Dans les jardins d’Eros (2016)
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POEME DE LA DURANCE
1 janvier 2016
Le monde est déjà là
la mort continue
je continue sur le velours irascible
de la 11 de Chostakovitch
sans trahison d’outre-éclair au jour qui vient
dans un tocsin de trompettes et de baisers d’oiseaux
***
janvier je m’alarme de baisers de tendresses
celles de toujours
***
quand je t’aimais je te donnais l’adresse d’un bois perdu…
***
les cymbales
l’envergure du temps qui se distille…
***
ma poésie est pour les arbres elle les efflore
le clavicorde sous les feuillages avec le déculotté
que respire ma libertine
***
l’aveuglement comme d’un vin lourd
si sensible au baiser de la lumière
je ferme ma main sur la nuit qui ravine
j’ai cru croire le cri du monde
comme la rose de Jéricho renaissante
***
Vivian Leigh comme la folie du temps et de la chair
***
2 janvier 2016
d’un jour sur les plus hauts sommets de notre neige
nous pourrons rester simplement dans ce seul creux
de ce qui reste à vivre à voir briller ce diamant de l’essentiel
***
dans le martèlement de la grêle nous creusons le sillon
des jours qui font les rides
***
ma vie impure reste de glaise volcanique
***
comment t’oublier puisque je demeure
***
Heidegger aux racines de l’être des chevelures
qu’ « on » aurait donné comme soleil éparpillé
…les chevelures les étants de l’or blond du monde…
***
j’erre dans la nuit turbulente de la sonate pour violoncelle
celle qui encaisse le sanglot rentré de la vocalité
***
l’obsolescence de nos jours passés pour engendrer le cœur
qui maintient la lumière de l’avenir…
ne t’aurais-je aimée que ce temps de papillon
lourd de battements d’un cœur informel ?
***
nous rendrons les armes démunis
le cœur en nage
***
Chosta à faire pâlir en virtuosité Rostro
les battements d’elles faisant moins autorité
que les silences percussifs
sortis d’une année qui commence
***
des plus hauts sanglots peu sonores et raréfiés
sur la crête de l’asphyxie
à rentrer ainsi dans les cachotteries de l’amour
***
comment voulais-tu l’éternité de notre éphémère
à donner du reflux d’une impossibilité de socle
à asseoir sur nous
ces espaces de plages qui ne demanderaient qu’à nous accueillir
***
l’esprit s’abîme à hauteur de sa profondeur
***
les étoiles sont mortes et les étoiles ressuscitent
d’un clignement d’architecture la terre de nos rêves supposés
***
l’unanimité des fleurs du monde a l’écorchure d’une voix
à chaque pétale
***
ne pas refondre le cœur du monde d’une rose possible
***
mes nuits alpestres à élargir le champs de mes chemins
récurrentes dans les vents cerclés de mes amours de verre
***
revivre le temps où tes fleurs n’étaient pas recoupées
***
ma femme passant par la lucarne très haut dans la nuit
comment porter les os au plus haut de notre traversée ?
***
nous savions que le monde offrait à l’azur de tes remparts ces atlantiques
ces temps qui nous ont vu naître
les embarcadères de soif des horizons où nous ne voulions plus mourir
ce revoir des femmes sur le cristal des embellissements
de la vie la plus pure
je cherchais le nord ayant perdu ses digues
un monde dépeuplé de tous les baisers d’ivoire
dans les fonds les plus enfouis
nous connaissions le remembrement de l’univers qui avait connu
les sources de la peau la plus insolente
les plus durs quatuors à cordes émiettés de nuit dans les sabliers du noir
vivants et revivant un long croassement de temps
dans les hachures de notre halètement une nuit de sonate
à bout de falaise
plus qu’une île à l’aveuglement de ce bleu raviné de l’azur pour les larges
de l’angoisse
nous avions ce que le monde dans nos mains offrait
du plus improbable tuilage de nuances de voûtes éphémères…
dans la bouche de l’écriture comme une mort de Socrate
***
l’amour à mort d’un soleil noir
aveugle sous la terre battue
***
comment penser le harassement à son encolure
et la mort à sa morsure ?
***
dans les dortoirs du temps les heures profilées
***
boire mes nuits et mes jours dans un temps adjacent
l’enclume du temps plus ruisselante que ceux qui la frappe
***
ce qui reste à boire dans les atomes de nos précipices
dans les bars de zanzibar
***
… les antarctiques des glaciations infidèles
***
l’écluse de la nuit morte me faisait dire
que je ne boirais plus
que l’ivresse irait au canal
seul et sans jamais mourir
platonique et grandiose là où je t’aimais
dans des demains fidèles à la vie
***
3 janvier 2016
l’herbe sur les chemins qui menaient aux beffrois
au goût de cendre
où je serrais sur la poitrine notre parfum de sommeil
***
4 janvier 2016
dans la vacance du temps nous espérions
seulement sa vacuité
le portique dans sa ruine
la mer dans ses robes d’infini
***
dans ma mort il me restait l’inquiétude du souffle
dans la lenteur de sa croissance
***
5 janvier 2016
Comme autant j’ai fissuré ce chant bleu dans l’hydre de
Ma poitrine autant j’ai reblanchi ces crinières de temps
Qui m’habitent ces nouveaux palais de l’ombre en nouvel
Orphée à recoudre d’énigmes les labyrinthes avant la longue
Asphalte de sommeil Paul disait j’ai fini ma course j’ai
Combattu le bon combat tandis que l’homme de la lyre a gauchi
Son chant dans la nuit venue la parole garance jusqu’à l’os
De sa vérité la femme pétrie de ce levain de désir à la rencontre
De l’acier de mon désir alors c’est le voyage antique sur les mers
A reconstruire ses visages de glaise et toute la grâce comme un
Défi et prêt à la sculpture-lui ouvrir les jambes comme je pénètrerais
La clé de l’énigme faucheur d’étoiles j’ai dénombré la distance
De ce noir absolu au candi du baiser que sont ces havres de hanches
Et de lèvres donc orphique et altiste au point de l’aube
Ma femme à la chevelure de feu de bois la rousse mordue du serpent
Avec Eve croqueuse de connaissance j’ai fissuré mon chant
Bleu d’infini et elles faisaient bûchers de leurs chevelures
Comme l’eau torrentueuse et la torche dans la ténèbre vivant
D’orage les persiennes s’ouvraient sur les prénoms du jour
Lilas du matin pensées évanouies murmures mauves
Des faunes aux résurgences de maintenant quand ils eurent achevé…
De blanc marécages siciliens porteurs de ces boutures pétries d’aube
Ma femme à la gorge de Val d’Or rengorgeait sa douceur
Toute de roses naissantes l’herbe où elles furent gardaient
L’ombilic d’une geste antique foulée du parfum qui parlait
de nos présences anciennes
***
de cette distance des étoiles entre les étoiles
à tisser ces fibres de la nuit
il y avait ce temps qui s’émaillait
les courroux cronosiens des fonds des abîmes
que connaîtrais-je de toi dans les osmoses de tant de lumière qui s’érode ?
***
de l’amour premier sous toutes ses formes
du sein maternel
puis des longues cuisses comme un Chili
de celle qui chantait les avenirs haletants
de leur fêlures dépendent
cette obscure force qui mène au ruisseau de l’enfance ou au zinc
***
7 janvier 2016
de la femme ou de la robe qui s’est emparé
de la séduction ?
qui de l’œuf ou du serpent…
***
elle me rendait vivant dans l’encre noire de notre miroir
plus noire que la nuit l’absence encore dans le sommeil
à sussurer les prénoms du vent hasardeusement nus ces
paroles criblées à l’heure des goélands face à la mer
dans la chambre blanche les draps tumultueux
couvraient nos ombres intérieures vague après vague
du bleu de leurs paupières de vérité calcaire l’émollient
et large adagio dans la gestique sur ma bouche
ma beauté scarifiée au jusant du ciel qui descend
elle me rendait vivant et somptuaire à froisser nos lettres
d’amour dans les quadratures d’aurores l’étoile
disparaissait de toute sa masse de nuit de mon cœur
je t’aimais de toutes les ténèbres ta main dans la mienne
avec à Chartres ta respiration de pierre dans le poreux
où la vie a passé si vite le vert de gris encore pur du baiser
d’aller chercher le monde au-delà des pierres de Vezelay
de Salzbourg d’au-delà des impatiences me rendre vivant
et la dénuder d’ailes et d’elles je l’aimais sans mémoire
dans les tremblements constellaires de mes mains sur
le mur des étoiles
***
comme à l’origine du temps la première aurore d’un baiser
d’abricot
***
le jour qui nous unit à la margelle et à la jatte de fleurs
qui ne reviennent plus
***
évanescente évanouie trouble et blafarde l’éclosion
cogne dans les failles avec un sourire
balafré sur la joue
elle disparut
la nuit tombe le zinc inondé de la couleur des morts
***
mon aimée mon amante des baisers de taïga je reste
sur ces terrasses loin des lianes et des fleurs
et des crimes loin des surdités
je ne pense qu’à la destruction des nuits gantées
et de leur velours d’ivresse
comme quand alors j’avançais d’un pas d’étoile
sur la pluie de la plus douloureuse solitude
***
9 janvier 2016
du fond de mon lit je compte les étoiles du sommeil
heureux comme la fanfarinette de Rameau d’une ville
en cristal aux aurores sur pilotis une Venise d’Avril
de toutes les cloches qui viennent dépoitraillées de vases
à l’épaisseur des baisers dans les terres toujours chaudes
vivantes avec les calibres au bout du temps je t’aimais
au puîné des barricades debout sur les collines les champs
d’ombre à l’entaille qui se hisse du fond du tapissement
des astres d’ivresse nouvelle j’étais ta nuit le prolongement
de ce sillon lourd crevasse de l’entrelac de nos jours
de nos baisers fantômes dans nos transfigurations
belles comme une antique norme
***
d’un Schubert dans les ronces les doubles violoncelles
au creux des fureurs
la nuit glacée qui nous masque
***
charruant le lit de notre voie vive pareille au jour
les yeux aux barreaux tentaculaires de ce temps qui passe
***
les nœuds des temps
la bouche de l’angoisse
le parc dans la clarté
d’une nuit hors les murs
d’un vague à l’âme
l’aboutissante montagne
dans l’écru qui nous sépare
textuelle au fil du temps et de la vague
je t’aimais inachevée
dans la ville narcotique de Pierre le Lunaire
LO IACONO rue Taillandier
rue des Potiers
Ian de Gaetani ?
l’écorchure donnée par la main du vent
la cuirasse l’incendie du jour naissant
***
minuit disant revivre les grandes orgues
l’intercalaire pluie du Var
le clavier du temps
***
j ‘avais la mort dans la bouche une autre fleur
m’aimais-tu vivant du malheur du temps
de la pierre non plus indemne dans la pluie des jardins suspendus ?
comme les vins du Var ce temps de l’olivier mûri
le goût qui va vers ce qui se meurt
***
Xenakis n’a pas aimé la voix humaine
l’enveloppe sidérale dans de lointains espaces
les racines qui prennent à la gorge…
***
l’opus 15 la voilure vocale de Gaetani l’avais-je nue
dans le lit de l’incandescence ?
***
pétrifié l’arbre le mur de mes amours dans les montagnes
où je me suis endormi…
***
le cœur qui débotte
les cloches vacillent
celles qui disaient le silence
la morsure proche des lèvres
je vivrais dans la plus haute courbure de notre affinité
dans les fontaines qui abritent les arbres d’automne
les moulins qui regardent le ciel
mon cœur est pur avec celle qui demeure
une salve d’amour aux avenues qu’on me prête
***
j’envisageais ton corps dans une neige comme un cri
qui me disait tu
dans la nuit des montagnes les ut mineur lourds venimeux
dans les perditions du baiser à l’échelle de l’incrédulité
le masque mortuaire
merci de m’aimer de si loin de cette grâce de l’imposture
et que dire de ces préludes dans leur pénétrable nuit
dévastant le cri nié du cœur
l’équinoxe qui nous disait la vie à sa meilleure source
***
11 janvier 2016
et c’est d’un pur Veronese qui ripolinise comme après la fin
des pluies tous les ors dans le ciel les nuages que semble manger
le temps dans le lit du vent qui sourit du sourire de tes lèvres
et j’y poserais les miennes avec l’insolence à gravir les dunes
de tes espaces à conquérir
j’épelais les cloches de janvier lourdes à la lumière
tu m’avais dit être dès la naissance cette Médée errante
dans tous les bleus de fresques et de lilas dans les parfums
de fureur tapie dans les ventres de la nuit « connais-tu le pays
où fleurit… » où nous vivions de nos blessures qui respirent
que ne disais tu ces horizons blafards où les mûrissements
du temps creusaient des hautbois de hautes plaines et des nuages
de grenades entre les dents d’Albaicin d’orangers jusqu’au
pourrissement des fleurs C’est d’un amour pur de ces plus purs
Veronese des plus contondantes valves de nos épousailles
qu’éclatèrent les semailles bleues et anciennes de nos cœurs
blêmis sur les aqueducs de nos lèvres
***
12 janvier 2016
tu es toute entière aujourd’hui ce qui me reste
de ce temps à vivre
***
qu’un éclate dans les naines blanches qui donnera
naissance à des sources
à des jubilations d’errance
dans le profond des rivages qui inventait de sable rejailli
***
rappelé à Dieu rappelé aux champs des semences
***
jusqu’à mourir orphique l’Eurydice d’un sommeil
l’oblitération du dedans des ombres
le chemin du voyage
l’âpreté des retours en hautes cimes
la nudité de l’incandescence
***
femme de la nuit au collier du chant
à la polyphonie des misères
femme à la ferraille du jour
qui désordonne le noir de ses bas
***
comme un voyage d’hiver précédant Pierre le Lunaire
***
Carpaccio Veronese vos lagunes vos consciences de doges
bucentaures aux ravines de nuits de pilotis
de quand la pierre ressurgit du tréfonds de masques anciens
***
la nuit s’invente dans ses cryptes à la croisée diverticulaires
***
mort sur des baisers d’anciens jours
***
Lascaux proposait la mort du premier homme
allongé éviscéré encorné digne du temps des étoiles
***
la fournaise du temps biblique ce cœur des rédemptions
***
les 24 vieillards de l’Apocalypse cette vieille métamorphose
du cercle dans sa clôture
***
comme tu es loin dans ma nuit…s’il suffisait
de soulever le drap
sur le cœur de la pierre qui nous assemble
ce genre de sable qui faisait l’aridité
de notre désir
de château disparu
***
propices à des jeux de nudités au plus haut des jardins suspendus
***
l’amour dans la mort qui s’anime
la couleur de l’aurore dans les draps de la nuit absolue
au jusant des aspérités à la nudité des espaces
***
l’orgue de St Maximin dans les silences de la basilique
la route de la Montagne St Victoire
je me penchais dans la nuit jaune de la chambre
éblouie de mes misères que tu apaisais
et de tout ce qui me reste de l’étendue de ta peau
de toute cette Durance à suivre ton visage
et cette faille à l’orée du Dauphiné
de toutes ces perditions jours après jours
de nos amours à l’équarrissement
***
désespoir d’un midi d’écume
ce que m’accorde le temps :
– mentir sur l’heure de ma mort
– mentir sur la raison de mes amours
– avouer le bleu de mes azurs finissants
– cribler la solitude de mes parasols
dans les vagues des tempêtes ?
– mésestimer l’angoisse à engranger la nuit pas à pas
comment tisser ces pelotes de vent dans les excavités
de nos amours
lui qui vient à nous par morsures et dans les débondages
de nos ombres d’orgueil
***
13 janvier 2016
dans les lueurs d’aubépines les jonchaies odorantes
des entrelacs du baiser
un fleuve sous les larges pavés du sommeil
***
le temps m’avait donné son droit de mort d’une nuit glaciale
dans un secret pariétal
l’érosion et les eaux obscures
les pierreries sur la peau gravée à faire d’une femme
ce qu’elle désigne comme ancrage du fond de ses désirs de sable
la mort m’attire maintenant que les sauts de falaises
sont dans la clarté de mon automne
les grands larges sur les routes de mes étoiles
***
m’accorderas-tu les pierreries lagunaires
d’un temps forban d’exquis abandon ?
montagne d’Aix Ste Victoire où il y eut un chemin
ce que j’engrange d’elle mortelle dans la peau ouverte d’une aurore
clarté voyageuse
à demeurer inhumain
***
14 janvier 2016
dans le parc où luisait l’étoile
dans l’attente où passait le soir
l’indéfinissable nuit où la mort a suivi
***
à défaire le soleil jour à jour force après force
comme une mésalliance de sang
dans l’oreille du temps à décrypter les fêlures
***
15 janvier 2016
la terre encore plus arrondie les jours entrelacés
l’horizon tangue
l’ivresse au pied des falaises la lumière bleuie
vivante illimitée
***
glaciers des morts à gloser la mort à vivre
dans les bras nus de femmes aux blancheurs
épilées de l’aurore
***
l’illimité à la carrure de ciel à la soudure du temps
au poreux balbutiements de l’enfant
***
pourrais tu encore à genoux défier les poignées d’étoiles
justifiant la solitude ?
***
je vois des villes inconnues à l’hypnotique pouvoir
de m’y avoir vu naître
***
pouvoir des neiges des alizés et des cœurs dans la hachure
de leur gravité au clinamen de notre rencontre
***
elle est venue comme une ombre dans la gravité
d’une espèce de lumière
***
de toutes celles qui embrassent les étoiles dans les meules broyantes
du ciel
dans l’eau rare et lourde à vivre
de notre permanence
je t’attendais
***
je t’aimais déjà dans cette faveur de l’espace
qui nous infuse le don du baiser
***
bleui comme le jour propice au débotté
au sulfure de l’incandescence
dans les pelures de l’amour le cœur affranchi
à la frontière des désordres
***
comment renaître à l’âge du vert de gris ?
***
désertique comme un Acatama d’église un rituel
de foudre première
celle de caresse celle de peau blanche
elle criait dans la blancheur du sel l’aveuglement
des étendues du tunnel de l’amour
***
de ma fille la sa longue pelote d’amour qui se dévide
dans des laines de temps qui passe
la pousse la plus belle qui me verra enfin dormir
au jardin sans vieillir
l’âge des raisons de ces pierres qu’on casse de cette première enfance
comme des millefeuilles d’amour au seuil des temps qui viennent
les digues en fureur
***
Brendel aujourd’hui comme Richter hier
un toucher d’ivoire lunaire
je meurs à en mourir comme dans des torrents de sauts d’octave
à me blottir dans ton sommeil
bagatelles de Beethoven comme celles de Webern
ces presque rien de l’ivoire
***
L’enclave les canines et le bastion des fièvres morsures nocturnes
pieuvres à chiquenauder les coulées de la haine les jaunissures
des désirs l’emperlement de l’espace de l’agonique avenue
des petites enfances les puits sans fond de la peur amnésique
de ce trop boire des nuits d’argent sans le cœur ni le goût du velours
et comme les surgissements verdâtres qui demeurent aux fins de la nuit
dans les cals de la paume et du fond des écrus de monnaie l’ivresse vient
de son lit tsunamique bord contre bord le monde qui nous augmente
de ses fissures au tectonique de notre horizon hissé au bonheur
jamais reconquis des dents d’ivresse des lames incisées des zincs
à leur plénitude au midi des désastres au cri de ce qui se trinque
je t’avais aimé dans les bouches jaunies des amnésies les cloches
des midis qui sentaient la fêlure du cristal de nos verres l’amplitude
de la mort qui s’annonce la bigarrure des lèvres de nos baisers
les félonies des murmures carnassiers de vents ennemis je t’avais assise
et aimé toute une longueur de temps sur les sables de notre amour
balbutiant qui disait « tu étais tout ce que j’avais » …
***
mortelle dans le serpent sinueux du baiser
***
nos millions de baisers d’amour aujourd’hui rentrés dans la glace
***
16 janvier 2016
c’était l’hiver j’entendais encore les cigales
les vins du sommeil et mon cœur
dans une lettre cachetée
***
Moulay Idriss Volubilis
***
d’une ville nouvelle le cœur à l’écume
vive de pleine clarté
le corsage de pleine mer
l’audacieuse circonvolution
des silences de la nudité
de ces cercles acérés du milan
***
l’alphabet du silence dans la nudité archétypale
***
mon cœur s’envenime de traits d’archet
***
ma nudité a la blancheur de mygale
cette répulsive terreur de la vie enfouie
***
Penderecky comme une pluie froide à l’accord
de ses auvents
de violoncelle
d’azur blanc
de concerto et d’enfer de chambre
***
l’Eve primitive d’un éclat de verre adamique
***
madrigaux de Schütz à reniements de St Pierre
à voix basses brûlées
terrestres
***
mort d’enclume
voilure au vent
au poitrail d’airain
je chante les brisures du temps
qui roulent dans nos veines
***
les famines en colimaçon
***
17 janvier 2016
dédoré jusqu’à l’os rouge blanc et noir
St Georges terrassant le dragon
Ganagobie dans la pierre
tout en haut de la vieille Durance
***
le vent frais soulève ta peau
elle l’exulte
***
nous ne connaissons que les tessons de la vie d’avant
***
revivre le visage clair et bleu de la pierre qui ensemence
le cœur dans les fièvres tolérables
la vie blanchie jusqu’à ces lumières aux portes de la nuit
***
ne se servir du trésor de la parole qu’après le grave croassement
du crapaud et l’aigu sifflant du cobra
***
de mains tremblées à l’encolure d’une femme
brève et brisée la descente de la nuit
sur le ventre à recevoir la peau glacée des étoiles
***
le silence qui opprime ces franges de temps sur la sphère des nuages
***
mes poumons pour le chant qui ouvrent le jour
et les branchies mûres des pommiers du souffle
dans de pleines offrandes d’océan
***
comment vivrais je de peintures vives au couteau
d’irisation des lumières d’automne
sur la ville belle et jaune pour nous aimer ?
***
louves à force de neige et de canines
dans l’épaulement de l’hiver la gerçure
des lèvres
comme au creux des failles du désir
l’océan toujours proche de l’ex voto
***
18 janvier 2016
Beauregard vacillant
silex à l’ongle
Beauregard d’une vérité
écrite au doigt d’une cité oblongue
***
le cœur emporté d’une oiselline bleue
qui s’en va d’un beau sommeil au nid
de ses chevelures d’aurores
la vie sépare la vie emporte dans les bateaux
Lampedusa l’Hellénie Pagnol Rimbaud
le voyage demande des voiles des cris pour aller aux mâtures
déjà au bord de la nuit cette fin de la vie seccante
ces crépuscules au réverbère
l’aridité de mon sang qui laboure la couleur
***
Marius comme un fêlure vers « l’ailleurs » …
***
19 janvier 2016
nous allions dans ces forêts profondes
pour y lire la pluie sur tes laines
le ruissellement que je sculptais
vendangeant tout ce qui était toi
dévêtue
aux assauts de notre mer intérieure
***
nous sommes infinis parce que dévastés et vivants
***
ce que murmuraient les ramures :
« la tiédeur de l’absence a l’odeur noire de tes désirs de cobalt
ma fugitive hantait le vert Veronese de mes papiers peints
à hanter les bois obscurs il n’y avait pas d’issue à ta nudité
des ciels de Palerme aux coquelicots des brûlures
la pierre incendiait le sang épaissi de nos cœurs
l’œil du cyclone ce vrai miel de tes yeux qui tueraient
toutes les nuits noires de Londres
de tes pavés de jalousie blanche d’Andalouse
je souffre de bitumer le temps qui nous sépare
à tenir la montagne comme une ivresse de verre à boire
n’ayant pas d’horizon dans ma rotondité d’angoisse je lève
le blé d’aurore dans sa nuit de cariole
la nuit finissant ainsi sa pluie d’atalante
au creux de ton ombre cariatide »
les murmures déchus entraient dans un automne dévastant
***
plonger dans le diamant en frisson la nuit solaire
***
le temps dans sa droiture n’empêche l’engouffrement
d’entonnoir de la vie dans des précipités d’automne
***
gouffre de nuit verdâtre au goût de chienne
***
Monet à voix basse à voix haute d’encre pluvieuse
a couleurs de nénuphars
***
ces jours d’excoriation confondant excursion et excruciant
***
20 janvier 2016
ce que disaient les sables ?… :
« les vents soufflent ce que tu fus
pulvérisé
la mer
l’algue froide
…la mort avançait vague après vague »
***
« viens voir les trembles… » disait-elle
***
21 janvier 2016
D’un vélin supérieur comme pierre qui se caresse d’une main
qui passe sur la peau de la sculpture le regard sur le paysage
romain d’un Corot donc d’une après-midi de langueur au cœur
du cuivre symphonique ou de notre vouloir d’un temps
à éterniser une sorte de Rome finissante plutôt dans la chair
d’une musique de chambre avec le parfum disharmonieux
de l’harmonium dans de vieilles églises à la fraîcheur
de leurs solitudes le décrépi des dimanches dans leurs pelures
d’arènes nous savions prier en ces temps où les ombres orphiques
construisaient sur la poitrine de nos attentes des colisées d’orgueil
les pastoureaux et les colombes blanches de l’enfance à flanc
de rétine les géorgiques bleuissantes de nos vallées de lavandes
à déplier les plis anguleux des ruches/ la voie Appia
et les hauts plateaux de Luberon le cœur qui bat à défier le temps
des clochers/ les incessants entrelacs du chavire les bleuissements
de la naissance remugle de mes fantômes/ que restait-il de nous
de nos apogées barbares de nuits praguoises et des mains ouvragées
des dentelures de la mort/ tu restes en contrepoint de ces infinis
fugués mon ombre contre ton ombre et les sources du temps
au jaune automnal de mes tempes de ces fontaines perdues
fontaines des quatre dauphins et des atlantes où il n’y a plus
de murs forçats de leurs plages et de nos pavés vivants
de ces larges étendues non corrompues de temps et de baisers bleus
sur les lobes surpris de tes pavillons d’amour
***
mes mains se hissent au galbe de ta présence bleue
des fonds de ma nuit
***
« j’ai accepté par erreur… » la nuit au fond
du couloir néantique
tes hanches ouvertes à la proue de la ville
comme ils disaient « … du fond des âges »
***
mais que reste-t-il de ces codex de ces ancrages
dans les ors fluides de nos lèvres qui se mangent
comme une ombre de nos paroles et de nos silences
***
d’un creux de l’éperon d’un amour solvable
je l’épelais sur la laine aux mailles de ses montagnes
bien sûr que je mourrais sur des débarcadères
d’oliviers et de vins nouveaux…
***
cette combustion de la plus belle ombre de nos amours
faisait entrer la vie dans la ville
de nuits bleues roboratives
***
comme les cigognes les avenirs les ires les saisons
***
j’aurais voulu plutôt l’enfer que ton indifférence
***
catholique baroque méditerranéen montéverdien
avec la fenêtre crue sur le monde des étoiles navigantes
***
le temps de la mort tombe comme une foudre
***
22 janvier 2016
ton corsage qui souffle toute l’errance de la respiration
nocturne d’orage la pulsation narcotique d’une musique
évoquant autant l’enfer que le retour pas à pas
sur le gravier qui nous habite
***
des fléaux de pierres et des écumes de colère à la crête de faucille
et de blancheur de lait
tes seins de sanglots
les linges à l’étendoir dans les fuschias de Toscane
***
Kamtchatka aux poissons d’or et aux rivières d’ours
de ces femmes aux tonalités de steppes
et aux peupliers de taïga
***
myriades et myriades de caillasses universelles
et une planète noire qui tourne en silence
***
23 janvier 2016
redeviens l’or de ta peau la frilosité que je baise à pleine bouche
dans ces bras qui m’enserrent prenons le cœur du monde les longues
routes du Pérou à flanc de montagnes rends moi ta poitrine qui respire
les grands chœurs qui flanquent l’écho des failles où rendre l’origine
du monde
vivons des dentelures qui nous font mordre le temps dans le bel azur
de la parole des fonds de désert je t’aimerais encore
dans les voussures où nous nicherons quand tu seras
femme de pierre et sourire de ces lèvres de terre cuites
dans le temps qui arase les sillons du gypse
et les meilleurs enfantements d’émeraude de la Durance
redeviens cette faille sisteronienne qui se veut à l’or de ta peau
lame après lame comme autant de baies faillies
à chaque brisure et éboulis de nos géologies engorgeant mes baisers
qui naviguent au cours infini de turbulences à venir
***
comme le temps nous habitait flanqué d’une nuit de Mars
dans de vieilles meules de paille
la pluie descendait
les incendies et la solitude irriguaient
***
accentuant le pays la parole avançait
***
mes amours comme la mer morte à ces balbutiements
posés
de nos lèvres vivent encore de la plus haute légèreté
le sel de notre moindre pesanteur
***
les amours martyrisent le cri demeure
***
la mort dort comme celle sûre qui ne revient pas
***
celles qui aiment écharpant le désir
jusqu’aux murs à la verticale
***
nos passes de tendresse contre les bastions de l’ombre
toutes dévêtues
jusqu’à des couperets de fontaine vivante
***
Pour K -courrier
reste belle viens avec tes lèvres au parfum de fougères
viens je saurais bien te dévêtir
***
le désir disait Dupin est-il le réel ?
… le réel même disait-il
***
mon corps vacille c’est aujourd’hui ma plaie narrative
ta main sur ma joue la douleur non criée
***
viens quitte les escarpins reste brune et noire
***
La nuit accuse dans la terre écrite la nuit décrypte
viendras tu vers cet automne sans plus aucun hiver
vers ces quatre dauphins ces eaux qui tombent
et ces soleils ruisselants cette montagne qui s’abîme
comme un rempart de Var et de Bouches du Rhône
toujours proche de la mer et jamais loin de l’esprit
dans la floraison d’armure et de pierres de ma demeure
ce cuir absolu de la peau qui nous anime/ la brûlure du temps
qu’il faut/ cette assise à pétrir d’arachnéenne nuit / l’autre
pays de la survivance torpide/ viendras-tu dans les ciselures
à confire ces roses d’une femme après les regains de l’amour
de ces pluies de nuits blanches à me voir lire sur tes rêves
seras-tu avec la sveltesse des étoiles dans ces gouffres de nos
âmes qui portent sur les montagnes blêmies à peindre tes cils
à l’aurore où les archets montent à crever la fin du temps
au vent des promesses/ seras-tu là à l’arrimage de l’azur
ce voyage de l’éternité avec des Giorgione sous le bleu
des paupières/ les ciselures crénelées du soleil/ de combien
viendras-tu d’orages nourrir les lèvres du baiser/
je t’y aimerais encore nue dans les déflagrations
des vitrages nocturnes au dithyrambe des foudres
dans les cycles de nos mains dans nos mains/ serions nous
couple d’oiseau pour cette longue enfance des rivages
***
la poussière de nos épousailles à visage de désastre
dans le vent cognaient aux portes des déserts
ces longs couloirs de nos cœurs
***
tu m’as donné l’eau du baiser le creux de l’ombre
***
elle donnait la douce cataracte de ses chevelures
***
peupliers maigres comme de longs couteaux
de frissons vers le ciel
***
dors mon ange du ciel
je me range aux plénitudes
25 janvier 2016
tu es si nue si nocturne
habillée d’un lait de lune
jamais nous n’avions été si ruisselants
dans ce temps de pavois
maintenant les portes sont closes
dans le soleil des parasols
j’entends encore ton rire sur les terrasses
***
des terreurs vaguent perlaient dans les pourritures du vent
des contrepoints de vagues de la bouche de Gorgone
***
26 janvier 2016
même les oiseaux ont un territoire
***
dans le tombeau d’Anatole Mallarmé vivait le silence
de fruits brûlants
il n’avait plus que les vases de longues nuits de rêves
***
la lumière des paradoxe a le soleil noir des amours sorcières
***
écrire le sommeil des fontaines le sommeil sur son bûcher
vivre la plaie visible dans la noirceur du rêve qui te danse
***
le cœur battant de fleurs
sous la pluie de miel d’un matin nu
le chant acéré descendait dans les bouquets de paille
de sa voix d’alto
***
27 janvier 2016
papillons dans vos arythmies de couleurs et la grâce du cristal
vivants sanglots éphémères
avant de rentrer dans la nuit
***
murs ascendants qui me protègent des flambées
chromatiques des montagnes
ce sablier de la mémoire
aux hautes tours de mon vertige
***
28 janvier 2016
du bleu et de l’or de l’Angelico
l’aurore jaunie dans la bouche
l’attente au carreau du givre
à marcher fiévreusement
vers des vestiges renaissants
***
29 janvier 2016
loin dans les coulisses de tes yeux
côté jardin
y lire les couleurs de notre amour
***
nous ne perdrons pas l’écho de nos rires
plus tard
loin
avec la force du cristal
ils viendront
nous rejoindre dans une cité heureuse
***
ce soir de tous les soirs je rentrais dans ma propre poussière
comme avec les aveux d’une musique de chambre/ la litanie
fauve et grave de violoncelle tendu à l’arc rare et tendre
des chuchotements des pleureuses/ l’herbe était devenue haute
comme une sagesse d’inviolabilité/ mes désirs mauves rentraient
dans des gouffres de mers ne voulant perdre cette fertilité
de notre haleine ni mourir sur les rails de nos longues
perspectives avec les cervicales de la peur sur nos finitudes
et les idéologues de l’azur/ comment rentreras-tu
dans le millefeuilles de poupée russe de ton cœur dans l’ivoire
de quenottes acérées d’ambition/ j’habitais dans des rues anciennes
au parfum de fougères grandissantes de ta peau contre la mienne
la mappemonde passant par la nuit de là où nous l’éclairions
ces coups de bistros permanents sous les ciels de tonnelles
de boulingrins qui gardent les nèfles aux arbres de l’enfance/
ce soir de tous les soirs où dehors est dévasté je baise
tes lèvres/ nous nous aimerions sous les arbres et les pierres
d’ombres dans des miserere et leurs battements de temps/
les architectures de vent en leurs galbes qui exultent
la plénitude/ ces nuits de toutes les nuits dauphinantes
dans les couloirs qui quittent l’olivier et les failles
du Sisteronnais/ l’émeraude de la Durance où je demeure/
les nuits de toutes les nuits poreuses dans le givre du baiser/
la route violoncellante vers les hauteurs et le cribles
des glaciers xénakissiens/ ta peau de femme à la racine
de ces silences que j’acouphène toutes les morsures de tes
murmures blottis/ ma main sur toi et dans la bienveillance
de la baie des anges avec mes yeux qui se ferment
si tu restes vivante
***
le grammage de la vie qui vient
***
le flanc des arbres ceux où je t’écrivais à l’abattoir des baisers
le couteau comme une tentation muette
qui donnait les crans de falaise du futur
***
j’ai commencé par compter le temps
-la nuit aveuglante-
sans que je haïsse le temps qui nous abolit
***
de toutes les vieilles voussures le cœur véritable…
***
ma mort avec ses septimes douleurs et les sérénités sur les quais
qui rendent comme un début de nuit
incandescent
***
je t’aime de tous mes naufrages
de toutes les tablatures hors d’ espace
de tous les doigts qui comptent le temps de la détresse
et la virtuosité des baisers qui nous habitent
le temps arrive à la souffrance
la nuit cogne contre l’angoisse
la nuit fait la pluie l’ornière du baiser
la nuit encore dans le nom de mon ombre
le faisandé des jours
de ces jours de Carthagène
la fièvre les appétits de table
dans les débarcadères du temps
je m’offrais aux amarres de l’azur
m’aurais-tu aimé si proche de ce qui cesse ?
***
riveraines des lagunes
le tremblement des moulins
sans supporter la pauvreté
sans supporter le soubassement du baiser
mes mains qui te cherchent tombent sur le chemin des abois
les montagnes farouches à la venue des louves
de la plus belle aurore exsangue
balbutiements du monde tu me portais dans les fièvres
Valparaiso sur tes collines
tes hôtels de bois
belles comme un regard sur le monde
ces baisers qui dissipent les forces
qui laissent poser la mémoire
sur le creux de ce qui nous habite
***
30 janvier 2016
la chambre est vide
les goélands aussi
les temps ont passé
les papiers peints
ton visage et ta nudité
la nuit revenue
***
les larmes les orages les éclosions d’aubépine
la blancheur du monde
***
la femme qui manque de qui j’ai tout espéré
avec le soleil des vignes et le pouvoir de la soif
le bonheur a pris forme
***
31 janvier 2016
hanté des nacres jusqu’à l’obscur
malachite de la mer morte
***
j’épouse les ombres de ta danse
dans les nuits blanches de la pierre
ce bonheur de tes bras qui m’enserre
la lente nuit voulue le masque des lagunes
je reste à proximité de tes murmures
Louveciennes
la tristesse de ta beauté
la fidélité de tes amarres
la houppelande qui nous unit
***
hâtive jusqu’à la hachure de tes canines
***
l’encre dans la noirceur de la belle maîtresse
au crible de la vieille pécheresse rossinienne
***
la solitude où j’avais tout espéré
mon bonheur mon soleil
jour après jour dans la limpidité
des astres pourrissants
***
mappemonde à hauteur de tes seins de tes reins
de ce qui longe toutes les surfaces martelées d’orages
de ces souffles de notre lumière
***
pelletée de tendresse des jours qui brisent
***
de volets clos
d’oubli de vent
au creux du cauchemar
quand pénètrent les soieries
***
dans les colliers les plus perlés de nos amours
l’élégance noire de ma finitude
***
l’amour est là comme biffure
louvoyante
dans des greniers de cristal
***
l’œuf noir des jours qui viennent
rester dans les soieries d’aurore dans le temps et les jours
…l’immaturité du temps
1 février 2016
mer de cobalt une fenêtre de nuit taillée
sur nos chemins à ta ressemblance
***
2 février 2016
de vent de Vercors ou d’Aubrac la caresse sur tes joues
au goût de la pierre et des cendres
de nuits boréales à lire la cartographie glacée des étoiles
***
ma mémoire te donnait un visage somptuaire
sous ces pluies de l’oubli où je restais à quai
***
ces paysages de craie sous les ongles d’une vieille innocence
***
le prolongement du murmure de nos caresses ouvragées
a nos jeux d’arabesques
la ciselure exclusive de ton parfum de fougère que la nuit imprime
***
nuit résiduelle à l’image d’un visage totémique
la foudre méridienne
la supplication du baiser dans les lents travaux du désir
***
3 février 2016
ma vivante au front du chagrin dans la distance
annulant l’azur
le vent déplie les paupières closes où je prononce
ton nom dans des failles et des pierres de silence
d’où j’entends fleurir de tes lèvres lyriques
la chair de ma toute vivante
***
4 février 2016
frissonnant de la respiration de syrinx
à la mitoyenneté de l’ivresse
d’épée croisant les entrelacs d’incertitudes…
***
tourner la page des souffrances dans l’art de la guerre
aguerrie des seuls astres de nos navigations
***
tu as le visage de l’été dans le biseau aigu
de ces rayons de nuit blanche qui nous aiguise
comme un soleil époumoné de chevelures
***
merci d’aiguiser mon cœur à la distance qui nous sépare
de la brûlure venue d’un matin neuf
***
5 février 2016
d’où viennent ces nuits adagio à l’encolure du temps
décolleté de ta peau blanche à la fenêtre
dans l’inaudible aujourd’hui depuis le balcon
des ferronneries de nudité/
ces velours de l’emphase indigo/ des aurores mauves
de la lassitude /mon amour en bouquet des sept douleurs
ces nuits cognantes et massives et vivantes
des damiers pour le sommeil blanc des solitudes
sur l’échiquier de perles noires et les sabliers de la femme
sur la peau dormante de la nudité/ ces éclats d’arc en ciel
de pierre mutilante/ j’offre le gouffre pariétal
des navigations stellaires les mains d’œuvre d’azur
à l’arythmie des foudroiements du lierre/ mes yeux clos
sur la blancheur diluvienne/
d’où vienne ce que les nocturnes chantent
l ‘aveuglement des ruptures intangibles/ ces rouages
de prisons qui vont à la mer une fois la beauté morte
/ le volcanique de la passion dans la foudre dormante
du baiser/ je sais les répons jouxtant les soieries
de tes nus/ l’éclosion de la chair abyssale dans le cobalt
crissant de tes géorgiques jour après jour
dans le métal du temps et le tressages des chevelures
de vertige/ tu disais m’aimer dans la parousie de cloches
englouties riveraines des méséglises d’horizon
l’aurore emmurante d’où se meurent les adagios/
verrons nous les châteaux et les paroles qui t’inventent
les raisons du cœur / tes veines bleues
qui charrient le monde ?
***
6 février 2016
« la vigne est la chair de ma chair »…
le regard noir de cette longue Durance
j’ai broyé le verre l’ivresse les sources du soleil
Baudelaire parlait du vin des assassins
***
la nuit vient sans raison
***
le temps s’envenime
sans relâche
***
sur le cuir de la nuit
l’odeur de la peau
les feuilles qui meurent
dans l’organum du cri
le ciel et les impostures
l’épée entre les vertèbres
***
7 février 2016
de ton corps sorti de nos gangues
tu avais cette bouche de fougère
dans les baisers qui faisaient les épousailles
***
8 février 2016
et puis il y aura la chambre
la fatigue les tremblements
du baiser toute cette justice
des brumes tous les ravalements
et les fleuves rouges et mobiles de tes lèvres
***
c’était dans la contemplation des neiges et des sables
dans les strates découvertes des temps et des âges
dans la pierre mauve et la parodie obscure du soleil
ce que dictaient les cohortes de la poussière
qui nous parlait des temps dévastés
cette caresse abrupte de l’ombre jour après jour
avec la patience de la pierre/ c’était la bouche lyrique
en ses corridors aigus de paradis/ je vivais les vents
hymniques de la femme verticale comme dans le vertige
des parois/ cet archéologie du bronze de la peau
la respiration du monde vivante de ces baisers tectoniques
et la polyphonie du désir
j’ouvrais dans le noir la respiration frêle du cauchemar
les désastres de la nuit avant les envols affamés des oiseaux
c’était la nuit des louves le parfum des fougères
et des fossiles de la solitude glacée/ l’engourdissement
du morcellement des visages de la mort
à revoir les neiges et les sables
***
dans les neiges d’Islande les légendes et les fièvres de l’orgueil
j’y pourrais vivre de tes lèvres volcaniques
faisant de l’ivresse avec de la neige
de l’oubli dans les contemplations du haut Chili
ma nuit rentre dans son vent portuaire
les glaciers et les déserts nous ont survécu
l’ombre du temps demeure dans la compacité des vents
le temps immature sur les hautes mâtures de nos amours
de pleines voilures
le temps a mis l’irisation de ses morsures
le nœud coulant de la hantise
au réverbère des crescendos qui foudroient
je déchire la cosmogonie des vieux phares
les vents portuaires comme la rouille de nos assises anciennes
le vent des falaises aux commissures de la confidence
a le temps abrupt du baiser
la craie de la nudité
prendrons nous la mer
les hauts désespoirs
des temps qui naviguent
prendrons nous les désespoirs
des nudités des temps de la mer
resterons nous dans ce temps
navigant de la désespérance
nue et de pleine mer
pierre après pierre le phare
cette lucidité qui brûle les raisons du cœur
le temps immobile
la vie tremble de son soleil et de ses ombres
de ses parasols de mille branches
la lucidité du sommeil sous les arbres la sauvagerie de la Durance
tu parlais des nuits d’étoiles sur les lames géologiques de Sisteron
les colères qui montent vers le Dauphiné
ma nuit austère
de Durance émeraude
de volets clos
de désoeuvrement qui s’écoule
j’ai vécu d’une vie distante dans les baisers qu’on m’avait donné
je buvais sous les clochers les racines violoncelliques
des platanes
de ces vieux calvaires à l’heure distante de nos retrouvailles
la mer se brise souvent sur nos sommeils
les révolutions dorment dans le nombre
les entrechocs de l’interminable soif
de te croire à portée
d’une lucidité de nuit
d’une ombre de cage d’escalier
d’une saisie d’amour diluvienne
ton cœur battant contre les murs
j’avais vécu longtemps sur les meules de nos semailles
***
10 février 2016
l’ombre de l’hiver
de sa peau grêlée
de ses cendres noires
devenues soir
les cris d’une nuit de halage
de cette foudre du baiser
dans le forage bleu du temps
je vivrais dans le ciel les verreries de la pureté
les vertus de la chair
j’épelais ton nom sur les vergers de la Durance
tu vivais dans la crudité qui referme sa nuit
mille mots de ta bouche comme des nids d’oiseaux
***
la logique de l’enfer de cette terre dévêtue
nus
nous en avons des nuits partagées le ciel circulaire
***
11 février 2016
les hommes aux regards de vieux aigles ont la clarté
de la mer sur le devant des désastres
j’ai cherché la terre fertile défrichant
la solitude de la misère
***
dans des mains d’orage et des paupières qui s’ouvrent
sur les biffures du chagrin j’ai conçus des abîmes hantés
dans des verrous de silence/ des mers de lumière plus
profondes que le ventre des femmes à parcourir
les surfaces de la nudité dans leurs velours
comme le rappel des oiseaux dans des pinceaux d’abstraction
les cris de la couleur dans les replis mauves du désir
j’ai le ciel investi à l’entrelacs de nos bras qui se ferment
et la mer a moissonné la durée sourde sur mes tempes
en des profondeurs de temps et des soleils d’éclats/
et sous ces paupières de nos graviers d’étoiles
des pas feutrés de fantôme que les vagues emportent
***
12 février 2016
prédatrice du désir du plus rouge des jeux de la pureté
comme une orange sanguine cette espèce de couperose
veinulée de rire et de raison azurée/ la frêle navigation
de noix dans l’espace des cerveaux cerneaux où la nuit
est longue de toutes les métaboles d’acier
la fine asphyxie torpide et misterioso dans les veines
chaudes du languide au plus écorché des vagues
je me retirais
et le volcanisme de la porte des Alpes ces Sisteroniennes
lames de pierre comme cartes à jouer les as du cœur
de Provence et les brûlures nocturnes où la peau
se dresse sur ces cuirs gras d’étoiles libres fantômes
de toi stèle de sel et de miel
dans le paradigme des lagunes
et des baisers coulant du Jabron
***
les femmes se fardent
elles se dépouillent
elles se relissent
comme tapisserie neuve
et phare sur la nuit
je lisse mon dernier rêve
mes valises
la caresse longue comme un cor d’harmonie
un poumon qui souffle le velours
***
cassure des azurites et des tréfonds
des navires droits de Valparaiso
ces collines qui montent vers le ciel
marche à marche aux escaliers
cognant de tes talons rouges et noirs
avoir forgé la fièvre avec des pluies de baisers
j’aimais cette pluie de ta naissance
***
mort en mer mort amère de celle de la mère
de celle qui foudroie les vagues et les tragédies
les phares dressés comme des désirs
***
comme la nuit respecte les éperons de l’aurore
les baisers vont vers l’eau rare
de ce qui se donne aux estuaires
***
dédicace de l’entaille la scarification de tes bras d’allumettes
le jour va nous revenir
la nuit échappe
la nuit pour engloutir
le cœur à serrer le velours
mezzo soprano dans le ventre des patiences
à perler de larmes de foudres la nuit à suffoquer
***
l’aurore sonnait toujours comme un soleil d’amour
de nos bouches et de nos entrailles
de maisons qui ouvrent les mosaïques fragiles
d’où nous nous aimions contre les murs
et les insuffisances des temps impartis au baiser qui dit oui
***
comment finir ce temps de falaise de la plus haute soif
reste brève dans le baiser
à profondeur de nos amours
***
j’identifiais le nom des amours amorcées
le temps rituel des morts
donnant la main aux forces des foudres
ceux qui nous survivent de la belle blancheur
d’une carrure de réverbère à blanchir la nuit
celle demeurant l’aurore caressante
le parcours des temps du cobalt
comme cette biface de moi sans toit
l’ancrage de nos amarres loin dans ces éclats audibles
de nos meutes au plus secret…
***
ma joue sur la stridence et contre l’amour
au mur qui donne le visage de la fièvre
de ton absence
ce revenir au clavier du plein jeu des chevelures
de nos pelletées d’amour qui s’émerveillent
***
nocturnes des dolorismes
des affres à venir
la bouche contre l’airain
pour quelle douleur cette sentence de couleur
cette confession de la bouche qui porte le nom
de ce cristal de l’abstraction
***
la mort nous exhume face contre face
avec les vasques
dans les prières irruptibles
et les bleuets dans l’amoncellement
des jougs et des roses à demeure
***
12 février 2016
la nuit est vorace la gorge en tessons
le bruit de la mort entre dans la clarté
de ton univers
les fluvialités aux sources des sources
je t’aime de cette floraison
***
13 février 2016
je prendrais du temps sur nos éternités
sur la porte qui s’ouvre
***
mon corps est désarmé qu’aurais-je à opposer
à la plénitude de tes ombres ?
à quelle solitude lier le temps de ma nudité ?
à quelle étoile ?
à rester vers le moulin de Saturnin
dans les vents de Vaucluse
à trembler d’amour et de l’ampleur
à ces fins de chemins pathétiques
***
reste reptilienne
dans la terre
reste Perséphone
***
Saint Valentin
L’envoûtante vallée de ton ventre
L’indigo de ton baiser Veronèse
***
je t’aime tant
que je te donne ce que je n’ai pas
c’est lacanien
mais c’est ta lumière vivante
qui vient
quand nous sommes perdus
***
brisures dans les chambres à vif
de l’orage
et les moulins crissant
du vent de Vaucluse qui respire
***
dans la pourpre tu es aussi chaude et recluse que ce que je révolutionne
de mon âme
dans les falaises du temps c’est le sang qui sourit de l’aurore/
d’un alphabet abrupt la nuit qui veille la vallée de tes hanches
comme collines
au dessin barbare et à la parure absente de ton corps t’aimant
de toutes tes neiges
auras-tu ce marbre du cœur limpide et nu de clarté
les haubans du temps sans voilures comme je vivais
de tous les embrasements bâtisseurs de lumière blanche ?
mon âme dans les plénitudes mémorielles des chemins de Ganagobie
au tympan de foudre et archaïque de Durance
de ces lèvres de toujours/ la route qui monte vers la téllurie
l’église de Volonne l’oliveraie d’azur vers ton pays/
et toutes ces craies de ciels comme autant de fermeture-éclairs
longues sur les baisers du désir/ les fenêtres de Mélisande bleuie
pour autant de demain tout le long des châteaux mes chants d’oiseaux
de temporalité à couteaux tirés et de nudité à pleines mains
t’endormant et lâchant mon vouloir mon aurore Diane la Zingarelle
si loin de nos souffles disjoints
que n’avons-nous bramé les closeries de la mort de notre équarrissement
de souffle/ ce temps qui bat qui dit le vestige des Venise
viendrons nous minimiser l’aurore dans ses écailles sur les pierres
de Brocéliande ou aux amours de Maguelone
le sel de cette mer qui nous est venu sur les lèvres ?
***
claudicantes tarentelles aux ébauches de Palerme
lumière vétuste après ces temps de vacuité
***
QUE RESTE-T-IL DE COROT
De Diodore de Sicile
De Nonina de Bizerte ?
***
depuis les murs de nos abstractions
et les fontaines avant les neiges
dans la force du marbre
nous avions écrit toutes les soifs graffitées
des plus purs vermillons
***
lointaine dans ton cortège de vérité
***
je dors sur l’éternité de ma nuit
***
la terre tremble je bois Chez Sauveur
c’est sans éclat Je t’y attends sans espérer
***
d’un seul arc en ciel le chromatisme de toutes tes dimensions
***
mes forêts celles qui nous abandonnent
de celles de la solitude des abandons
***
la gâchette disent-ils Non la queue de détente
ce qui nous sépare des temps d’éternité
non je n’ai fait que t’espérer
dans deux doigts de nuit
après le crépuscule de ta robe
***
tu viens dans les vents mûrs de cet escarpement de Sisteron
les lèvres sèches des hivers de Durance
***
faire 8 kilomètres pour moi les petons dans la neige ? rien que pour me téléphoner ?
c’est comme un film de Mizoguchi
je t’aime sans t’avoir et sans te voir
reste pour moi le plus beau de ce qui est vivant mes lèvres sur toi viens
***
l’aveulissement du temps qui bat comme un simple soulier
***
le temps travaille le temps dénude
la pluie nous habille d’une parure
de sanguine coréenne
***
15 février 2016
c’est tout le jour qui parle dans tes yeux
dans le bleu des graviers
dans les jours de hyacinthe
c’est tout le jour jaillissant
dans le jet d’eau de tes bras nus
l’ivoire cassant de toi seule qui me manque
ton ombre caressante dans mes nuits de cendres
***
l’ombilic des racines de nos fièvres recluses
***
tu demeurais ma chair habitable l’écorce vive
sculptée par des mains de hantise
et des éboulis de soleils zébrant la fin du jour
tu demeurais l’espace de mes traversées de sang
la nuit lucide toute de pluie de paupières insomniaques
***
l’Ecclésiaste parlait de la vanité de nos ombres
des irruptives vanités de notre poussière de soleil
***
la nuit avance jusqu’au manteau de givre
le réel même qui inclut le désir
***
Leibniz comme l’Ecclésiaste façonnant l’homme
d’ombre et de lumière
***
16 février 2016
j’ai toujours cherché l’austérité du désir
***
17 février 2016
c’était des temps où nous nous inventions un visage
comme un phare sur les yeux de l’autre
la liberté absolue de nos bras enserrant
la vocation d’aigle de nos baisers
dans les ronceraies de souffle du désir
la nuit mauve posée telle un silence sur les hanches
toujours proches de la blancheur serpentine
à la dégaine lente mais motorique de ce que la parole
ne peut dire
c’était des temps de circonvolution où les amours
vivaient en orbites infinies de murmures bleuissant
c’était des temps où je pouvais encore conjuguer
une jeunesse qui ne finirait pas avec le maillage
indulgent de ton sourire dans l’incessante surprise
de nous-même
ce temps d’orfèvrerie de mes mains
pour les déconvenues savantes vers tes peaux de bronze
les nocturnes à la robe débouclée en attente des étoiles
m’aimeras-tu
venant vers ta nudité à la haie d’honneur des terres brûlées
et des glaciers de désertification ?
combien notre temps dans ses cendres gardera l’azur
sur le fond de mes paumes où réverbérait ta chair
substituée à nos entrelacs que le miroir fondait
vivant comme phare de toutes les abondances
de nos visages sur les armoiries du temps
***
nuit du 17 à 18 février 2016
j’avais en marche des ex-voto
des incuries nocturnes
des vagues à la crête et le murmure ancestral
des murmures des marins de la mer
les plèvres des pleins haubans
et mes amours rendues à quai
***
18 février 2016
tes lèvres d’eau d’un jeu de nuit
des jets d’oiseaux vivant là-haut
de baisers de pluie d’un amour qui refleurit
***
des gravats de lumière traversant le souffle
***
petit ange dans les guirlandes de la ville
le cœur supposé d’un temps qui ne viendra pas
***
combien de mondes à traverser
***
la montagne qui déflore des coexistences d’étoiles
***
dans les vieux massifs d’Esterel de pierres rouges
et de parures d’azur
***
nous avions rivé la fièvre des yeux qui se ferment
***
nous rêvions de nous-même dans la cisaille des cigales
les vallées profondes de nos yeux clos
***
comment se défaire de l’enfer du temps ?
l’éternité s’étoile du baiser au sablier de ton souffle
***
19 février 2016
de la Durance qui déclinait les prénoms de ses fureurs
les blanchisseuses antiques connaissaient la toiture
des étoiles/ les rives et les coulées du Jabron comme
autant de poches et de cicatrices que causent les vents
sur les portes du Dauphiné/ C’est là le lieu de ces failles
de la géologie/ des baisers comme une coupure d’humanité
en des ferrailles où tu savais ouvrir des miels d’aurore
en des distiques de clairvoyance/ le monde s’inversait
comme équateur qui posait nos caillots de houles
et leurs longues finitudes/ fusses tu sismique/
je ne pensais pas à trancher le soleil d’une part
de mes baisers/ ces longues cicatrices que le temps donne
pour respirer sur tes lèvres pareilles aux miennes/
l’embrasement de tes chevelures dictant la nuit sauvage
qui incise…
« et puis c’était de petits morceaux de bois
des navires de papiers
dans les clapotis
et les pirateries qui houlent au bassin du Luxembourg »
…dictant la nuit sauvage et ses velours
le temps dépecé dans l’arrogance de ses pierres
comme autant de nos espérances dans ce que chuchotent
les citadelles qui enserrent d’airain les bistros de nos cœurs
***
ma nuit s’insère sur des balcons bleuissant
tu venais dans des tramways cliquetant de nuit
comme chemin de Durance
***
l’angoisse qui reste dans l’heure des vivants
d’inaltérable nuit plus loin que le souffle
***
je venais vers toi plus souvent que les rotations du monde
***
que pourrions-nous extorquer à ce qui finit languissant ?
***
pourrions nous même rester cette eau vivante sur la pierre ?
***
la nuit dévore les anxiétés grises du matin
***
Sospel
les cuvées du clocher pour les ivresses de juillet…
***
l’amoureuse viendra l’amoureuse partira
sur des chemins de ronces depuis les houles
et les écumes
l’amoureuse plantera des racines
***
vivant du vent d’une main fantôme rivage exultant
d’un rire de cailloux sans semence
***
de la Durance
de la pierre
de Volonne
de Ganagobie
des blancs de gypse
des citadelles
des lames qui coupent
dans la nuit
des fruitières qui bleuissent
***
20 février 2016
dolomites dans la fin du jour sa calme verticalité offerte
où je m’endormirais du plus pur rose de nos cassures
le monde s’endormira comme une paupière basaltique
***
derrière la pluie et ses doigts fragile de velours
le monde de la nuit coulisse ainsi
le bonheur de recouvrir le temps
de pleines poignées au fort de la nudité
***
de bleu et d’or de nos amours consommées
à la prunelle de la foudre
nuit blanche dans des engouffres de phare
à venir nus dans des jardins de silence
du temps d’Eden dans des brassées
de mes mains qui te prennent
***
l’élan réel du désir où il pleuvait un cœur de chagrin
cette vitre derrière laquelle passait le froid profond de la grâce
***
l’incendie boréal à l’auriculaire vrillant des colimaçons
de coquillage
broyant les brisants dans les mains du sommeil
***
la nuit s’interrompt aux fenêtres d’incendie
dans des Danube qui croulent sous nos baisers bleus
***
21 février 2016
dans le cœur de la cicatrice
la mémoire consumée de la douleur
***
manière lyrique que ces palais ciselés de la chair
chasseresse des séductions
pour peindre avec ces bleus le murmure imperceptible
de la hanche
la courbe ombrée de la nuque il me sera donné des ciels
qui se fondent sur tes lumières exclusives des tressages lazzuli
***
22 février 2016
comme une ville sans arbre sans racines et sans étoiles
le cœur absent dans la poitrine
***
23 février 2016
tu donnais la main au vent portant les voiles
vers la volcanité de mon sang
tu es à la ressemblance de nous-même
lieder nocturnes avec leur bleu de désastres
tu vivais de la famine de cette nuit de rose noire
de ce temps pariétal où nous étions deux
***
24 février 2016
dans les creux de la pluie un amour fou en voix de poitrine
les solitaires des grandes stances que des cortèges
de marines acérées menaient vers les calanques
vers les nuits des plus hauts jasmins le parfum
de la soif sur les lèvres
la soif des buveurs à l’embarcadère
du sommeil de leur propre étoile
***
me laisseras-tu au pied des voyages de l’oubli
sur les coulées de glaciers du Jabron ?
***
tous ces vins d’assassin la nuit sur l’épaule bleue
des eaux brûlantes à contre ciel
comme un désert du fond de la gorge
l’éclat de l’enfance qui se remémore
***
25 février 2016
les polyphonies de l’ombre dans leur éclat de vitraux
pareilles à la houle languide de nos métamorphoses
entrelacées de vallées qui suivent de douce lingeries
de ciel
ce nocturne de lèvres et de rivières de chevelures
quand je dors avec toi
***
26 février 2016
laisse ma misère les dentelles de l’oubli
les fondations de notre résurgence
laisse écarter l’aurore et les longs plis
des moulins d’étoiles
les montagnes qui hissent et les rizières
de tes yeux dans les voilures de nos désirs
laisse venir la grandeur de notre amour incunable
***
l’orée des forêts la pesanteur qui ne connaît que toi
***
ce sillon d’étoile à l’acier bleui d’où nous défiions le cœur des astres
***
j’entrevois le silence qui lisse les embarcadères
les mausolées d’amour des acquittements
la Syrie des muezzins d’Alep et les femmes
au seuil de nudité à la peau de revolver
***
le temps nous décline
***
y aurait-il eu une usure du désert ?
peut-être un automne
une ondulation de la crispation immobile
une fugue de reptile
une langue de la soif
un orgueil glacé sous les étoiles
des myriades de Cancer et de Capricorne ?
***
du temps que les aciers posaient leur souffle
sur le museau des bêtes
dans les pleines arènes du soleil Manolete
à cinq heures mais toujours à la mort
***
la Durance est un jalon un désastre de l’émeraude
dans les fibrilles qui ouvrent les origines du monde
les entrelacs de pleines guipures à hauteur d’homme
dans l’enfouissement concordant des étoiles
***
narcissisme fourbu
soleil de nuit
***
28 février 2016
par le temps parcouru
par la peau parfumée
les hanches les seins l’oubli
le vent mordu de Juillet
sous le réverbère de la nuit le rêve éveillé
***
l’arbre est musicien plus qu’un mobile de Calder
l’arbre ruisselle d’oiseaux de polyphonies d’étoiles
totems des jardins il fait naître des moisissures célestes
***
29 février 2016
l’eau comme les échelles modales du vent
les lèvres qui gercent
le sang bouillonnant des vallées
ce monde disait le prénom nocturne
finissant dessous nos paupières
cette sorte de perfection d’amour sous les manteaux de la nuit
du haut de Ganagobie la Durance est d’argent
de perles et d’oliviers
de mille bras d’eau vive
et du vert de tes jalousies
« en Colombie j’ai appris que les plus pures pierreries portaient en elles une brisure au sein même… »
ainsi les amants de la Durance
dans l’eau noire de son émeraude
(fin du poème de la Durance)
………………………..
Des roses de tes roses 1
26 Mars 1925 – 5 janvier 2016
1 mars 2016
rossignol désenclavé dans ses pierreries d’épigraphies lunaires
un pur septuor dans sa pluie de verre à la gorge de marimba
j’ai démêlé mon sommeil disqualifiant le temps
dans sa crispation bleue de fièvre
comme la pierre fuyante de la foudre
restait la clameur du sang solaire
de métamorphoses épiphaniques et d’appareillage volcanique
l’ombre scarifiée dans son éclat à rêver le rouge
le désert exclusif houppelandé de l’acier de la nuit
les volées d’étoiles serpentines sur les margelles de l’aube
tu portais un élan nuptial dans des robes percussives
de caravelles et les lacs sibéliens qui font vivre en miroir
les nuages comme un auvent sur les lèvres de l’âme
et les peaux dénudées de l’angoisse
je crie le temps sur les fulgurances de tes foudres/ les lierres
qui nous impriment de pierre la peau de nos amours à quai
les arbres criblant les jours ce que dans les curares
vivants et clairvoyants se meurent d’écorce les jours/ sur l’ombre
de nos baisers les neufs roses rouges dans les pelures solaires
les closeries lyriques de notre pleine poitrine de rossignol
***
l’amour éclipsait le forclos du désir
***
la verdeur sourde et les pires enclos de Bérénice
les suppliques de nos murs aux meurtrières complices
montant à cru la liberté de nos remparts
***
les chœurs clos des fondations vénitiennes
ces résurgences depuis Fontaine de Vaucluse
nos bouches d’eaux vivantes
les enclaves de fièvre de la terre qui proclame
***
Moscou quartier des cerises les quartes
et les quintes ont fendu les murs
les architectures des amours
***
la calme fougue de nos baisers où s’engrangent des mots
accompagnant de closeries mes mains nues
***
2 mars 2016
pourquoi pas encore la beauté les larmes
les vêtements du temps
et les clavicordes de nuages ?
la graduation
la modulation
le cœur profond
le nuage passant
l’harmonielehre
Nixon in China
Syllabaire de ta bouche et de tes paroles
ce nom de la femme qui me manque
***
l’harmonie des souches des écorces et des blessures…
l’acier qui rentre dans le cœur
***
disserter sur à perdre la raison
mourir sur que serai-je sans toi
celle à qui j’ai dit de rester…
…et puis le front des misères
l’affront des altitudes
l’amande des jours profonds
la nuit écorche comme au fond des bars
les obsèques
le ciselé des naufrages
les rideaux de fer
mon nom avec le tien dans les rouages de l’été
qui s’apparente au front des mosaïques
à cette éternité de toi que j’ai sous les pieds nus
…ma vie fugitive
au grillage du désir au vent portant
duplicité des gisants les chevelures de l’abîme
ce fut un monde comme un chant d’insomnie
une altération fugitive
tout ce qui tremble sur les murs des murmures
cette Méditerranée au relief qui s’accentue
emmurée noire disait-elle
viole de gambe dans la pourriture des palais
les locutions du temps
la mort qui monte
l’aube à louvoyer
la fureur immobile de la nuit noyée
harassante dans le fond du choral
Kondrashin comme un ancien empire
sur la grande harmonie des Leningrad
***
dans ses larges tragédies dans le chœur du monde
et l’épée à cinq heure de la nuit
***
celle aimée des plus grandes foudres…
de ses perles
à la nuque des misères
sur ces chignons de femme
les aqueducs des eaux rencontrées
3 mars 2016
comme une mort qui m’appelle
les plèvres de la nuit
le vent dans les murs
de mon cœur mort
4 mars 2016
de battre mon cœur a cessé
dans les chorals du monde
nocturne constellant des plus grandes foudres
défaisant le ciel à la percussion violente
dans le traité d’harmonie de Schonberg le temps bascule
de battre mon cœur a cessé
***
Cassiopée les Gémeaux le Capricorne du plus bel Orion
La Lyre le Grand Chien
Là où il y a encore un peu de nuit je vais
***
la justice balance a-t-elle seulement un cœur ?
***
6 mars 2016
comme je respirais à l’Orient extrême
dans la meurtrissure d’une poupée bunraku
revivant un tremblement de crotale de gagaku
m’apparaissait murmurant le dessin de ton visage
***
il y a toujours un peu de nuit dans tes yeux
des avenirs qui m’entrelacent et des écorces d’étoiles
***
7 mars 2016
l’ombre double des cloches d’oubli que nous devenons
dans des eaux erratiques lunaires et usées
que je posais mes paupières
comme d’une décollation du monde
l’écho d’une vieille avenue au crépuscule
***
8 mars 2016
cygnes des solitudes glissant sur les guignes
de tes ombres de louve
cygnes de l’aurore sur les lacs sibéliens
de baiser sur la nuque à la courbure de la foudre
pourquoi les roses si rouges
qui abattent les dames de cœur
pourquoi la voilure de tes seins libres
dans leurs pleines vocalises
pourquoi vivant je cherche les couleurs de Debussy ?
***
9 mars 2016
ni ciel ni église dans l’ambroisie des labours
la terre engrange notre poids de ciel
comme la semence du jour
***
les oraisons dérisoires les arrières gorges de deuil
trembler nécessairement au seuil de la mer
celle qui ensevelit la nécessité même des fontaines vivantes
et qui laisse le désir se sculpter à la vindicte des grands larges
***
mesurer la mort en terme de cachotteries
d’aveuglement pour toujours
du soleil
dans la tyrannie de l’absence
mesurer le temps si dur
****
je m’obscurcis de mon aveuglement d’odalisques dans l’errance
à sculpter les ferrailleries de Jocaste —- mes yeux morts—
***
dans la flétrissure d’un lyrisme cru je sais ce qui clôt
ce bourdonnement de bijou dans ses envers
l’encolure fraîche des fontaines
la soif des ombres qui redit notre nom
***
de pleine mer seul au monde à la merci des cargos
de Valparaiso de ses rues louangeuses
de couleurs de poivriers d’hémisphère nocturne
de bac à sable et d’écoutilles gisant de pleine mer
à l’orphelinat des myrtilles sous les talons
vers les versants de l’oubli
les clochers dessus les larges ivresses d’horizon
***
la parole a son fond d’or ses éclaircies
***
…comme je suis élu princier grand gascon
dans l’enrobante Dronne sur Brantôme
vers l’indéfectible ami 10 rue fantôme
***
nuit invertébrale… tous ces soleils
pour notre aveuglement
toute la mort perfectible
***
tout n’a pas été dans les écrins du bonheur
dans les émeraudes et les vins de givre
les féeries de ces bordures de nous-mêmes
à l’éperon qui nous rend comme la pierre
de la Cathédrale d’Embrun
plus belles en Mars
comme sont plus belles les pierres
de supplication à la rotondité de nos certitudes
***
10 mars 2016
la femme, et seulement elle, possède cet angle cassant
(dans un mouvement de hanche) entre le poignet et
l’avant-bras qui n’appartient qu’à elle, forgé depuis
l’aurore des temps dans autant de fluidité que le col
du cygne
***
les grandes orgues déchirent autant que les chevelures
de Samson et les crépuscules dans la nef de Saint Maximin
***
je t’attends à la surface des bassins où vient l’étoile
sur les rides de l’eau morte balafrée
***
balafons pour les pluies pour les larmes
***
j’attends des pluies des cataractes les vents qui augmentent
notre nuit enclose
***
13 mars 2016
En Mars nous entonnions ce chant de glaïeuls
la pourpre aux lèvres et les élégies bleues
de la nuit posée sur nous
en Mars aussi se referme ce livre d’aurore
rendus à notre aujourd’hui
avec son nouveau visage de solitude
***
14 mars 2016
dans le monde des pendus des perdus des feuillages disparus
à faire crisser la géographie
tes yeux de fruits coupés où je ne suis pas
de ces pincées de ciel lorsque je t’ai perdue
à la jointure des larmes
***
dans la pourpre le lazzuli du sel assis sur la pierre vivante
le cœur offrant les lèvres sèches des retours d’Ulysse
***
15 mars 2016
l’usure qui me lézarde la voix du temps qui frappe
les poumons comme les voiles qui s’emplissent
dans l’heureux temps du sablier de ciel
***
les lois du ciel bariolages aux fenêtres de la négritude
et les nuées blanches les vraies cobras des rectitudes
de nos ténèbres qui n’achètent pas la mort
***
le réel a-t-il eu lieu ?
***
boire l’amour avec celle de l’amour
jusqu’au chemin ascendant de nos baisers d’aquarelle
***
la mort qui justifie la vie a-t-elle sans supercherie
décatie l’ombre sidérale de nos yeux d’enfance ?
***
dors
j’écoute
la nuit demeure
***
le verbe dans ses soieries comme autant de ma bouche à la tienne
langue de lumière
de vivante lagune
***
la nuit viendra-t-elle dans les rugosités noires du vin ?
***
18 mars 2016
la Provence s’incendie de cette valse aiguë de nos passions
***
j’entendais les ruines grelotter sous les vents
qui parlaient de nos anciennes fournaises
***
comment vivre dans la ville de nos labyrinthes ?
***
19 mars 2016
douleur je pèse mes maux
***
des pommiers entre les lèvres fleuries comme de Pisanello
et des soleils d’aquarelle que je pose sur ta peau
et sur les raisons du cœur
***
peut-on flétrir la parole de ceux qui portent des terres d’avenir
contre des galaxies de forces irrévérencieuses ?
***
les barbares et les prédations dans la chair même
de nos anciens soleils
vivrons-nous d’un réel impossible pour se croire oiseaux
dans notre part de ciel ?
***
dans les torses sublimes dans l’infinité des glaciers
et les bouches du baiser
l’immédiateté de notre ruine
***
tu me proposais des arias dans le gris des églises
il nous reste nos éclats d’amour quand les enfers s’effacent
***
la lumière est lacérée
la nudité pour en finir
dans le diffus de ta voix de neige
il y a ces purs silences au soliloque de nos angoisses nomades
***
mon univers grouillait de ton absence
de tes mentirs comme louve errante
dans la verdeur de tes lèvres de violettes
mourrons nous dans des herbes hautes ?
***
20 mars 2016
cœur de jacinthe cœur de pierre
d’une ivresse de limonaire
où les torrents déplient les jeux d’orgue
qui nous prennent comme dans leurs bras
***
l’ivresse rougie de ce temps des infamies
la toupie des jours dans la nuit armée
le cœur basculant sur toute douleur
restée sur la terre vive
de cette armature d’un temps de déconvenue
t’aurais-je aimée au coutelas de notre enlacement ?
***
21 mars 2016
j’ai tracé du bout des doigts ton nom
sur les constellations de nos sables
***
le soleil s’éclipsait comme une baie de Somme
je détissais ta chevelure
sur les grandes arias de goélands
faucheuse de lumière taillée
dans le velours du ciel et un visage renaissant
l’éclaircie du monde avec la mer
blessée comme un marbre
***
cet atlantique qui nous espérait de ses colonnes et de ses granits
cette force fossilaire des vagues contrebutant nos origines
***
dans mes bars s’assoit la nudité de la pensée
où le cœur brûle remembré
***
je n’ai jamais solfié le temps qui tombe sur nous
***
24 mars 2016
danseuse à l’abri des tempêtes
château des ruines à la gestique du temps
à la hachure du miroir
le couperet du baiser d’un azur d’antan
***
26 mars 2016
Mars vingt-six 1918 s’en va Claude Debussy
Mars vingt-six 1925 s’en vient Pierre Boulez
***
l’âge de raison et celle de la pierre est celles des écorchures
des plus grandes fragmentations
de la géologie comme les rides les unes après les autres
de ce temps qui descend des colorados de baisers
dans leurs longs silences et leurs larges tumultes
***
l’apesanteur des solitudes a la cornette des béguinages
le temps qui s’abat dans ses jeux de cartes
et les pailles de juillet dans le vent
comme la morsure des amours dans leurs baiser d’arbre vert
***
c’est Pâques
on brise les os du crâne
la foudre et les temps retentissent
l’enfant parfait
sur les tumultes du monde urbi et orbi
***
je viens d’un monde sans équivoque à la pierre finissante
de ce monde de femmes à l’azurite de tous les sabres
qui désirent la foudre
***
-ma nuit parle dans les dentelles de nos étoiles
-litanies obscures qui nous rêvent
***
le vent lacérait les sépultures
les accointances et le sublime
je demeurais libre comme le désir
***
29 mars 2016
le temps de l’éternité dans les pluies froides du mois de Mars
ce cœur qui s’électrise dans la caresse ce cœur
et tout le vent de notre écho depuis la première parole
***
plein jeu des grandes orgues et dans nos silences
le rituel safrané des jeux d’anches
le baiser barbare de ton souffle sur le mien
***
dans le règne charnel le paysage cru de nos amours anfractueuses
les battements de buveurs de soleil où j’ai tout oublié
***
notre fin de nuit s’entrelace à la méditation du désir
bleue d’aurore comme une proue de femme
***
tu entrouvrais dans une part d’oubli
comme une ligne de fuite
****
cœur hachuré
à houppelande noire
des brumes
à l’intelligence des tristesses
***
30 mars 2016
de ma peau contre la tienne
dans une irrigation
d’acier mon cœur régulier
***
comme une crue de clarinette je marchais
dans les brumes d’un acier nu de pourpre
aux fleurs cambrées sur des chevelures andalouses
***
la femme de la météo disait « il fait très beau de l’air »
– les vagues asservies par la mer –
***
la lente insomnie d’une croix du sud
***
31 mars 2016
Boulez sous les rossignols
comme les ombres s’entrelacent
dans l’aiguë des flûtes et le baiser caustique
dans sa vivacité colorature
magicienne de soleils en eaux vives
la cambrure de nos ombres
les plissures au sarclage des torrents
1 avril 2016
Cela commence comme un signe une aurore une nuque
cygne
le bras déplié du sommeil
et un ciel invertébré
tes lèvres en miroirs comme des sud calcinés
et des rédemptions d’étoiles
au couperet fondamental
celui de l’exécution de Stepan Razin
loin des Finlandes de ses forêts et de ses harmoniques
à voix bassement nocturnes
***
je venais vers Gordes l’Acropole de Vaucluse
mon âme et la pierre ne faisaient qu’une seule
et même architecture de temps
***
mourir de nos souffles inaccomplis
***
3 avril 2016
nous n’avions suivi que la parole des hommes
d’autres entreront par le glaive acéré de Dieu
***
librium pour l’âme
Luberon des pierres
liberté des murs
nudité d’étoiles
je respire l’antre de Vaucluse
les Pétrarque dans les vases résurgentes
les nuits d’étoiles les calcaires bleuis
de ce monde verdi dans la couleur des culs de bouteille
de nos éphémères présences
***
mortel embryon le jour te fuit…
***
à creuser la nuit dans ses pierres brûlantes
je me souviens du silence de la femme au parfum de fougère
et des cols de cygne dans la sauvagerie au creux des tristesses
à plâtrer la lumière des étoiles
***
nuit empirique nuit au corps d’orage
qui nous désunit
chemins de Pétrarque résurgents
dans la grandeur de la pierre
***
désunie et sans pourpre
sans muraille et sans raison
***
comme une culmination dans des terres de graves
des couplets de porcelaine à gravir les éclats d’Orion
glycine sur les murs les écailles dans le mauve du vitrail
***
l’alphabet des songes dans son odorant de blé
les biffures du nom de ce pouvoir d’océan
***
Vaucluse des fontaines et de l’émeraude
des lèvres de labour
de l’ignition blonde de la pierre
***
ma banalité élégiaque dans l’impair et le fléau des roses
***
5 avril 2016
dans ma ville je cherche le cœur du village
***
j’attends ce voyage de Sagittaire
la flèche endormi dans le cœur éveillé
***
6 avril 2016
ma mort dans le soleil qui nous espère
de ce bleu de cavités mayas crénelées d’écume
***
de nuit à tordre l’ivoire les pyramidales agonies
temporelles
les tuiles
le nom gravé à l’asphalte dans la bouche de l’eau
comme vérité de fontaine
***
ma nuit risque la mort comme la foudre
le bronze des cloches
l’épaisseur du temps qui foudroie
***
l’amour nous écartèle comme une carcasse de rien
et viennent une perle de jalousie
un vent assourdissant
de disparition constellaire
un sang noir de l’imprésence
mes aortes vivantes comme les falaises
crues et nues dépourvues de foi
***
l’atome est nu
emmuré le creux du temps
***
10 avril 2016
mon Dieu protégez les pavés de Paris-Roubaix
ce sera un peu moins d’enfer pour ceux
qui plus tard l’auront vécu ici
***
dans la blancheur de la grâce
dans ces matins d’une presqu’encore nuit
les couteaux blancs de la lune à dire ce sommeil de la Sorgue
***
nous nous aimerions là où les humains ne vont jamais
***
mes défunts
rues des lézards
rues des serpents
sous la sécheresse de la pierre en pente fidèle
***
mes pas gravissaient des terres gueuses
des flancs de ruines à enliser le jour
des vieilles ronces de Provence
et des flambées de glycines
la pierre poreuse chuchotant
du vert Veronese dans le cœur des choses
***
11 avril 2016
la vie a toujours été une fête
une chair fertile
un château finissant
***
12 avril 2016
cette presque mi avril
de nos amours
toujours linceul
de nos amours
de pays de cendres
et de vent seul
***
13 avril 2016
de la coursive qui mène de mon cœur vers le tien
***
vers ton visage qui garde le vertical et le minéral
de nos télluries
***
14 avril 2016
FONTAINe DE VAUCLUSE
t’enrouler dans les torsades de mes sextines
des cris d’émeraude des matins de Vaucluse
le lierre pétrarquin et la pierre recluse
je te veux dans la clarté bleue des résurgences
t’aimer dans des moulins d’étoiles
les eaux de Sorgue et les terrasses des écluses
(fin du Vaucluse)
***
de buccins et de sylphides
la danse donnait la dimension de l’orage
la volupté sans pareille
***
tu m’offrais le cri de la nuit blanche
nous donnant la nostalgie et les cribles du rêve
***
les saisons tremblaient de tes fièvres inoccupées
les douces cataractes de tes lèvres peuplées d’automne
***
dans la plus grande désolation des rivages
dans le dénombrement des sables
le cri asphyxié venu d’un diverticule
à la naissance du monde
je t’aimais de notre gravitation terrestre
***
les fontaines du temps buvaient au plus profond de nos racines
les rayures nocturnes
des plombs de pluie de notre présence
***
dans le ventre des nuages un Schubert d’un vendredi
triste de la fin Mars
à l’hôtel manqué de Picardy
***
l’eau de Vaucluse qui coule comme un sang d’éternité
dans les veines
***
16 avril 2016
mon ami French-Keogh
les ombres du Parc Impérial
avec des pluies de soleil sous les marronniers
***
18 avril 2016
l’écorce du rêve oublieuse de la parole
d’un rire aux sept couleurs de craie
d’un orage de sortilèges
d’avalanches sources de soleil
***
19 avril 2016
je suis ton visage quand tu plonges aux abysses
de mes miroirs
***
20 avril 2016
roses rouges de ton sang dans le mien
l’immédiateté de notre règne d’azur
de la lyrique des fontaines
de tes lèvres d’acanthe
à boire le baiser de nos foudres
***
vivrons-nous de la lèpre de ces jours jaunis…
de draperie de passion
et de lumière de vitrail ?
***
je t’aime de la rareté ensorcelante de l’enfer
de ces confins blancs des tunnels de temps
d’un passé trop présent
***
21 avril 2016
cailloux d’oubli sur les demeures fardés à la chaux
d’église à te croire les yeux fermés
pyramidale de désir
la verroterie de celles qui donnent
leurs hanches lourdes
dans la complexité fertile
la terre de féconde gerçure
les vieux serpents de la pierre
avec les lavandes et les fontaines
comme les plénitudes d’azur les volets bleus
toujours bleus de la pleine existence et les amours
rocailleuses et résurgentes de Laure et de Pétrarque
***
de malemort de miroir vers les vagues hantées
de sables recommencés
***
dans les vieilles rues d’Aix des fontaines
de sucre et de givre jauni
c’était comme un vieil automne me prenant dans les bras
***
depuis le bleu et le vert Véronèse les acanthes
de nos festins informels
des jours et des nuits de silences
dans leurs dagues de pierre
je respirais l’espace de nos paysages de foudre
***
l’avenir avait-il une raison ?
***
la meurtrissure dans sa belle ombre
le plus beau square dans des soleils défaits
***
pourquoi mourir ?
***
du fond de l’ivresse les parapluies de la solitude
pas à pas accordée à la nuit
la bouche des fontaines sur les lèvres
***
ta chevelure comme un fléau de famine
***
une investiture nocturne à la rampe des étoiles
***
mortel solitaire émondé terrestre
***
Erostrate incendiaire Giono sourcier
***
22 avril 2016
les pavés de l’amour les étoiles d’or
ces goélands aux envolées de cloches narratives
mes errances dans des enchevêtrements de lyre
***
la fertilité du temps des nuits de grelots
les havres faisandés des constellants
qui cognent de leurs cloches
les cerisiers d’amour sur des délices de baisers
en chambre d’hôte
***
nous avons revécu les moulins de la Sorgue
***
la mort sise boulevard…
***
les pépites d’aurore et les vallées de cocaïne
les murs qui enclosent les amours brûlantes
à la chaux du cri des vitriers
***
je traverse ma vie mortelle
***
23 avril 2016
lourdeur de la matière
l’arbre comme un cordon vers le ciel
une étreinte signifiant la poitrine qui pétrifie
***
j’ai saisi la violence d’être hors les murs de la raison
***
la pluie tombe de l’airain de cloches
de la solitude élaguée
***
la nuit tombe en cendres à la serpe du vivant
***
Giono disait la rondeur des jours
comme j’ai décimé les bruissements
des matins aimés
les sources à l’œuvre d’une terre fauve
***
plus proche de la mort plus qu’une féerie d’orage
une ville de laine d’où naissent des sommeil descellés
***
Lascaux qui sort ses haleines de mufles
avec l’homme éviscéré les yeux dans les étoiles
***
ne plus voir le ciel quand le corps décline
***
l’oliveraie comme une flambée d’énorme soleil
un Van Gogh qui s’étoile
à boire une terre désœuvrée
***
24 avril 2016
hors les murs vers les craies du temps sous nos pas
il me faut vivre
pour respirer ta rosée quand le vent bleuit
***
ce temps qui laboure qui ne ferme plus les yeux sur moi
cette glaise qui nous empêcherait de toucher
le doigt des cieux
***
ce ciel que je déserte
***
il y a ces bras que tu poses sur ma douleur
***
notre pesanteur parcourue
l’idéalité feinte
l’amorce des vents
et ces ciels de bastringue qui nous font mourir
***
25 avril 2016
dans les rouages de la rosée au flanc de mon visage
des Caravage de douleurs
***
je désapprends l’ordre des mots
comme je descelle le sens des vents
***
comment juger les flux de poésie sortis des poitrines
comme on juge les pluies de soleil
torrentueuses dans les lits de leur beauté ?
dans l’amande miraculeuse et l’ivresse des rosées ?
le monde meurt dans l’écriture décoiffée de son azur
***
le monde d’une nuit sans songe
d’éros et de faune
de vieillards aux suzannes
à lever les yeux vers des ciels frêles
je mange à la table de ce monde
***
je me trouve dans cet espace expérimental
où l’imprimerie me prend sous ses ailes
***
les fusils s’affûtent de cette écriture de neige
dans les tranchées de Juin sous des auspices
de territoire avec les yeux qui fusillent
***
le songe d’une nuit sans monde inachevé
la pluie des torrents et les harpes auriculaires
comme des doigts de femmes infinis
***
voici des morts des saules et des anges
des Verlaine d’émeraude
dans des doigts sans bagues de musique de chambre
***
j’ai perdu le savoir la gambade à l’heure des pavés
des vieux villages
***
cette critique de la poésied’Eluard
comme un détritus moral dans ses écritures de lumière
***
Dieu me donne la poésie
les coquelicots de la fin d’Avril
***
je viens prendre dans le cœur de mes poésies
l’ivresse peut-être endormie
des couleurs de Kurosawa
***
ces murs qui nous séparent à vouloir la nuit
à perdre la chair qui charrie le temps
***
26 avril 2016
l’orpailleur dénouait la chevelure à la rivière du temps
l’abîme passant sa main aurifère au sablier des jours
***
le bleu Matisse comme des plaines sans heurt
comme des fesses lisses
et des désirs d’azur
***
plutôt la vie
l’embroussaillement de nos songes
***
27 avril 2016
j’avance sur les graviers d’étoiles d’une nuit qui nous dissout
***
et comment mesurer l’ampleur des amours
qui se ferment sur mes bras
je te voyais du fond d’une mer immense
***
d’où m’est venue cette flèche à vocation solaire ?
***
28 avril 2016
a Fontaine de Vaucluse il y a un chemin de mysticité…
***
en cœur de pays Mapuche j’ai aimé leurs viandes obscures
la solitude de leur hérédité nocturne
***
nous irons vers le Corcovado dans des pétales d’étoiles
***
la souffrance dans les fibres de zéphirs
dans les plus lointains ports
et ces nuits qui naissent à chacune de nos rencontres
***
combien encore toutes ces masses de morts aux enfers
ces caveaux dans les granits du vent
***
l’imposture des sables à attendre le vent
somnambule de nos nuques vers les étoiles
***
à tutoyer l’ombre qui nous vient comme rivage
je combats ceux des constellants
du coquelicot de mes violences
d’une anachrome volition
***
29 avril 2016
c’est une plénitude désertée comme un cran d’arrêt d’étoile
un univers de crépuscule dans le couloir de nos orages
une pluie de pétales
des griffes de roses
de nos bouches de rosée
qui disaient la pluie de la solitude
***
je rêvais d’une genèse où nous étions dans les glaises
des flûtiaux de la terre
l’argile et les mains blanches de l’âme
***
de tous nos pétales d’orage la nuit exsangue
***
cette cambrure sauvage à la ressemblance de la terre
***
30 avril 2016
j’habite une hantise qui m’est un infini clos
de perdre ton souffle vivant contre le mien
***
le Café de France de l’Ile sur la Sorgue
ce début de moulin de paradis
sur son eau de couleuvre
émeraude
***
ma parole est hantée par le désir que j’ai de perdre
cet îlot de diamant qui creuse nos amours jour après jour
***
j’habite ce monde où tu es ma seule raison
***
ces coquelicots du mois de Mai dans les plaies de l’azur
comme le sang d’une morsure sur les lèvres
***
je cherche le baiser de la forêt enchanteresse
celui du premier Brocéliande de nos lèvres
1 mai 2016
mystique et druidique la chanson des racines
mon cœur bègue vers les tambours tremblants
des nostalgiques utopies
Luigi Nono a la séduction des nappes de sons qui disaient nos ténèbres
et les échappées vers nos plus belles tendresses
l’ancrage de tous ces temps neufs à venir…
nous l’avions aimé tant et tant
pour cette écoute de notre condition d’homme
dans des vents de larmes et de lucarnes
pour la quille des navires
pour les entraves et pour les sangs à venir
pour le baiser qui vient de miel
pour la fin du ciel
***
dans tout le sang des cerisiers d’avril
et dans ce sourire de la terre
la morsure des sources
la nuit densifie la condition de l’homme
l’amour à la corne dans la tauromachie de l’ivresse
2 mai 2016
amour tombé d’un soleil chargé de chaînes
***
Hiroshige vivant à boire le couchant
***
de paroles dissoutes comme de vents auriculaires
la mémoire nous est restée de ses yeux de louve
le pied des arbres inscrit dans la vérité
de notre ciel de Durance
***
es-tu aussi réelle que mon amour ?
***
3 mai 2016
Hélène m’a fait mesurer la grâce de l’enfance
Elle m’en donne aujourd’hui le duplicata charnel
Qui a tout mon sourire
***
notre parole restera d’essence nocturne
« à perdre les dents de nos morsures
au cortège de nos désirs »
l’urine de cheval décolore et blondit la chevelure des florentines
du temps de Laurent de Médicis
la blondeur y était vénérée
d’ainsi la sans pareille Simonetta
poseuse de Botticelli la gorge dénudée
ces quelques riens de vivre au débouché des fontaines
à la passion des lèvres pour jalouser le boire de tes soifs
que je me suis endurci jusqu’à ne plus craindre
la profondeur de la mer
de Dieu ou de l’homme lequel a le plus grand secret de l’atome ?
de quelle étoile viendra cette possible lumière
du cœur qui nous unit ?
mourir d’un grand poison ? d’une erreur de passage du sang ?
mourir de perdre le sens de notre condition d’homme ?
nous ne vivons donc que de vanités
de villes putains et de nostalgies ?
alors apparaît Savonarole…
le pont de l’Arno et plus loin l’île de la Giudecca
d’Aix de la Sainte Victoire et d’eaux jaillies
les acropoles qui nous habitent
de tant d’octobre coupés de l’octobre vif
nos Bérénice de larmes fascinantes
de quel miroir Corot prendra la lumière
dans les eaux frondeuses
des calmes marécages
et des douleurs de vierges nacrées ?
le temps des abysses à prendre les roses s’incarnant
à leur fêlure
le bois de la Croix dépendait de la carène de l’Arche
***
Pastrouillant le cœur des roses de leur verdeur noisette
***
l’exode pyramidal
***
4 mai 2016
comme une Bretagne en fin d’Ouest
***
mais voici la morte voici la pierre…
l’amertume
le grand dénivelé de solitude
l’âpre mont
la nuit rêvée sur les ruines des marqueteries de lavandes
***
je rends à la glaise native le visage de notre foudre
le roseau de nos amours
ma chambre ouvrant sur les émeraudes peuplées d’élégies
et les balbutiements veinulés de l’aurore
***
c’était comme une frénésie d’altitude ce grand versant géologique
de notre première rencontre
le baiser des astres
***
parler de la mort -de son infinie foudre -de ses marbres
et de sa rocaille -de ses festons baroques
de sa bouche de Ganagobie et du ressac vers Lurs-
je nous aimais à l’envers des brisants de Sisteron
***
l’amertume et la mer
(la mère thune et l’amer pense Barbarin)
***
l’orfèvrerie constellante de tes chevelures
et les boucles torrentueuses de nos amours
***
j’ai dans les mains l’organigramme du temps
la blondeur évanescente de l’amertume
et le piolet sur les faces nord des femmes de pleine falaise
***
Nono comme un Prométhée du futur d’un seul voile d’éternité
***
les oiseaux de reconquête à les attendre dans ces silences
avant la fin de la nuit
pour vouloir la mort à bannir la nuit
***
c’est vrai Ponge se souvient que dans Cosmos
il y a la profondeur toute cruelle du cosmétique
n’aimer que la verticalité de la femme
les profondeurs du monde jusqu’à respirer
le cri des abysses
***
ma nuit se définit
la cataracte de mes désirs la nuit
***
5 mai 2016
dans les vastes carlingues acoustiques des Notre Dame
le grand Philippe de Vitry
et Léonin
et Pérotin
***
le X de Xénakis inaugure la table rase des sons anciens
l’affûtage des nouvelles terres qui brûlent
aux cuivres de volcan
***
dans nos vérités d’homme il y a toutes les vérité du ciel
les pluies du cœur
comme les âmes qui migrent vers les branches où nous poser
qui ressemblent à la solitude des bars
mes pelures d’homme émondé sarclent un avenir vers le ciel
partis de l’Ile sur la Sorgue nous avions des Schubert nocturnes
et des moulins à rêver
Drôme provençale vallée du Jabron
j’avais ta nudité et mon imaginaire
Le brame du cerf dans l’enclos disait
le combattimento de Monteverdi
Les crocs de la nuit lapident la blancheur des crépis d’église
à faire l’éloge des candeurs à la lumière des pauvres
ma violaine ma violette
mon pont de Flandres
ma juste mon beauregard
mon fiel ce que tu juges
de mes pluies de fin d’automne
je sais tes coiffures solaires du profond des balcons
ne suis-je encore que sursitaire de ton cœur ?
donne-moi quitus de ce que nous fûmes
***
7 mai 2016
j’aimerais tant un jardin odorant
m’y assoir avant la venue de la nuit
***
de mon corps fluide
venir masqué saisir ce miel
de mon ombre sur ta bouche
monde qui fonde le visage de notre baiser
de nuit nue
de nuit blanche
de nuit venue
sous la pluie de la Sorgue
***
mon corps se pose mes étoiles se consument
l’écume de ma vie d’aujourd’hui
la pulpe de ces années soixante
étaient les fondations qui m’enracinaient
j’ai la parole qui crie j’ai toujours cet enfer inexprimable
***
9 mai 2016
les nuages se sont déchirés de toutes leurs pluies
pour verser sur des visages de solitude
***
pour les sept douleurs qu’incendie le désir ombré
de la terre aride de nos amours
***
10 mai 2016
dans la troisième sonate de Boulez les constellations brûlent
de tout l’éclat d’une encre bleue
jubilatoire
comme un hasard de matin naissant
***
des violettes d’Aix-en-Provence dans toute leur atticité
***
11 mai 2016
l’œuvre de Rembrandt dans ses meilleures ténèbres
fait hisser son huis à l’orée de chaque degré spinoziste
***
encore la Durance le grand boa bleu
et sa turbulence en terre de passions
à venir y vivre haletants
pour des soifs étreignant
***
12 mai 2016
loups cerviers pour les cœurs les murs d’âge creux et les temps de pierre
les odeurs de romances percluses qui s’invitent dans l’âme des paysages
le chant des orgues comme des douleurs sur des paupières sans âge
je viens nous rejoindre ciselés et acérés dans les bouches vivantes des lierres
***
d’un soleil atone sur le coquelicot des hautes herbes
le cri d’enclume
le sang qui s’oriente vers les bleus de l’âme
d’où viennent des hardes de lumière
***
12 – 22 mai 2016
femme aux lèvres violines aux hanches angulaires
et aux vallées de château qui brûle
femme aux Cassiopés de fougère et de terre qui tremble
avec le sang qui vacille
femme à la fertilité de la Durance de la pierre complice
de tes intimités de glycine
des brumes auriculaires dans la douce agonie de la nuit
femme à l’heure des grands goélands sur la mer
dans son velours d’encre noire
femme au passé d’os brisés et de cœur sursitaire
aux chœurs echyliens de pleureuses dans l’aqueduc
de ta propre chair
femme madrigalesque à la torsade qui brûle d’un déhanché
dans son mélisme
aux lèvres d’ambre et au bleu cistercien de tes engelures
aux navigations d’ailes de papillon et aux angoisses serties
de la plus belle aiguille de tes nuits blanches
femme gutturale à la parole délayée et à la bouche
de Baumes de Venise et de Luberon
perlée d’angoisse dans son collier qui rassemble les étoiles
femme de la faille de Sisteron à la gerçure de sa citadelle
aux fleurs d’amandiers et aux labours de la lyre
à la chevelure torrentielle à faire naître des pluies de rosée
et des sourires de jonquilles au péristyle de Ségeste
femme démultipliée au port de cygne de charisme arbitraire
et aux bras de shiva
femme comme déferlante d’azur à la touffeur d’encre
de crépuscule à la voie Appia
aux bergeries de laine et à l’acacia chargé de chaînes
aux sources vivifiantes des racines conjuguées
femme à la taille fauve de sablier aux yeux de tempête
aux lilas de solitude
femme de fiacre aux seins de boîte à gant intimiste
aux ailes de caligo prometeus qui claquent au vent de précipice
à la garrigue reboisée et au vin vert du milieu de l’automne
femme d’ombre chinoise et de buccin sur la muraille de Jéricho
femme à la poitrine de beffroi comme un fruit d’orgueil
au défi d’azur
aux semailles d’avril et de prunus sur les lèvres
à boire le soleil à grands traits
les chevelures d’herbe haute et les vers d’amour de Properce
femme au soliloque de la nuit sur ses dunes de cathédrale
de blé mûri
femme aux jambes de fusée comme un Chili de maigreur
et de moulins à vent de Vaucluse
au syllabaire et au vocable de labyrinthe
femme de dédale au Minotaure parsemée de sang de coquelicot
d’ivresse publique bue sur ta bouche de Champagne
de conque marine et de la lumière qui affame
femme à la dentelle de buée dans l’haleine de tes respirs
à la prophétie de sibylle à la flambée des fleurs qui incendient
et à la croupe mûrie de ciels de vendange
femme aux battements de cœur de balafon et au roulement
de larmes secrètes
aux crépuscule de la Passion à jouxter la sonate en si b
le jour des morts
femmes de nos caresses qui disaient je ne veux que t’aimer
de pierres et de hautes morsures
femme cliquetis d’os des requiem et des trombones trop cuivrés
celle qui écrit sur les murs à la verticalité du soleil blond les fosses
de l’angoisse
celle au gisant et à l’orgue dans les pleins jeux des baisers
et femme dans la pureté du monde qui niche dans les temps du lierre
femme aux fleurs séchées aux douze roses rouges de mes orient de ciel
bouche contre bouche fougères au gésir des pleines houles
comme astres avant les grandes navigations de ciel où j’habite
femme au parallélisme de nos meurtrissures femme pour mourir
au plus équivoque hoquet d’arc en ciel et pour revivre
dans la famine du désir de femme
au revolver sur la tempe des plus équinoxiales de nos constellations
***
22 mai 2016
la nuit vampire
l’otage de pleine mer
des sept couleurs de notre empire
***
23 mai 2016
du bout des doigts /d’un château de cartes
le soleil qui tend sa nuque
aux pleins jeux d’orgue
à faire survivre sa nuit
***
24 mai 2016
ce qui désespère à l’aplomb des montagnes
cette parousie du figuier de toute solitude
bravant l’hiver à bras ouverts
ces irisant tremblements du temps
dans les ciels sibéliens
et la noirceur d’un vin de Var
hier nous nous hissions à hauteur d’étoile
dans ces puits sans fond de la conscience
***
25 mai 2016
elle est éclose dans les nuages
dessous leurs murmures
dans la tunique du temps
là où l’Etre reste au seuil
des cambrures des vieux hôtels vénitiens
***
l’ombilicale nuit de baisers d’avant la vacuité
l’aurore nue plus respirable
qu’une source abrupte de mémoire
***
27 mai 2016
espaces de l’aube dans la ravine à l’interstice
de l’Etre et des battements du désir
la voix de l’oiseau la gorge inaltérée
de chant sécable à l’avant-goût de lumière
***
et que la nuit cherche l’éclair le souffle vivifiant
des ruptures
le cri bleu de son éclat de chair
***
galaxie des grives musiciennes
en robe fendue à l’aigu du chant
à la déchirure du bleu
***
celle qui s’installe dans les baronnies
et dans les plus folles ivresses de lavande
le cri des abeilles à la crête
Manosque des mains avec le trèfle des baisers
à la percussion de nous désirant
coquelicots des jachères d’un vent venu bien amer
d’un lierre et des souffrances à la margelle
d’un puits d’oubli à la gorge au gré des vivants
***
28 mai 2016
et s’en aller à la griffe sur la mémoire des murs
le scorpion riverain a la Mélisande dans l’ivoire
le château d’étoile en eaux glacées
***
comme le verbe a l’image de ce miroir de lui-même
je n’ai à opposer aux eaux profondes de la mémoire
que des rivières qui se perdent à l’enivrance
de sources nourricières
la ferraillerie des cuivres et les plèvres de l’harmonie
de Strauss
le crénelé des neiges vers l’étoile de notre raison d’être
***
l’allée Rimbaud l’abbé Ringot
j’avais quinze ans
Moulinet Sospel le col de Turini
sans aigle mais sans meilleur azur
***
comme mes paroles vacillent le cri épaississant de la nuit
venait dans des genoux de lumière
mais « qui de nous deux… » au premier baiser
***
29 mai 2016
cette vraie vision de Vence ô ma très pure
au refuge de ton parapluie
au profond de ta gorge
et ce baiser en langue de miel
***
30 mai 2016
je poursuis le monde se mettant à chanter
je poursuis cet avant monde de la force des enfers
je resterais dans la droiture du monde à l’émotion de ses pierres
***
personne ne comprend le « Livre des Répons » à son éclosion
personne où ne se cache ce visage d’un parrainage de la pierre
***
la part infime d’un soleil de neige
dans la clarté du monde
dans notre solitude de sang
dans l’enclos pariétal de désert d’avant la naissance rêvée
cet amour de la mort dans sa part infime de soleil
***
d’un vin de violettes d’une intime duplicité d’avant le chœur répandu
la femme à bien décrire le visage de la mort
***
dans les bordures du sang
la colère sur les coutures
dans l’embarquement des nervures de couleurs
comme prémisses et nudités d’un inachevé qui ne sera pas toi
***
virginal vestige au cœur des mortels
le jaguar dans les éternités de la pierre
comme à finir une danse
l’hématome de la grâce
le jour juvénile
et les centres de la douleur
***
31 mai 2016
l’obscur et le vent frêle
la caresse de la mémoire
la cendrée de mes jours sans toi
***
volubiles foudres jardins de tous nos doigts de pluie
avec toutes les ruelles pavées de nos âmes de mosaïque
***
Pétrarque qui posait les jours perclus dans ses amours de Laure
et ses éclats de rivière
Pétrarque dans les souches de vallons bleus d’émeraude
et de vins sombres
bleuissaient encore de ces vents – d’avec l‘aimée obscure –
de Vaucluse et toujours des Sorgues de Vaucluse
2 juin 2016
dans les bouquets du vent et les mains calleuses des saisons
passaient les femmes fanées
le souci au front et le manteau de brume
dans l’épaisseur du jour
***
3 juin 2016
passage des anges sur les lèvres lointaines
passage des anges pour des héritages de pluie
et les anamorphoses du temps sur nos amours
***
et quelle plus belle allée de noces que celle qui mène
au tympan et au portail de Saint Gabriel
traçant au cœur des oliviers ?!
***
4 juin 2016
comme une romance de Jocaste
avec les fontaines hors les murs
les chevelures de l’éveil
le masque
j’absorbe le temps de la pierre
le dentelé de la nuit ingouvernable
les meurtrières à vouloir être toi dans la chair
le parcours de la soif
***
5 juin 2016
la mort nous habite dès la naissance par les chiffres
et la chair qui porte notre finitude
***
Maison close un bourg d’eau un îlot de femmes
de Caravage rouge
finissant sur une peau de désir
***
6-10 juin 2016
dans la nuit des mauvais vins le sillon des cloches
au grand bourdon de l’orgue à perdre la foudre
j’avais des lèvres de lavande et tant de silence
du plus loin des crépuscules
dans la nuit satinée et ses résonances de néant
la plus belle gorge des temps que j’habite
la pierre survécue de mort mauve aux doigts de clavecin
d’antiphonie tolédane comme angoisse de la peur qui est
peur de l’angoisse sur la fournaise des murs
dans la verticalité de leur ombre
l’amour apprenant les chiffres de l’azur
la carnation de ta bouche de grenade
nos ossements d’avenir au désert / l’azur bleuissant toujours
ce manque qui se pose dans son goût de Sorgue
Lucifer marche après marche vers la lumière
dans la nuit aux sillons creux et aux géorgiques des baronnies
nos galactiques baisers de solitude dans sa laine
je peins l’ivresse de l’émeraude glacée de la Durance granitique
et crissant de limon dans ses jachères de pétales rouges
et de pierreries d’Orion
de l’Avril d’amandier dans des tenailles de sève d’un coulis de lèvres
d’un émail champlevé de baisers le visage pur
aux territoires des nocturnes
nuits des lucidités arythmiques d’océans circulaires
et des sables vers le granit de leur gravité / le noir de l’aveuglement
celui de Soulages et des espaces absolus
du plus grand souffle néantique / la route anfractueuse
sous les fougères l’aplomb des désastres
disant comment vivre la noirceur des tombeaux d’étoiles
ces violentes alcôves de ciel sur les épaules où le monde changeait
notre visage d’irrigation la fertilité où le jour accable
reste le miracle des pensées et des lilas
le tuffeau de ta clarté pour trembler de toi
la ruine du soleil
les yeux fertilisant
les marchepieds de la neige
une corne d’or le velours
le rire de paille de ta voix
l’après-midi coulait comme un vin de violettes
à mâcher dans un crépuscule de baisers
les hurlevents des vieilles demeures ces velours du ciel
ces bourreaux aux portes de l’enclume
plus violemment meurtrière d’être nue
à me hisser au lierre d’une éternité de plâtre
***
dans la diagonale de l’échiquier les foudres d’une promesse
***
pavane dans les rues d’un temps de Pâques
dans l’obscure grandeur en collerette
d’un Louis Couperin
***
nuits des nuits des baronnies la passacaille des lavandes
dans des velours de miel à la nuit finissante
***
11 juin 2016
des cercles de Pétrarque qui disent les sources
et les torrents de la vie
les éperons de la mort
l’amour dans la résurgence
***
j’ai dormi une nuit aux Nevons
***
franchir le seuil franchir l’ombre
***
l’avril de la Sorgue d’émeraude aux terrasses des cafés
les yeux dans le bleu du vent
***
13 juin 2016
nous irions traçant des laves noires dans la voix d’alto
la douleur d’aimer dans des printemps de forge
des nuits de beffroi où l’amour portait son carillon
trémulant de soleil lacustre
comme des cerises sur l’oreille
la vie fertile dans la nuit blanche
d’un vieux soleil marchant sur les eaux
***
14 juin 2016
dans ce vent bleu déjà tu me disais : « mes amours étaient
dans le khôl de tes yeux »
je rendais la navigation des étoiles sur des terrasses de ciel
au profond des lavandes les ailes des abeilles
nous disaient les battements éphémères du jour »
– « grande comme Bételgeuse dans la lèvre des nébuleuses
avec ce pourquoi de sang noir si loin ? »
-« le cristal des gisants comme la fragilité des os qui nous habitent… »
-« viendras-tu dans ce charnu de la terre
et les fleurs vénéneuses du baiser ? »
nous vivions dans l’enracinement à la tombée des ciels
***
16 juin 2016
plus que la solitude l’oubli
la morsure du temps
le serpent sifflant
la cendrée bleue de la peau
***
vous vouliez les fruits ensemencés aux pavois du ciel
quand nous ne voulions que la lyrique nocturne de la terre
***
18 juin 2016
des blessures d’amour derrière les pluies
il est une maison bleue à Gerberoy
***
ma maison peuplée d’oiseaux
au cœur des platanes
à l’envers du ciel
dans des drailles occultes
de tous les derniers jours de Mai
***
20 juin 2016
l’étoile d’ivoire comme les os qui nous tiennent
ces soleils dans la nuit noire
***
21 juin 2016
Neptune évoquait la mysticité la lyrique aux confins
des pilastres de la nuit
et quand tu fermes les yeux la lumière se resserre
sur le ventre de ta fécondité
***
22 juin 2016
battre le sang des tempes de claves et de marimbas
les cloches de ciel sur les beffrois griffus
peser sur les astres ton nom que j’ai respiré
de la douceur aveugle d’une nuit de cathédrale
une fugue telle une poignée de graviers nocturnes
la chrysalide du cœur
les battements qui donnent le sang des vivants
avec les pontons des désastres
comme une hébétude d’étoile
celle aux imprimés de robe au plus proche
du sillon nocturne
ce sang furieux à l’ombre du baiser
la nudité comme un aveuglement du désir
***
24 juin 2016
du Thoronet dans l’aigu torsadé
de son acoustique
dans sa plus haute musique de chambre
d’herbes hautes et vers le velours du ciel
au plus haut faîte du courlis cendré
***
27 juin 2016
Essarteur de rubis de diamant noir l’autre face du monde
au-dessus de Cythère comme les pavés sous les sabots-
ta réelle chevelure inconstante et ductile
dans l’engouffre des vents-
la mort nous inonde
qu’il en faut reconnaître le rouge et le noir
la bouche du volcan et la canope d’albâtre
la mystique envisagée sous l’angle des sommets
l’himalayenne texture des manteaux de neige
l’équarrissement de monde sous le bleu fertile
de cœur d’éclats
cachant le ciel des anges tu es aux nues
***
28-29 juin 2016
bleue jusqu’à la nuit l’arythmie de la mer
où le sommeil sommeille d’un baiser
sur nos noms mêlés de mort
pourquoi la couleur et les années lumières à l’achèvement ?
pourquoi le temps des étoiles demeure sur le rail d’un corps solsticial ?
***
nous sommes partis un matin à la caducité de la clarté barbare
à l’avalanche d’un vieil or testamentaire
***
comme une ruine de l’espace dans les orgueils de la pierre
dans la clarté blanche un vent veinulé d’enterrée vivante
***
les lentes voilures d’étoiles qui apprennent l’errance future de la mort
***
30 juin 2016
écrire les jardins japonais à l’encre de Pierre Soulages
ils ont ici l’odeur des figuiers verts
le crissant des pas nocturnes sur le gravier
et de lune l’eau des rainettes sur les nénuphars
Des roses de tes roses 2
3 juillet 2016
sang vouloir celle qui caresse
le front de pierre face à la mer
le cri du sable et celui de l’enfance
l’encolure de cygne où je dors
sur le sommeil de ma maison
les paupières sur le bleu de mes psaumes
***
4 juillet 2016
mes jours portent les couleurs de tes orages
une solitude fauve qui se lit sur les lèvres
qui viennent elles-mêmes de désert brûlant
dans la limpidité native d’une étoile
disant sans trembler le nom qui nous fait vivre
***
5/6 juillet 2016
corps à corps de la parole et de l’âme- Moïse et Aaron de la pierre-
les chaînes de Pernes les Fontaines
les murmures scélérats de ses eaux à la douceur vive d’ardoise
de moulin crissant à la meule de la cécité
les ailes émancipées sur la caravane nocturnes des étoiles
***
de la neige d’un pas à pas granitique, ce temps
qui prend racine dans sa bouche de glaise
la nuit torrentielle des architectes de notre informel futur
guai ai gelidi mostri
Pernes, à lever la herse d’azur, les volets d’émeraude
pour l’eau jalouse de ses fontaines
***
10 juillet 2016
dans les cornes des manades
l’éblouissement des soleils
à la pointe des crépuscules
***
12 juillet 2016
Mont Ventoux de pierraille
la lune en miroir
bouclée de Pétrarque
***
des chaos de givre sur les lèvres
les vents hantés
par les rues fardées
la fournaise
de vieux guerriers stellaires
veillant nos longs soleils de deuil
***
14 juillet 2016
vouivres et gargouilles Vénasque solaire
tarasques
dans les franges irisées de drakkars
la mort comme un empire
les grandes garrigues crissant de nos corps
dans l’immobilité de la matière
***
nos visages étaient dans la pierre
la fascinante éternité de nos cendres
***
17 juillet 2016
ceux qui disparaissent n’ont pas la vertu de la salamandre
qui ressuscite ses membres
***
de nos baisers par jours d’Atlantique
et de pleur antique
j’y bois la solitude
j’y joins la solitude
à la cuirasse qui me perce
ici les hommes ont l’odeur du pouvoir
***
20 juillet 2016
la pierre de Rapa Nui haute vers l’étoile
haute vers la mer
d’herbe échevelée
hululant vierge
nue solitaire
***
Le nom de Jupiter contient le nom du jour et le nom du père
à faire son deuil de l’orientation du monde
nous sommes maternellement dans le crible du temps
***
je ne la tuais pas je réinventais mon destin
***
22 juillet 2016
de toute ma naissance la mimosée
à l’arche de Noë
et les nues
comme un mal antique qui te cherchait sous le soleil
***
30 juillet 2016
mes visions de Pernes au lierre et au saule pleureur
l’énigme au cœur blanchi
et les fontaines vives à la pierre qui porte le cœur
je lui avais donné les amours de la pluie
le corps vacant et la pesanteur du baiser
Solange seul ange nuit de silence
Grisélidis Briséis oublions les armoiries
le sang les murs crépis
3 août 2016
lourde de sa propre nudité
au miroir refermé
l’image jaunie de nous-mêmes
d’un temps perdu de vue
***
7 août 2016
les pays de Provence portent le sillage étoilée
de mes villages de miel
aux confins de prunelles où tu es née
dressant le couvert jaillissant du désir
***
l’équatoriale marimba d’orage comme une chemise ouverte
sur les bouches de la caresse
la géographie pour joindre les continents
dans les eaux lourdes du baiser
***
8 août 2016
figuiers foisonnants figuiers de l’hiver
figuiers sans figues des matins d’angoisse
lycée Masséna petit beffroi
à l’ombre de figues carillonnant
***
l’arme blanche a la séduction des matins qui ouvrent les yeux
la lucidité brutale de l’éveil
à l’odorante lumière abyssale
l’intériorité polyphonique d’un serrement de gorge
et l’ensevelissement des pierres bleuies au passage des capricornes…
m’en aller vers les larges aux nuits valparaisiennes
et leurs convois d’orage au dedans des ombres
et les kyrielles de baisers d’ocre à faire parler les foudres
m’en aller à l’arme blanche vers les sources polyphoniques
des nudités abyssales
ces toujours femmes dans les foudres baguées
toujours vivantes sur l’épaule rauque des chants bleus
de ciels qui nous aimantent
l’arme blanche d’un livre d’orage comme Liber veritatis
***
11 août 2016t
en cloche à forte hanche la figue porte les signes d’Eros
le feuillage de l’ombre et le sein laiteux
fendue en deux
elle préfigure la création du monde
***
les herbes hautes enfouissaient les pelures de la pierre
l’écho de nos gestes antiques
dans un azur immémorial
***
12 août 2016
dans celles des étoiles à l’absolu noir où tu es galaxie
après les indécences de soleil
lumineux
nous nous prîmes la bouche de silence
***
j’envie ce monde qui me ferait falaise
***
17 août 2016
nous nous étions unis dans des bris de cristal
fermant les yeux sur des châteaux et des poisons
les dagues du temps venant toujours
après les pluies du cœur
***
22 août 2016
et dans nos crépuscules ce crépis du vent
qui vivait vivant ta peau
de ces épis qui respirent le monde
ce qui nous a uni dans l’aveuglement
c’est le soleil de Jocaste
l’empierrement qui donne les réflexions de l’or crépusculaire
***
23 août 2016
naissantes et ronsardiennes et presque sur des cercles de Dante
les pelures de chacune de ces roses de nuit
grandissent au grand pourquoi de notre rosée
***
l’écriture se crevasse restant dans sa nuit
détachée de sa nudité pour trancher à la lame
ce que le désir dédore à la pointe de nos respirs
diagonale de toi à moi sur les carreaux de l’insomnie
***
25/27 août 2016
il fut un temps où l’amour me faisait perdre le goût de vivre
***
mon amour relève de la psychiatrie mes lèvres sont sincères
et notre azur est en suspens
je verrais venir la nuit sous les écailles de la Durance
***
de foudre et soleil d’Orléans méchanteresse
d’exil pour ma chair
d’un pourquoi de buveur sans chemin
aux pluies vivantes avec des tombées d’étoiles
tes lèvres d’échiquier quand tu es sillon
et ma pure maîtresse
***
27 août 2016
des glaciers et des failles comme vivantes valves
dans les temps naufragés du cœur
***
nous sommes romains de ceux des fontaines
et des armées d’Appia
des aqueducs et de ce toujours désir de sud
***
regardant la baie de Somme cet immense réservoir de ciels
où tu pouvais vivre du vivre des goélands
1 septembre 2016
puisque la mort échafaude un avenir au-delà de tout halètement
conceptuel de notre imagination, le déclin du jour commence donc
dans la vanité de pleine lumière de toute création, ce dédale même de la geste éperdue
***
l’estuaire à la lumière famélique
la nudité des fragrances de pleine mer
dans le secret des canopes qu’hante la mort
ce soupirail des nuits dans des tombereaux de romance
au large des navigations du cœur qui se désinvente
des navires perdus en archipel
***
comme si la lumière avait un sens
les heures du soir sont déjà la faille de la nuit
les montagnes nous regardent dans l’ombre qui descend
***
monde qui se désarticule comme une vieille chevelure
dans des vents d’érosion
une humanité qui ne cesse de s’achever
***
de nuit à descendre au sablier de la nudité
l’acier tranchant comme un pleur d’imam
***
vêtue de blanc à cœur de pleur
de terrain vague…
elle entre dans l’espace à me rendre vivant
elle ferme la porte sur l’ombre de nos amours
***
Debussy dans une mer harmonique réinvente
l’ordre des paupières sans fard
les vagues au poumon des abysses auriculaires
***
2 septembre 2016
préludant Parsifal l’ignition de la douleur
l’obscurité théologique
et le battement d’aile
j’ai su l’irréalité de te vivre
le beffroi résonnant du fond des verres
nous entrions dans la ville
dans la porosité de nos amours saintes
***
ma jeunesse avait passé bien sûr
« – maintenant c’est moi la jeunesse…
mais tu vivras dans un monde plus vieux
ce temps d’une terre
d’un monde vert d’opulences qui n’est plus »
***
3 septembre 2016
je reste sans infini
au bord des galets
je reste sans étoile
à écorcher tes lèvres
ma nuit finissant venais-tu
dans des Colisées de clameurs ?
***
d’une ombre d’embarcadère
une vague d’équation caravagesque
***
5 septembre 2016
démêlant l’équation de nos rêves
comme un roman de l’azur tombé
l’herbe haute a la lunaire épaisseur
que je foulais
dans l’embrasure de notre jardin transi
***
7 septembre 2016
j’ai tendance à voir l’érotisme
du côté du petit personnel
***
dans les bars et avec l’aurore
la nuit revient toujours avec la mort
je suis la mort de la mort
au ventre même d’elle
à attendre l’éternité
je me suis pourri
***
8 septembre 2016
et pourquoi tant de rosée sur les lèvres…
reste au cœur
au tissu de ma réalité
reste la profondeur du baiser
la nudité appliquée
comme certains travaillent la foudre et l’airain
tu es l’absolue du corps
le cœur navré de falaise à franchir
le goût des lèvres
celles des fougères de l’ombre
de lointaines Pyrénées
l’heure des enfers et des paradis
au fond des verres
de quelque chose d’amer
vénéneuse
le chemin bleu de fleurs à notre ressemblance
***
dans l’entre monde l’irréalité accrue
passe par le nom de nos amours
l’herbe haute que nous foulons
de cette nécessité de nous vaincre
***
9 septembre 2016
je creuse dans ce monde les syllabes de ton nom
le baiser aux lèvres comme la neige violoniste de velours
sur la plèvre de la terre
***
carrossée la voie qui nous mène au pensable du soleil
***
petit aigle bien au-dessus des montagnes virtuoses
dans un empire posthume
sur des parterres de vérités
***
regarder le long travail de ce train de nos amours
immobile
ces griffures et ces accrocs
comme une retouche nocturne
***
le silence pense à son absolu
***
14 septembre 2016
tous ces cailloux dans ma bouche
l’irréductible baiser
l’infirmité de Démosthène
***
15 septembre 2016
l’accent de nos aciers nous fait vivre de jour en jour
à sonner comme un tocsin
***
mon quart de sang reste une chair nocturne
une morsure de cette étoilée d’où tu viens
***
tu es une chevelure vivante au vent que j’épouse
la nuit des métamorphoses
de toi je décollerai la chair nue de l’art lyrique
quand ma mort sera devenue soleil d’une mortelle nudité
***
16 septembre 2016
je mourrai d’un avenir indéfini
comme dans la lumière je vais dans les enfers
depuis la naissance dans les paquetages du soleil
les claviers de lumière
le Debussy des mimosas dort
***
le sang d’éternité
la nuit s’érode le beffroi à sonner la mort gravie
l’ombre de la mémoire
fenêtre au fil des montagnes
ce nocturne pluie contre nuit
d’un mal qui est là la rizière de nos désirs
ce soleil bas qui couche dans une forme d’enfer là
vers le plâtre des carrières
***
21 septembre 2016
corne de brume dans les nuits de cœur
ma mort ne s’achèvera que dans tes robes de sabliers
dans les boulevards de la mer je ne respire que de tes rêves
***
elle est rouge la bourgeoise… comme les tuiles d’un castellet
***
23 septembre 2016
!!! le miracle des filets
la mer miraculeuse
l’or limpide des profondeurs !!!
***
dans des gouffres d’amour
des escaliers de furie
des aurores instables
nos amours dans les failles
***
comment arrive-t- on à cette fin, cette perte de nous
pour tomber dans l’éternité ?
sur le poids de la mort
retranchés des vivants
***
26 septembre 2016
j’étais à Rome dans l’Appia immémoriale
***
rouge et noir hors de la lumière
ton nom dans le fondement même
des excavations du soleil
le sens caché des roses qui naissent
dans les fondements de la nuit
mon cœur s’investit à franchir le pont nocturne
de diluviennes pluies sans retour
le vert de ton serpent
la contorsion de mon vertige
***
28 septembre 2016
et je m’imaginais comme bois flottant
sur les romans de ta peau
le toucher de toi qui confinait à l’ombre
et le pont d’arc en ciel dans l’alliance de nos baisers
***
le soleil a quelque chose de noir
comme des vents de château
à la griffe de ton regard
***
lumière après lumière
d’usure chromatique
le soleil a perdu sur la morsure du temps
***
29 septembre 2016
d’une nuit d’albatros
ton nom becqueté
au balcon des vertiges
***
ces vestiges de sables où comme Machaut
les crabes viennent à l’écrevisse
***
la douleur comme une suspicion
un mal dans le plein azur
et l’amour dans les cages
d’un parking des anges.
***
30 septembre 2016
je sais un chant de la mer
obscur dans les profondeurs
proche de ta peau
1 octobre 2016
Celle qui est sur les ailes où tu respires
la perfection des altitudes
depuis nos bancs de lavande
***
comme tu nous quittais dans des vitres de lumière
la pendaison ne nous sépare
c’est le soleil qui s’entrave
c’est la lumière qui rentre dans l’ordre
(Michel Fourrier mort par pendaison,
Avril 2015)
***
l’éternité à dos d’âne sur des pavés de silence
***
comme à transpercer le soleil la nuit aveugle
avec mes yeux pour t’ouvrir
***
descendant dans des métros qui me menaient vers des temps
qui se voulaient hors les murs
la nuit inoculait ses orages sur nos amours
***
rêver de ce monde et pas dans l’autre
***
je descendais dans les damnations
les murs de la ville
les parois du cœur
les vendanges de tes lèvres de fougères
***
2 octobre 2016
dans les conférences de l’ombre comme une mort diluvienne
avec tous les peupliers du cœur
sur des routes qui nous évanouissent
***
5 octobre 2016
la nuit n’est que la pierre refroidie d’un soleil timide
on y fait naître les oraisons bleues de l’espace baroque
la virginité bleuie du sommeil et les calcinations
d’un temps qui nous augmente
la nuit à mourir n’est que la peau qui s’ouvre
d’une grenade mûre aux lèvres
la suavité et la cavité des matins défaits de leur écorce
***
dans la mort le soleil a l’intensité du noir extrême
***
6 octobre 2016
ariette :
elle me disait : je t’aime comme les coco de Paimpol
les marbrés roses et blancs
et les rosissements
de ta peau quand je pose mes yeux sur toi »
***
nos mains s’étaient lâchées
je n’étais qu’une expansion sans univers
tu ne serais plus qu’une gravitation
***
notre histoire séjourne…
notre temps se décolore…
j’aimais une photo bleuie
à dénombrer les visages disparus
***
8 octobre 2016
à nous téter comme des amants sous la mère
d’une pure attraction
***
je lis mon envers dans les enfers de tes certitudes
***
13 octobre 2016
nous étions de Sud dans des carrefours d’étoiles
dans des méditations de sens
tu portais le roman de ce bleu de notre corde
de pendu
le toucher de ta chevelure autour de mon cou
dans les spirales de bien d’autres engouffres
les derniers cercles de Dante
***
17 octobre 2016
dans la Drôme à lavande
dans chaque entaille de baiser aux lèvres
la gerçure de nos vins de printemps
***
elle porte la respiration plus loin que l’altitude des montagnes
dans des vins éblouis de nous-même
***
18 octobre 2016
je t’entends d’une obscure clarté
***
en tenue de guêpe mes mains sur ton sablier
***
19 octobre 2016
comme le prolongement des étoiles le chemin qui nous a aiguisé
nous avions quitté nos morts dans tes robes blanches
comme Eurydice la couleur de la voix d’ébène
les hanches libres le cœur fou
le trasumanar de la Divine Comédie
***
le temps qui bat d’une route amère
la duplication de la nudité
***
ce clocher du temps a la graduation d’angoisse que j’imagine
posée au cœur dans l’archimage d’une mémoire blanche
***
21 octobre 2016
depuis de plus amples soupirs…
…à la ruine d’Andromède…
tous ces temps à mourir
des chaos de sommeil
ce goût de la nuit contrétoilée
chargé d’insomnie je suis vivant
la réalité du monde à descendre d’escaliers en escaliers
seul cavalier à soixante-quatre labyrinthes
de mes milliards de soleil
…
***
joueuse de go dans une enfance close
***
l’ébène redoublée de fleurissement à la gorge de l’angoisse
pour venir nue lacérée d’embrun
***
j’encapuchonne mon nom pour toi
capucine de la voie apienne
dans tous les copeaux d’azur
te vivre jusqu’à l’asphyxie
la moitié de ma mémoire
pour tes genoux
dans les temps éclos
(la nuit de Bérénice
celle romaine
sur les sables de Titus)
colonne après colonne le temps décapité
***
j’ai rendu le temps à sa mémoire
***
mes nuits baltique sur des lèvres baroqueuses
***
l’avenir à main droite de beautés bleues
de volcans de nuit comme Etna
les cerisaies sous les cendres
***
tu connaîtras des milliards de ces calades traversières
le nom de Ste Jalle dans la Drôme
sous la verdeur des arcades
***
mille soleils des roses et verts de Stendhal
je t’appréhendais nue et cuivrée comme une nuit large
ma nuit chromatique dans des chevelures de lierres
***
Purcell disait « O solitude » de ces vagins roses…
***
fontaine
à cloîtrer le temps
l’argentine vigueur du silence
***
le temps s’incinère
le temps est à Fontfroide
***
je te voyais vivre dans des bruits de soleil
dans des robes de tulipes sur l’angoisse
***
22 octobre 2016
la ville était rose et grimée
les chemins menaient vers des crêtes de vent
la colline de nos ombres interrogeait les nocturnes
***
23 octobre 2016
hors lumière comme les loups déchirant
les crocs des vins noirs et aveugles ont fait table rase
je respire la voie lactée
du plus loin de ton regard qui me prend la main
***
24 octobre 2016
les vins de Var écrasaient de l’olive noire
en roulant sous des palais de langue
comme routes bleues solfiant l’ombre des peupliers
sauvagerie de la pierre de Mirmande
comme des pendaisons à hisser
ces pas qui foulent les herbes qui nous gravissent
***
JE MEURS (10) – le temps m’attend dans la poigne de ma révolte
Il m’attend dans le bonheur bleu de mes asphyxies
Dans les reliefs de la pierre qui nous enserre
Dans tous les canevas de sagesse pour toute morsure
Le temps de tous mes âges a la voilure qui prend la ride
Ce temps que je pourrais toucher dans le rouge de rivière
qu’ont toujours été les tubulures d’artère menant
vers le sommeil absolu
une coupure à l’arme blanche du temps
un désarroi de pierre sans souffle
ce presque rien de temps qui porte
***
ce qui me mène vers mon dernier sang
sera-ce une mâchoire qui ne ferme plus ?
un souffle comme un dernier vent qui revendique ?
***
Est-ce que les faucons dépouillent l’azur de nos amours ?
***
27 octobre 2016
bleu de l’huître comme un lagon…
***
elle chantait d’un nocturne d’étoile
m’éloignant
moi
blanchisseur d’angoisse
dans des florilèges de sable
et ces désirs bleus toujours lyriques
où je prenais le baiser de sa joue comme si je prenais le monde
***
mes pas ne s’enténébraient plus de t’avoir dénudée
***
30 octobre 2016
près de Mirmande dans le chant serré
à l’alliance du Rhône
avec des lampes près du ciel
***
cavalier d’échiquier sur le vent des diagonales
en son périmètre de mort
les yeux qui fleurissent
la douleur de sanguine sur les joues
de ton enfance dessaisie
***
1 novembre 2016
neptuniennes les amours plus fortes que la mort
fontaines de Provence nautoniers et maîtres du soir
le temps enlace les enfances
nocturnes bleus des lagons du ciel
les étraves du soleil
mes jets d’eau jusqu’au sommeil
et mes ténèbres lacérées sur des champs de grenadiers
***
la mort fut prescrite depuis le cercle blanc
des suites de violoncelle
l’espace était courbe dans son corps bleu d’azur
je t’y voyais vivre derrière les vitres relevant de la nuit
***
de ses doigts de théorbe
le chant rentré
dans une paume de ténèbres
d’un palais baroque
en écho
la polyphonie solitaire du baryton à cordes
***
5 novembre 2016
écrire les lois de la pierre comme griffer
le lagon de tes lèvres
ce que je respirais des saules pleureurs
dans des coulis d’étoiles
vivant l’érosion dans des jaunisses de vent
la lame de fond des clochers et les tombées blanches de banquise
l’amour nous habitait éperdu de trouée de soleil
d’escaliers ascendant à décliner les paupières
de nos sommeils à venir
***
vivante dans l’orbe bruissante des nocturnes
et des verres qui se brisent
***
les perles savantes de l’encolure
de tes damiers de soleil
l’ivresse de savane de nos cœurs qui s’entrechoquent
***
j’allais à Giverny dans les eaux insomniaques
d’un nénuphar de cœur
***
vivais-tu sans moi ces ecchymoses de vagues
dans l’embellie de nos baisers ?
***
nous avions fait bâillon à la mort
des chaînons de soleil masqués
de roses désastrées de cendre
de pluie de cavaliers abolis
de caravelles d’écume constellées
***
de Philippe de Vitry et Guillaume de Machaut
l’auriculaire de pleurs polyphoniques et lunaires
nous avions fibrillé des aurores démurées
***
6 novembre 2016
des murs fondateurs
dans les fougères
à Savonnières
à la Pierre au Lait
***
j’aimais la neige de tes solitude
les Vercors qui s’étoilent
ton souffle de nuage sur ma nuque
***
mes fauconneries à mains nues
***
reste dans les trigonométries du temps
le coeur saturé
l’acier d’un bourreau fertile
***
…le sable dans des cœurs d’étoiles…
à jouxter ces murs de nos verticalités
***
vivante de sous des pluies barbelées
de nids d’abeille
et le cœur abstrait d’un cœur désiré
***
et que connaissions nous de ces pierres aimées ?
***
je t’épelais dans des sonnets en prose
dans de charismatiques nocturnes
pélagiques de lèpres
de sables qui nous traversaient de ténèbres
***
8 novembre 2016
mes quais de Seine dans leurs pavés de pluie
disaient l’endimanché de nos écorces de silence
j’avais l’âge alangui des escaliers
au réverbère des pendus
dans la mort les voilures s’accordent dans la nuit d’Orion
d’où je te vois
mon syllabaire neuf a déjà une clarté jaunie
***
voués au sang et à la fidélité
l’eau des lèvres
les plafonds du ciel
portent vers les roses
le manteau des quais de Seine
***
ce gant de velours au Guernica de la voix
de celle qui chante dans mon souffle
***
nous mourrons de ne pas avoir cru en notre héritage
***
9 novembre 2016
je reconnais les trente mille épousailles de tes yeux
dans l’alcool broyé de finissantes cocagnes
***
forêt de forages à l’or noir de nos forces
Maracaïbo de bougies dans le ciel
***
Chili – San Antonio à 5 h du matin :
Ma vie dégrise de son chant d’où je te rêve
dans des verres d’ivresse
d’une pluie de fureur
d’un âge qui crisse de sa blancheur de craie
les chiens vagabonds de leurs dents jaunes
sur les détritus à l’heure des goélands avant les gueux
***
BATTISTINI 546 BELLAMBRIANA
***
10 novembre 2016
le temps est-il périssable ?
***
15 novembre 2016
gerbes de tes chignons et de tes embolies de soleil
l’entonnante trompette qu’embouchée
l’épaisseur de te nudité dévalise
la femme lumière qui remplit mon sommeil
à sa base et à la colline de ses hanches
***
17 novembre 2016
l’homme au sommeil de fleuve rouge
l’aurore qui se broie de nos mains de fer
j’ai été le monde dans tes bras a fresco
comme une Eurydice revenue d’exil
***
comment t’aurais-je comblée
d’océans et de blés verts
mes exils d’oiseau bagué
t’étreignait
de trop de voiles au cœur
blanchisseuse de pleine mer
***
le lambris des paroles dans les lampées du soir
ravive de manteau lyrique l’insomnie des vieilles ruines
***
18 novembre 2016
rosace du monde montée métallique des architectures
vers Dieu
lumière du matin qui creuse le ventre
l’arachnéen espace vers le plus loin de nos alliances
peut-être de spirales de damnation
***
19 novembre 2016
de ce temps qui nous augmente
d’Adam et Eve la lumière
de toujours à la paume ouverte
que tu viens inséparablement fleurir
***
20 novembre 2016
nous avions peur de l’homme dans sa chair
comme dans des pluies exemplaires
je te voyais vivante de notre vie vivante
dans le bleu de la nuit
dans cette sorte d’hôtel des astres
***
j’abats les cartes la féerie des hasards
et la nudité de ton corps qui joue des rayons du jour
***
issu de la chair
des hanches hantées
et du creux cervical
j’entre dans tes bras
à labourer nos amours
***
22 novembre 2016
comme le serpent allait à Eurydice
dans des coulées d’aurore
les ombres nous ont appris le jour
***
23 novembre 2016
chœur
rivière d’ombre
dans le granit
l’écume du large
où Git-le-Cœur
répons du chœur
donne-moi des bas de résille
de peintures de prairie
>depuis ces siècles où Git-le-Cœur
***
dans la mort j’emporterais mes dents jaunes le rire saillant
de la pierre
des clochers d’église
des écorces de verreries glacées
des tuilages de nuits anciennes
j’emporterais dans la mort le sable et la cendre
le vocable intelligible de tes épigraphies
et la violence des soleils de tes seins
dans la nuit plus large
dans la mort
je serai le disjoint de ta chair
***
25 novembre 2016
murailles d’orage à la paume des carreaux
le vitrier de chagrin qui rougeoyait le monde
que le soleil creuse
d’être d’un cœur et de battre
au parrainage de ténèbres
la lame froide à l’encolure des dormants
***
28 novembre 2016
comme les vins de Rub aï yat le paradis est-il au bout du monde ?
les roses de seizième siècle et les cris qui ont fané
sans mourir sous le temps des sabliers
et les emblavures de fleurs
je vivais dans l’échauguette d’une conférence d’oiseaux
en des palais d’azurie
***
30 novembre 2016
nous cacherions de bleu l’envers de nos villes
nous cacherions de bleu les déserts
des beautés traversières
de deux cœurs bleus
ce que nous n’avions pas rendu au monde
***
mon enfant ma sœur j’arrivais de Saint Lazare
seules les fumées manquaient à n’être
un tableau de Monet
et ces valises d’Arman grises de la couleur de celles
qui ne voyageront pas
l’automne rougissait songeant à la douleur
ci-gît le cœur à la nuit approximative de soleil éperdu
d’aller là-bas vivre ensemble à la rue Fayotier
qui monte un presque ciel jalonnée de réverbères
à se pendre
houppelandé d’un cœur sacré
Rue de l’orphelinat des petits miracles
Rue Cortot de blancheur et de chevelures de lierres
de trop longtemps épouser la pierre
aimer et mourir carillonnant d’étoiles
de vieux rigodons
sous les arbres pleureurs quand la nuit passe
je m’en vais voir rougeoyant cet amour passé
orfèvre irrésolue qui trop te ressemble
***
Canal St Martin au presque Nord et sans navire
était-ce des ormes
des peupliers dans leur incendie ?
la rue inventait ses gerçures de pavés
4 décembre 2016
et il est dit dans le psaume « ne me cache pas ton visage… »
dans la soif du jour d’un vivant beffroi
***
6 décembre 2016
dans les mâtures du temps
les ressacs de soleil
le cœur prenait les échos de l’écume
de vitrail
de dentelures d’ocre
de pierrerie
comme psalmistes de Tipasa
***
8 décembre 2016
j’avais quitté les vieux croyants les amarres d’embellie
la mort et les attaches de la soif
dans un lac glabre
elle avait dit : « je reviendrais seule sans la servitude »
dans les Kyrie
l’étoile d’un soleil fauve
le corps vivant qui s’hémisphère
***
10 décembre 2016
depuis l’ancrage le plus asphyxiant
les houppelandes nomades
je revenais vers ces architectures
à l’inscription des cadastres
noir sur blanc
bien que bègue de lumière
dans les bleus rituels j’emblavais
ce tout or orfévré du matin
***
je t’aimais comme des baisers de grisaille des fonds de la rue Lepic
de pavés droits sur les ivresses
et de moulins qui tournent le cœur hachuré
d’insomnies
d’avenir de macadams
de ce qui fut ruelle de blancheur et de lierre rue Cortot
***
11 décembre 2016
quand la mort recule
l’orangeraie sur la bouche
le déshabillé des crépuscules
***
lorsque l’enfant d’une nuit d’Idumée rejoint le chœur des nuages
les voussures de la mer
les atlantides qui posent des ténèbres de roses à oublier le sable
l’hiver déclinait les rosaces
la baie des anges donnant des neiges
de Góngora à Juan de la Cruz
comme je t’ai toujours voulue dans ce monde qui s’ouvrait
entre nos bras
***
13 décembre 2016
franchir le temps
l’éclair du bleu du Giorgione
les quatrains marins qu’évoqua Jean Cras
de Roubaïat et de vin noir
de jets d’eau d’entrelacs de chanson de geste
la mort même dans l’or du sommeil
troubadours de tous nos vocables
***
16-17 décembre 2016
le bleu de ton désir le vent la flûte de vieilles lunes
lorsque les cafés sur les places publiques
versent leurs étoiles comme d’un sac de billes
celle qui m’aimait pour la bonnerie de mon coeur
***
18 décembre 2016
ces larmes de bière quand les peines surgissent
les laines nidifiant
de celles circonstancielles
qui nous hissent vers les ciels
***
renarde de ciel le bel hautbois nasillard
je voulais écrire renard c’est le e qui l’accompagne
des rousseurs de l’orage dans des brumes d’opéra
où tu désespères avec les ongles hérissés
les désastres de nos soleils angulaires
***
19 décembre 2016
l’entreval là où la pierre
commence -là où la mer
nidifie le ventre éphémère
des morts vacants
de ciel sur la terre
***
22 décembre 2016
je creuse la blancheur qui me dissipe
***
mon sommeil ouvert à la rue
le sang dans ses décombres
jusqu’à élargir la nuit
***
ton visage sous une faux d’angoisse
la soif de l’éternité sous le givre
sous l’herbe même
pour mourir toute l’inquiétude du souffle
l’inatteignable du miroir
dans ce presque rien occlusif
l’arbre résorbé…
d’où vient cette clarté qui traverse la neige ?
viendra-t-elle comme le passage des griffures ?
la rue qui monte au fond d’un chagrin
-d’un marbre bleu où s ‘arrêter pour vivre
et comment venait la clameur / les étangs bleuis de Ville d’Avray ?
et comme je vais mourir là
solder des rideaux d’orage
l’écorchure de ce qui bruine le matin à pleine poignée
la foudre le geste machinal
cohortes de moi mort dans les allées vétustes
le respir aride
avant même l’humain
la fonte étoilée
la mer jusque sur les lèvres et l’écume taillant la matière
déchiffrant l’azur comme pour dénuder
en mal d’aurore quand tu me prêtais tes yeux
mes cahiers bleus
mes gouffres
comme dentelures à sarcler le monde
je rendrais les voilures les espaces de mes yeux
tapis dans leur bleu
tu m’incinères déjà de ta voix aride
tu voyais venir la lumière qui nous inonde
toute la vie labourant mes déserts qu’incendiait le cœur
ce jour qui élève plus haut le mur des étoiles la mort qui monte
de l’envie
de la laideur
hallebardées de prisons probables
Sainte Jalle le ciel se rapproche des allées griffues
des arbres qui s’accordent
la mort venait des solitudes comme échancrée
j’avais le chant bleu des nuits de Paris
au-delà du contre-jour la serre chaude de nuit caduque
sans fard je ne soumettais à tes ratures
ton velours pour déconstruire la lumière
cette chambre qui nous donnait de l’avoir
pour te survivre il ne manque que la clarté
la nuit s’étoile des lambris des claquemures vacillantes
nous n’étions séparés que par des désespoirs de mer calmée
le désir consumé ?
la nuit comme une digue intacte
les lunules mauves de mes nuits de lune
pour tes sources la clairvoyance volcanique
les douze pieds d’horreurs attractives d’Alexandre
la versification aride
l’angoisse prolonge la blancheur imperceptiblement
Paul Mefano très boulézien / lyrique
mes désespoirs à bouche fermée…
et mes nuit grandies par les marches vers la mort
je sais des rectitudes pourfendeuses de pyramides
le socle des lèvres la tessiture accrue
l’amour à mort sûre
ma vie a senti plus que les forfaitures
la seule gravitation sous nos pieds
***
24 décembre 2016
j’attends que tu naisses libre où nous ne mourrons pas
j’attends ce temps des cloches où sculpter les laines du désir
la raison des arbres ton baiser dans nos mosaïques d’étoiles
***
le vent effeuillant l’écorce des marbres
d’un diamant qu’une lumière de temps affûte
***
je cherche la blancheur du vivant
je vois le fer dans le cœur rationnel
***
l’Arche de Noë Beauvais Amiens Chartres
où s’arc boutent les mesures du Paradis
***
25 décembre 2016
Noël
dans les sabots le cœur sommeillant
***
je m’approchais tant de son vrai feu
que les os me rendaient le cristal de la nuit
***
je connais des montagnes neuves accoudées au balcon
d’une lumière qui mûrit
***
ce continuum de temps comme une ferrure
***
à boire ces soleils
le joug infini de lèvres qui brûlent
***
26 décembre 2016
les glaciologues ont-ils prévu les rouages sombres
de la sexualité ?
***
29 décembre 2016
elle s’en est allée dans la foudre du verbe
les pelures abrasives du doute
depuis les tours de notre nuit
***
respirer Respighi dans Rome
le marbre dans sa dimension d’homme
de toute révélation suscitée
les frontispices d’amours anciennes
et les jets d’eau qui creusent
***
30 décembre 2016
être vivant au-delà des cendres ?
la lumière s’endimanche
***
31 décembre 2016
j’écris tes lèvres sur la nuit à l’encre rougie
de doigts insomniaques
la rue appartient au vent
le monde s’élargit
l’odeur de l’immensité dans les filets
qui retirent l’or de mes mains
le cristal des constellations
***
nous aurions l’aurore la bouche d’or
le martèlement de l’avenir
ce qui augure la lente éclosion du sillon
nos amours comme des assiettes fêlées