Poesies, 2013

Livre des Réponses (2013)



↪ Répons des ténèbres
↪ Répons de l’abîme
↪ Répons des ténèbres II





Répons des Ténèbres




2 janvier 2013


CHŒURS

Prologue

c’est un visage qui se déplie vers moi comme une infinie plaine orientale

ce visage à la lisière des bleus de la nuit porte le sanglot des tulipes

et les rizières de tes yeux


CHŒUR 1

d’un cliquetis d’osselet nous ferions des étoiles-

des harmonies de sphères :

-et l’inquiétude de l’homme qui parle son secret

dans son champ d’orage

-et Perséphone rendue aux pierres dans la froide

épaisseur de l’haleine

-dans tous les bleus de la nuit comme rature solaire

la passion a les yeux au visage ôtés

d’une mort à bout portant

et l’Œdipe dans le couchant des salves de montagnes

la vérité vacante des flambées de fleurs

-demain le profond choral arguera la cendre de soleil

pour chevelure

pierre à pierre dans l’ajour inhabité

le silex engendre le vin bleu du feu habitable

de sa nudité blanche de glacier

-et d’harmoniques fontes sculptent dans le cœur ladre

ce mûrissement d’où ils se diront oui

-et demain la solitude perdra sa couleur de linge

que je refermerai mes bras sur le vent troué

« seul le vent sait estimer les ossements » et la terre aveugle   …

dans ce visage qui déplie vers moi le nom de mon visage

est ton visage à venir


CHŒUR 2

donner la mort est-ce une preuve de confiance ?

donner la mort

                             la fugue inachevée au sommet du souffle

CHŒUR 3

notre respiration d’écume

le désert dans l’embrasure jusqu’à notre venue

                             notre respiration rendue aux pierres

***

ce goût d’encre de la plénitude à pleines mains

***

le fond des pierres où l’ombre articule

***

debout dans le jour

                 ce lent travail du soleil

                                                                en errance

***

baiser inhabité comme un fond de gouffre

***

des vieilles garrigues d’orages où il n’y a aucun secret

                                                                                        entre nous

***

je veux oublier tes rêves et m’en faire une ombre

                                         ***

CHŒURS 4

du silence aux nervures qui nous prolongent

à la droiture des miroirs

***

la mer qui fracasse

                             très loin le soleil

                                                    à porter le miel de tes yeux

***

j’ai pris pied dans l’épaisseur de ton souffle

***

glacier qui calcine là où l’été passe

dans l’aveugle chaleur  du soleil après la faux

***

des gerbes de vent comme pour Booz endormi

***

ces vins arrachés du sommeil

à la racine du rosir

qui  resserre la compacité de la ténèbre

***

ces vents sur la blessure

ces routes nouées aux brisants

plus hautes dans la pierraille

                                         ***

cœur battant d’homme

le long des asphaltes

comme aux enfers

quand elle poudroie d’or

l’abîme entre nous

***

CHŒUR 5

ce vin qui sèche dans les diverticules du sang

***

…nos ombres disjointes à la face d’un visage descellé…

***

notre âge déferle

de perles disjointes

***

je me devais de vivre dans des routes d’avalanche

***

dans le cœur du temps

la paille obscure

***

j’ai suivi la nuit à l’encolure de la route qui nous liait

***

Elle s’abolit de ses métamorphoses

celle à tenir le ciel

celle conquise sur l’eau immobile

celle depuis la nuit montagne contre montagne

celle dans les bleus des membrures du temps

celle où ma vie s’arrête qui me prend par la manche

de visage grandissant

toute la froidure des miroirs où « il fait beau dans les ténèbres »

celle du bout du jour à la falaise face à face comme à cette face

de l’écume

***

dans l’enfoui de la chaleur

dans les voix hautes accomplies

des soleils encourus

***

après la mort est-ce la mise à nu des inachevées

loin des sarclages de la folie

loin comme les sommeils qui imitent la mort ?

***

CHŒUR 6

11-15 janvier 2013

gondole noire dans ses labours

l’or lagunaire

qui masque l’amour au fond de ses vases

***

putride ce fond d’errance me voici toujours

d’aujourd’hui  irrévoqué

***

des blanches murailles que les noces par cœur

inventorient dans la solitude

pour plus d’automne dans le sang qui nous effeuille

du rouge au long des veines ces coquelicots

sur la bouche

ceux qui nous quittent

                                         -nue et théâtrale sur le sujet du cœur

la couleur où l’homme s’invite dans des fonds d’ivresse

***

nus à nous rejoindre Maldoror à la faux

du fond des labours

ce vent qui pétrit les ornières

le rythme de la ville qui prend la couleur

des battements de la pierre inhabitée


ces morceaux d’astres plus qu’il n’en brûle de pluies d’étoiles

je suis celui qui fidélise la chaleur abrupte

ces plèvres de l’air excorié entre les murs de griffures vacantes

***

celle avec le stylet dans le cœur

sans plus de ciel

dans l’aridité qui respire

***

myriades les pierreries les gisants

de collerettes

de celles qui constellent vivantes à la nudité du fléau

***

carmenere  viña  del  mar cerro d’allégresse

Valparaiso récite ses collines

***

le jour à quai l’impuissance de l’homme

le vent qui embouque la nudité qui claque ses voiles

***

ma douleur définitive

ce boire à l’aimer

dans la noirceur des verres

***

mal d’aurore

l’autre en amont

qu’aiguise la proue du jour

***

CHŒUR 7

chaque jour tu es femme renouvelée

le cœur grandi de jour en jour

comme chaque jour te voit grandir

***

elle porte toutes les métamorphoses à l’embrasure

de la foudre

et comme d’un bal

                             du bout du pied

elle tue la nuit en nous

de blancheur hantée

***

la mort debout fleurit

de force mûrie


le pays déserté en désert clairvoyant

***

l’embrasure usée de la lumière

l’éternité qu’elle a su achever

à la lenteur du cœur


l’infini violent sur quelques traces

                                                    …à l’aplomb de vagues fossiles

***

et l’arbre comme une main s’imprime

dans des ciels ruisselants


pays modelé de ciel dont le vent anguleux crie

sur ses cahiers de pierres


pays des neiges pas à pas

de solitudes à gravir

dans leurs évidences blanches


ce qu’ils consumèrent de leur cœur

jusqu’à la transparence à force de ciel


ce désert comme un incendie dans sa transparence


poésie dans ses lits de pierres jusqu’au travail du ciel

à échelle d’homme


dans les hauts déserts les chercheurs de brumes

l’écho prolongé de l’ombre


mon souci noir ma vérité comme une pierre

sur l’épaule


celle qui respire de notre visage multiple

la nuit boisée comme une plaie


montagnes au cœur

debout dans la gravité effusive


le vent durci

                 d’un monde qui nous extorque

***

matité du noir dans les labours de l’encre

la voie martiale de pierre soulages

***

CHŒURS         8

16 janvier 2013

la terre se hisse à hauteur de mon vertige

l’écriture du vent

pour porter nos silences

la poïesis calcinée

                             des fragments de monde


tu m’as parlé de Schumann

                                                    et le soleil précédait nos pas


ton visage de Dürer ta chevelure de fagot

qui crie la nuit métallique

la carnation la main mise sur le feu du vent

et toute la terre qui tremble de ces années

terribles qui nous font face

***

ce soleil que nous n’habiterons que par intermittence

tes bras rendus à la rousseur qui nous lie

quand tu livres ton ciel

avec des limpidités de miel

***

18 janvier 2013

nos mains bifurquent ce qui nous donne le froid

de la fourche l’éclair de l’absence


mon nom brûle sans bruit dans la chaleur des terrasses de café


la chaleur vivait dans des ports d’angoisse

le monde glabre de mes attentes


j’aime les tragédiennes là où ta main passe

le fracas des pierres

comme j’aime cette ombre le bris vivant de la lumière


je suis dans cet ambitus de toi à moi comme celui qui crie

le temps qui transfigure


pourpre l’orage ce cri du miracle


ma naissance dans ma mort

dans le bûcher des jours


j’écharpe le temps qui roule avec la chaleur qui n’ose

la transparence


nos cellules disent l’espace comme ces murs des lépreux

avant le réveil des sources

des cloches et des tombeaux


vivre comme l’invite des foudres qui déchirent

et le rapt de l’ombre


l’azur contre la butée du temps


espace fantôme des contrebutants


ma nuit archaïque d’un temps fui

mon nom dans la solitude


nuit palpable espace qui crie homme contre ombre

le joug des moins que l’amour

des graviers du temps

la folie compacte des séjours de ceux qui rivent le temps


dans la pierre avant le cœur du couteau


l’ambroisie béante des coursives de nuit

murs solitaires

l’accalmie où l’ombre existe les poings et le souffle rompus

nous aimons véronique gens

les douze coups de midi

le long corps pour l’amour


dans la poésie le gouffre

le cœur qui bat

sur des murs j’écris ce qui transpire

les femmes sont libres elles vivent elles enfantent

elles pleurent elles renient elles sacralisent elles enchantent

elles dévorent elles sont libres elles divorcent elles aiment

***

19 janvier 2013

CHŒURS 9

dans le vent le temps terrible le fer

quand est-ce que commence le ciel ?


les paroles qui se fendent dans les grands feux du silence


ouvertes à la mort comme à l’éveil des pluies


comme si je sculptais les cariatides de mes amours

le visage qui s’offre comme un morceau de ciel


le rouge krasnova est une forme de perfection


et il y a toute la nature dans les passions de l’homme


désespoir blanc qui nous pétrit

cheveux au vent le cœur durci


de quelle source le vent qui porte les laines ?

…dans la beauté bleue

une clarté d’angoisse à hauteur de ciel

***

22 – 23 janvier 2013

douleur dans le paysage comme nous vivants

qui a nom de falaise

d’ancrage vers un vent noir

d’erratique rupture

la nostalgie qui rit à blessure d’homme


la foudre qui se donne l’amour comme au fond des cendres

les seins qui palpitent et nous donnent le monde

tout ce qui dévaste jusqu’au bout du monde


la femme est-elle une étoile morte

***

l’homme du Chili qui marche sur des sentiers de foudre

***

comme surgi de ténèbres qui éclairent

la douleur

dans la résurgence d’un cœur nu


champs aux corbeaux

lèvres de coquelicots

je m’acquitte de ma solitude

dans des serres humides d’un nom qui n’a pas de visage

***

…et les amours qui savent vivre comme les tambours…

ces soleils de cendre

qui consument  comme des fins de cancer

                                         ***

CHŒUR 10    

26 janvier 2013

mon absolue mon amour non euclidien


d’amour d’irruption de force carbonifère


la venue du jour comme le sourire

comme le sommeil retrempé

je veux la nuit

                 te cacher

                                         t’avoir dans l’épaisseur intime

                                                                dans le coupant des massifs


l’assourdissante issue de la terre

la montagne théophanique à l’aiguille des bleus fertiles

***

l’asphalte décuplé pour les chemins de traverse

entre toi et moi ces espaces de montagne

***

ces chevelures d’odorat qui hissent la voix ombilicale

du sommeil

je me meurs dans des ciels qui s’adossent au monde

***

(ce fromage et ce vin rouge pour des palais de réglisses)

***

l’autre de la nuit l’autre moi-même

les baumes qui éclairent


je te sais comme sur le champ

                                                    blanche

                                                    sur l’infini de mon temps de glacier


mon temps de glacier d’aujourd’hui mortel

sous les pas qui viennent


mais comment t’attendre dans l’irisation qui cligne le temps


nos équivoques blanches dans les envers de la neige

***

pierreuse comme avec le visage du ciel qui augure

sans toi le feuillage du chemin


les cœurs qui se disent oui

dans l’intervalle de la solitude


pour invoquer

                             comme la parole peuplée

de toi à moi ces assauts de ciel

                                                    cette soif de clarté

***

pierreuse  misère des cœurs

à l’angle des jours qui se meurent


l’ourdi chemin

                             les soleils qui se meurent

                                                                                        le sillon flétri

l’espace bleu des hautes univocités

                                                                les tuilés de l’amour

***

mais la montagne

mais le temps fluide

                             le jour de cathédrale

                             et la lucidité du fer


ce que la douleur dans les friches et les angles

dit du temps

                 qui nous prend de ses baisers


je te rends vraie je te dis pareille au jour

dans le plus froid de la vie

***

ce sang contondant des albâtres

cette pluie à travers sang

dans la harpe à la rampe du monde

dans ce souci de t’aimer


Bossuet l’aigle la vocifération qui se lève


plus loin comme pour dire l’amour l’urgence

ce temps qui travaille l’irréfléchi des vestiges


l’irrésolue pierre neuve de notre visage


les lèvres cuirassées les membres neufs

les abattoirs bleus

du jour qui calcine


nues et sans vestiges à l’abrupt qui martèle

tes veines morphinées de temps qui glisse


kyrie des glaciers qui pansent

kyrie des sphères qui creusent

dans le cri du noir irradiant


entre ciel et terreur comme avec des pierres


krasnova des bonheurs les pommettes rouges

des vins qui viennent du vif argent de la nuit


comme avec du Verlaine

nous nous dessinions

sur des vents adossés


celle qui nie ce qui rit de pesanteur

le risque de la soif

la bouche du vent

la langue qui écartèle


Bossuet l’éclair voluté de montagne


credo de vent confondu

le sang heurté

et les préexistences à la hampe des sources


je te sais infinie neuve les jambes qui trouent

l’épaisseur du monde

le vent torrentiel


ce ciel qui m’inonde du reflux de l’espace bleu

du pur chemin où tout vient à tarir


la nuit seule demeure dans le versant de falaise

de la carnation

***

27-31 janvier 2013


CHŒUR 11    

                                                                                                    cri du soleil

                 lié comme des jonquilles de métal

                                                                                        à la chute des épaules


mes amours vivaient de la soif de la neige


l’eau sans la soif le soleil sans la lumière le désir sans la femme

ou l’inverse du verbe

de la lumière

cet inoculé depuis le fond du jour quand les bleus se décolorent

le travail adamique du vent sourd auquel je crois

***

hors champs

                 la naissance en tessons

                             le vitrail parcellaire de la lumière

***

là où fracassent les brisants

comme les éclats de la nuit

les blancheurs d’orgueil dans la poitrine

***

la lumière de frimaire comme nous sans être deux

le monde uniment

dans le jour dans la nuit

que rien n’est perdu

***

le lent travail de la blancheur

là dans le tranchant des montagnes

où tout le jour est torrentiel


tous ces morts qui nous reviennent à l’angle de la rue

dans ces quartiers de fleurs

dans l’épaisseur de l’arbre grandi

***

l’Afrique est jaune de son sable fractal

…de la terre carnivore


désert équarrissant qui s’adosse au ciel désaltéré

***

la passion du fond des paumes

le cœur de l’arbre

qui dit l’écorce qui crie

***

carillons en gare nous nous retrouvons donc…

le serpent perd ses anneaux

***

mourir comme pour ne plus vivre

ces points de monde

dans les lagunes du ciel

l’asphaltante sauvagerie

des versants vierges

des lèvres qui se posent


comme cri je pèse la douleur je vais vers les silences


vivons dans le grandiose le sable blanc

les écumes à découvert

et les déchirures du cœur neuf


oh ! les foudres les paroles mortelles

                                                                les aboiements de fin du jour…

***

ne nous cherchez pas dans le déni crépusculaire

nous portons la toge du soleil

***

et je vais vers les racines

                                                    ce flanc d’amour des pyramides


vers le blanc vers l’aveugle

vers le cancer de l’aveugle mer


comme d’une rencontre la collision des pierres

avec une éternité à la gravité de torrent

***

l’horizon noir parce que le cœur meurt

à la fin des guipures


j’ai trouvé un trésor

celui du pirate

celui de ton enfance

***

CHŒUR 12

le monde meurt pour ne plus consentir

à rendre son souffle


le monde meurt d’une alliance avec dieu

***

le sang dans la plaie comme le jour qui s’en va

***

dans le gravir du temps pour l’éternité

***

dans une proche récitation de pierres

***

pour la mort non enfouie les baumes crépusculaires

***

comme des boiseries du monde la flûte baroque

                                                                                        le cri d’épervier

                                         ***

rétinienne la parole avec le souffle de sa couleur

***

dans les gravats

                             avec des noirs de prunelles

tu as donné le poids du monde


comme à haïr ces soutènements de l’amour


la mort a-t-elle ce brasier des glaciers

cette harangue des jours

tout au long des rives

 mortelle comme au dernier baiser ?


Ulysse à quai des nuits qui grandissent

des palais de tuile


gravitation des ciels

                             dans les lisières de nos chapes de sables

                                                                                                    à occire la nuit


grandie et proche de ce que la mer a pu peser

cette volute du temps

à mordre la peur


le temps de l’acier

                             les dernières volitions de la mort


lamentations de Jérémie

                                         de celles de jabots supérieurs

de collines solitaires

des érosphères de monde et de nuit de loire


la vivacité des chemins de soif

la blancheur des étoiles arythmiques


plus haut que les montagnes un parvis d’incendie

qui fend l’épaisseur du jour


nuit grandissante

jusqu’à la fraîcheur nubile


dans le néant quelle conscience

de nos ombres sculptées ?


rendue au jour la terre bleuit la pulpe du vent

l’azur se pose sur l’épaule des montagnes

et je respire la vie qui me porte vers toi

brûlé de jaune le champs sans corbeaux

le vent nous rend quitte du soir qui descend


l’aube a surpris le pas fait l’un vers l’autre

il restait des fins d’ivresse au fond des verres


et la nuit avance d’une ombre géante de montagne

le silence nous lie à la pierre qui nous accepte


ET TELLES,  LES VAGUES …

1-5 février 2013

Hommage à  Sviatoslav Richter-

Le piano de Richter, le côté gamelan de bois de bambou, qui n’est pas le son de métal d’autres pianistes ; dans la dernière sonate en sib, le génie de ralentir de moitié le tempo, pourquoi ? Richter a un « frapper » de bois sur le clavier….

Soleil les pieds nus de la première rencontre

de la cisaille qui tombe

                                         celle d’amour sans couture


le temps s’écroule d’une lame droite dans le ciel à l’arrêt

du cran de ce temps qui me parle de toi


là dans la parole quand le vent tombe

l’eau à cru dans le creusé du jour

qui limpidifie la force qui troue le vivant

l’azur pris à bras le corps

                                         la vie porte les perles


dans la gorge du temps le vent qui empourpre

la mort qui montre les dents


les meurtries

les erratiques dans les grands pas bleus des feuillages

***

pluie qui scalpèle le temps dans la mort

sourire de source

j’ai l’aube pour les pierres

j’ai l’aube

j’ai le temps qui passe

écorces bleues du couteau

ton visage d’éclipse

                             la neige qui attend


dans l’agogique du rouge et le souffle du noir

les épaules sveltes qui nous portent

nous

     rétractés du ciel…


je ne suis pluie

que tristesse


venir habiter le n°42 de la rue

la tristesse de ces cris d’éclusiers

des chœurs anciens amers

avec les arbres aux nèfles

qui poussaient la porte des menuisiers

***

Reste avec moi je te regarde toujours quand tu traverses

***

…mouvement lent du concerto en sol de Ravel, plus beau que les lenteurs de Mozart, la ligne droite de la route aux arbres de la maison de l’enfance…


l’univers vacille ta poitrine née d’arpège

tu es femme immense à la saignée du jour


femme de garrigues

des brisures

femme aimée de douleur cassée

Schubert est allé à dieu loin…les rues de Salzbourg les la M les la  m

le voisin intimidé de Beethoven l’ultime sonate Schubert touche le ciel ou est-ce le ciel qui descend ?


comme à la fin du rêve

la tranchée du monde fugitif de la soif          


le goût de la mort ce Schubert d’enclume quand le ciel surgit

de ces vieux calvaires d’arpèges et de pierres

S. Richter, les études et les préludes de Chopin ce n’est pas le fleuve de Cortot mais la pierre qu’on taille qui sait qu’on l’aime aussi le piano de Schumann c’est Yves Nat …simplement c’est le vieux fleuve le Rhin Düsseldorf la mort

la mer vient

c’est le lac

c’est Konigsee    chapelle st Bartholomée

l’espace l’écho le cri du cor

Levi Strauss dans tristes tropiques, revenir à Chopin ? quand on a connu Debussy le chemin de retour improbable, page 330( ?)


Couperin Chopin la nuit le soleil et la nuit étoilée

Pablo les vagues le cristal de l’isle noire


JE NE SAIS PAS OU VA MON CŒUR

…………………….


 de Cortot…immersion dans l’ut m cette nuit de Chopin Richter la violence l’ourlet et le murmure sur l’ivoire et le cristal Chopin plus grand que dans mes doigts d’enfance Richter pieuvre d’ivoire Chopin de nuit mort à venir mort sur les doigts tendus comme des fléaux à décrire la nuit…de turbulence.

les cloches aux yeux fermées les doigts de fer la nuit de fer les préludes Richter

l’impasse des violettes sise proche de la rue des potiers premier graffiti d’avant 68 « je t’aime » sur les murs durant des années mort par la force du soleil, écaillé, carton d’artiste

***


comment espérer la grandeur au pied des montagnes ?


montagnes des ruptures couteau vers le ciel

Catherine de sienne

Thérèse d’Avila

l’âme de Lisieux

et celle de Bingen


les directoires des souffles de l’azur

***

les niveaux de bonheur sous les saules pleureurs

le grain du sommeil les bras de Grace Kelly


melchior nous a emmuré : « wälse… ! »  l’éternité du point d’orgue le souffle des baleines qui le connaît ?


de l’airain dans le visage des montagnes

bleu de la cruauté de la plus haute neige


des pierres tombales la haute écriture de la nuit


comme aux lèvres du masque le temps blême accouru


l’homme comme un loup

l’homme a crié dans la nuit


comment écrire la mémoire du vivant ?


…nuit avec des souplesses de lune…

l’Ophélie des nénuphars celle aux hanches propices

au fil nu de l’eau


le temps a ses fractures

                                                    l’espace pas à pas

                                                    la foudre du jour qui décline


barbarie  les magmas de montagnes

le retour d’Ulysse

la déchirure du jour qui aiguise


ce qui se brise dans la poigne de l’enfermement


nudité à l’envergure des vagues

le crible

le précipice

la volition du vent

                             dans l’eau qui dort

                             la déchirure aux jambes infinies


je sais que tu n’existes pas parce que ton visage est infini

dieu est la violence de l’être


depuis les couleurs pariétales la sérénité de la nuit

la première approche de l’homme qui meurt

l’éviscéré de Lascaux


le fond du jour ce couteau de montagne

ce glauque de la blessure

trauma ce rêve cette vieille blessure à grand pas


les ut mineur dans la marche des glaces


le monde ralenti comme la mort qui dresse ses falaises


je te sais irréelle comme l’ombre de mon désir

                 comme la mort qui arrive les yeux qui naviguent

                 et les sursis de nos voiles étoilées


neuve et troublante comme dans un ciel qui se troue


les voilures avec les anges debout

fertiles

                             le temps qui fibre

                             la mort qui irise ?


les parures du curare dans la mort l’anfractueux du temps

la profondeur qui panse

                            

Le phare pour l’orée des tristesses

La nuit nous suit dans le gros œuvre

***

croire le cri de l’aube la supplication de la vie

terrestre

les atomes dans leur fissure

***

ce coup d’éclosion dans le cœur

ce lieu du monde

où l’éternité abat ses cartes

                                                    l’éclair lucide

***

nuit blanche dans toute ferrure du vivant

et jusqu’à boire l’encre

qui déchiffre l’air que tu respires


celle qui demeure d’horizon la beauté grêlée


jusqu’à perdre soif le cœur dans les flambées de rosée


la terre mûrit sous la faux et le vent tutoie les sillons

l’infini s’ouvre sur la chair multiple de la lumière


6 février 2013

désert de chili l’Atacama qui voit les plus vastes mondes

d’étoiles

comme autant de tes yeux de sables nus et froids


ces brisures aux marches de violence

parce que nous avons voulu perdre

de notre trace

la nécessité du verre dans la poitrine





GRIFFURES DE PIERRE SOULAGES

dans la brutalité -j’entends le monde à son dégrossissement-

l’homme intérieur a la volcanité vive

de nous dans des cahiers de ciel


ce rêve d’être jeune les yeux dans les yeux

qui offrent le jour neuf


…je sais que je vais vers le noir

                                         les yeux qui se ferment

                                                    pour tout un absolu d’espace


nous sommes arrivés à l’os rongé des espérances

…jusqu’à la haine de ne savoir le monde…


nos  amours sont quittes d’une eau qui s’ouvre aux deltas


blanche comme l’arme de nos nuits limpides

au cœur des murs pour imiter la mort


pour imiter la mort l’homme se couvre de glaise


comment connaître la lumière dans la matière du ciel

la cécité à notre mesure


tu restes loin de ma pourriture les cloches

de proche en proche qui transfigurent


celle qui vient d’un cri d’incinérée…


c’est l’hiver l’écriture griffée à la corde qui me pend

le chemin entre le monde et le ciel qui attend


le vent crie comme l’homme crie sous la transparence

qui nous devance


j’aime à la haine la hampe de douleur de tes catholicités

le fossile qui troue les baisers d’ombre

de nous adossés à des neiges d’obscurité

toi riveraine de la glace et du travail des voilures


l’avisé théophanique du cœur qui tremble

de cette clarté de temps qui nous tient lieu de vide


j’ai besoin de cette solitude qui arrime

la ductilité des versants où tu respires

                 comment t’aimer

dévasté de temps

                 caduc sans âge

je mourrais dans les tréfonds

                 et les terres fauves

d’où naître

tous mes exils dans tes embrasures de fer

***

on aurait retrouvé le visage de l’origine du monde

une irlandaise de courbet ?

***

la  mort m’approche le fer est comme ce qui brûle

l’amour à la cicatrice

                                        

la faille sait déjà ce que le cœur avait perdu


la mort m’approche brune dans des nappes de vent

la mort souveraine à l’éclat de l’os

à chaque ombre qui se suffit

***

l’élan vers le végétal la nuit respire mort après mort


8 février 2013


à travers l’angoisse

                                         revivre le cri de ciel

qui s’écrit de l’encre lucide

d’une faille chaude


Daphnis et Chloé par le vent qui traverse le monde

le vivant rêve ouï            de la conque


d’Alain Jouffroy dits du domaine public, avec ce recul proverbial :

« le rien ne recule pas devant l’infini pour crier  (sioux)

le soleil ne recule pas devant la terre pour brûler  (albanais)

la terre ne recule pas devant le ciel pour tourner  (basque)

la main ne recule pas devant le corps pour tuer  (esquimau) »

une certaine universalité passe de la main, de la terre, du ciel,

du soleil, de l’infini de la main qui serre


l’infini à la fenêtre de l’homme

la douleur du ciel


nous ne mourrons pas les soleils acquiescent le jour

je respire la terre la chaleur abandonnée


les ut mineur de blanche douleur

de vide plus blanc que l’éveil

la nuit des nuits de la mort


là  je crie dans l’aigu dans la brûlure de la pierre

dans la nuit du silex


l’amour qui accumule les ciels vides

nuit qui bruisse

sommeil blanc

cœur qui brise

                             lointaine avec l’iris comme pluie noire

                             brûlante et défléchie


pays du froid dans ses gorges d’automne

l’orgueil immense

elle porte la lumière jusqu’à la blancheur

l’incandescence de ses glaciers l’épure de la fonte


reste le feu pour la nuit la chaleur du temps accumulée

la brûlure du fer des connivences


la louve mangeuse

le creux de l’espace

la frondaison de pays

mongols

la peau lisse de leurs joues

qui invitent le baiser

dans la clarté des grands nord


tu aiguises tes forces sur mon cœur

le vieux souffle indifférent

aux accords lourds qui puisent la nuit


mes pas s’accordent à ta faim

à cueillir le temps qui glace


comme avec une montagne ou une houle

face à face pour dire ton nom


noces qui font corps à fendre le visage

le vitrail qui reste le souvenir du ciel


rien n’empêchera l’azur de rendre le bleu

à la vacuité

avec ou sans talons l’heure inappropriée du secret


la mort venue comme une gifle

à boire le couchant

nuage après nuage


le ciel s’est-il vidé de nous ?


elle s’abandonne par la peau


donner

     aimer ce qu’il faut de foudre

                                                                ce qu’il faut pour surgir

en marge de toutes les houppelandes de la nuit


nous avions faim de nos ruines et des mises à nu d’éros

dans les douleurs à la courbe du monde


nous avions la vie dans la glaise du cœur

le profond tourment de grandir

l’énoncé aveuglant du finir


reste la pierre

                 l’assise à la même demeure


elle qui respire le monde par ce qui chante le bonheur de la peau

elle dont il restera assez d’éternité


canteloube qui chante l’auvergne le centre du gaspard des montagnes

si longtemps après que tous soient partis


l’eau claire qui tombe à la lucarne de la nuit

le corps vivant rompu


l’auvergne à marie des chazes qui fend l’amande

la véronique gens au cran de la grâce


l’auvergne de canteloube de cette glaise à visage de vent

les copeaux mélodiques à Aubrac

à hauts volcans la fille d’auvergne


d’où viens-tu ?

du bout du temps

                             vers quel visage ?

                             vers austremoine vers celui des pierres

                             comme nuages à flanc d’avenir


COMMENT SAIT LE CŒUR OU IL VA ?

…………..

mes rêves sont mon cœur lui-même à visage de pluie de pierre et de cœur


j’ai vécu la matière du ciel lorsqu’il descend

dans les ut mineur de son visage sibérique


où va la route des cœurs qui s’aiment ?

mes mains transies du jour qui les habite


la vie à vitrifier le monde et la parole vive du fer

loin des chagrins par une parole pure

la nuit nous dissipe le vent met ses gants de solitude


10 février 2013


bleu des jardins suspendus sur la mer

ce bleu que tu respires

de tes chevelures d’écume


11 février 2013


COMMENT LE CŒUR CONNAIT-IL LE CŒUR ?

………………..

cloches qui parlent des vallées

l’incendie redonne un nom qui éclaire


de vivre le vent astringent  qui porte la soif

de vivre disjoint de la durée

au creuset de la blessure


faucille qui tranche le temps

                                                                            la peau extrême

sur toi de toutes nos étendues comme sur un champ de blé

***

lumière immense du désavoir

***

« quelque chose de plus intéressant que la mort »,  lu d’ Heidegger, au sujet de « shoah »…

***

mes semblables, pourquoi cette belle unanimité de penser ?

***

pourquoi contre d’autres désenclavés…

***

de toi, affranchie par l’eau la pierre et le chemin

dans l’ornière

nous respirons l’albâtre des morts

 d’où vient un vent qui porte la couleur

***

12  février 2013


la nuit devient infinie

                                         le sommeil écarte des sources

cette attention du vent  à me rendre transparent



dans la matière du ciel

cette route d’ombre qui présage


l’homme de nouveau vivant a plus que l’arbre

qui respire d’une seule saison


toute cette Finlande d’aurore sur le pouls battant

des pierres

tapis de blancheur torrentielle qui a le jour pour fin d’horizon


nos os étaient morts

comme une nuit qui revient


cette terre de toi absente à la fenêtre qui transfigure

qui vitrifie quand le jour dissipe



nous ne mourrons pas de nos vies enchevêtrées

nous ne vivrons pas de nos temps décousus

la vie meurt loin de toi


lorsque la mort consumée par la grande porte…

***

et ce temps qui dit non comme le temps de la fracture


de tout ce qui s’est fendu

trouvons le temps pour rire


l’énigme aux yeux fermés brulée pour toujours


je ne dors pas puisque je veille sur toi

et qu’il est de toi de fermer la blancheur


le fin de la terre qui appelle cette faille

cette glaise qui nous a portés


vivant la nuit d’éclat qui porte

la blessure ferme ce qu’il faut taire

nous voulions le jour et l’incandescence


JE SAIS QUE TU CICATRISES CE TEMPS


Cecilia cette mort où tu sais me porter


porter les voiles des résurrections

tout le décousu de l’existence

tout le vif du fond de la terre


les jours où nous aimions de l’épaisseur

d’éternité vivante

là sur la terre là où tout brûle


la nuit est venue les volcans aussi

à s’occuper de ces soleils

dans leurs premières nuits

***

Les brunes iraniennes… ?

***

la ville qui tient ce souffle des rues ce parfum de mer

et de poussière jusqu’à jamais

                                                                dans la rue. N° 42

***

14 février 2013


cœur qui n’est pas à moi l’angoisse qui serre le cœur dans le monde

vent éreinté sur tous les aplombs de la soif

d’un bondir limpide

***

venir vers toi sous les affiches de cinéma

de talons rouges

à l’aridité de la nuit boiteuse

***

viens vers moi j’ai froid…

dans la nuit milliardième…


tu restes ce qui reste comme une paille

l’amour contre l’azur échangé


je t’aime du jour qui tombe celle qui écharpe

dans la limpidité du temps


loin la serpe comme Pierre Soulages

                                                                est un pur ébéniste

                                                                                                              

17 février 2013


comme tu te rends dans le vent

dans ce souffle en suspend

la parole désaltérée


quand tu me quittes chaque arpège qui crie la douleur

la terre étoilée

à la fin de la neige qui nous confond


ce jour qui va vers la fin vers le ciel qui se rétracte

dans cette issue d’haleine à crier la clarté

des secrets de la nuit


cette mort non rétractable du bleu de tes yeux

à l’infini

de la carrière comme avec les pierres

je t’aime en effet de la peau qui nous sépare


cette mer qui déchire et celle des houles neuves

la pieuvre des astres

aux sables dans ses paupières


de ces clairs obscurs de la matière ta voix qui tombe

nue et qui crie ce ciel des velours

et cette étendue de mort de jour en jour


…et comme ton âme est de ces paysages de ces solitudes

de ces cœurs sibériques


j’ai mis l’amour à casser le temps dans des Venises rares

                                        ***

ces émeraudes profondes avec les brisures dans le cœur

***

ce monde qui s’élargit cet univers blanc et palpable

des valves du cœur


comme si tu disais ce que je voulais à la force des pierres

dans des joints à la continuité du baiser

toi à la mort du jour


la retombée du temps…


ces temps qui sont nos fractures

sous les rideaux des larmes

ceux et celles qui ne nous ont pas aimé

***

Il fait beau dans l’obscurité le cœur de Pelléas

« l’âme humaine aime à s’en aller seule… »

l’amour qui dit le socle

l’amour qui dit la magnitude


la force est dans la détresse les caresses dans un tiroir

***

21 février 2013


lumière grandie jusqu’à notre image

de ce que nous fûmes quelle conscience

de nos ombres sculptées ?

***

chaleur qui dit ton nom de monde élargi

ta profondeur comme une pierre réfractaire

jusqu’au bout de la vie


dans le versant inapparent de ma douleur

dans le vent originel

la poésie terrestre qui est la parure de ton visage


dans le noir de Pierre Soulages

à son épaisseur de jour carminé

l’arbre a la gestique de la solitude terrestre


tes yeux  disent toute l’encre

qui fait venir

la nuit sur les lèvres

la nuit limpide


de sillons de temps indéfinis

infini de la plus pure couleur

que j’en deviens aveugle


la soif ne m’est pas désapprise

qui cherche l’azur et le miel

***

21 février 2013


dans les villes où procèdent les cœurs noirs à force

d’ajouter le fer au fer de l’existence

peut-être Ponge aurait dit « une chair à souci »

peut-être un ciel lacustre pour vivre

***

d’où sont ces émissaires du temps pour perdre

les œufs anciens sur la marche galactique ?


 nous restons intacts face à la mort

dans les enchevêtrements d’oliviers et d’étoiles

j’ai dans les fonds de la poitrine toute cette toux

progressive des vents de la naissance


ce sentiment d’un froid qui vient

                                                    plus mince repaire

de fragilité

où les sons venus vivent pour dire l’embrasure de ton avenir


l’incise d’un temps pour ce que dit le cœur

la flétrissure qui ne peut suivre une route qui s’arrête


dans les bibliothèques de la nuit il y a un monde

qui dort par incertitude de la sûre vie palimpseste


confondant les jours

                             la galactique impulsion s’en trouve-t-elle différée ?


milliards de milliards d’âme

la nuit n’est plus qu’obscure


j’ai voulu vivre ces vivantes mesures des galops près des gouffres


le vent étire toujours les morts anciennes


les glas disent le désir passé sous le vent


le froid des distances les téléphonies imparfaites


est-ce la pénétration de l’ornière qui dicte la profondeur ?

déplore et viens…

la main pour toi pleure le trèfle

qui tient tête à ces amours qui s’allongent


je peins sur ces murs pour défraîchir le jour déblanchi

jusqu’au fond

où les couleurs résonnent


j’arrive du plus loin de la couleur à la plénitude

quand tes yeux sont aux troubles


les invisibles en pleines lumière

aveugles à vivre de pleines lumières


comment fendre les paroles les vocables qui vivent

d’arrière nuit

des dentelles de fournaises sur l’horizon

le jour jugulant nos éclaircies de paroles

j’avançais

le nom d’une femme qui hisse les talons de sa nuit

pour que j’y vive


j’ai perdu le feu du visage

l’angle capillaire qui dresse

ses pigments d’éternité


l’enfant prêt de la terre en sa survivance

***

ce Schubert de belle meunière comme une veille

de pendaison


les êtres que j’aime disparaissent chaque jour

ils meurent pour que j’ai un ciel sur la terre


rendons ses chaînes à la lumière cette ombre

leibnizienne


le quatuor dans ses chutes limpides à la base de la nuque

dans la blondeur du hoquet


le noir limpide cet espace de lumière…

absolu qu’on dit de la mort

                                                                il est un pays de feu

                                                                hors des ornières

                                                                dans les verbes désappris

                                                                à l’affûté de la parole


comme du bleu de Lohengrin à l’étoffe de la clarté

***

les parfums de l’écriture des soutes de nos oublis

***

melchior/Traubel ou encore melchior/Varnay

le voyage au bord du Rhin

Wagner n’aime pas le ciel c’est un de ceux qui enveloppent la terre

D’où…ce crépuscule


pourtant l’acte II de Tristan cet envers

la nuit qui s’étoile…


je marche dans vienne sur des cassures et des masques de théâtre

des onglées d’anamorphose

des famines lyriques


ces bords de précipice l’aride copulation de la lumière

dans la terre qui fait mal

la terre qui travaille le ciel


au gré du feu qui donne l’épaisseur du jour


mortelle sans lien vers nous là où l’eau dit la noblesse


l’aujourd’hui de l’arbre cette griffure improbable


« alors que te voilà venue » le danger s’habille de toutes les blancheurs

la laine après le temps de la terre qui tremble


sur la bouche avec les tessons du vent les dangers

l’eau est fendue par la montée végétale

du spongieux de l’âme

le temps des hachures sur le bonheur des rues qui nous ont vus vivre


il n’est rien qui soit à moi pas même le soleil

qui sourit de nous

ni les rues évanouies d’incendies


montre-toi de ta cuirasse de feuillage

de tes parois de poussière

de tout l’or qui resplendit


dans l’encouru du temps l’air songeur et fané

le sourire à la bordure de la guinguette en l’an 2005

***

23 février 2013


la mer torride à la clairvoyance

dans ses profondeurs foudroyées

***

dans les langues de Babel qui posent sur ses chemins perdus

la parole de l’homme

le vent crie hors des serres où sont les ciels conjugués

la mort désœuvrée


proche des étoiles de Mantoue la vie a fresco

ce corps à corps du ciel sur la pierre où je pose

mes mains qui impriment les fissures de la lumière

                                                    ***

24 février 2013

accusé de faux et d’usage de faux cils


après un meurtre sur les sables les temps du sang bouillonnent

du couteau de lumière qui écorche

tu avances dans la brûlure possible


je vis dans cette brûlure droite qui n’a jamais

accédé à la surface de la plaie


Pierre Soulages a ce ciel opaque en feu qu’obscurcit

ton par ton l’encre d’une douleur

dans le parc à nuit ferré la pluie qui diluve la ravine au zénith

l’hermès du cœur frappe à la porte

parmi les gravas contondants je meurs le cœur battant


retournés au vent nous installons nos infinis à égale distance

d’une lumière labourée

à la casse des champs obscurs du temps


ce que je n’espère plus

                                         l’incarné du monde réel de la passion

l’offrande de l’air que nous respirons

l’écriture s’aiguise la nuit où que nous eussions frappé


en bordures de nuit dans le surcroît d’orage

les lèvres seules et loin le chant des orgues


le vent qui laisse fleurir la mort j’ouvre les failles désapprises…


lorsque la voix noire pose cette clarté d’aigu à la brisure


je viens de trajectoire noire sur la lumière blonde de ta nuque

je ne te crois plus sur les promenoirs de l’angélisme

conquise et transfigurée


et quand tu irises de ces mains de lumière

à quai de chevelure

à déforestation  de ma nudité

aux sources du curare le continu de la route limpide


chimie de nos amours à suffocation de guitare

au doigté d’ivoire perdant dans les embouchures

que claquent les vents de la fertilité


elle parlait la langue des semailles de l’entaille sur le bambou

la langue de l’écaille sur le vent

la génuflexion du temps

celle qui portait le noir zébré

aux pieds si nus des vents qui rentrent


j’apprenais d’elle toutes les nudités du savoir

sur la langue propice des vents qui délient

toute route sans retour


j’aime Valparaiso

la portuaire dégrafée

celle des collines où l’on descend vers l’eau


là où l’angoisse guide la nuit qui finit


finir la route

                 la galaxie tremble de lait et d’ivoire

les harmonies géométriques

depuis ce lieu d’où nous venons

te perdre à l’échelle des graviers

t’avoir perdue au rythme neuf de la mort

te perdre au gré du ciel qui s’arrache

te perdre de l’ivresse de vivre à verres concassés

te perdre mortel au sein du sable que tu m’apprends

te perdre à la fin où j’existe moins au démonté du temps

te perdre dans cette nuque de vent où je te perds

blonde et désertique

te perdre à la raréfaction de ces dédales

de mes paupières sans issue

te perdre par perfection


la nuit qui me rêve de laines noires où tu m’engloutis

de pleurs et de désirs


nuit qui nous voit quittes au bord de la terre

à l’embrasure du ciel qui brûle tous les feux de la pierre

-diamantée incendiaire-

mon cœur aujourd’hui à l’orée du monde

je t’attends dans les plénitudes habitées


26 février 2013

nuit blanchie sur une image de mort

avant qu’on ait pu revoir ces falaises

de l’homme dans l’aveuglement


comme s’il se devait de nous disperser d’elle

dans le souffle de l’incinération


nuit mûrie

bague unie


les vagues subsistent comme te veillant

les cloches parlent de ces pourtours de nos épousailles…

…de la terre encore tendre


dans les rouillures de la terre de toutes ces carnations

anciennes qui ont souillé qui ont aimé qui ont dilapidé

ces entrelacs possibles dans le roncier du ciel

à t’aimer

nuage d’être


revoir l’origine du monde

l’océan avant la mort le sable


28 février 2013

dans l’éphémère de ta présence

il y a l’or dans ses sources

le monde à terre ferme


tu restes le miroir du réel que brûle

le feu constant du désert

ce mûrir de la nuit substituée


j’étreins le souffle qui nous unit de notre foudroiement

je suis né d’une collision usurpant la mort

pour faire ce chemin de vivant

l’adagietto qui dévide la proue lagunaire

la fin du monde qui crie sur son passé

le cœur dur rendu à la poussière

lové dans l’âge à perdre la mémoire des blessures

ma faiblesse à quelques stations de calvaire

ce mûrissement jaune de leurs cambrures à l’automne venu

depuis la naissance j’ai su la gravité du chemin

drainer la gravité du temps qui fait corps avec le cœur

de l’homme

s’agissant de pureté l’haleine dans la profondeur ferrée

nous garde vivant

l’argile qui nous compose qui nous rend homme

pour baiser tes lèvres  dans les temps aveugles

qui portent notre sang

rends nous la clarté

                 l’épaisseur du jour et la voix de eaux


la tendresse n’a pas de mensonge dans les strates obscures du désir


régner sur les faubourgs loin des hideurs

mes fenêtres muettes pour vivre à perte de vue


ta respiration d’encre quand le ciel lézarde

l’incendie du matin

désarticulant la transparence


la terre tremble de te respiration


l’octuor comme un abîme le jour qui noircit

la pierraille du torrent

dans une parole vivante de vitrail


l’arbre a dénudé cette fin d’écorce avant la mort de la plaie

entre le vent le ciel de toi à moi


j’aborde au rivage du silence dans ses doigts de métamorphoses

l’élucidation des brèches de lumière

l’incomplétude de ton regard qui frôle


cran d’arrêt à la nuit qui épuise les temps raturés


du balcon rouge de Pelléas où tu fus la seule

Mélisande


ce côté noir du temps qui grime


dans cette forcerie d’amour venue comme un crime

le temps a tremblé

dans des perfections de faubourg


des jeux de pouvoirs la nuit blanche de la mort


je suis seulement vivant de vivre de notre nuit vivante


les voilures du Correge l’airain de Rome le galetas du temps

déposé de mon souffle

la déferlante accrue de la mort en marge


et tout finit dans l’englouti des eaux

le néant vif

la blancheur retrempée de la naissance


et toute cette durée de temps à l’orangeraie

qui me parle de toi vive et infinie


je t’aime de cette logique qui aveugle


j’ouvre la fenêtre sur la ville au point d’incise

où tu respires


ma clarté ouvre sur les fibres respirées la bouche du baiser


tu restes le verrou de cette fièvre qui laisse le jour mort

la nudité vaste de territoire d’exil


à rives de Baïkal

pommettes qui transfigurent

les bois flottés du vent libre


le ciel disparu de mes aspirations

la force profonde de la terre

ton cœur détourné


ma cathédrale toi mon cœur tellurique

ressouvenir druidique dans des ciels décimés

l’aube des temps qui foudroyait…

magnétique

le cœur à tombe creusé


(fin des griffures)





MADRIGALIS PRO GESUALDO DI VENOSA AD CD ANNUM

cette facilité des pierres à démanteler la lumière frondeuse


la vie du dedans de la pierre l’osmose avec le temps

le manteau posé sur un âge sans nom


nous ne mourrons pas de la mort sauvage

dans les découpes du vent

mais de celle du bout de nos pas qui s’accordent


lumière venue de millions de mondes antérieurs

dans l’âme des diverticules

revivre après l’absence après la chape de l’obscur


monde qui s’ouvre proche d’une plaie narcotique

je reste au cœur de ton cœur qui bat

où vivre l’achèvement de nos forces


je te dessine sur des hanches à la taille de fruits mûris


ma lumière dans ta lumière jusqu’au jour


c’est par les yeux

                 du plus profond de la rencontrée


mon orgueil comme un roncier

                 dans la haute leçon de ténèbre


j’aime Manet plus qu’avant pour ses noirs

pour la pourriture noble de la bourgeoisie


comment dormir dans un ciel sans toi

dans le coupant de l’orage


ma vie qui vient de la vie vient en songe

dans la fracture


mais j’aime Manet pour la noirceur

les décolletés au fusil de l’arrogance


je meurs de ce que j’écris à flanc de falaise

dans les vents accumulés

la terre découpée dans ses plaies aveugles


l’absence comme un baume

l’absence comme le fer du manque


la nuit à l’englouti théologique


3 Mars 2013

au front des nuits la symbolique du centaure


mes sources comme autant de ciels qui se ferment

sur tes rêves


mettre le monde dans des bandelettes au front de la beauté

la poésie est un pays où l’on creuse

d’antoni clavé de la ferraille d’estève  atlan  tapiès

comme la blessure d’apollinaire


4 Mars 2013

ma ville te traverse de mon amour solitaire


don Giovanni

adossé à la vie face à la mort disait-il

maintenant dos à la mort

 de la main du commandeur

contre le souffle  la main sur le miroir


reprís par la nuit les plus morts d’entre nous

au profond martellement de la terre

mes jours de jours fauves quand la poitrine éclate

au soleil plein

à l’inscription des routes qui perdent

la nuit battante de mon visage


jours après jours l’encombrement des embruns

à glisser des glaises antérieures


l’image suscitée de la naissance qui vient


t’aimer comme à l’angoisse des potences


je respire ton corps qui s’élucide


je ne vivais que parce que vivre était moins dur

que d’apprendre à te respirer


l’ultime champ des aboiements du lointain des étoiles

du surgissement


5 Mars 2013

à  crier à dire celle qui n’est plus là

et  celles  désertées…


la terre s’élève dans le sens où nous l’augmentons


l’espace appartient au règne infini du temps


cet horrible bonheur de tristan und isolde

…à la désertion du monde l’acte II pourfend tout

les hommes et les autres


6 Mars 2013


la lucidité la plus acérée d’un azur dégagé

la chaleur où j’existe


d’un déjeuner sur l’herbe dégrafé d’un bonheur blanc

de taches de mûres et du tremblement

de la lumière conquise

et Renoir


coriace comme un vin de ciel l’uranographie de tes yeux


nous suivions le vol des oiseaux le retour d’Italie

qui tient d’entaille sur le ciel en feu


dans le fond du cri nous aiguisions le métal de la lumière blanche


j’abrite cette vérité qui passe les mailles de l’ombre

au seuil de l’arbre qui ploie la lame réversible

dans l’inscription du ciel


est-ce que le silence est toujours égal à lui-même

comme le blanc est toujours blanc

et la beauté te traversant ¿


ce lieu du vent entre le ciel et le murmure brûlé

de notre soufflé ancien


les cendres du cœur se dissipent

nuit tarissante


blé mûr de tous ces soleils de ta peau

l’image de toi qui brûle sur elle-même


les couleurs de l’homme au visage que prêtent des yeux dévastés


et tous les textes le disent les enfers se lèvent

comme les brûlures de nos racines


nos nuits mises à nu dans des vérités de faim


corps foudroyés

lumière de la nudité…

tous nos soleils confondus d’un cœur neuf


nous parlions d’incandescence dans des torrents

où coule la lumière labourée


ces lits de pierre qui disent l’aridité de l’âme

les plénitudes que nous respirons


la nuit du cœur comme son soleil

saisit d’une main de fer


nuit et jour ceux qui s’enferrent dans l’indicible

rattachant au ciel les ferrures de la chaleur et la couleur du vivant


je marche dans ton souffle

dans la fragilité du verre                                              

                                                    ce caillassage du monde

                                                    dans la terre redoutable du rêve


nous avons dans la poitrine les dernières pierres

d’un cœur solvable


plus lent que la nuit

                             à l’ameublement des nuages

                             la marche rouge de ta clarté


la nuit à ferrure comme chaleur tremblante

tes yeux d’amour en incendie


tes yeux ont cédé


la source s’est ouverte palpable

l’eau  résurgente…


toute cette éternité dans la poitrine

nous avions marché dans les profondeurs vacantes

des griffures du temps


la marche des nuages a le temps de tes colliers de sourires

j’ai longtemps écumé les sources de la poésie

mon orgueil a l’humilité de la terre


8 Mars 2013


l’homme sous le souffle de la justice

dans des serres trop chaudes


dans les grands éclats de verre c’est la terre qui respire

de jour de nuit nous continuons de vivre


celle qui ne dit dans sa forme d’étau et le fauve de la terre

à quel point nous portions des fenêtres  d’exhalaison

sur les marches de la mort


assis sur la mort dans la poussière des pavés


au travers de ton visage j’accédais à l’autre pays


dans les foudres naissantes de la nuit qui dispense

j’existe plus


dans la cécité du silex nous augmentions nos chances

de dissipation

notre soleil sensible


dans la casse de l’infini celle pour qui j’ai cru


j’avance sur ce cloisonnement du vivant

de tout ce qui meurt pour l’homme

dans ses fibres

la terre qui crée l’arbre abattu


beffroi de Douai aux portes du ciel

qui se désoeuvre de ses sonneries


ce ciel qui s’arrache de ses bruits d’arbre

le temps roulé dans ses tapis d’étoiles


dans le fer de la montagne les avalanches de notre mémoire vivante

la vie embuée qui nous invente


nous sommes infinis cernés d’extase d’avoir trop aimé


la vie viendra son souffle jusqu’à la tête tranchée

à la vague du cœur qui se tait

nous sommes toujours au tranchant du mi nuit

dont la pierre a la respiration mange l’ombre

ma lumière solitaire


la vie nous recrée dissimulés

le cœur frappe encore dans l’homme

sous des cloches qui débourbent le vent aliéné


je suis à la fenêtre qui comble la distance des murs

et l’intensité d’à la pointe du jour

l’intervalle qui éclaire


la jeunesse de la lumière crie cette respiration du soleil

qui nous sert de parole

l’irréel de jour en jour

                                         du vent roulant

                                                    des brûlures blanches de la terre

le cri immobile qui hachure le temps  respire l’or

d’un vent arrogant de baiser


l’homme des cavernes a hissé de ses mondes de couleurs

au profond de l’or

et a dévasté des écritures pleines de douleur


cette fissure du temps comme la plus que lente hideur

de la lampe parlée de nos sources


j’irise sur des chemins de silence le temps révolu


le temps éclate en nous ces pays obscurs qui nous font hisser

les talons infâmants sous la digue des infinis

ce vent de fleurs qui brûle


la mort entame les temps lacérés

sur mon visage devenu vent


nymphéas à poésie ouverte de la plus profonde après-midi

de faune

la ferrure où circule la vie de froide incandescence


9 Mars 2013

les nervures de ton sommeil respirent

le cœur est serein


l’illimité de vivre dans le sang jamais démenti

la pierre angulaire dans l’étendue labourée


ce que je disais dans la faible lumière

est devenu un ciel de soleil abrasif


nous sommes nous pardonnés depuis ces trilliards

de temps sans regards


le passage de mes amours au travers des poitrails

de tes cuirasses


le comme un qui fait qu’on s’indiffère


je t’aime dans la cadrature du temps


des rêves vermoulus la pierre reste vers des routes perdues

occupée de traces de ciel


mort belle comme ces clapotis de vagues qui glissent

de leurs longues mains des prétentions à revivre


nuit blanche sur la terre qui nous porte

du fer d’un jeune lierre


ton mur de lumière qui brûle ces baisers de cerise

laissés dans le feu du printemps

ces fleurs respirées comme un homme incendié


la terre n’a pas tremblé de nos vents enlacés


l’art a soufflé sur nos faces

toutes portes grandes ouvertes


nous ne pourrions mourir d’un face à face

sur le miroir qui fige nos visages

nous ne pourrions mourir sans l’ombre

préalable au cœur de nos dispersions


la vie possible derrière la vitre

                                                    le souffle clos dans l’amande

                                                    du jour qui s’ouvre


comme ce souffle fugué qui se hisse de la terre

clair dans la sobriété matinale du vent qui brûle


j’ai donné la moitié de ma mort dans la lumière

des cloches où tu es l’air que j’ai respiré


l’orage a la déraison d’un cœur qui s’impose


dans ces corridors du temps à répandre la blancheur

l’ignée du silence


Leibniz…

dans ces derniers pas de la neige il y a le sang décisif

de la chaleur du ciel


l’ombre qui s’en va s’inclinant sur l’angoisse

comme une modification charnelle de la mort


dans l’opacité du vent dans sa force

l’aigu se hisse sur ses talons fantômes

dans des espaces d’arpèges donnant sur nos fenêtres


maîtres verriers voyageurs de lumière

souffleurs de perfection qui nous affûtent


ne quitte plus la main du vent rêche

ne quitte plus les soleils dans leurs éboulis

reste dans le pierreux  infinitésimal où je t’attends


ce bleu de l’eau qui travaille à séduire


ce goût des lèvres qui ouvre tout le savoir

inéluctable de l’évidence

elle est l’étoile du talisman

là où je dors fidèle à ma foi

ce grigri des sources qui parle des étoiles

quand le ciel tombe le cœur serré


mon écorce reste sur les affronts du temps

juste blanchie

détournée du ciel comme une terre ridée

gesualdo

prince meurtrier à la fourche tu l’aimais… !

de sang bleu à dissonance pro madrigalis


10 Mars 2013

dans le vif des constellations nous creusions des temps plausibles


11 Mars 2013

entre ma vie et moi il y a maintenant l’épaisseur

de ton absence infinie

un règne de forêt peuplé de hantise


bien que vivant je respire vivant de toi cette sobriété neuve

que l’on sent fondre dans la bouche


l’eau donnait le passage du bleu dans tes ciels désœuvrés

ce bleu qui te faisait ruisseler d’un jour comme un métal nu


ce jour comme les voilures dilate la lumière tranchée


naufrageur dans le noir l’oubli décolore

les pas sur la cendrée du temps


17 Mars 2013

l’essence même du temps est le bleu azuré

qui imagine la pluie de l’éternité ?


…même le temps qu’on n’emporte pas sous la pierre…


dans la bouche du vent il n’est de fidélité que pour les poseurs de filets

qui criblent le ciel de ma poitrine


l’angoisse portait le masque de vieux rêves défunts


plonger au miel vivant du verbe comme aux battements

d’ailes de la ruche

cœur en éclats la terre cède en ses racines


et voici ta mort à la naissance de l’atome tranché


18 Mars 2013

ces murs qui ne se laissent pétrifier

la terre recommencée


l’incarnation du jour la plaie brûle d’une lumière

qui descelle les décombres de la nuit

tu restes le vent dévisagé au cœur du fer


Milo la vénus on réinvente tes bras pour l’étreinte…


pages blanches de plaies et le feu du vide

nues au front bleu des anges

l’entaille où nous sommes vivants

à l’incise où la terre se hisse


ma chambre enserrée dans des bleus rappels d’oiseaux


ce cirque constellaire ces gavarnies de poussière

où la lumière peut se dissoudre


19 Mars 2013

dans le turquoise des écailles celui des étoiles

dans les yeuses où je sais voir la romanité

sont là les naïades

entre toi et moi le socle de l’orage


là où il n’y a plus d’oubli

                             dans la lumière de berzé-la-ville

                             la clarté survivante


dans l’azur glacé je vois la gerçure comme des bûchers

de glaciers qui cognent sur les terre humides de tes lèvres


j’ai mis le monde entre tes mains lui donnant les raisons du vent

les asphaltes de nos chemins

et la volcanité de nos passions désapprises

j’ai mis le monde dans l’enlacement de la rue Tchékhov

et j’ai brisé ces vitres de la nuit comme les lucarnes

qui donnent sur les rails des trams du petit jour


(nous si souvent constellant amputés dans les avancées du noir

comme absolue brûlure là où la terre frissonne de cette implosion

première dans la lie de la vie les automnes crissant dans des dagues

jaunes et rouges des chemins de la solitude aux paumes qui s’ouvrent

sur les nudités corrosives des craies qui fardent à l’antique le visage de

celle de mes amours)


comment t’oublier

myriadèmes

en dédales

sur ces jaunes

de percussion

où je t’aime

constellante

à brunir

le temps que nous aurons à respirer


la terre est donc prête à se dépouiller dans le vivre infini

qu’entre toi et moi

le ciel se rétracte


la pensée de la mort reste toujours sur ton épaule

comme un sommeil où je respire


ces jalousies et ces balcons fardés qui allongent l’idée de dieu

dans des géométries tauromachiques

l’alcôve de la mort où nous parlions si bas

que les pierres rendaient le fer si doux au crépuscule

les paupières closes de la terre qui s’affûte


je suis enfin vivant de cette mort qui porte le visage

vivant des métamorphoses de la poussière


dans ta vie de totem dans mes nuages de tabous

sous les humbles fenêtres à la paume du jour

qui occupe toute ma vie


la montagne résiste à toute déclaration d’un temps caduc

elle s’élève pour aiguiser la clarté du chemin unique

qui nidifie le passage de nos paroles au plus secret de la pierre


mais maison est lumineuse qui sait les crevasses


le temps m’a dicté

                             je t’ai sue charnelle toute la vie

tu donnais des incendies

                             par toutes tes cuisses ogivales


ce bleu séparé de sa source dans l’épisommeil

qui philtre l’amour de notre amour


20 Mars 2013

de retour de la genèse le puits le plus profond du temps

j’ouvre la fenêtre sur un balcon à l’aigu qui rayonne

de la terre cuite de ton avenir


si la beauté n’était que beauté ton visage n’offrirait

que la ténèbre du miroir où je respire


je restais longtemps sans avenir jusqu’au jour où sauver mon âme


là où la faim devient féroce l’injustice des sables

où nous avançons dans des bibles noires

des interstices de cris à même l’infini de la nuit

il y a le velours du verbe qui fait l’arbre


le temple de l’esprit est dans la géométrie

pourquoi allons-nous jusqu’à en aimer les ruines ?

pourquoi ces ruines ont-elles un miroir

donnant sur des plénitudes et des larmes de jonquilles ?


nous voulions dieu comme une plaie nécessaire


être pour la mort disait-il

l’ensemble de cristal de l’être

l’Heidegger des cris de l’être

les rendez-vous de mort de la mort

l’être qui donne le nom du chemin de la mort

à sécheresse de pavés de falaises

mort pour suivre la nuit glacée

l’éperon d’épave nuit dans le cœur de la nuit


large comme l’automne rouge

l’aile des ivresses douces

et des solitudes

dans le temps des arbres à venir


l’automne rouge dans le blanc des romans

à la taille des montagnes là où le ciel plie


mon corps m’enracine dans une enveloppe qui me déserte

Webern  à même l’écume d’un souffle


(celles qui me vivent contre des murs d’incertitude des cognaqueries

vives comme leur douleur qu’ameuble notre vie lasse ont vécu les ornements

et les écumes de longue haleine ces plaisirs disjoints de mes amours entre

les bipôles d’amertumes de mon amour et la liesse de tes jeunes années)


comme ce qui refleurit cette rotation d’une douleur

dans une proche et mélancolique banlieue de métal

j’ai critiqué la matière j’ai connu le fer à bras le corps

occis à la voilure de l’enfer


vérité qui frôlent


au fond de moi j’entends le temps qui bat


22 Mars 2013

je dors sur la terre où tu poses tes mains

l’arbre défie le ciel derrière le bleu frangé

celles dont le visage traverse la ville qui nous confond


la nuit s’amenuise les sons deviennent forts


la neige à mains nues les basques qui frappent sur les murs


24 Mars 2013

L’encre a souvent le goût des larmes


25 Mars 2013

fraîchir le temps jusqu’à la déchirure

comme ces soleils qui durcissent les déserts


Claude Lorrain a la lumière que je buvais à la naissance


l’autre versant des cloches nocturnes

qu’arrachent le temps en simulacre


le ciel augmente il dilate l’espace de nos origines

à enfourcher la lumière


nous sommes comme la neige de rudesse

ce cœur qui perce toute forme de l’amour

la force continue du désert


dans les grandes brisures de la pensée

l’incendie sur le balcon des étoiles

les louves nocturnes à la tessiture de l’aboi


j’ai aimé le monde par-dessus l’épaule qui creuse

des volutes d’éternité


26 Mars 2013

comme à consentir à l’existence

                                                                à ce fruit dilaté d’une première venue

d’un temps qui sut perforer la coque ou plus encore le noyau de l’origine

l’homme s’est levé après de grands sommeils d’inaptitude vers l’horizon

blafard loin des chaos dans l’enchaînement des vents profonds à distance

de souffle en souffle

                                         portant la flûte des harmonies jusqu’à tailler le premier grand respir sur des nuits vaincues ici où je crie

                                                                                                    l’azur sur les citrons

acidulés dans le cristal limpide où nous consentons à la défaite des narrations

de la mémoire

                             pour l’eau seule des grands déserts à l’heure fauve et celle

des grands fauves je t’ai aimé nourrissant ce vide d’avant que se dise à notre

connaissance le nom d’homme

                                                    je reconnais le sentier des errances et celles

constellaires qu’inoculait déjà cette foudre en ses gouffres de musique

et ses hachures harmoniques la venue torrentielle d’un clinamen de lumière

qui porte le sortilège crépusculaire ma déserrance du fond de poitrail

nous avons consenti à ces grands credos qui prenaient la forme mystique

de la poussière voire celle de la mort

                                                                je t’ai aimé dans un monde durable d’oxymoron de nuit et de jour

                                                    ce souffle qui porte ses embouchures jusqu’aux

étoiles notre nudité épigraphique au plus profond de la géologie du cœur

jusqu’à cet absurde de la terre qui fait nid de l’aridité comme de l’écume qui

siffle cette gangrène de la finitude

Et qui consent encore à mourir quand les sables déchiffrent ces temps diaphanes  de l’angoisse forclose

                                         cette acrilité toute antique à respiration insulaire

la Naxos des marbres frappée des vagues

                                                                            l’opacité aveugle des nacres

comme des cancers à rivage de Patmos l’héritage lourd et tendre du verbe

avec l’incise sereine sur les temps de la mort                         je t’ai aimé

de cette souffrance de la chair et de cet héritage des chaînes qui marbrent

de bleuissements la sérénité de mes bras qui s’ouvrent de larges estuaires

entre la vie et moi la folie du monde a l’épaisseur de la peau qui t’enveloppe

de celle qui s’enlace à ce granitique désir qui fait de nous une enveloppe déchue

sur ces poignées de neige lancées sur l’encre noire légèrement mouvante et criblée des voûtes de la nuit

comme les murs de Jéricho l’écharde à la pointe de ma poitrine

sous la poitrine froide des pierres

respire la terreur archaïque


29 Mars 2013

La baigneuse entrait dans sa contorsion ultime dans l’eau du bain du

« suzanne et les vieillards » d’un Véronèse ou d’un Tintoretto imaginaires

là où se découvrent également les palais mantouans dans la force des avrils

où les cerisiers sont à bout portant les racines de la vie commençante

nous apprenons à mourir au bord des sources la peau des baigneuses d’avenir

qu’éclipsent et cassent aux roseaux la misère du désir

j’avais désappris depuis longtemps ces lois closes

j’avais désappris ces goûts des espaces

                                         la baigneuse celle de Renoir dans son bleu

où l’homme se tient à la matité du ciel à l’arrogance du vent qui souffle

sur la lèpre des pierres

j’avais désappris cette main des vieillards

                                                                            lépreuse

la limpidité de l’homme qui brûle qui vient dans l’orgueil du paraître

à l’échéance trois           fois vivantes où nous avions posé ce temps


RENDU D’ERRANCE

Reçu de la mémoire des vents :

« hier mon ami m’a offensé

j’ai écrit sur le sable : mon ami m’a offensé

hier mon ami m’a sauvé de la détresse

je l’ai écrit sur la pierre »                      lundi de pâques


reçu de la ténèbre la lumière vivante

au plus feuillu de l’humain


2 avril 2013

nous irons à Rome au plus aigu des cyprès

et au vent des fontaines lagunaires


la vie s’entrouvre la lyre se délie

l’âme est en balcon


mourir de ne plus même croire à la mort

à cette épave du temps

l’épure du vent à la passerelle  où se perdre

dans la nuit broyante


bleu de la nuit

nuit et jour l’argentine des chemins où mordre

le bleu qui fonde l’argenterie des éclats rebelles


l’enclos du rêve dévaste-t-il ce qui déchire les songes

sa gangue dans la furie intempestive

cet acier de mémoire des herbes forcées

ce sang qui renait

des espaces où tu règnes le grand amour

promis de mort tristanesque


pourras-tu vivre au souffle broyant du jeune respir

la lucarne mortelle du secret de nos lumières


3 avril 2013

nous plongeons dans une galaxie de ruine

celle des hommes à l’haleine de leur blessure


j’ai appris des soupirs dans la viande des désespoirs

les prunelles nues et noires des griffones

qui désaltèrent dans les roses du regard


mon nom confondu quand nous échangions nos plaies

sur la peau restait une idée engouffrée de la mort


j’en suis au glacier de mes détachements

sur la polarité blanche dans la force de fleurissement

de mon cœur mort noir sur blanc


ma vie s’essouffle les vagues ne reviennent plus


la nuit a duré tout le temps qu’il a fallu pour oublier


nos manières étaient torrentielles

nos montagnes quand le vent perce

à la face nord

les femmes au traversant de la peau infinie


de toute cette glaise de ta beauté cette ignée douleur

que l’on porte en fin de toscane


dans les buanderies                                           à la phèdre accablée

de la nuit sourde                                    qui tient lieu de nombril

et de la neige muette                            ce seuil de décharge

l’envol des verdiers                                           quand les vents respirent

le cri de naissance                                             le nom féroce à la restauration

d’un sommeil sur l’épaule                                 crépusculaire


4 avril 2013

Mariage bail de location….


5 avril 2013

Le vent est venu

                 le soleil sans la Russie

je me meurs mais un ami de cœur est là


7 avril 2013

dans quelle hôtellerie de l’esprit repose l’oiseau qui chante le poème

de Lucrèce, la peste d’Athènes et les miracles du clinamen ?

sur les pentes de ganagobie face à la mythologie de lure et du verbe

de Giono je marche seul sur les marelles des étoiles. C’est le lieu de Claude

Lorrain, de sa lumière jaune des matins quand les bêtes vont boire aux

sources , avec les incisives de la flûte qui découpe les contours des formes

à naître. Et quand toutes les images seront mortes, il restera

l’embarquement de ste paule au port d’Ostie, les larme d’Ezéchiel  sur la

destruction de Jérusalem, la lumière primitive. Ce sont aussi mes paysages

intérieurs, les éclaircies du cœur dans le corps du monde. L’hôtellerie du

temps dans ses tubulures, avec la barbe d’angoisse de st Antoine dans les

oiseaux lugubres de ses tentations, porte la nuit et les visions d’archimage

des chaos de la terre comme ressorties des dieux grecs, les labours dans ses

sillons comme des lèvres qui consentent.

Pareille à la femme lue dans le cœur du livre et le lierre du temps, cet accord

du vent et les harmonies de la pierre. J’écrivais les séductions de la nuque

blanche juste avant le sommeil, au trébuché des géorgiques de la nuit, le miel

sous les paupières. Et elle était magicienne et je l’aimais de l’ombre qui

m’ouvrait d’elle des bras de nuages. L’eau se divisait dans les cheminements

de l’oubli et les chevelures ophéliennes, là je la cherchais dans

l’endormissement de la ville et les strates indivises de mes fantômes.

Ma conscience s’élargissait à la gémellité de notre sommeil comme les crêtes

et les vagues de fond de la mer.

Dans quel chant d’oiseaux pourrais-je mesurer l’exprimable de mes tréfonds

rythmiques, celui de mon enfance revue sur la blancheur rosie de ton visage ?

Après assise c’est arezzo qui viendra et les fresques de piero della francesca

et les chants successifs qu’elle murmure d’orage comme de l’or qui roule.

Voici l’herbe foulée.

Voici les demi-dieux enfouis et l’azur sur la peau qui réfléchit tout le temps

bleu de ses pierreries. Voici donc le temps où nous nous sommes rencontrés,

et j’ai les yeux du feu quand nous nous rencontrons : l’ordre, le monde, la

parure des femmes que nous nommons cosmos…

Et quel oiseau décolore le chant de la nuit et le petit jaguar du calendrier

Maya, le chant des poussières ? La nuit des hommes avance mais nous

gardons ces goûts de peinture dans tout le relief de la matière, de toute

cette pluie vivante, tes joues de roses qui avancent dans la nuit des hommes.


9 avril 2013

Et nous allions face à la mer nous allions face à la mer pour entendre

l’avenir dans les affres, les gouffres et les crevasses, les abîmes et les

pétillances proches de l’azur que faisaient les ressacs et les fouettements

de fierté les vagues à leur sommet, avant cette mort succédée d’autres

vagues dont j’ai souvenir d’un lâcher prise, non pas de moi dans ce moment

 où je me noie, mais où certaines de mes éternités restent complices de la vie

que j’ai vécue dans les abysses, les lieux de ces espaces ankylosés de

 nocturnes à sirènes, à debussysme fibré d’équilibre noir, monde contre

monde, cette croissance du temps de l’univers l’un contre l’autre ma paume

sur ton désir d’avenir

                                                    ***

pour ceux qui sortent la violence dans la proximité des femmes

juste la brisure de la lumière

l’iniquité des balafres


j’ai persévéré pour venir à toi j’ai donné la lumière oblique

de nos échecs

j’ai donné la lumière de toi pour la ténèbre

les crocs du désir pour rester dans le temps le couteau de la respiration

j’ai longtemps cru à ta perfection dans les défections morcelées

de quand on était dans les mesures de la mort

j’ai vécu l’enténèbrement

la vocation altérée de la lumière

de ces leçons qu’on ne respire qu’avec les genoux de la nuit


et quand la terre tremblait je gardais cette jeunesse

éternelle des larmes d’Ezéchiel


et la cassure apparut sur la terre qui respirait

et la cassure apparut comme autant de faille

dans la vie

issue de ces coffres forts de neige

et des chants pillés d’oiseaux

qui chantaient ta nouvelle vie fugitive


dans l’armée des constellations que nous dit le temps de l’expansion ?

resterons-nous des ombres labourées ?


je me sens respiré par l’intelligence de l’azur


j’ai crispé le temps par le poing du temps

de ton épaule ébauchée contre la mienne


connaissant les défections des astres nous avons nidifié

leur avenir en pelures de fleurs intarissables


reçu de la mémoire la pierre bleue que polit le jour

de son chaos de tendresse


comme je finissais du temps de Naxos

                                                                de son azur

                                                                            de la souplesse

de ses félins de marbre des zébrures de la mer aux crêtes d’écume

j’envisageais les plaies de nos âmes à même la vie torsadée

à la source de son cœur loin des rétrécissements

d’un cri immobile du coeur

kra

krasnova la rouge la simplement désespérante parure « pied de poule »

celle des déjouements de jaguar

de ses hauts défilés d’ivresse

qui respire ces copeaux de soleil de la mort

avec cet acier portant plaie


10 avril 2013

comme à noircir tous mes fantômes

les obscurités de Rembrandt et de Spinoza

les forces matricielles respirées dans les pains de la nuit

et de toute vie baisée au levain de la ville qui s’éveille


mantova la nue la céleste la ville a fresco

celle qui dirige de mantegna à viadana

la rotondité de san lorenzo et la douleur de la lumière


dans la romanité de Rome dans le visage droit de ses poussin

et de ses lorrain

la pierre  comme le tesson recueille de toute la lumière

les débris du crépuscule


comme désireuse du plus au fond de la nuit

pour une chaleur aiguisée de la pierre

vers la hampe des vocables de la ténèbre

les hommes avancent avec le cœur glabre


cœur si loin du monde à nous désapprendre


la vie s’affirme et la vie me nie

j’engrange l’ankylose de nos jours

à l’usure des sables qui nous aveuglent


les laineuses nuits de lune gagnent des odeurs de brebis

entre les pierres la férocité de nos longs fleuves

celles qui délivrent de nos incertitudes


11 avril 2013

En lisant la genèse je prenais conscience de la dimension

de l’ordre du temps

de ces chaos où la nuit nous rend revivant

et à la question qui dit « quelle forme donner à l’existence »

comment mourir à peine sorti de l’ombre ?

« quelle force donner à ces pas qui avancent sur la terre »


La lune nous renvoie l’ombre blanche de l’histoire de la terre


Murmurer le monde dans le verrou des fleuves

la terre toujours humide à descendre

le cri torrentiel du fer

l’aboi du temps qui nous respire

murmurer le monde dans l’air que je respire

dans le feu de nos cendres

murmurer le monde dans les chambres sans parois

la chrysalide des paupières qui tient la lucidité

au plus profond de la nuit blanche


14 avril 2013

Blonde

Brune

Griottes


Rimbaud avait tout dit Rimbaud avait donné la nouvelle poésie

l’ultime pensée de la poésie -mais jamais il n’a écrit

« que serai-je sans toi »


17 avril 2013

ce temps à recouvrir les plaies les coquelicots

des champs de mai

les épousailles du vent et de la chair poreuse

j’entrevoyais la beauté à visage de pain sur la faim

et puis la rugosité de la mer qui frappe seule

à cette angoisse qui nous dénude


ce que l’angoisse dénude  cette respiration

aux rideaux des lumières jaunes du matin

                                                    les portes closes de barbe-bleue

                                                    la terre qui dicte que du jour à la nuit

                                                    vienne l’obéissance


18 avril 2013

et après tous les tremblements ceux de la terre

ceux de la pierre

la voix qui vient de loin


dans tous les morceaux du jour la lumière de ton visage


la montagne respire de ses plus hauts aigus

elle exprime sa déchirure


l’ordre de la lumière a quitté l’axe de ton visage

je dors dans la perspective d’un équateur

qui longe l’anamorphose de ton ombre


je dors pour ne pas mourir dans des sommeils à l’épaisseur de mon désir


je marche sur mon ombre le temps m’a rendu


ton visage dans la lumière finissante

sourde de neige

à l’angle des bars qui finissent


celle qui rythme le vent de toute la toiture

renversée de sa chevelure


nous dormions dans des nuages

pour être fidèle à la vie


dans les brisants le poing fermé sur l’écume nocturne

le plafonnier des sables


ne jamais rougir de la nuit désarmée

combien les herbes folles pactisent

avec les grands ducs à la poitrine trouée


tu restes à la ressemblance de ces grandes marées

à serrer ton souffle sur la poitrine de ma nuit


Reverdy peignant Picasso


dans la plus grande transparence aux couleurs de l’avenir nous eussions

borné nos paroles à l’écume de l’esprit si d’avenir je n’avais douloureusement

axé ma misère sur elle

il eût été mortel de l’avoir approchée


19 avril 2013

l’unique source de l’arbre comme les jambes longues

qui grandissent

les sources de la nuit lèvent les bras vers le ciel


les voilures du verbe nous ont menés aux confins de ces terres

de profonds labours que l’esprit s’est donné des racines rouges

la nuit lui a rendu des fruits de déraison comme un soleil d’oubli

fermant son poing sur l’ombre


l’irrecevable du néant tactile


tu passes dans un nuage je reste à la terrasse du bar

à définir ton visage d’ombres et de lumières

…ces dernières roses inscrites sur le ciel de ta peau


dans les naissances qui creusent nous restions paupières closes

souffle de bronze


la nuit m’attire après la cruauté des murs adossés au soleil féroce

la mort m’attire de la douceur de satin de la peau des écumes

qui viennent et reviennent de toi seule debout


l’appétit féroce de vivre chaque nuit plus fort


comme un ciel la peau qui s’adoucit le jour neuf

où tout est perdu


21 avril 2013

le vent m’apporte les cris profonds de la voilure

sur l’azur qui siffle sans timbre

les couleurs de tous les bleus de notre respiration


la bouche même de la poésie au soleil insolent


la terre tremble sous les cerisiers comme la chair pétrifiée


…ne sachant pas vivre dans le néant…


comme ta respiration je verrai mourir tous les embruns

de vérité

une crispation de la nuit


l’échafaud pour la mort la pendaison du ciel qui crisse

de la coupe aux lèvres les cheveux ont fleuri

la douleur nous a séparés

les étoiles fusionnelles reverdissent les masques de l’ombre

la passion se referme sur le corps qui l’a portée


comme portée la flamme qui vacille

la nuit dicte le froid qui travaille

le ciel

sous des trouées d’étoiles


ma fille les yeux qui mangent ton visage

nous n’avons que des yeux pour nous comprendre


Reverdy disait « que le poète aille à la barricade »

Couperin les avait en noires pointées…


l’improbable ciel lissant le désir entre l’âtre et la peau de la mémoire

dans son limon


John Dowland plus loin que la cendre le cœur nourri

mantovane sur la place le soleil guerrier de cœur flétri


nuit d’obscurité disait de la cruz

 comme rivage sans récif

étoiles sans dentelures


la nuit demeure la neige est sourde sous les voûtes

la voix lointaine de pérotin


des lèvres noires du vin je respirais les baisers

ramassés de mon passé


elle sait l’avenir comme une prairie naissante

elle efface le silence

fait battre le cœur et l’arbre dans ses racines

le ciel jusqu’à l’oubli du verbe


occipital comme l’homme qu’on arrête

la voûte de l’ombre et les ciels qui descendent


je reste disparu dans la nuit avec toi

sans les serrures qui ouvrent

des avenues quand le vent sombre

que le désir abdique

que je vive proche de moi

que je franchisse le sel vivant de l’infini qui vacille


cassure de soleil  fractal

nuit bleue d’incandescence

nuit saisie de toi et moi

à la hachure des temps qui nous désombrent

venise lourde de l’eau ventrue qui nous déshabite


ces jambes du bout des latitudes


du fond du verre la tête armée

le sommeil au fond des clartés

le sommeil au fond des plaies


chili noir de tes venins de vin

de tes routes qui voûtent le temps

qui lassent le ciel de toi

et des vases de tes chemins d’étoiles


ce qui foudroie le temps de rire d’un pli sur pli

la lagune de bleu sur le pli de la nuit


23-25 avril 2013

j’ai revu la couleur de tes yeux

j’aime à nouveau le goût du safran

j’ai revu la mer et le vent du temps

qui nous habite

je revis comme un dépendu dans des mains naissantes


krasnova a l’élégance du vin blanc

krasnova des grandes ivresses

celle qui incendie le paysage de toute les terres mortelles


sortis des prisons

                 la chair douce des horizons absolus


comment aimer au-delà d’où je n’ai su habiter

et quand le vent tombe c’est tout l’espace

qui brille dans le relief

et les trouées du ciel qui vacillent


de ces rêves nous étions sur des montagnes

pour y disparaître dans les laiteuses asphyxies

dans la ronce des douleurs

dans le grand midi des routes qui se perdent


sur la nuque lunaire

la cassure du temps

prend la gorge de notre monde

à la mesure de son infinie lumière


p. Soulages

la nuit est sourde et j’y écris les variations du noir vivant

qui parle de la lumière


dans le temps fractal les torrents de fièvre

le temps des résurgences

et des terres vierges  comme de l’eau sur le désert

l’eau revivante qui divise le monde…


la nuit intervient dans chaque fraction de temps


les morsures entre le ciel et soi la vie indivise

de la rose altérée

les purs chemins de la soif

le bleu sous le marteau des forges de l’amour


et comme Schumann sur l’ivoire de la nuit mentale…


plus nue que la mort la couleur du noir


je t’aimais dans le ciel négatif de la neige

dans tous ces privatifs de la lumière qui s’invite


28 avril 2013

cosmos courbet

 immergé mortel

entre les cuisses du ventre fertile

des quelques doigts de la faim sur les longs vergers

du monde

les fruits éclatent sous les dents

le bruit du temps au-delà des masures

je crois à la chair aux plus pures cerises

aux cinq paradis de ce bout de monde qui se rapproche


MARIA ANNUNZIATA

ma source unique et vivante nous unit les eaux roulent d’un or libre…

les nuits lourdes sont sorties de l’orbe de mes désirs, du moins

c’est ce que j’espérais du froid  qui m’a pris aux épaules. L’avenir de

ce froid de mort m’a porté à l’encolure de ce qui m’avait enchaîné à ces

carnations de la turbulence. Je vivrais demain dans la sérénité, ce creux

de la vague, ce point d’insensibilité du mouvement, ce point mort rivé

aux quatre murs de la solitude. Au hérissement de forêts intérieures

je touchais ce grillage sombre de ce qui ne revient jamais traversé des eaux

primitives, ces grands couloirs blancs de la mémoire. Perdant la mère,

il reste ce morcellement des espaces de temps comptés comme les mains

qui vont vers le mur nu dans ses craquelures. Je vivrais demain de la sérénité

d’une séquestration des silences, dans les douces asphyxies de l’interloqué.

Maturer ainsi la nuit dans un creux qui se ferme sur la paume : Georges de la

Tour, déjà les linges de l’enfant de bois de l’éternelle maternité. Les nuits

 Lourdes sont venues sur les chambrées désertées et l’obscurité sublime.

Il fait aujourd’hui une criaillerie de ma ville où tu demeures debout.

Perdant la mère , restent les cendres, l’oblongue suite des incertitudes

D’anamorphose de la maturité de nos chairs à la disharmonie de ceux qui

Murmurent le faux cristal du verbe mort.

Je respire ces nuits lourdes de ruissellements d’embruns avec ma bouche

meurtrie qui casse les brisants de l’angoisse et la folie qui se serre aux

tempes, la désarticulation qui fait de nous la voix rauque au fond des vents.

dans la force des prisons, l’âme est au poids de la passion du fer – le cri

est au fond des âges avec l’armature des larmes, Caravage et la Tour font que

je sais que la nuit ne demeure au-delà du ventre qui donne la nuit.


mon âme est en battue

où se fend la nuit

où je prie la mer

d’éclore de tous les désordres

de la mémoire à flancs de brisants


je respire de ces copeaux de nuit de Valparaiso

des landes des buveurs meurtris


la nuit est là depuis notre naissance


je brise le temps en m’éveillant


de la nudité sublime de gerberoy

de ses pavés d’épices

le cœur d’un puits qui chante


29 avril 2013

Le cœur du soleil se met à battre à l’inverse des cadastres

du cœur

les volcans ont une lave noire de chevelure

une irruptivité de prunelle au plus profond des tragédies

une cruauté qui découd le vent qui tombe


l’herbe mordue dans les champs de notre être

l’eau de la soif à peine nue dans le jour

l’agonique la folle celle de la chevelure en roue de soleil

la rousse toute en lumière

la décryptée romane qui me disait son nom

dans la pudeur de l’oreille


la crudité de la déchirure


mon nom est le tien où ma rue te traverse


le drame s’élève l’amour surnage les nuits rêvent sans violence


le monde que j’ai reçu dans ses massifs de bris de ciel

sous les marteaux du temps

sous les fleurs implacables


si tu es là je reste l’architecture de la montagne

qui nous guide vers les derniers refuges



Répons de l’abîme




2 mai 2013


L’avenir à lire l’échiquier le devenir de l’esprit à ravir

le fleurissement dans les butées des faucheuses du temps

                                        

J’ai rejoint le froid rétracté de la vie la désertion de la neige

pour la dormition du bleu sur le chemin

qui mène au versant de la nudité


« maintenant en main tenant le monde… » M. Serres


En grec nostalgie veut dire la douleur d’hier


L’ambre et la rose la joue pleine à la rosée

de  ta fidélité ressemblante


plus haut sur la nuit ce rêve de vivre dans les bris de la clarté


l’avril qui passe sa main sur la chevelure


c’est au travers des vitres de la solitude

de nuit creusée sous le ressortir de l’ivresse


dans l’aurore qui vient boire au premier baiser


clos sur la nuit qui se mêle à l’avenir du jour

les épousailles du vent sur le marteau du temps

comme des syllabes de désastre


il fait aussi nuit sur la neige parfois sur le seuil

de nos entrelacs de lunes


pourquoi m’éveiller puisque je ne sais parler ta langue

pourquoi dormir puisque la fièvre donne du ciel à la raison

je construis à languir des ressacs de muguets de solitude

pourquoi ne pas m’aimer même d’un cœur dévasté

du fond des prisons dans les chaleurs glabres

des cendres de douleur

pourquoi l’eau par défi à la source

murît-elle l’édification de la nudité ?


3-4 mai 2013


dans le verre retentissant la bouche usée

de l’écho du monde


reste cette éternité de nos quelques liens

où nous fûmes au-delà des raisons

reste là sans casaque loin des accords

de la nuit schumanienne

dans la lumière pour la nuit seule

dans l’étau de la mémoire et l’esquisse de l’eau

sous les verrous ce lieu d’éternité


ce n’est pas au Mexique comme pouvait dire Artaud

mais à mantova que la place ducale…


bleu comme une fraction du temps

l’endolorissement du jour à son zénith


mon temps m’exile comme un porphyre sans couleur

toutes nos deux vies confondues


…au-delà d’un voyage… la douleur de la neige

l’impromptu d’une demeure comme point du monde


Debussy invente le passé de la vie devant le bougeoir de l’avenir


couleurs contondantes où se risque ce bleu d’azurite

point du monde équivoque d’empierrement


6-7 mai 2013


penser la vie c’est penser « réellement » la mort


derrière les fenêtres closes le soleil d’hiver

rentre dans la clarté à même la douleur

l’ombre d’une femme au plaisir mûri

jusqu’à cette pierre de Byzance

la voie des eaux erratique des grappes de sang noirs de Sicile


c’est à Rome que vient le temps du Tibre

dans d’autre temps que fleurissent les barricades

de printemps à m’écarter de la douleur

c’est à Prague que les Neruda se confondent

sur l’avenue qui monte les plus hautes collines

c’est à Valparaiso que d’autres collines rendent la couleur

l’herbe venant à mourir à l’Isle noire par la terre dévorante

c’est à assise pour le vin rouge la vigne

et ses pétales de larmes blanches

que j’ai respiré la soif franciscaine

les baisers de la nuit végétale d’assise où la mort s’enlise

et s’érige du bijou de ses pierres

c’est là où je vis

dans l’amande fendue de montagne et la pierre torrentielle

jusqu’à la racine où rien n’est perdu sur l’angle des éternités


le monde m’est apparu aujourd’hui à la clarté neuve

au désaltéré de la source


l’infini a pris la forme de ce monde où nous respirons

l’éternité nous couvre des glaises informelles de nos visages à venir


pourquoi aimer Dutilleux ? pour cette interrogation sans matière

de violoncelle ?

pour la nuit ainsi venue ?


la nuit terrasse

la nuit creuse


comment fleurir comment creuser l’éclaircie

du temps qui s’effeuille ?


ma plus vivante du plus profond retour à la vie bleue de l’azur

dans le temps traversé qui s’écaille


comme les montagnes                           j’ai aimé cette fissure de la nuit

sans se rejoindre                                   ce rimmel noire de ta blessure

gardent la fidélité

d’aspérité du paysage


tu préexistais à faire trembler le verbe noir du désir


le soleil sans cagoule comme une asphyxie venue de face


du plus blême de ce que veut le bleu de la nuit

ce qui prend la place opaque de la blancheur

la nuit qui délivre le monde

la terre qui respire


ce que tu maîtrise du monde

la fatigue que tu poses sur mon épaule…      

                            

16 mai 2013

le fruit en deux comme la déchirure


la nuit avance jusqu’à la chair du temps


l’opacité désaltérée

la compacité de l’être

le chœur ouvert sur l’abîme

                                                    les coutures du vent lèvent

des tranchants de ciels et de lèvres qui succombent sans paroles


du rubis des lèvres les coquelicots de sang

au pressoir crépusculaire en terre de sienne


la nuit planifiée au dur désert d’un chemin d’étoiles


ciel réversible dans l’épaisseur du temps

l’ombre antique


ralentir le mouvement des montagnes

percer d’aiguilles le ciel

l’interroger…


monde qui ferme ses paupières de famine


20 mai 2013

les yeux éphémères pas assez aimés


pour plus lointain voyage nous serons semblables

dans la poussière

pour plus ultime lumière la chair de notre chair


22-25 mai 2013

Elle désenclave la paume de nos espérances


comme la mémoire est en moi j’aime le désir de te refondre

à la tristesse de ses ruines et de ses radeaux de la méduse


dans le plus pur sanskrit loin des métropoles de l’inde

il me revient que les roses naissent

dans les ressemblances des larmes et de la rosée

j’aime aussi les traces du ciel les après-midi de faune

dénoués de soleils grandissants


l’iris de ton regard qui vivait et visait cette profondeur d’azur

native de ronces au plus profond de tes fureurs


rien n’est comblé loin des tentures 

humiliés où les vautours passent


26 mai 2013

dans les pays d’Eschyle quand le vent passe

l’avril des roses garde l’amour de l’éternité


tu m’émeus comme un ciel de hallebardes sur tes joues


ce qui nous perle de l’universel déluge

cet ailleurs de sommeil incendiaire

de tes lèvres de chrome


sur la nuque du silence

d’un baiser de lèvres furtives

nuit d’arme blanche


…que de m’étendre avec mes rêves où y mourir…


dormir d’automne sur le feuillage droit

dans la blancheur du monde…


30 mai 2013

convenir du temps de nos amours

pour ne pas détruire le réel infini

dans la main du fer

d’un main dévorante de vertige

l’œuvre au noir

l’œuvre au blanc

l’œuvre au rouge

au métal des amours


1 juin 2013

pour ce qui souffle dans le silence de l’herbe

la connaissance abyssale comme écorchée


le sceau qui justifie


…dans la matrice connaissante…

2 juin 2013

celui qui ignore son histoire est condamné à la répéter

                                                                                                    P. Escobar

3 juin 2013

c’est de l’orage sur l’immensité aurifère du temps

qui donne cette imagination vaine d’où les pierres

s’entrouvrent

c’est dans le vent que nous ne mourrons plus


d’aubrac

j’ai respiré le vents des dunes

de toute vie dépossédée

mon cœur muni en pays d’ornières


l’humilité de la pierre vénulée d’un blé qui marche

de champs aux corbeaux en vacuité vivante

jusqu’à la levée de la nuit revolver sur la tempe


m’interdisant la haute folie de mon propre cœur

j’ai suivi l’ornière du doute la poétique

 de la décollation des jours

dans leurs clartés battus dans des vents intérieurs

valet de cœur sur dame biseauté d’ombre

nous vivants de sangs eschyliens de poing fermé

je vivais aussi ruisselant de ces anches de faunes

dans le murmure des eaux

                                                    nous vivants nous reposant

sur les épaules des contre ciels et des dômes de mal

de sangs eschyliens et de cœurs rauques

nous avons cherché les chaos loin des étoiles oscillantes

et de l’embrasure de la ténèbre

j’ai donc suivi le doute la route absolue des calligraphies noires

avec la zébrure des vanités

le quatuor à cordes des refuges comme seul sillon

visible de la mort

                             comme seule clarté…

                                         *

sont venus les madrigalistes pour les métamorphoses de ciels

les pures volutes gesualdesques

 où retrouver la pierre immobile du sang à l’arme blanche

moins que rien et plus que la calomnie du vent

                                         *

je t’aimais au vent svelte

au poitrail qui défait la pierre


l’absolu du temps qui perdure et le monde qui tourne


cette cuisse très longue et très sûre du chili

cet amour qu’épousent les vents morts

et les ivresses qui nous attendent

les poissonneries de san antonio

et les chienneries de l’aube dans ses pourritures

cet amour qui viendra sur les pelures des ressacs incessants

de l’isle noire

cette attestation d’écume du pacifique

comme des plèvres toute voile dehors…

et nous voici nus

nus de cette mort qui ne nous fait plus mourir

sur des escaliers de couleurs et autant d’escarpins de temps

comme celle qui m’aimera pour ne jamais plus me faire mourir


je panse la douleur de mes paroles

je reprends le souffle d’un temps encore plus dur

j’essaie de vivre presque mort

suis-je un homme à terre ?

à Valparaiso nous avons continué vers chez neruda

et encore vers la « playa »

                                         vers le bonheur des bars…

puis bien après sachant l’obscurité du temps

dans la beauté du monde

     nous avons erré dans la halle de temuco

le Neruda de l’enfance

***

nous nous replierons sur les paysages loin des nausées

sur la terre qui s’affûte loin des écorchures

nous aiguisons déjà des lames de foudre

au plus recueilli du cœur pour nous oublier


…il y a des ruches et des livres qui tuent

des falaises qui ne cessent  de tomber…


le levain de la foudre comme ces bouches irriguées

par la douleur première du baiser


pour celle qui ne répond je ferai des kabukis

et les madrigaux à saveur d’homme dans sa fêlure


les mots brûlants de l’eau lourde

le fer durci en amont de sa source


les clartés croulent des falaises d’orgueil

à l’embrun du vent où je me disperse


ce froid s’agenouillait au fond des poitrines

où j’étreins l’air que tu respires


tu m’as rendu le goût de la terre

tu m’as rendu les syllabes sculptées

d’une ombre veuve

la nuit au revers de sa fourche


dans les pays d’argens et de haut var

mourir au fond de l’aorte

au profond du sang où tu restes princière

17 juin 2013

dans ces murs de chorégies une plaie de pierre de Syracuse

de Grèce et de Sicile pour équivoque d’éternité


je dénude les harpeuses je soudoie d’amour les vents d’aubrac

longtemps comme attendus ces nuages qui lisent les paysages

de notre âme


1 juillet 2013

comme j’avais entrouvert la blessure, de cette lumière ancienne

qui fait vivre, je sentais grandir le temps sanguinaire

clarté qu’étreignent les fruits dans la  bouche où la nuit roule

les racines de la mort nous disaient que le corps irait au repos

et nous avons vécu dans la sobriété de leurs silences

***

la nuit armée de sa bouche de madrigal

dans le deuil du ciel nous prenions possession du monde

***

dans des morceaux de ciel dans le brouillard des calanques…

***

le pouvoir est une raison d’être

la nuit a la couleur de ses yeux

***

et quand le ciel est un asile qui se dérobe

l’ombre natale au plus près d’étoiles en débris

j’accède au plus froid de la nuit erratique

***

nos pas se referment l’altitude rend le sens de la mort

***

revenu sur le seuil les murs dépourvus et les vents qui hurlent

de quelle mort sous le marteau du temps ?

***

toi et moi sans vestige

***

et de toute une nuit de vent

de ventre de départage

de glaciers sursitaires


de la gangue à fraîchir du doute

l’amour sans porter le poids des paroles

la gangue dans l’avidité fractale de la soif

***

du mourir comme de la lame limpide de soi vers le ciel


comme sur l’azur énuque

la tentation rétractée du ciel


le soleil descend son souffle vers la lumière

***

closes sur les chants de l’autre rive un plain chant de lumière

ces preuves de toute finitude

ces brassées d’étoiles qui font de nos chambres bleues

l’ombre de toi dans le voisinage de l’éternité

vall de boï le sillon qui justifie les neiges souveraines

et le témoignage de la pierre verticale

j’ai construit l’été de mes mains sur tes chevelures filantes

selon les galbes du zodiaque

là où se portent les forces de l’ombre

où des jardins neigent des étoiles de cerisiers

et la calligraphie dans ses griffures à visage humains

***

pourquoi mon cœur chromatique ?

***

le meilleur de l’amour c’est celui qu’on rend

la mer avec ses fleurs la mer safranée et chromatique

l’opus 118 n°6 la violence dans les boutures du clavier

***

25 juillet 2013

ces lisières du ciel dans la résurgence du madrigal

***

l’éperon sous ce crible de l’étoile


la route blanchie de ta peau disparue


ce jour qui se délabre comme l’angoisse qui porte vers la mort

le ciel qui claquemure l’aurore aux doigts minces

horlà du vent maigre

d’un chemin qui s’accoude à l’avenir

                                        ***

c’est violaine celle qui occupe l’intelligence de la respiration

la blancheur lisse de la glace sous les vents à venir

les profondeurs blanches de ses écumes de bières

et les cicatrices de l’indécision

***

j’ai voulu rendre les rostres de la mort


la lucidité du cœur est comme une écriture des astres


les orages se meurent les montagnes laissant vivants

les vents lisses sur les murs donnant mémoire


j’occupe la blancheur des anneaux de la mort


je crie l’incertitude je crois aux pierres demeurantes


l’acier rentre dans la terre la faux donnant mort

aux ténèbres


l’eau dort dans ses premiers sables

la montagne nous respire


je sais la mort cette respiration du matin


glissant vers les âpres aveuglements

les mains se ferment vivantes

dans l’immobilité qui ravine


il y a toujours le vent pour croire au chemin


la chaleur  a donné sa nuit…


dehors je demeure à la récolte du temps


mes mains pour m’appartenir

     les fleurs qui fanent au loin dans des cols de cygne


dans les frondaisons du cœur

les écorces de l’âme celle qui écartèle

celle qui disait « le trop peu de cœur »…

l’arrogance de deux mains sur le clavier cru

« ma vie est la cendre que j’ai arrogamment parsemée

Et ma vie a été longue à flétrir »

Je reste à Salzbourg vers maria cebotari je reste sur l’ombre


28 juillet 2013

rivages d’albatros

les grandes carlingues de l’azur





DU HAUT URGELL

L’âpre mûrier comme une stèle

d’une harpe qui crie le temps

***

nous nous étions aimés à la lumière de l’inhabité

***

espérant de bleu toute la neige de nos dormitions

le labeur surhumain des étoiles

***

comment rendre votive l’absidiole à la fin du chemin ?

dussé-je aimer la ténèbre qui rend a fresco

la nuit de watteau

***

mes baisers de haute catalogne

ces pierres qui déssouchent

mes bras d’offrandes migratoires

***

j’épuise mon nom que seule mon épouse épelle

sa langue a l’altitude des branchies du temps

***

viens-tu depuis le monde gisant

la pierre blanche qui désaltère

à l’orfraie ?

le cri de robe déchiffrée montagne après montagne

***

baiser qui nous rend l’été glacial

le reflux

la porosité de la main sur la pierre

***

de seu de urgell la main de colombe

le bois des christs

et le haut urgell d’empierrement

***

Lescar gesualdesque les jours de dieu

la seule éternité sous nos pas proches

 la pierre tombale de ceux de navarre

marguerite reine et illustre écrivain

la fin de la nuit et le plein de la nuit

au col noir de gesualdo

***

11 aout 2013

merci de désassembler le cœur du fond de son gouffre

l’usufruit d’une carnation exangue

***

se rendre digne de l’espoir du poème


les poèmes qui tiennent au cristal de la nuit


le bonheur qui est dans le  sans pourquoi


garder dans les yeux les éternités du ciel


ces amours qui sont sans jamais

d’eau et de ciel dans leur plénitude

dans les espaces royaux du milan

***

le vent traversé

le vers accru

***

ce que j’aimerais aux bordures de la mort

c’est de croire seulement que fut que

« ma fin est mon commencement »

***

l’inhabité m’avait ébloui

au seuil resplendissant du gîte

***

dans la robe du désenchanté

la blancheur turbulente

l’équarrissement de glaises d’avenir


la nuit transfigure l’encombre

de toute trace de dieu


je marche dans l’orgueil des clochers

cette solitude qui délimite

***

dans les vallées de comminges la pierre respire

toujours de blessure vive de cyprès

de robe romaine et de visage glabre dans valcabrère

***

comment hors des fanges respirer

du mufle de leurs soupirs

***

là où naissent les arbres j’avance dans la nuit


jamais plus sans elle dans l’aplomb du monde


à inventer la nuit volcanique

à inviter la nuit

l’hérédité du soleil

***

la tête de l’homme

notre façade qui avance

dans des nuits de billot

qui sombrent dans les sciures

et les béances où l’air se hisse

***

ces papiers blancs de mort de cette mortelle crudité

du vide


affublé de poussière

masqué de l’Etre

***

je respire de tous les stylets qui percent de bonheurs éveillés

les infamies

des grands plis de lit

***

dans ces coulées de vent

la terre au pas piétine

de cornes vives

de celles qui se règlent sur les temps de la nuit

***

l’avenir creuse les sillons de mes lits de mort

la nuit veille cicatrisante

***

puisses-tu repérer dans les parapluies de ciel

les écorchures

les caducités où le temps laisse la lumière labourée

***

15 aout 2013

la catalogne a la pierre noire des souffrances

dans ses faucilles

sous les architectures qui retournent le vivant

celles qui tracent de contrechamp

les mûrissements du jour

***

je descends sur la lune comme la lumière du baiser


j’occupe les demeures du ciel et je bois le vin de la terre


et que cette peau sois de pays de vin blanc


dans des dormitions de soleil au balcon des fontaines


le soir qui ferme à double tour tes bras blancs

d’un frémissement d’été qui glace


la nuit sollicite la fureur des ongles au décolleté du rêve

***

Leibniz parlait du meilleur des mondes

de l’ombre irrésistible

à la couvée de la lumière qui nous prend les mains

***

gesualdo encore comme les clous de la croix…         

***

la mort descend lentement au passage du vent        


je me suis approché de la fonte des glaces

cette harpe fragile d’une nudité de femme


ce ciel qui ruine les questionnements

le feu des aveugles


ce soleil qui s’enfouit     dans le feu des floraisons…

quant à moi qui demeure revivant dans les vents rouges

de la mort et le feu des fleurs…


cette angoisse de vivre après mourir


j’aperçu la robe du désir dans son vent de mort

bue comme un trait de vin


l’air impitoyable à la caducité des montagnes

la douleur fauve a la clarté des abîmes

***

de san miquel d’angolasters les portes du ciel

rudes  avec des cris d’enfants

la pierre blondie comme un pain d’épice


mon cœur seul mon cœur dépoté


ne me souvenant plus du temps de ma mort

depuis le balancier de l’horloge

tu es le vent mûri


j’ai perdu ce sentiment blême de m’appartenir


comment découdre le sentiment d’éternité

de l’air que nous respirons


du haut urgell

de la nuit des pierres

des clochers de fournaise

le don de la vie passé dans les pierres

le don de la vie passé dans les pierres


20 aout 2013

ces labours de la terre qui rendent un visage de fécondité


la nuit brûle sur la clarté de nos rêves

le billot où un morceau de jour

semble plié d’un pli d’asphyxie


c’est l’homme entier qui se présente dans les branchies de la mort

dans les respirations où je marche

***

« CAMUS DU DISCOUR D’UPSALLA  la fécondité de la paix »


l’humanité se décolore dans des nuages d’ici

toi et moi pour rester vivants


…la mer comme disjointe houlante de fureur

dans la peur nos mains se sont reconnues


mon pays me reconnait dans les sources tumultueuses

pierre à pierre où je suis vivant


la mort comme les babines au pourtour du respir


ma nuit à la rencontre de la neige dans la terre désapprise

l’espace blanc où j’ai perdu toute forme de sentiment

***

les entretiens de la belle et la bête

la terre qui vient à nourrir par rafales

le temps à assujettir

comme fauve…

***

ma mère installée au ciel à vivre ma peur

cette enfance qui n’était que du verre


ils signèrent derrière le cimetière la vue imprenable


la nostalgie corrosive…

le vent emporte

***

je suis vivant pierre à pierre dans les ferrures du ciel

vivant à la meurtrière de sant serni de nagol

vivant de la vierge colorée  de san miquel d’angolasters


ces moellons poudreux qui cèlent la nuit

où l’air affûte les chances de la mort


en tant que vivant je tiens tête au noir absolu de l’espace


je rêve je respire d’un ciel glabre


les noces durables du temps qui déserte la mort


les iguazus porteur d’abîme

***

dans les grands silences ennuyés des dimanches


l’horizon du fond de la terre

l’univers tolérable

la gravitation rugueuse des jours après les jours


trouver le temps à coup de serpe

***

dieu a dit « le feu diminuera »

l’accolade accorte de la fin du jour


cette voix morte qui avance dans les nécessités de l’horizon

l’aurore fléchissante


ma nuit m’interpelle de nos souvenirs fauves

les bris de verre de féeries réécrites


le jour neuf ensemence la terre oblique

de l’homme qui se tient debout


l’alt urgell a ses tessons

ses blessures rares de pierreries


l’irascible plénitude de la pierre qui s’insurge


l’animalité de l’homme dans les griffes du temps

la face ombrée de dieu


dieu a dit « que la terre s’insurge »

dans les incendies de la plénitude

nuit disjointe posée sur le jour

les crocs féroces de la pluie sur la peau

***

cette raucité de la pierre à l’aigre des solitudes

                                                                                        miquel d’angolasters

***

J’ai rêvé cette foudre de l’ariège avec le ventre de niaux

***

ce  sera la pierre accrue du monde

la transfigurée du clair désir


le vent m’emporte dans la ruine de mes secrets

à la gerçure des mains dans des mains de chrysalides


la nuit comme la faucille aux plus lumineux


minuit comme ce soleil au balcon


QUI AI-JE AIME  DE CE DUR DESIR DE LA PIERRE ?


cette mort  qui respire comme les orties aux doigts du temps

sant serni de tavernoles sant serni de nagol

m’aimerais-tu sans que je vive ?


nuit qui ravine comme avec le fer dans la poitrine


J’AI SU LA MORT AVANT D’ENTRER


mon souffle  courroucé dans l’épaisseur de l’abîme


la saignée de gesualdo homme qui sans mourir

de nuit fait chanter l’acier de son pas de lumière


le vent qui se détourne dans la masse de vie où je suis vivant


ce chemin libre qui me donne naissance

d’un orgueil de caligo pour mourir

de clair obscur sur la paume de la main aimée

***

l’eau vive de catalogne dans les chambres odorantes


les racines comme autant de barres de mesures mûries

***

ces souffles à conjuguer des babel d’orgueil

la nuit indique le pas des affamés

***

loin de la vie mesurée

l’exangue nuit votive

foulée aux portes de nos baisers


DANS LES VENTS QU’OUBLIENT LES PLAIES


le jour furtif où tu n’apparus plus disait les vérités de mort

et les voilures de ton incandescence


m’apparut blanche la mort

tout le passé du ciel

où vit un rêve

blanc de sommeil

                             brisures du ciel clair

                             où tu meurs à mesure

                             que je respire mesure pour mesure

***

ployer sous le poids de nos fruits

mordre l’abîme de la terre qui s’élève

engranger le vent dans sa propre respiration


frappés de ces incendies d’homme

quand la lumière est inutile

je déconstruis la pleine clarté de nos amours


viennent les dissonances

l’algèbre abrupt

de la poussière

à l’arrogance de la lumière

                                         que ma voix soit noire à l’étal de l’exil

                                         je te féconde au billot

sable contre sable

où tu m’insurges  


le cœur donnait ses limites

d’un avril blanc

aux battements de poussière

voulant vivre d’une enlacée

dévastatrice jusqu’à la noirceur          


justiciable dans la nuit qui grince


ma mère est morte depuis deux ans

au sortir d’un matin écorché




Répons des ténèbres II


DU  HAUT  URGELL   II

je n’ai plus d’âge devant l’inéluctable

les ombres grandissent


nous devenons aveugles devant des murs de silence

c’est le néant qui prend corps

comme une épaisseur de dieu


beauté jamais atteinte

seule dans les galbes de la nuit


nos épaules de fer

jusqu’à me hisser

à mourir de mort

                 aux deux versants

                 de hautes  nuits perdues de vue


passer les doigts dans les chevelures de l’orage

le cœur exsangue


5 septembre 2013

fenêtre close sur le cœur d’hiver

dévasté de murmures

radeau de lumière

comme le beffroi de l’enfance

rêves de sept lieues ce bonheur

de l’arbre à cabane


les ressuscités dans leur clarté à la voix noire

rompant les digues

comme sur la pierre le bruissement

de la solitude

les beffrois  carillonnant d’éclat lapidaire


dans les illuminations pour vivre à l’encre de tes yeux

je déchiffre la collision blanchie d’étoiles

aux  flétrissures de survivance

j’arpente d’un chemin de nudité


je reste ce sillon à la faucille de pain noir

l’immobilité lagunaire

                                         l’incendie où nous restons  limpides


j’allais vers les vivants dans la chaux calleuse

jusqu’à l’ombre des ciels désertés


…la corruption du temps

                             les genoux qui restent dans la brûlante

plaie du sillon


les elliptiques les consonnants ceux qui avivent

les ciels déconstruits

dévastant ivoire dans des plénitudes de mort

les sables où nous sommes


j’écorche de ruine celui des hauts tolédans

où nous demeurons seuls aigles


l’invocation des folies comme une logique brûlante

un rythme de halage

dans la vociférante clarté des hauts navires


ces illuminations débusquées loin dans l’immobilité des braseros

et le départage de celles qui pétrissent le temps


l’indécision de la forge

le «coup d’aile ivre »

dans les hautes voix tremblantes où tu m’énumères


ciel qui nous rattache à l’approbation de kant


9 septembre 2013

l’inaliénable orgueil au seuil de l’affranchissement

cette brûlure pointue de la mort


quand la terre nous donnera son cadavre

pour vivre dans l’orbe de dieux élémentaires


tu savais l’éloquence mangée à la lumière de la pierre

d’aujourd’hui la terre qui crie dans ses accrus de lumière


ceux qui s’aiment dans ces plénitudes de l’acier noir

notre temps de quartz qui transfigure


10 septembre 2013

Les arêtes du temps sur la peau qui nous découd


dessus le lac

                 volets clos

                                         les âmes errantes


cheminée du madrigal obscur…

comme à la route d’un seul ciel

elle gouverne l’infini


les renards de pluie les pourvoyeurs de montagne


dans d’autres pays proches de la pluie

sur les joues de notre visage

c’est sur les combles que les os vivants…


mer des solitudes j’ai perdu tout sentiment

tous les balbutiements du cœur qui frappe


qu’ai-je ensemencé dans nos surcroîts de déchirures ?


la faune à canine de celle qui jaunit

l’embrun à rideaux tirés de la fidélité

de celle des solitudes

de celle des ravissements


quand la lagune s’est refermée

la hachure cisaille de lourdes braises d’avenir


du jour tiède et de la fièvre d’orgueil dissolu

la foudre a le jour neuf de la naissance qui déshabille


comme le ciel au lever d’ancre


devant la nudité des glaciers

l’alpille que tu donnes à respirer


monde exangue aux toitures des chrysalides


dans le marbre dans le dernier souffle

d’azur qui brûle


comment dans les rostres nu cet éveil des barricades…


13 septembre 2013

la douleur qui m’anime à poursuivre ce que dit le vent


dans le premier halo de la mort la nuit blanche de la servitude


ma fille mon amour dans ses dents de lait

l’âge du père noël


dans le ventre de Touraine

la pierre blonde de tuffeau


les larmes qui gardent encore ce goût de la mer


j’ai au front la lumière brûlante de l’irraison

ma nuit est le simple trajet

d’un gravissement de chant privé de ciel

l’épure de miroir dévasté


17 septembre 2013

pour la grâce des poètes des jardins de délices

ou des chemins arides de traverses

« tel qu’en lui-même enfin l’éternité le change »

l’édification de la nuit dans des marbres d’étoiles


j’ai mes raisons de dire le monde d’orage et de brisant

quand la marée monte


dans des fenêtres de fougères des folles gondoles

le fruit des ruisseaux sûrs des murmurants basques


c’est encore la chute de constantinople non plus par l’est

mais par le meilleur éperon ce toujours éperon du sud


celles qui venaient dans mon sud

à l’astrolabe de lèvres closes


l’anonyme du XIII° siècle disait « le cœur mangé »

celui d’aujourd’hui dit « écrit sur la peau »


comme je ploie dans l’incertitude le vent bleu

dans son ossature…


la douleur comme le reflet du monde


et puis les âmes meurent-elles du temps où le fer

féconde le cœur de la terre ?


de savoir le point extrême du souffle

la nativité d’un père qui s’en va

 (de 19 novembre 78)


l’ordalie comme mysticité je reste à la fenaison

de la maison bleue

au galbe de la femme torsadée de toscane


dans la poitrine l’ampleur des forces

des couleurs qui griffent

la nuit prouvée où nous vivons hors de nous


la lumière de Lohengrin toujours si bleue du jour débusqué

comme le temps qui travaille

caressant les collines du sommeil

le risque jamais endormi du mal mûri

de saillie comme irriguée vague contre vague


mon ombre me parle     


19  septembre 2013

Je reste aux flancs des griffes bleues de l’azur


du livre des songes la tubulure mûrie des fleurs

l’ancrage des pages qui

                                             de sortilèges en rivières résurgentes

lové de secret d’orfèvrerie

le visage de l’ombre toujours à sertir


ton secret

celle de l’ombre embusquée

                                                       la voix d’entraille

                                                       la voix de vers le vivant

le pavois de l’aube traversant

la terre qui cède comme une écorce dure


de dedans cette vie de ventricule

la voie rouge comme une sorte d’aorte


je l’aimais dans un éboulis d’écume

vers des écorces de vent où la mort ne passe plus


clochers des lumières à la rature d’une femme finissante


nous ne mourrons plus dans le temps qui s’affûte


chapelle de nagol aux dentelles de nos âges

dans les plénitudes de l’abîme là où les vents sifflent

chapelle de nagol à l’absidiole proche du baiser

proche des casuistiques


nous espérons l’infini dans les possibles de l’homme


les hauts clochers qui percent me souvenant

de cette mort à venir à l’apothéose de la pierre


l’immersion du cri comme une nuit blanche


la nuit qui travaille

la fêlure blêmie

de ce jour pour vivre                            

pour ivoire                                  l’opus 111 de raucité                        

dans le lys de la mémoire


à construire la lumière des Pyrénées Tahüll

au balcon des catalognes


décolorée et limpide à notre mort banale

qui tue la terre enserrée

                                                                partant du premier souffle

                                                                tu restes à l’amour

                                                                l’insomnie du désir

                                       

23 septembre 2013

Ma page blanche dans l’hiver glacial


le temps s’écorche comme les genoux des enfants

les peintures murales aux écailles comme éclats

ces braises de la pierre lucide


cette immobilité de l’inhabité

la pierre glabre

le sang noir de la terre

                                                    de la nuit descellée

                                                    le chantier des blessures

                                                    qui vivent de la blancheur des pétales


j’occupe un puits sombre de secrets


les dentelures du sel avec toute l’étendue de la parole

et le bouleversement du baiser

comme ciel et comme falaise


le monde dans notre verdeur aux marches des schistes


dans des vents retranchés la morsure du temps

comme une usure du soleil


la faim n’a pas de ventre

elle remplit l’espace

                                                    je comble la pierre dans sa respiration


de poussière et de néantisation celle qui portait

le sceau des fidélités

j’exhume mes forces mes houles terribles

« il y avait enfin une lumière d’or »…


Faulkner disait « absalon » sur deux doigts de vengeance

Mélisande déjà foudroyée


dans les poignards la hantise des bars

l’orfèvrerie qui heurte la poigne sertie

des vagues

la houle des souffles arrogants


j’aime la pierre celle des compréhensions


j’élude le monde qui m’émonde de vastes constellants

de cris de chiens

des pulpes d’orion

des vagues aboiements du temps


les longs pourrissements du désir

mon ventre mis à nu

comme un Schumann

comme une éraflure

                                         chez Schumann un déséquilibre certain

                                         une aristocratie de la folie

                                         un galbe déboutonné


pas assez de force pour mourir premier janvier

de la nuit du temps d’avant

pas assez de force pour mourir

dernière trompette du temps échu


j’ai lu l’alturgell dans la lumière et le gesang der frühe

comme un monde équarri…


l’échafaud du temps

l’éclat

     la sciure…


comment Kempff n’a pu aimer « les chants de l’aube » ?


perdue ma mère… ? la cendre chaude dans la chambre


la lassitude à hauteur d’arrogance

la finitude aux doigts de l’ombre

ce que le monde compact rend à la force du temps


et que disait-il dans « viva la muerte » ?

l’horreur du sable ?


de toi la nuque comme une demeure blanche


cette télévision qui pourrit les testicules de l’âme


je n’ai pas de temps à m’offrir

je m’éveille à la compacité

de l’inéluctable

vivre paraître mourir


arturo benedetti michelangeli beethoven mortifère…


j’engrange le temps de jadis où je te foulais aux compacités

de la peau des meules de foin


le pourrissement des heure nues le havre de la fraîcheur

la blancheur des bras vers les contrejours


comment vivaient les fourmis dans le chien andalou ?

dans l’œil occulté ?

au crime de se rendre aux sables…


de la pierre à séduire la faille du cœur…


dans les nuits d’équarrissements les étoiles

du côté des franges


je baise la pierre noire de l’alturgell dans sa nuit lumineuse


j’investis la promptitude du souffle les ut mineur

à contre cordes dans le volume du jour

l’exangue

                 vie future

                                         d’un concerto l’autre


les variations Goldberg …la mécanique des montagnes


…des hommes ont honnis le ciel…

la poussière est revenue droite et intangible


le cœur dicte une loi lagunaire


j’aime le chili comme le membre d’une femme


cette enfant de l’alturgell aux paupières d’extase

à sant eulalià d’encamp

cet après-midi d’août sur des marches d’escaliers…


j’écume la mer j’écume les jours qui pleuvent les voilures du temps


ce temps dans le tablier mûri des enfants

jusqu’à ce que je revienne à cet écho…


tu es revenues de nuit à l’alcôve des premières appogiatures


j’aime tes mains d’alcôve

de tableaux d’exposition

de tes rituels qui rient de la mort voisine


mortifère comme un jeu de cadastre

une peau de femme à l’infini


lointaine et volcanique loin du chili


27 septembre 2013

en biseau

                 à l’angle des ruptures

dans la respiration du temps

de l’aimée de toujours

je respire lié au vent


mon temps insensible et blanc de banquise


l’ajournement du silence dans les grandes naines

les clôtures irisées de soleil comble


le soleil jalonne ses merisiers de nudité

marches de la cité perdue des kogis

comme les genoux d’expiation de la terre


ces mains qui dansent dans les chevelures

gestes de toutes le femmes du monde

piedra feliz la playa cerro alegre


Guajira terre de femmes où les femmes sont les hommes

les tisseuses

d’amour de demie lune et terre de sel


la route des astres sous les flacons en cul de bouteille


29 septembre 2013

l’espace jusqu’à l’angle du temps

dans l’ombre je me glisse infini


à la pérennité des montagnes  les sommets nous aiguisent


sous des tropiques extinctives les montagnes se brisent

de pierres diluviennes

de la soif des vins jeunes


je tremble de la terre dételée

de celle à la peau qui brûle

à morsure compacte


l’alturgell soulevé jusqu’à la blancheur

des vergers où l’air siffle sur les tombes


le sang comme le goût de la pierre qui vient aux lèvres


la reptation du vent de ce qui fleurit au bout du souffle


les aiguillages des sources du temps

de la terre qui rougeoie

sur la douleur du rail   

   rail après rail


le monde dans son embellie comme le corps affranchi

l’alturgell  le temps et la mort de la pierre sursitaire


la lumière sous le givre de la mer vivante

la mer inoccupée


les ciels n’ont plus d’étoiles que celles que tu as

au fond des yeux


les yeux fermés sur le jour dans l’usure de son givre

comment aimer la terre révolue

comment ouïr la respiration blanche de la justice

la herse bleue et jaune sur l’ombre de la solitude


le cœur qui trace

de son temps digital

la chaleur creuse

ruisseaux des tubulures

qui cèdent aux graviers

en amont de la nuit qui avance


le soleil comme un vin frais le souffle éperdu


lézardes sous la tristesse de nuages inhabités


comme des fissures de ce ciel atride


crypte des secrets hors les murs

clochers lombards

que laisse un ciel mis en pièces

dans ses jalonnements de temps


octobre 2013

Le vent garde l’oreille des âges qui virent fleurir

nos échos confondus

2 octobre 2013

nous avions passé l’âge du paradoxe

chemins crevassés vers la lampe qui éclaire


elle avait le sommeil tranquille

sous la lumière dissoute

nunca mas qui veut dire jamais plus dans la langue

de mon épouse


dans les havres de boissons les valparaiso à mains levées

tous les pays mus de lianes de lumière à sertir

les longues marches qui mènent aux collines allègres


j’ai un ange


l’immobilité pour les jours que tu me laisses

d’agrégats de Brahms

comme le cuivre aride le séjour des lèvres

la magnificence a fresco des gabrieli


D’OU SOMMES NOUS

missa in ille tempore divino claudio

comme crime et douleur

génuflexives du matin…


marqués par la peau les lobes du temps qui nous attendent

j’écoute le crin de nos sommeils

lèvres abyssales d’abruptes falaises


comme le temps inoculé la furie de nos longues avenues livides

d’un temps qui nous appartenait

                                                                trompettes de la nuit


ET PUIS SEPTEMBRE

comme la route septentrionnaire

l’oreille que crevasse un vent bègue


tant parmi nous à conculquer de raison la violence de la nuit


mes yeux s’ouvrent sur les ténèbres

12 octobre 2013

j’aiguisais la pierre par un vent habitable

loin dans l’écho est écrit « memento more »


notre visage dans l’air glacial près du souffle

qui déchire les moëllons vieux  de la nuit


la lumière qui plisse les granits

14 octobre 2013

la chaleur détèle la lumière du jour


de nommer les sanglots dans la pourpre et le glaïeul

la cendre à l’embrasure de la nuit rêvée


ville durable dans ses combles et dans sa chair

règne minéral tissant la toile de notre fidélité


le fléau dans le champ fécondé comme un soleil

sur la douleur de la terre


hors de nous à visage d’homme la haute mer


NAGOL

d’un visage de pierre lorsque le vent siffle

à la dalle du tombeau

l’inhabité ne nous sépare des fleurs terrestres


des closeries en terres de conquérants

les châteaux à l’ubiquité de ruines


ce ciel au goût d’encre qui s’abat sur la soif de la terre


je reprends des chemins d’orage

l’air pierreux

de la mort qui gouverne


boire dans le bleu des glaciers

la mémoire cristallisée de la mer


longs réveils de douleur

de la ténèbre à la couleur du jour/p>

16 octobre 2013

dans les rêves étoilés il y a souvent la nuit rêvée

le hululement de l’ombre étend son règne…


tu refais le chemin de la pierre aux confins de l’éclair

d’un midi ininterrompu


de toute la vie retouchée de rives en rivages

à chercher l’éclair

au bout de l’autre rive le jaillissement du cœur


les morts nous regardent le vent unique dans les veines

le sablier à compter notre vie vécue


calligraphier le chant

où passeront toujours les anges

les riverains à l’estuaire

comme les murs de Jéricho


nous préfigurions l’obscur l’abîme des étoiles

nous avions échangé la rosée aux doigts de glace

le pur sanglot qui préfigure le havre

nous reprenions goût à la source

l’eau vivante qui fore au trépan

17 octobre 2013

ces lèvres de clairière qui baisent la lumière

d’où disparut le loriot


nuages dans leur cœur tranquille

épousant les murmures

à recommencer le monde


paroles de jade dans la mer accomplie

22 octobre 2013

la nuit ne m’appartient plus la chair du chant

se rend à son embouchure


le cœur se désertifie qui dort sur la pierre blanche

faucillé de vent


l’infini rompt les jours disqualifiés

l’été résurgent a la laine du temps et un monde refleurit


l’ombre a l’horizon aboli aux bras d’enserre  demeure

celle qui refleurit d’un tison de lune

celle tonnant d’écho

comme une déambulance raréfiée

d’où parlent les plaies

                la voie lointaine d’amour


nous fûmes les archers de solitude tranchante

d’un acier solaire


rompu d’amarre

de phare     

pour les gisants

la glaise qui guide ce chemin qui nous mène


meséglises mésalliance melliflues

de ces novembres qui grisent

moussues d’abîmes en cortège de tes solitudes

l’ancrage ouvrant le coquillage

qui parle de ce souffle levant du secret


comme un tombeau neuf ce vent sifflant de Sant Serni de Nagol…


ce vent d’octobre des femmes encore fleuries à l’empierrement

qui cognent de ses hauts talons de silex


mon amour appesanti de cécité mon rêve fermé de vieille étoile


à Encamp les femmes à chansons fleurissent

sur des marches  où sont les andorrans

des baisers de silence sous les escaliers de l’Eulalie

 

martyre de sant eulalia celle du baiser d’ombre… ?


sans oubli

sans cœur

comme avec la mort

comme avant l’oubli

d’avant ce comme avec la mort

ces solives qui donnent le jour


ma maison entre dans son givre de nuit avec trois étoiles

et un peuplier sur fond d’encre


valparaiso fut comme une femme que je n’ai pas aimée de prime abord…


toute vie brisée à l’ornière qui claque

la terre dans ses accrocs

le vin bu dans la plénitude accrue


dans des ombres d’acacia toute nos paroles d’écorce

le feu palpable

vers un infini bleu dans des doigts de clarté

le miel au sommeil de mon épaule


dans le pays extrême le cœur qui dévaste

a la saison des aveux la geste des fleurs


l’ombre consentie la vent vacant

je porte avec toi la chair de la nuit


nocher des ors croupis

  dentelles des passages

dans l’éclat de la barbarie en baisant le front de ta nuit


comme à la fin du souffle des naines jaunes

ces béatitudes en tunnel

comme un désir de vent


ces grands fléaux à la respiration conjointe du temps et de la terre

de grand large

l’abîme habitable de la clarté


je t’ai toujours tu consentante à la voilure de mes failles

princesse liberticide accomplissante inhabitée

dans les bras du vent


l’homme a vacillé dans son plâtre de montagne


j’ai l’incrédulité de ton amour la faucille de tes désirs

là où j’avance aiguisé

poudreux glacier de mon inaction dans l’été qui s’adosse


l’éclair comme le temps nourri

un ciel grave qui se verse

existe-t-il une mort qui prenne forme de nuages ?


j’ai la mort qui vient dans ma tête caduque aujourd’hui

le cancer roué de coups

avant le couperet de la lame

                                                 la nuit argentique ombellifère


la mort environne sans quitter les plissures du ciel


28 octobre 2013

l’estuaire de la plaie ce sang neuf pour demain…

ce jalon d’où tu viens


l’air déchire l’aliénation des montagnes


l’air raréfié des chrysalides

dans un jardin d’agonie

l’inespéré de la foudre

au rythme de la chair la cerisaie fleurie


elle a porté la grâce dans le cri finissant


ma femme dans la fierté et les linges du vent

au balcon des vivants les bras libres

de foudre et de auvents


la pierre gémit la pierre comme le suaire


le cœur monastique dans le tréfonds de la nuit

la pierre vivante de la femme au vent des rivières


comme je te suivais dans l’âcrilité des vins

où toute vie crisse

où toute angoisse grossit d’embarcadère

sous les pas de la clarté

mon souffle clairsemé quand là

la paille nous habite à la faux de l’orage


que sait-on de ces solitudes de la mer

de ces chemins inlassables de ses requins ?


tu es extensible dans les veinules du temps

les stries fertiles de terre volcanique


DU  HAUT  URGELL   III

2 novembre 2013

Dieu est vivant dans les clairières du souffle

***

le monde resculpte ses chemins

l’herbe plus haute vers d’infinis désirs

***

tu posais des désirs sur le continuum du cœur

***

s’il y avait un paradis ce serait la ville d’en-haut

avec des poudres de vergers

***

dans la nuit eschylienne

comme le chœur

 descelle le ventre de la mer

***

cette clarté du ciel qui détèle le feu de l’azur

de même des mosaïques de pavement

que nous innervons pas à pas

***

je l’aimais quand la terre s’ouvre à nouveau

dans des contrées sans enclaves

***

dans un soleil froid  quand l’homme est au cœur de la clarté

***

l’héritage ensommeillé dans les bouches du vent

les nuits de seringas

***

j’occupe le monde dans toute la largeur de nos solitudes

***

blanche dans les murs crépis

enorgueillie de solitude

***

j’avançais comme dans un amour agrandi

innervé jusqu’à l’incendie

jusqu’à la rétention de l’ombre

***

femme d’une autre rive à la pergola de linges fleuris

***

l’éternité nous déserte comme nous prenons la chaleur du monde

dans nos bras

***

14 novembre 2013

là j’aimerai des femmes de pays froids de peaux compactes

avec des jambes comme des lianes blanches qui clignent

de leurs ciseaux d’orgueil

***

la souffrance venant des montagnes sans répit

avec des  faux  aiguisés de soleil

***

ma vie est la cendre que j’ai arrogamment parsemée

de soleil noir

d’éboulis de lumière

***

ces largesses de l’âme sous les ciels cahotants

qui déclinent la pluie sur Salzbourg

***

pesanteur désaccordée de ces claviers univoques

des âmes inaccordables

***

tu  restes dans des précipices absorbants

***

ma nuit m’éclaire de ta plénitude

muet  sur les claviers oblongues

de naines lunaires….

reste un peu avec ce que nous pourrions toiser

à hauteur d’infini…


alors vinrent les féroces sur une terre qui se cherche…

puis Messiaen

les visions de l’amen

ce rien avec le cristal ce rien avec cette noirceur de soleil

à quatre mains

et comme distraits nous étions sur l’amen des anges

***

16 novembre 2013

comme la mort n’est nulle part la pierre touche l’immortalité

à la cisaille de l’été


comme ce lieu d’amour caché  sur les rivages

et le nom murmuré…


l’orgueil du temps les phénoménologues aux petits pieds

le rouge au front des femmes désertiques


la nuit là où Valparaiso dévore

les rues qui montent

 à marcher pavées la nuit dans la nudité

21 novembre 2013

nuages qui deviennent immobiles

l’énergie du rêve à l’approche de la foudre


sous le poids des derniers soleils

le cœur dévaste la neige du miroir

le monde à son âge adulte


la force de peupliers qui jalonnent la nuit d’acanthe

la femme fantôme


ma femme garde au front de la tristesse

la ville désertée où renaître


dans les vergers célestes les pommiers d’or

respirent dans des caillots de neige


j’avais reçu les linceuls de pierre comme un vin neuf


les louves qui s’affament dans les mains calleuses de vent

de jonchaies d’étoiles comme des larmes de famine


je ne dors plus que dans les bras de la foudre

de parterres fleuris de mort

de cendre après l’amour extrême


comme une éternité dévêtue en ses battements d’ailes

tes longs cils comme une longitude de chili

24 novembre 2013

je souriais à la navigation des astres comme à la ville musée

28 novembre 2013

ces blessures d’écorce à l’apprentissage de l’arbre


errant puisque sans racines

sans souffle

jusqu’à l’embolie du baiser


majorana le physicien absolu


1 décembre 2013

le cri dans sa demeure blanche


le sang heurté au secret de palais vénitien

…atteindre la ténèbre  jusqu’à cette blancheur des os

la chair filiale qui ne garde que ton corps de cendres


l’émerveillante mezzo la brune au balcon du vent


comme l’Oregon est beau en sa pointe extrême

dans les barges de l’âme


la nuit prend la forme de la femme aimée

à fleur d’étoile

celle qui me laisse aveugle


dans l’acier des saisons une calligraphie du vide


c’est une vie qui tourne autour de la mort

comme une bille dans des bleus d’agate

la chair ouverte du chemin livide et abstraite


marée morte et vacante lune ensevelie

dans des branchies au silence des abysses


de cette vie qui innerve au rythme des vents


chaque jour est une tombe qui lève un voile

une paupière de falaise

un lac irruptif


l’irréalité du temps sous la feuille morte de ta main

l’angélus dans les vrais cris de la nuit

à l’éden des nervures


j’aimais la mort dans les crinolines bruissantes de tes crinières


sous les mélismes là où sont les ombres


des mains de bronze de catalogne

de cette pierre noire des amours

je tiens le monde dans mon souffle

2 décembre 2013

l’acier froid fantôme de la nuit

l’herbe inhabitée de chambres

 resplendissantes


dans la clarté du vitrail aller au sommet

à la pellicule de glace jusqu’à ce cri de soleil…


soleil affairé à notre destin de glace


comme le jour qui accueille le velours noir

la brûlure du désert dans la chair


dans la clarté de Tipasa pierre à pierre

à ruiner dans des meules d’azur…


le cœur dévasté reprend haleine celle à l’assaut du ciel


juger le cœur des humains les fenêtres ouvertes sur le vent

théâtre d’ombre de quatre cent voix

d’une vie en une nuit


d’un temps qui m’avalise

la nuit dans sa rectitude


comme tu venais avec des lisons de feu

la nuit nouvelle la beauté des quenottes


sur les portées du ciel les stridences à l’ombre récurrente

9 décembre 2013

l’amour l’empierrement de ciels

morceaux par morceaux

de chaleur déliée

de montagnes seules

comme jalons de dieu

mortelle dans leurs pains de givre

la vieille rancune sous ses fléaux de soleil de cendre


dans des prunelles de vins des hampes de lumière

colloquantes et arides à la face rugueuse des chemins

dans les foudres du vent où vont les pierreuses


… dans le cri du temps l’arbre dans sa foudre


l’arythmie du chemin sur la terre froide

que la route même des nuages éclaire la lame

le couteau comme respiration de blessures ajournées

17 décembre 2013

je l’aimais  dans la logique des constellations


ces cloches qui perlent vers les naufrages

vers le bronze immobile d’Ys


dans la dispersion du lit d’écume

l’éperon nocturne d’une morsure

18 décembre 2013

hanté par les rythmes de Haydn les hachures syncopées

que ne contrarie le vent


ces cloches que nous respirons …

ces emphases de la nuit

dans les accointances de la pierre


de saisons en raison de vertiges à gravir

25 décembre 2013

nous ne vaudrons pas plus cicatrisés

dans les spirales de la mort

et ses nouvelles saisons de ténèbres

que des herbes d’amertume

                                                    la barque de la nuit


et sur la nuit tuilée

le château fantôme

l’herbe habitable

ce vin noir versé de vent glacial

clitoris peccata mundi


de cendres en ciel le cœur finissant

j’avance à mains ouvertes