Ceci n’est pas de la poésie, seulement la postface de l’éditeur. Le poète qui a écrit tous ces poèmes, peint toutes ces peintures, photographié tous ces lieux, Louis Deydier, m’a demandé ce travail complémentaire pour clôturer l’édition. Une bonne idée. Au fait, qui suis-je ? Ganesh bien sûr. Je ne suis pas poète, ni peintre, encore moins photographe, mais (bizarrement !), j’ai pris beaucoup de plaisir à créer l’univers virtuel dans lequel vous êtes en train de vous promener.
Le site résulte d’une vieille amitié, d’une amitié longue. Tout a démarré avec la fanfare du Sergent Pepper, 1967. Puis, il y eut une éclipse, la relation murissant délicatement à l’abri des évènements, comme un bon vin. Les liens se renouèrent, accompagnés par les motifs délicats des préludes de Debussy. Nos goûts n’avaient pas changé, ils s’étaient enrichis, simple logique de l’évolution. On s’est retrouvé, après que chacun ait fait sa vie, ses vies pour les plus fortunés ou les plus inventifs.
En retrouvant Louis, je gagnais l’amitié d’un poète. Je ne savais pas Louis poète… Comment peut-on être poète ? J’ignorai qu’il avait écrit des poésies, prêtes à être publiées, encore vierges. Louis ne rangeait pas que des poésies dans ses cartons, mais aussi des photos, et des peintures, conçues avec l’ordinateur. Il n’avait pas encore trouvé d’éditeur ; rien d’étonnant. L’édition est brutale avec les poètes, un phénomène fort ancien. Cette industrie suit des règles de production et de distribution, fait face à des risques financiers, et parfois même, rend compte à des actionnaires qui attendent des dividendes, … Bref, l’édition manque d’audace ; elle n’est pas sponsorisée, sans doute une chance. Allez un jour au marché de la poésie, une manifestation annuelle qui a lieu place Saint-Sulpice à Paris, vers la fin juin. Vous y verrez des stands pleins de livres de poésie, tenus pas quelques vieillards à longs cheveux et barbe blanche, des inconscients qui ont renoncé à la tranquillité et à la fortune, et qui entretiennent le flambeau en publiant des plaquettes, amoureusement travaillées, de 500 exemplaires, pas plus. Les plus prospères arrivent à équilibrer les comptes.
Je ne sais plus qui de nous deux inventa cette aventure. Ce fut comme un coup de foudre, partagé. Louis se demandait s’il fallait se faire éditer, et si oui, comment ? De mon côté, j’étais fasciné par sa poésie. On a fondé une société anonyme, spontanément. Les deux membres responsables du comité de lecture ont déterminé qu’il fallait publier les poésies, les photos, les dessins, pour permettre de saisir, en une fois, toute la création. Il n’y eut aucune censure. Le poète eut même le pouvoir de choisir le format. J’aimais déjà sa poésie, alors, après avoir découvert ses peintures et ses photos, j’étais prêt à éditer tout ce qu’il voulait.
On a commencé par créer un blog, la plus simple des publications possibles. Cela ne convenait pas, avec trop de publicités autour du texte, et un format qu’on ne maitrisait pas complètement. Le web s’est imposé très vite. Je ne dirais pas que ce fut un bonheur constant. Vous pouvez imaginer les allées et venues, les changements d’idées, les retours en arrière et les pas en avant, toutes les hésitations (couleurs, fontes, cadrage, fond, mise en page, …), sans compter les erreurs. Tout ce chemin, pour aboutir à ce que vous êtes en train de lire. L’édition électronique est un moyen souple, on peut faire presque tout ce qu’on veut. Alors pourquoi se priver ? On peut aussi se tromper, effacer une version, en proposer une autre. Le dynamisme et la flexibilité sont vraiment magiques.
Honnêtement, je dois, en plus, avouer ma motivation cachée. Ancien de l’informatique, de l’époque des langages de programmation primitifs, j’avais délaissé la technique de la micro informatique pour un plan de carrière plus administratif. J’ai repris avec enthousiasme les joies du développement, de la mise en page html, un peu rebutante, mais pas pire que les premiers traitements de texte préhistoriques, et j’ai retrouvé le langage C presque intact, inclus dans le Java, superbe nom pour un langage qui tangue. J’ai eu la pure jouissance de l’artisan peaufinant son travail sur son établi. Délicieux !
Un peu de technique donc, pas trop, juste ce qu’il fallait pour répondre aux attentes de Louis, qui voulait ses textes présentés d’une certaine manière, intégrant la partie graphique. On a résolu les problèmes les uns après les autres, grâce à la patience de Louis, m’aidant à recadrer mes erreurs, et acceptant mes solutions. L’ajustage a pu se faire précisément : format de page, position des peintures, taille des photos, enchainement des textes, … Le rêve de l’écrivain ? J’imagine ? Remarque supplémentaire, sur les avantages du web : il aurait été impossible de reproduire correctement les peintures sur un support papier. L’effet de retro éclairage est réalisable uniquement avec un ordinateur. CQFD ! Cette reproduction est la seule qui pouvait rendre l’œuvre de Louis dans sa totalité et son authenticité.
L’entreprise aura duré presqu’un an, jusqu’à l’accouchement de la version (définitive ?) que vous pouvez contempler, réalisée en six ou sept étapes successives, chacune apportant son lot d’améliorations esthétiques et de matériel (textes, …) supplémentaires : un palimpseste.
Une édition électronique est forcément provisoire. Les seules oeuvres définitives sont posthumes. Avantages et inconvénients de l’ordinateur, il est toujours possible de modifier, corriger, améliorer, changer, ajouter, après le tirage : alors pourquoi s’en priver ! Déjà l’édition électronique sur papier permet de modifier jusqu’au dernier moment. Avec une impression sur web, on peut modifier même après le tirage (j’insiste)! Alors ? Alors rien. Le poète est propriétaire de son texte, texte librement et gratuitement distribué. Il est entièrement maitre de l’élaboration du sommaire. Il peut modifier le fond et la forme quand il veut. Il est seulement limité par l’outil informatique. Il vous faudra donc revenir voir le site, de temps en temps, pour savoir comment il a évolué.