la langue des voiles qui claquent dans la lumière des départs et des grands larges !
La mer, dans une telle exposition, ne pouvait que trouver son prolongement dans les œuvres musicales des humains.
Devenues sirènes, celles-ci célèbrent aujourd’hui ses flux et reflux capricieux, sa geste immatérielle.
Claude Debussy, sourcier majeur et guide d’écoute, nous mène de l’aube à midi, heures des grandes prises marines, sur cette mer d’avant les humains, concluant en point d’orgue, sublime souffle océanique, par un dialogue de vent et de mer.
Depuis, la mer "aux golfes clairs" se décline aussi en mode mineur, toujours essentiel.
Mais quelle surprise et quelle coïncidence au bonheur des ouïes.
L’ultime ouvrage, l’inachevé d’Anatole Jakovsky, révélant en ses "Sirènes" l’achèvement de l’Ere zodiacale des Poissons d’une dernière vague civilisatrice.
Dans cette mer aux magiciens qui s’exposent, la folle ivresse de Saint Léger Léger nous saisit, et autre fil des marées sonores, nous avons opté durant cet été 2000 pour les jeux subaquatiques, abyssaux, de Michel Redolfi, baume calmant et comme perçus en l’enceinte prénatale : la mer, l’eau intérieure. Fondatrice.
Sirènes d’Ulysse, mer des horizons chimériques, voici la vague, le rivage, la mer recommencée.
Jean-Claude RISSET "Sud" – bruit de rivage
Claude DEBUSSY "Sirènes" extrait des Nocturnes pour orchestre
Michel REDOLFI "Effractions" 1° extrait de Sonic Waters
Claude DEBUSSY "De l’aube à midi sur la mer" -La Mer-
Jean-Claude RISSET bruit de rivage -"Sud"
Poème lu par Florian STILZ l’Albatros de BAUDELAIRE (improvisation: Manfred STILZ)
Charles TRENET "La Mer" (début)
JEAN-Claude RISSET bruit de rivage
Gabriel FAURE L’Horizon Chimérique : "la mer est infinie"
Michel REDOLFI "Effraction" 2° extrait de Sonic Waters
Poèmes lus par Florian STILZ improvisation : Manfred STILZ
Gabriel FAURE "Les berceaux"
Michel REDOLFI "Effraction" 3° extrait de Sonic Waters
Claude DEBUSSY "Jeux de vagues" -La Mer-
Bernard PARMEGIANI "La Création du monde" (écho – mélopée)
Alan STIVELL Chant marin breton
The BEATLES "Yellow Submarine"
Charles TRENET "La Mer" extrait
The BEATLES "Yellow Submarine" extrait
Claude DEBUSSY "Dialogue du vent et de la mer"