Essai de géologie sonore entre 1945 et l’an 2000
ou  « il y a encore une musique après Mozart »

L’idée d’un catalogue de musique contemporaine est née au hasard d’une rêverie, du désir de trouver une unité possible dans la jungle des créations de la seconde moitié du xx° siècle.

Une vision englobant l’essentiel des compositeurs actifs entre 1945 jusqu’à la fin du siècle, mais également le lien invisible unissant des créateurs aussi dissemblables que Iannis Xénakis et Pierre Boulez, Maurice Ohana et François Bayle.

Dissemblances qui nous mènent à penser que nous avons affaire à l’aventure individuelle d’une musique du xx siècle au pluriel comme autant de courants, d’expériences, de chemins parallèles aux solutions antithétiques laissant chacun sur sa propre voie. Les joutes esthétiques des années cinquante en témoignent.

L’histoire même du XX siècle, ses terribles convulsions, et les hantises d’un futur souvent improbable furent le terreau naturel pour une génération de créateurs ayant eu vingt ans au lendemain de 1945.

La Grande Guerre inaugurait le xx siècle, une ère nouvelle, ses désillusions mais aussi  ses utopies et ses espérances. La fin de la Seconde guerre mondiale montrait la face irréversiblement déclinante d’un monde aujourd’hui sujet aux bilans.

C’est Martin Heidegger, le penseur majeur de ce xx siècle, quoiqu’on en ait dit, qui se trouve être le guide de notre vision imaginaire, et comme ramassée en une synthèse de toutes les agitations, les déflagrations créatrices des musiques issues de cette période. Nous lui empruntons la poétique conceptuelle de certains titres relatifs aux grands chapitres, le reste est de notre intuition.

Les artistes, de même que Heidegger, se trouvèrent confrontés au vide, à l’angoisse, parfois à la folie de l’homme dans un univers sans réponse à nos terribles questionnements.

Tel le Cri d’Edvard Munch, les œuvres de Pierre Henry, de Iannis Xénakis sont le miroir des clameurs de leur temps.

Jean Barraqué interrogé sur le fossé creusé entre les créations musicales contemporaines et le grand public répondait simplement :

« le compositeur d’aujourd’hui vise à de très hautes exigences. S’il tourne parfois le dos au plaisir immédiat c’est pour répondre aux questions fondamentales de l’homme : sa dimension spirituelle, ses espérances, sa foi et aussi ses angoisses existentielles. »

D’où le grand écart rencontré dans l’agencement de notre Catalogue où toute l’étendue des préoccupations humaines se voit traitée depuis le Chaos originel (Bernard Parmeggiani (plage 1 à 7) jusqu’à la Lumière possible au-delà de l’humain (Messiaen, plage 89, Apparition de l’Eglise éternelle, qui clôt le Catalogue.)

L’enregistrement a été réalisé par Alain Jacquot.