L'air du catalogue
(sans aller jusqu’à « mille e tre »)
Mon air du catalogue n’aura pas la même signification que celle qu’en a donnée Jacques Attali. Celui-ci a dressé une liste (d’où ce rangement en forme de catalogue que je me plais à dresser à mon tour) de ce qui lui paraît être l’essentiel dans la création musicale. Il aura pris soin de numéroter de « un à cent » les œuvres et les compositeurs de son goût personnel. Passant par les dix essentiels, puis une liste de trente (les seconds couteaux) et les serres files si je peux m’exprimer ainsi, la queue de comète dans l’ordre décroissant d’un chemin menant à l’essentiel.
Je procèderais autrement. Il me paraît vain, sinon impossible, d’ordonner sur une si grande brassée de noms et d’œuvres, un classement vertical rigide, où passé les quelques grands noms de l’histoire de la création musicale universelle le reste se perd dans le flou de l’indifférenciation. Parce que entre la quarante septième position et la quarante huitième, l’ordre pourrait bien s’inverser sans qu’on n’ait rien à redire.
Je conserve, par contre, le critère quantitatif : cent compositeurs. Dont je donne si nécessaire un ou plusieurs exemples d’œuvres. Mais sur cette centaine, ce sont les compositeurs qui font partie de mon univers qui seront retenus, peu importe dans quel ordre, si ce n’est que Debussy vient toujours spontanément en premier.
Je ne tiendrais donc pas compte d’une classification selon l’importance supposée de valeur décroissante, et je ne m’écarterais pas trop d’un choix de valeur historique qui s’impose réellement par la pérennité de leur diffusion continue.
J’ouvre et ferme rapidement une parenthèse « jazz » à laquelle j’ai intensément sacrifiée à mes dix-neuf ans (Coltrane, Albert Ayler, Pharoah Sanders, le free jazz en général des années 60) et passée sur le champ de ma sensibilité comme elle était apparue.
Je prends le risque, dans ce catalogue, de la subjectivité, laissant par option hors champs les domaines de la Variété et des musiques par trop tributaires de l’industrie du disque et de son vent porteur : Kant disait dans « la Faculté de Juger » : « il y a des musiques qui n’ont d’autre but que de donner du plaisir, d’autres d’élever l’esprit ». Je me suis resserré sur la seconde vision des choses, n’excluant pas de fréquenter ces musiques qui « élèvent », avec plaisir. Donc,
Claude DEBUSSY : L’œuvre pour piano, l’intégrale prise en bloc indissociable. Monument auriculaire, marqueur de la modernité à l’orée du XX°, tout autant que cheval de bataille et épine dorsale de toute musique pour le piano des interprètes de Mozart à Stockhausen.
(Pour les grands cycles – Préludes, Etudes, Images– les versions de Gieseking, Henkemans, Werner Haas, Marcelle Meyer, Claudio Arrau, ou pour des prises de sons plus récentes, Barenboïm, Planès, François Chaplin ou Pierre-Laurent Aimard. La liste n’est pas exhaustive. Michelangeli est un cas à part qui fait l’unanimité auprès de certains, pas de moi.
« La Mer » qui condense discrètement tous les possibles symphoniques dans un vaste triple mouvement panthéiste tel qu’on pourrait le concevoir avant la présence de l’homme sur terre. Le ciel donne l’impression de se fissurer en s’ouvrant dans le mouvement final du « Dialogue du vent et de la mer ». Une sorte d’absolu de la musique pour orchestre.
(Celibidache, Barbirolli, Ansermet, dans ces cinquante dernières années- Boulez pour la plus-value sonore).
Et « Iberia », dont Falla disait « Et dire qu’il n’a jamais même mis les pieds en Espagne ». « Jeux », l’ultime chef d’œuvre dont Boucourechliev dit qu’il est d’une chimie inanalysable …
Mais tout commence avec le « Prélude à l’Après-midi d’un Faune » … (« l’argonaute de la musique moderne » -Garcia-Lorca).
Sans oublier le mystique et tout autant sensuel Martyre de Saint Sébastien, porte entrouverte à une musique sacrée qui aurait pu franchir le seuil …
« Pélléas et Mélisande », (Roger Desormière dans l’absolu – sinon Baudo, Abbaddo pour plus de confort sonore), l’opéra qui rompt avec les traditions du XIX° et, partant de Wagner, ouvre toutes les perspectives du XX° siècle. Qui rejoint à quelques siècles d’intervalle, le « stile representativo » de
Claudio MONTEVERDI, créateur du genre, avec l’Orfeo et qui compose encore à soixante-quinze ans le miracle du Couronnement de Poppée. On est passé de la fin de la Renaissance au premier baroque. Comment ignorer le Combat de Tancrède et Clorinde ? (Villazon), ( L’Orfeo : la version de Jürgen Jurgens pour son trio vocal insurpassé –Nigel Rogers, James Bowman, Alexander Malta).
Les Vêpres de 1610 (version Garrido). On croirait voir s’ouvrir l’espace, la gloire et les ors de Venise.
J.S. BACH , souvent le versant le plus abstrait : l’Art de la Fugue (Marie-Claire Allain), ou le Clavier bien tempéré (Sviatoslav Richter, Edwin Fisher), de préférence aux Suites d’orchestre ou aux Brandebourgeois. Les Variations Goldberg par Glenn Gould (mais il n’est plus seul aujourd’hui), Koroliov, Andras Schiff, Beatrice Rana ou Alexandre Tharaud, des kyrielles d’autres, tant l’œuvre se prête à recréation. Au piano ou au clavecin, et même en quatuor à cordes (pour l’Art de la Fugue, quatuor Amadeus) …
La « Passion selon Saint Matthieu » (Gustav Leonhardt, Nikolaus Harnoncourt). La Saint Jean par Sigiswald Kuijken.
La Messe en si mineur (Harnoncourt ou Gustav Leonhardt entre mille autres mais aussi Klemperer, grandiose et intemporel, avant la révolution des baroqueux).
L’immense corpus pour orgue, un des domaines majeurs du compositeur par Michel Chapuis sur différents orgues du nord de l’Europe. Considéré comme « L’ancien Testament » du clavier. Les sonates de Beethoven étant le Nouveau.
Ludwig van BEETHOVEN : Les dernières sonates pour piano (Kovacevitch aujourd’hui, Kempff, Arrau, Yves Nat, Schnabel, Brendel, les grands anciens, les divins dinosaures). Les derniers quatuors à cordes, auxquels s’ajoutent le septième que j’ai le plus écouté de tous. Par l’incomparable quatuor Busch, malgré son âge, il reste plus diaphane que n’importe quelle autre formation. La musique qui ne nécessite plus même d’oreille, mais les battements du cœur, les pulsations du silence. La Grande Fugue du seizième rejoint les grandes abstractions de Bach, presque titubantes, écorchées, à vif.
Les symphonies, bien sûr… la 5 (Furtwangler s’il n’en faut qu’une. Idem pour la 7).
Olivier MESSIAEN : « Saint François d’Assise » résume l’œuvre d’une vie (version de Seiji Ozawa, créateur de l’œuvre en 1983).
Et puis, dès avant-guerre, les « Vingt regards sur l’Enfant Jésus », première somme pianistique, avant le « Catalogue d’Oiseaux » (Yvonne Loriot), la théologie et les chants d’oiseaux comme sources majeures de l’inspiration du compositeur. Les « Neufs méditations sur le Mystères de la Sainte Trinité » pour l’orgue (Marie-Claire Allain), « Les Corps Glorieux », la « Messe de la Pentecôte », « Le Livre du Saint Sacrement » (André Isoir).
Et puis des Canyons aux étoiles, œuvre orchestrale gigantesque. Le seul compositeur dont on a donné le nom à un mont aux Etats-Unis : Mont Messianax !
Pierre BOULEZ : son seul nom est synonyme de « musique contemporaine » (en négatif). Mais qui, à l’énoncé de ce nom, pourrait citer une de ses œuvres parmi ses contempteurs ?
Du Marteau sans Maître à Dérives 2, le plus grand raffinement qui masque le plus aristocratique lyrisme. Ou l’inverse…
Pli selon Pliet Répons sont peut-être les deux sommets, d’une part, de son écriture couronnant les années cinquante/soixante, d’autre part, celle qui, aujourd’hui, inclut l’informatique musicale au sein d’un dispositif instrumental traditionnel.
A propos de « Répons », on a dit : « le monde musical est composé de ceux qui ont entendu au moins une fois cette œuvre dans les conditions optimales du concert, et ceux qui n’en ont pas fait l’expérience ». Ce qui révèle par-là l’importance de la dimension acoustique dans une œuvre que l’enregistrement ne peut qu’imparfaitement rendre. Répons relevant tout à la fois de l’incantation occidentale où on ne l’attend pas, et de la mystique balinaise ! Toutes ses œuvres ont été dirigées par le compositeur, parfois plusieurs fois.
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L’ARCHIPEL DES POLYPHONISTES DU XVI° siècle
JOSQUIN DES PREZ : « le prince des musiciens ». Dix-huit messes, des Motets et des chansons françaises et italiennes. Il a rayonné dans toutes les cours d’Europe, de Louis XII à Rome, en passant par Ferrare.
Peter Philips et ses « Tallis Schollars » ont enregistré la quasi intégralité de ses messes et beaucoup de ses motets (notamment Miserere Mei Deus, De Profondis), Dominique Visse et l’« Ensemble Clément Janequin », les chansons françaises.
Manfred Cordes brille particulièrement dans le De Profondis et le Miserere.
Antoine BRUMEL : quasi inconnu aux yeux du grand public, sa messe « Et Ecce Terrae Motus » (« messe du tremblement de terre »), au-delà de la perfection formelle de l’écriture polyphonique, est une œuvre qui tire les larmes à chaque audition. Un miracle. (Les « Tallis Schollars », mais aussi une version avec Dominique Visse et « l’ensemble Janequin » qui double la polyphonie vocale d’un ensemble de cuivres -saqueboutiers de Toulouse-).
Roland de LASSUS : le musicien universel, comme Josquin, rayonnant de France et de Flandres, jusqu’à la Cour de Munich et en Bohême. L‘âge d’or de la polyphonie avec son exact contemporain, Palestrina. Au-delà des messes, des dizaines de chansons françaises, italiennes et de lieder allemands, c’est la naissance des grandes fresques musicales qui commencent : « Les Psaumes de David » (« de la Pénitence »), « Les Lamentations de Jérémie » ou « Les Larmes de Saint Pierre ». Quelqu’un aurait dit de lui, le Shakespeare de la musique. De Josquin, le Michel-Ange… ?
(Paul Hilliard pour les Psaumes, Bruno Turner pour le Requiem à 5 voix, Philippe Herreweghe pour les Lamentations et les Larmes de St Pierre. Manfred Cordes pour les Prophéties des Sibylles)
Tomas Luis de VICTORIA : probablement le plus grand compositeur espagnol de tous les temps. Il figure naturellement dans ce florilège des polyphonistes de l’Age d’Or. Son Requiem ne saurait être mieux illustré que par l’immense fresque de Greco, son contemporain, et son « Enterrement du comte d’Orgaz ». C’est dire la largeur et la profondeur de la composition. (Les Tallis Schollars). Et puis l’intégrale de « l’Office de la Semaine Sainte » par Jordi Savall.
Il y a un peu de parfum de Thérèse d’Avila dans son œuvre.
Thomas TALLIS : le Motet « Spem in allium », motet polyphonique à quarante voix réelles (chacune chantant une partie soliste simultanément !). A lui seul il aurait fait la grandeur de ce compositeur catholique dans l’Angleterre du XVI° siècle. Un cycle complet des « Lamentations » et de Motets par les « Schollars » de Peter Philips.
Cristobal de MORALES, l’autre grand d’Espagne. Tout aussi suave et austère que son contemporain Victoria. « Requiem à la mémoire de Philippe II », par le Gabrieli Consort de Paul Mac Creesh.
PARENTHESE
En remontant vers le haut du Moyen Age, je salue la lignée de ceux qui ont permis cet âge d’or polyphonique : Guillaume DUFAY, sa messe, « Si la Face est Pale », ses chansons immémoriales qui fibrent dans l’inconscient, un collectif imaginaire. Guillaume de MACHAUT et la première messe (Messe de Notre-Dame composée en 1365) aux liens organiques entre les différents mouvements musicaux soudant les rituels de l’office, faisant ainsi accéder la messe à un genre artistique en soi.
Dans des versions très différentes, celle de l’Ensemble Gilles Binchois, et celle, singulière, de Marcel Pérès qui utilisa des chanteurs amateurs corses ( ! ) ne pratiquant habituellement que le répertoire ancestral de leurs montagnes de bergers.
Résultat miraculeusement hasardeux, ou coup de génie de Marcel Pérès ?
Et puis les débuts, les tout débuts de la polyphonie savante occidentale, sur lesquels on puisse poser un nom, les « conduits et organums » de l’Ecole de Notre-Dame et ses deux représentant qui traversèrent les âges, LEONIN et PEROTIN (dont Steve Reich a dit s’être influencé dans la démarche hypnotique de sa « Musique pour 18 »). Ecole féconde et base de toute polyphonie qui essaimera en Europe.
(Paul Hillier et son Ensemble).
POUP CLORE L’ARCHIPEL
Carlo GESUALDO, prince et meurtrier jaloux pour la biographie. Un monolithe sans descendance, à cheval entre la Renaissance et le premier baroque. Solitaire et éternellement toujours jeune et indémodable dans les sensibilités au travers des siècles. Stravinsky fit une sorte de Tombeau commémorant les cinq siècles de sa naissance. Ses dissonances sont encore sensibles à nos oreilles du XXI° siècle.
Pierre Boulez le programmait à côté de Stravinsky ou Webern dans les concerts du Domaine Musical des années cinquante, c’est dire…
Les Madrigaux (Marco Longhini), et les Répons des Ténèbres par l’ensemble A Sei Voce.
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Heinrich SCHUTZ : avec lui, c’est un peu la naissance de la musique allemande. La polyphonie du XVII° siècle sur les thèmes des Passions (il a fait les quatre évangélistes !) avec des récitants qui utilisent quasiment les mélismes naturels du chant grégorien et des inflexions annonciatrices déjà des récitants des Passions de Bach. (Manfred Cordes).
Les Petits Concerts Spirituels, les Psaumes de David et les Histoires sacrées (toujours Manfred cordes et René Jacobs pour les Petits concerts spirituels).
Jean-Baptiste LULLY : à lui seul, c’est Versailles transposée dans le monde des sons. Et pas seulement la pompe. La grâce, la fougue et la délicatesse, le soyeux des élans de l’âme (le Sommeil d’Atys).
Si je devais ne retenir qu’une œuvre, ce serait évidemment Atys, surnommé l’opéra du roi. La raison en serait plutôt que j’ai eu le bonheur d’assister en 1987 à l’exhumation de l’œuvre à Montpellier, par les Arts Florissants dirigés par William Christie, le défricheur infatigable. C’était ce jour-là, comme si on avait assisté, dans les conditions versaillaises de ce temps-là, à la création même de l’œuvre dans le théâtre en bois de la Place de la Comédie….
Marc-Antoine CHARPENTIER : successeur de Lully durant la fin de règne de Louis XIV, on lui doit quantité d’Histoires sacrées et deux ouvrages lyriques essentiels : Médée (William Christie) et David et Jonathas (Michel Corboz et William Christie). Trois Leçons de Ténèbres (René Jacobs).
Jean-Philippe RAMEAU : Pour les œuvres pour clavier, Marcelle Meyer a laissé un témoignage définitif d’une quasi intégrale. Et puis parmi tous les chefs-d’œuvre lyrique, celui que je continue d’aimer plus que les autres : « Castor et Pollux » que dirigeait Harnoncourt dès les années soixante, dans un revisité historiquement informé de l’instrumentation et des ornements, rendant Rameau à son soleil et son génie.
Et puis comment ignorer Platée, la Grenouille que les flatteurs réussirent à la faire se croire belle ? (Hans Rosbaud au Festival d’Aix en 1956 pour y ouïr le génie de Michel Sénéchal dans le rôle-titre. Pour une version plus confortable d’écoute, celle de Marc Minkowski).
François COUPERIN : C’est à la fois une certaine manière de sentir, une mélancolique et poétique peinture du XVIII° siècle, Watteau transposé en sons. C’est aussi l’apogée de la musique de clavecin. S’il est envisageable de jouer Scarlatti, Bach ou Händel au piano, il est difficile de priver Couperin du timbre du clavecin. Mais Alexandre Tharaud a réussi ce petit miracle ! Et la divine Marcelle Meyer.
Quatre « Livre pour clavecin » augmentés de l‘Art de Toucher le clavecin. Répartis en vingt-sept Ordres, c’est-à-dire en 27 Suites de danses (comme celles de Bach ou celles en usage au 17° et 18° siècles), mais qui chez Couperin portent des noms énigmatiques (Les Barricades Mystérieuses, la Tic Toc Choc, la Logivière ou le Carillon de Cythère). Deux cent trente-trois pièces constituent ce trésor.
En miroir de ces œuvres pour le clavier, deux messes et surtout les trois Leçons de Ténèbres, apogée du genre.
Pour le clavecin : Blandine Verlet, Kenneth Gilbert ou Olivier Beaumont.
Pour les Leçons de Ténèbres : Alfred Deller ou Christophe Rousset avec Véronique Gens et Sandrine Piau. James Bowman et Michael Chance aussi.
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UNE PLEIADE D’ORGUES
Louis COUPERIN, injustement dans l’ombre de François le Grand. Les œuvres d’orgues sont à ranger dans l’âge d’or de l’orgue classique. (L’intégrale par Davitt Moroney (à l’orgue de Saint Michel en Thiérache) ; Il a aussi laissé de magnifiques Suites de clavecin.
Nicolas de GRIGNY (les deux messes et les Hymnes, André Isoir).
Jean TITELOUZE à l’orgue de l’église de Bolbec, dans son intégrale par Alan Bates.
FRESCOBALDI et ses Fiori Musicale, ses Ricercare.
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Antonio VIVALDI : Le monument vénitien. La moindre de ses notes et de ses harmonies sont le reflet de la cité lagunaire. Ses concertos pour violon en priorité (Chez Naïve, avec différents violonistes suivant les cycles de six chacun) et un opéra emblématique parmi les dizaines qui viennent d’être redécouvert et conservés à la Bibliothèque universitaire de Turin, Orlando Furioso (Horne, De los Angelès, Valentini-Terrani, dirigé par Claudio Scimone). Et puis le Couronnement de Dario par Gilbert Bezzina avec une distribution de rêve (Henri Ledroit, Gérard Lesne, Dominique Visse, Isabelle Poulenard et Agnès Mellon).
Wolfgang Amadeus MOZART : Avec Haydn, son seul nom incarne la période classique. « … idée musicale incarnée dans sa forme adéquate consubstantiellement » aurait pu dire Hegel qui l’ignorait.
Allant droit au but on pense à Don Giovanni (version Joseph Krips, Giulini), mais aussi à la Flûte Enchantée (Karajan 1952).
– Le seul film de Bergman que les cinéphiles semblent ignorer, alors qu’il a révélé le lyrique à toute une génération – …
Cosi Fan Tutte (Karajan, Böhm). Les Noces de Figaro (Karajan, Erich Kleiber)
Le Requiem est l’œuvre la plus enregistrée, souvent la plus citée (Herreweghe, Marriner).
Et puis, il y en a pour tous les genres : symphonies, quatuors, piano, concertos pour piano (les 20, 23, 25 surtout, Brendel, Gieseking, Fischer, Gulda).
Que n’a-t-on dit de ce compositeur au nom tenant en deux syllabes ? Il personnifie à lui seul la musique « classique » dont même ceux qui ne l’écoute pas connaisse le nom. Avec Beethoven et Bach…
Joseph HAYDN : Les deux oratorios, La Création et les Saisons (Karajan ou Harnoncourt). Les symphonies Londoniennes et les Symphonies Parisiennes (Jochum, Beecham, Bernstein ou Dorati) ; Les quatuors à cordes (quatuor Festecics ou quatuor Kodaly, ou Amadeus).
Franz SCHUBERT : mort à trente et un ans. Il fait partie des foudroyés de l’histoire du genre, Pergolese, Mozart, Grigny etc. Laissant tout de même plus de cinq cent lieder. On trouvera suivant l’humeur, l’heur et le bonheur, la tristesse qui va avec, l’existence même du vent qui passe, l’humanité fragile.
Deux cycles monumentaux, « le Voyage d’hiver » et « la Belle meunière ». Un cycle posthume « Le chant du cygne » (Fischer-Diskau pour toujours, et Christian Gerhaher aujourd’hui) Chez les femmes, Lotte Lehmann, Kathleen Ferrier pour toujours, Seefried, Ludwig, Della Casa (Salzbourg 57 !) et toutes celles que j’aime suivant le caprice !).
La douleur, la grâce et l’ineffable du quintette en ut à deux violoncelles. (S’il devait ne subsister qu’une œuvre…) -(Casals et le quatuor Vegh)-.
Le second trio avec piano (Istomin, Rose et Stern).
Puis les sonates pour piano, la 784, 959, 960 du catalogue Deutsche (Arthur Schnabel, Wilhelm Kempff, Radu Lupu, Brendel, Christian Zacharias et surtout Gilels pour la 784).
MENDELSOHNN se rattache à mon univers par son seul Octuor à cordes. Mais comme il est entré tôt dans ma vie d’auditeur, il y a sa place gravée, indélébile (Quatuor Janacek et quatuor Smetena, indispensable).
Robert SCHUMANN : La Fantaisie en ut pour piano condense le meilleur du compositeur (Clifford Curzon à Salzbourg en 74, mais aussi tous les poètes du piano, Arrau, Brendel, Argerich, Richter. Quels regrets que ni Samson François, ni Alfred Cortot n’en aient laissé traces).
Les Etudes symphoniques (Richter), les Scènes d’Enfant (la rêverie surtout), le Carnaval pour le piano (Michelangeli), et mille épanchements du cœur au coin des rêveries…
Les Amours du Poète, la Vie et l’Amour d’une Femme parmi les cycles de lieder, et des poignées éparses au gré des interprètes (Gérard Souzay, Kathleen Ferrier, Fisher-Diskau, Christian Gerhaher, Irmgard Seefried, Christa Ludwig etc.)
La Première symphonie (Printemps) et la troisième symphonie (Rhénane) parce qu’elle a été inspiré par l’entrée à la cathédrale de Cologne (bigre…) –Karajan- Sawallisch-
Les quatuors et quintette avec piano (Isabelle Faust, Jean-Guihen Queyras…)
Johannes BRAHMS : suivant naturellement la lignée des romantiques allemands, bien que je le situe déjà dans le néo-classicisme, comme son prédécesseur Schumann.
Sa musique de chambre et ses lieder concentrent le meilleur d’une œuvre qui répond à tous les genres. Les interprètes, innombrables, se bousculent pour l’enregistrer (les historiques Quatuor de Budapest, Rubinstein, Kempff, Backhaus, Fisher-Diskau).
Hector BERLIOZ : La Damnation de Faust a été le pain quotidien de mes vingt ans. Pour le lyrisme, pour la singularité d’un génie solitaire incompris de son temps. Il en est encore qui lui reprocherait ses fautes d’harmonie. Comme des nains envient la taille des géants. Mais aussi son Requiem (Munch avec la Radio bavaroise), sommet du genre de l’époque romantique, plus encore que celui de Verdi. Et puis il est le renouveau de la mélodie française qui ira de Gounod à Fauré et tout le lignage qui viendra loin dans le siècle.
Pour la Damnation, la version Markevitch avec l’orchestre Lamoureux surpasse tout le monde depuis toujours.
« Le songe d’Hérode » qui prélude à « l’Enfance du Christ » est un sommet romantique, un équivalent sonore aux plus grands péplums et à Shakespeare (si ceux-ci avait leur « enfance du Christ »). Munch a été inégalé.
Richard WAGNER : L’autre géant. L’autre grand lyrique qui a convaincu un Prince d’établir un Temple exclusif dévolu à son art et à lui seul sur la colline de Bayreuth. Ce que même les pharaons n’ont su réaliser de leur vivant. Le chef d’œuvre, pour les musiciens, Tristan et Isolde et son irrésistible Acte II. Parsifal, pour les initiés et les gardiens du temple…Et puis, la Tétralogie, saga basée sur les mythologies du Nord.
Privilégier les enregistrements de Bayreuth qui sont légions. Les enregistrements publics londoniens ou du Met de New-York durant la Seconde guerre. C’est l’âge d’or du chant wagnérien (des années trente il s’est poursuivi jusque dans les années 60 grâce à certaines voix féminines, Rysanek et Nilsson…) Melchior et Flagstad sont irremplaçables dans Tristan, avec Beecham et Reiner (1936, 1937). Parsifal par Knappertsbusch (de 56 à 64 à Bayreuth…) et les quelques Toscanini qui existent (RCA) en cinq cd.
Georges BIZET : Carmen a assuré la gloire de l’œuvre. Mais pas du compositeur qui mourut à trente-sept ans, l’année même de la création de son opéra. La version Beecham de 1959 est toujours de la plus grande homogénéité dans tous les rôles. Les Pêcheurs de perles (Pierre Dervaux) aussi lyrique que Carmen, avec toujours Ernest Blanc, Nicolaï Gedda et Janine Micheau.
Giuseppe VERDI : l’autre versant lyrique opposé à Wagner. Le versant latin. Il n’est pas tout à fait dans mon univers mais on peut, à coup sûr mettre au sommet, Otello et Falstaff, chefs d’œuvre composés à la fin de sa vie. L’histoire des œuvres de Verdi se confond avec l’histoire de l’art lyrique, comme pour tous les compositeurs italiens du XIX° siècle. On peut citer Mac Beth pour compléter la trilogie, mais qui ne connait au moins les sonneries de Aïda ou le brindisi de Traviata ? Les verdiens citeront encore le chapelet entier des ouvrages de jeunesse. Nous ne les suivrons pas jusque-là.
Giacomo PUCCINI : un lyrisme irrésistible. Mes préférés : Madame Butterfly, Turandot. C’est dans le déploiement de ses grandes courbes mélodiques que les Callas, Rysanek, Nilsson, Scotto, Olivero et toutes les divas du siècle ont su donner relief à leur génie dramatique.
Henri DUPARC : Douze mélodies assurent à travers lui l’éternité de la mélodie française. Dont Phydilé, l’Invitation au Voyage et la Vie Antérieure. (Charles Panzera et Gérard Souzay).
Gabriel FAURE : De même que Brahms, le meilleur de son œuvre est dans la mélodie, la musique de chambre et le piano (Les 13 Nocturnes (Lucas Debargue), les Préludes et les 13 Barcarolles). Son Premier quatuor avec piano – Marguerite Long et le trio Pasquier – est l’un de mes premières amours de musique intime, dont l’usure des sillons justifiaient qu’ont passât au cd. Ses quintettes avec piano et son quatuor à cordes, tardif et unique, sont parmi les sommets de la musique de chambre française.
Le cycle de « L’Horizon Chimérique » – Panzéra ou Souzay – un autre haut sommet. Des mélodies qui se hissent à l’ampleur des mouvements de la mer.
Jusque-là, j’ai suivi assez régulièrement un ordre historique. On peut se perdre sans risques au gré des humeurs avec Leos JANACEK : ces opéras offrent une alternative pour ceux qui n’aimeraient pas la conception lyrique du bel canto ou l’exubérance des effets de poitrine à l’italienne. Je ne sais depuis cinquante ans quel est mon préféré. Peut-être Katya Kabanova. Peut-être la Petite Renarde Rusée. A moins que ce soit Jenufa. Dans les versions idiomatiques de chefs tchèques qu’on écoute les yeux fermés. Ou Charles Mac Kerras.
Pour une première approche la Sinfonieta est généralement couplée avec Taras Bulba (Karel Ancerl). La messe Glagolitique (Ancerl ou Kubelik).
Puisqu’on est dans ce merveilleux pays de musique, Bohuslav MARTINU a couvert toute la première moitié du vingtième siècle. Il a laissé une « Julietta ou la clé des songes » sur un texte de George Neveu, un des rares opéras surréalistes. Mais comme Brahms, comme Mozart, il a composé pour toutes sortes de formations orchestrales ou de chambre. Pour l’orchestre ou pour la voix. Une prolixité à la mesure de son inspiration, large et généreuse.
Antonin DVORAK : Qui ne connait la « symphonie du Nouveau Monde » et le concerto pour violoncelle ? Les interprétations font briller à la fois l’orchestre, le chef et le soliste. Pour le violoncelle Tortelier avec Rudolf Kempe a eu longtemps ma préférence. Mais aussi la Philharmonie Tchèque avec Ancerl ou Tallich.
Bedrich SMETANA complète le quatuor magique de l’histoire de la Musique tchèque : au moins six opéras majeurs. Les trois plus importants : « La Fiancée Vendue », « Dalibor » et « Libuse ». Trois ouvrages qui exaltent le nationalisme local comme autant de fresques lyriques. Dans des versions tchèques merveilleusement vivantes.
MOUSSORGSKY : l’âme de la grande Russie, celle de toujours, l’envers de Tchaïkovsky ou son complément.
« Boris Godounov », l’un des cinq plus essentiels ouvrages lyriques de l’Histoire. Les versions soviétiques dirigées par Golovanov en 48 et 49, avec respectivement Mark Reizen et Alexander Pirogov dans le rôle-titre. (Des extraits existent avec Chaliapine). Mais aussi la version Karajan avec Ghiaurov et Vienne en 69 pour la plus-value sonore, mais aussi pour le chef. Kovanchina (Melik-Pachaiev), où certaines scènes rivalisent avec le hiératisme de certaines icônes orthodoxes.
Les « Sans soleils » et autres mélodies par Boris Christoff.
TCHAIKOVSKY : je fais partie de ceux qui restent insensibles à ses ballets. Mais les trois dernières symphonies sont au patrimoine de l’univers symphonique. (Mravinsky est indispensable). C’est la face inversée de Moussorgsky, celle d’un russe tourné vers le monde occidental.
Et puis, un îlot dans son extrême production, le trio avec piano reste souvent oublié même par ses admirateurs : Oïstrakh, Kogan, Guilels.
Anton BRUCKNER, l’organiste de Saint Florian qui n’a jamais écrit pour l’orgue. Ses neuf symphonies sont un des corpus les plus grandioses du genre. Les versions de Jochum et Gunther Wand, les yeux fermés.
Ernest CHAUSSON : mort d’un accident de bicyclette en 1899, à 44 ans. Il laisse deux œuvres qui le hissent tout en haut, malgré un catalogue relativement maigre : Le Poème pour violon (Ginette Neveu, ou Christian Ferras, ou Oïstrakh). Et Le Poème de l’amour et de la Mer (Irma Kolassi ou Kathleen Ferrier/ John Barbirolli avec un son malheureusement désastreux). Les mélodies par divers interprètes anglaises qui l’adorent (Felicity Lott, Ann Murray…)
Gustav MAHLER, neuf symphonies également. Et une dixième, inachevée. Au magnifique adagio. Des cycles de lieder. Pour les unes, le choix est multiple. Kubelik, Horenstein, Bernstein, Walter, Abbaddo, Boulez. On peut aussi panacher. Pour les autres, Kathleen Ferrier et rien qu’elle. Sinon, Christa Ludwig, Maureen Forrester, Christian Gerhaher et Fisher-Diskau pour les voix d’homme. S’il devait n’y avoir qu’un enregistrement pour l’île déserte, « Le Chant de la Terre » avec Ferrier et Bruno Walter en 1952.
Richard STRAUSS : le compositeur d’opéras allemands le plus prolixe et le plus important du XX° siècle. Elektra et Salomé pour la fougue et l’audace d’écriture expressionniste du début de siècle (voir les références du Festival de Salzbourg), au Chevalier à la rose au lyrisme mozartien (Carlos Kleiber), en passant par la Femme sans Ombre (toutes les versions avec Rysanek), mais aussi Ariane à Naxos (Böhm), Arabella (Keilberth ou Solti, avec la divine Della Casa), mais aussi les Métamorphoses pour cordes et le très répandu Ainsi Parlait Zarathoustra qui met en lumière son génie d’orchestrateur.
Et puis les lieder : les 4 derniers lieder notamment qui forment un ensemble. Les interprètes féminines se bousculent. Je retiens : Jesse Norman, Lisa Della Casa, Elisabeth Grummer, Lucia Popp, Sena Jurinac et mille autres qui se transcendent dans ce recueil. Et puis Morgen que j’ai si longtemps fait découvrir dans mes classes.
Jacques OFFENBACH : Le Mozart des Champs-Elysées. Il le fut vraiment. Le sourire en musique, la verve et le lyrisme généreux. Une certaine idée de ce que fut la gaité parisienne. Bien sûr, la Belle Hélène (René Leibowitz en 1952, ou en 58, Marcel Cariven avec Maria Murano et une distribution homogène). Dans l’opéra de grand répertoire, les Contes d’Hoffmann (Kent Nagano, l’orchestre de l’Opéra National de Lyon avec Alagna, Van Dam, Dessay, Sénéchal, Bacquier)
Ferenc LISZT : La sonate en si pour piano (une sorte de sommet pour les interprètes) Dans les versions de Cortot (mythique) et Horowitz, pour les légendes du piano transcendant.
Puis les cycles des Années de Pèlerinage (Lazar Berman, Chamayou, Ciccolini), les Harmonies poétiques et religieuses ; les Etudes d’Exécution Transcendante, et personnellement je mettrai l’Urbi et Obi au sommet de son inspiration religieuse à l’égal de sa Légende de sainte Elisabeth et de Christus (Ferencsik). Et les Rapsodies hongroises par Cziffra.
Fréderic CHOPIN : l’autre grand du piano. La virtuosité dissimulée, ou la sensibilité de l’imaginaire. Exclusivement du piano seul, sauf deux concertos. Cortot est irremplaçable. Samson François, dont Kempff a dit un soir de concert « comment jouer mieux Chopin, on ne peut même imaginer). Comme le cheval de bataille est avantageux, les plus grands s’y sont illustrés—Dinu Lipatti, Claudio Arrau, Martha Argerich, Pollini, Joao-Maria Pirès, Christian Zimmermann. Et tant d’autres… dans les Préludes, Etudes, Nocturnes, Ballades et autres Polonaises. Rubinstein pour les Mazurkas.
César FRANCK : La sonate pour violon et piano (Christian Ferras/Pierre Barbizet), le quintette pour piano et cordes (autour de Samson François et le quatuor Parrenin). Les œuvres pour piano : Préludes, fugue et variations, Prélude choral et fugue (Aldo Ciccolini, Jean-Pierre Armengaud).
Charles TOURNEMIRE : L’Orgue Mystique. Un corpus de quinze heures de musique. Trésor inestimable divisé en trois cycles : Noël, Pâques et Pentecôte. Je choquerais peut-être en disant que Tournemire a réalisé pour l’orgue des cathédrales ce que Bach a développé pour le choral luthérien. (Georges Delvallée successivement aux grands Cavaillé-Coll de Sainte Croix d’Orléans, de Saint Sernin de Toulouse, Notre-Dame de la Dalbade de Toulouse et à la Cathédrale Saint Ouen de Rouen)
Maurice RAVEL : Toujours accolé au nom de Debussy et pourtant si différent. Deux face d’un Janus que tout oppose. Ils partagent le fait d’avoir vécu une sorte de troisième apogée de la civilisation française (après le Moyen Age des cathédrales et le Grand Siècle) au tournant du XX° siècle.
Son Bolero est évidemment l’arbre qui cache la forêt. Daphnis et Chloé (Manuel Rosenthal, Boulez), Ma Mère l’Oye (Abbaddo), tout son œuvre d’orchestre de magicien des sons est indispensable. Les deux concertos pour piano (dans la légendaire version de Samson François et Cluytens). Son intégrale pour piano seul par Samson François toujours, et Vlado Perlemuter (surtout Gaspard de la nuit et le cycle de Miroirs). Et puis L’Enfant et les Sortilèges (Maazel ou Ansermet). Et puis Don Quichotte à Dulcinée (Gérard Souzay) et l’ensemble des mélodies (divers interprètes chez EMI).
CHABRIER : La truculence et la discrétion. Je ne parlerai pas de la trop connue España que Poulenc nommait Espagnagna, mais plutôt de l’Etoile, du Roi malgré lui ou de Briséis, ouvrages lyriques entre la comédie musicale et l’opéra à son meilleur qui ne devrait jamais quitter l’affiche des grandes scènes lyriques. Reste son œuvre pianistique qui annonce Ravel, magnifiquement rendue récemment par Alexandre Tharaud et Pierre Barbizet dans l’absolu.
Ottorino RESPIGHI : L’impressionnisme italien. Avec les magnifiques et indissociables Fontaines et Pins de Rome (Toscanini 1951 et 53 ou Constantin Silvestri et la BBC).
Ralph VANGHAN-WILLIAMS : neuf symphonies. Surtout la septième (« Antartique » par Adrian Boult), des concertos et des opéras, notamment The Pilgrim’s Progress, Sir John in Love (John Hickox)
Albert ROUSSEL : « Les Evocations » (Georges Prêtre, avec José van Dam). Les symphonies (Munch, Janowsky). Le Festin de l’araignée, Bacchus et Ariane.
Les trois nordiques :
Jean SIBELIUS : Les sept symphonies par Paavo Berglund, ou en versions de concert, Colin Davis. Le géant des glaciers.
Carl NIELSEN : L’autre grand Nordique. Aux six symphonies s’ajoutent des concertos et des ouvrages lyriques (la 5° par Jascha Horenstein, les autres par Ole Schmidt et le London Symphonie Orchestra)
Et le plus connu des trois, Edvard GRIEG et son concerto pour piano qui lui assure sa place définitive au répertoire (Simon Rattle et Lars Vogt) ainsi que Peer Gynt dont le lever du soleil à lui seul immortalise l’œuvre.
Jean CRAS : marin comme Roussel. Inspiré par la mer et surtout par Debussy. Le plus injustement méconnu de cette génération fertile. Polyphème, opéra (Orchestre du Luxembourg, Bramwell Tovey). Quintette à cordes et Quintette pour flûte harpe et cordes, Quatuor à cordes et le Journal de bord pour orchestre (Orchestre du Luxembourg, Jean-François Antonioli)
Les dévaliseurs de banques !! SCHONBERG, BERG, WEBERN …
Arnold SCHONBERG : « l’inventeur » de la dodécaphonie et du sérialisme. Il a fait peur au monde de la musique. Il demeure un grand architecte et un grand poète des sons.
« La Nuit Transfigurée », Karajan. « Pélléas et Mélisande », poème symphonique (Boulez ou Karajan). « Moïse et Aaron », opéra (Boulez ou Rosbaud). Aussi ardus, les 4 quatuors à cordes (Juilliard). La musique chorale (Boulez). Les Cinq pièces pour orchestre opus 5 (Karajan).
Alban BERG : Wozzeck, opéra (Claudio Abbaddo). La Suite lyrique (quatuor) par les Juilliard.
Anton WEBERN : Tout l’œuvre n’excède pas cinq heures de musique. Indispensable poète. Créé à la manière du haïku, on dit de sa musique qu’elle contient tout un roman en un soupir… Opus 21 pour commencer (Karajan).
L’autre révolutionnaire du XX° siècle. Bien vite assagi dans les années trente pour se complexifier encore au soir de sa vie :
Igor STRAVINSKY : Bien sûr, le « Sacre du Printemps ». (Toutes ses œuvres par lui-même et par Robert Craft ou Pierre Boulez). L’oiseau de feu, Petrouchka, Pulcinella, Le Rossignol, La Symphonie de psaumes, la Symphonie en trois mouvements, Les Noces, l’un des chefs d’œuvre de la première période, l’œuvre pour quatuor à cordes et la dernière période où il se met monumentalement à l’école de Webern avec les derniers monolithes : Canticum Sacrum, Threni et l’inouï Requiem Canticles.
Béla BARTOK : Mikrocosmos pour piano (Gyorgy Sandor ou Claude Helffer). L’œuvre pour orchestre (Boulez). Le Château de Barbe-Bleue, opéra. De multiples approches possibles (Dorati, Ferencsik, Boulez). Les concertos pour piano (Geza Anda, Ferenc Fricsay), le second concerto pour violon par Menuhin et Furtwängler, indépassable.
Georges ENESCO : pianiste, violoniste virtuose, compositeur. On lui doit l’opéra Œdipe, un chef d’œuvre rarement joué, sauf en Roumanie (version Foster avec José van Dam dans le rôle-titre). La troisième sonate pour violon est « un trésor de la musique occidentale » disait Antoine Goléa (version des frère et sœur Menuhin). J’ajouterai dans le trésor, l’octuor à cordes composé à l’âge de dix-neuf ans (par un ensemble roumain, ou en version récente par Hilde Frang).
Serguei PROKOFIEV : Le concerto pour violon n° 1 (Stoïka Milanova), ses trois concertos pour piano et ses neuf sonates pour piano (Gyorgy Sandor) mettent en lumière le don mélodique et l’aisance rythmique qui habitent ses compositions. Il est aussi l’auteur de Guerre et Paix, vaste fresque lyrique (Rostropovitch) d’après l’œuvre de Tolstoï. Ses cantates, Alexandre Nevsky et Ivan le Terrible (Claudio Abbado) le rapproche des épopées de Eisenstein.
Les grands d’Espagne :
Manuel de FALLA : Ses Nuits dans les jardins d’Espagne », son chef d’œuvre. Les versions se bousculent (ma préférence irait à Gonzalo Soriano avec Ataulfo Argenta, mais on a aussi Marcelle Meyer avec Mario Rossi).
Il a laissé un inachevé testamentaire, « l’Atlantida » (Ernesto Halffter). Puis ses ballets, le « Tricorne » et « l’Amor Brujo » (Josep Colomb), autant le premier est clair et lumineux, autant le second est flamenquiste et brûlant. Et aussi les « Tréteaux de maître Pierre », sorte de Don Quichotte pour théâtre de marionnettes. Pour piano, la Fantaisie Bétique résume à elle seule l’âme de l’Espagne (Nikita Magaloff).
Isaac ALBENIZ : le grand cycle « Iberia », somme pianistique du XX° siècle où chaque accent est noté, chaque détail est nécessaire. Version d’Alicia de la Rocha et de Rafael Orozco, mais aussi d’Estéban Sanchez. C’est toute l’âme d’Espagne également indissociable de celle de Falla et comme son complément. Il a composé un « Merlin » wagnérien que tout le monde ignore hélas !
Enrique GRANADOS : les « Goyescas » et les « Danses espagnoles » par Alicia de la Rocha. Le troisième grand d’Espagne de ce début du XX° siècle.
Federico MOMPOU : Le maître de la petite forme, un des plus grands poètes du piano. La fluidité même du silence musical. L’intégrale de l’œuvre existe sous les doigts du compositeur. Une autre plus récente par Josep Colom et celle de Jordi Maso. On ne peut ignorer le récital d’Arcadi Volodos (s’il n’y en avait qu’un !) et ceux de Marina Staneva et Stephen Hough. On retiendra en priorité Musica Callada.
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Arthur HONEGGER : « Le Roi David » (Charles Dutoit), merveille d’un compositeur trop négligé aujourd’hui. Symphonies 2, 3 et 5 (Munch, Karajan). Jeanne au bûcher, oratorio (Serge Baudo)
La Danse des Morts(Munch, Jean-Louis Barrault, Charles Panzera inégalés).
Darius MILHAUD : Le plus prolixe de tous les compositeurs. Plus de 500 numéros d’opus. Peu de plomb dans les pépites d’or. Le Bœuf sur le toit, La Création du monde (Kent Nagano), la Suite Provençale (Serge Baudo) pour les œuvres à portée de main. Parmi les opéras, Bolivar et Maximilien, Christophe Colomb (Manuel Rosenthal). Le corpus des 18 quatuors à cordes (dont le 1 est dédié à Cézanne son voisin provençal –Quatuor d’Aquitaine-).
Œuvre généreuse et abondante dans laquelle les rythmes polytonaux et brésiliens ne manquent pas.
RACHMANINOV : Pianiste virtuose, peut-être à l’égal de Liszt, on retiendra évidemment les Préludes et les Etudes-Tableaux pour piano, par Vladimir Ashkenazy et par Nicolaï Luganski.
Pour l’orchestre, « l’île de morts » surtout, inspirée par le tableau d’Arnold Böcklin, d’un souffle étonnamment impressionniste. Ses symphonies 2 et 3 par Nezet-Seguin et le Philharmonia Orchestra.
Alexandre SCRIABINE : comme Chopin dont on le rapproche souvent, il compose surtout pour le piano (Préludes, Etudes, Sonates). Guilels et Richter en sont les meilleurs défenseurs, mais aussi Sofronisky. Pour l’orchestre, le Poème de l’extase et le concerto pour piano (Boulez)
Francis POULENC : le plus profond et le plus badin des compositeurs, entre « moine et voyou ». Les mélodies sur les poèmes d’Eluard et d’Apollinaire par Pierre Bernac, le diseur attitré, le génie de la mélodie française. Puis les Mamelles de Tirésias, l’extraordinaire concerto pour 2 pianos, celui pour orgue, la suite champêtre, la sinfonietta, les œuvres chorales pour la face austère et spirituelle (Figure humaine (poème d’Eluard), 4 Motets pour un temps de pénitence, Laudes de St Antoine de Padoue, un Gloria et un Stabat Mater, une Messe en sol qui donnent la main aux polyphonistes du XVI° siècle. Le sommet de l’œuvre étant les Dialogues des Carmélites (Pierre Dervaux avec Denise Duval, l’interprète de prédilection, et Régine Crespin).
Karol SZYMANOVSKY : Le Roi Roger (Antoni Witt) mais aussi trois symphonies, des concertos pour violon, pour piano, deux quatuors à cordes (Naxos). La Pologne après Chopin…
Lili BOULANGER : La première femme à recevoir le Prix de Rome (la Cantate Faust et Hélène). Nadia sa sœur a instruit le monde entier, elle fut la pédagogue la plus influente et la plus recherchée du siècle, mais le génie de la famille c’est Lili. Hymne au soleil, les extraordinaires Clairières dans le ciel (Martin Hill, James Wood), Du fond de l’abîme, Psaume 24 et 129 (Igor Markevitch).
Et puis, ceux qui inaugurent le XX° siècle, donc nés après 1900…
André JOLIVET : l’œuvre pour flûte est essentielle. Il disait que cet instrument était le médium cosmique par lequel le souffle faisait courant d’air vers les émotions du monde. (Pierre-Yves Artaud ou Pierre-André Valade). Mana pour piano. Douze concertos. Dirigés par le compositeur lui-même, Alain Lombard ou Jacques Jouinneau. Comme Messiaen, il met en lumière les ondes Martenot qui appartiennent à cette génération.
Dimitri CHOSTAKOVITCH : 15 symphonies (Kondrachine ou Petrenko, mais surtout celles enregistrées par Mravinsky), 15 quatuors à cordes (quatuor Borodine) sont autant de témoignages d’une œuvre reflétant le journal sonore d’une vie. La huitième symphonie et la septième par Mravinsky et Karel Ancerl sont des monuments dressés comme des stèles sur un siècle tumultueux.
Giacinto SCELSI : Projeté très loin dans ce qu’on appellera plus tard la « musique contemporaine », il demeure une énigme. Musique dépouillée de toutes superficialité, musique spatiale qui s’étire dans le temps, qui en mesure chaque moment. On la croirait composée par un moine zen du XXII° siècle. Des œuvres pour orchestre surtout : Konk Om Pax, Aion, Chukrun, Quattro Pezzi per orchestra dirigé par Jürg Wyttenbach. Six quatuors à cordes par les Arditti.
Goffredo PETRASSI : le renouveau de la musique italienne après un siècle d’absence de musique pure et d’une débauche exclusive de scène lyrique. On lui doit un émouvant Coro di morte et un trio à cordes (Trio Parrenin)
Luigi DALLAPICCOLA : Contemporain de Petrassi, il introduit le dodécaphonisme en Italie. Son opéra Ulisse a été créé dès 1975 à Berlin par Lorin Maazel.
Elliott CARTER : L’héritage européen transposé aux Etats-Unis. Le seul compositeur américain, actif jusqu’à plus de cent ans (!) qui aurait pu naître en Europe. Ses cinq quatuors à cordes sont au sommet du genre (par les Arditti). Mais aussi beaucoup de musiques de chambre défendues par Isabelle Faust, Jean-Guihen Queyras et Pierre-Laurent Aimard.
John CAGE : l’enfant terrible de la musique américaine. Il s’est un peu égaré dans ce qu’on appellera plus tard la performance, le gadget pour public bourgeois new-yorkais en mal d’innovation et de sensationnel dans les vernissages (4’33 de silence pour toute œuvre…). Le plus solide demeure ses Œuvres pour piano et pianos préparés, Préludes sonates et interludes, Etudes australes et Etudes Boréales pour piano où la notion de hasard intervient dans la composition.
Maurice OHANA : Le « LLanto por Inacio Meijias Sanchez » en 1950 le rend célèbre en plein cœur de la marée sérialiste. Auteur de concertos, de musique de chambre de grande noblesse. Un « Tombeau à la mémoire de Claude Debussy », « le Livre des Prodiges », « l’Anneau du Tamaris » par l’orchestre du Luxembourg (Arturo Tamayo).
Benjamin BRITTEN : Le compositeur britannique le plus important du siècle. L’auteur le plus prolixe en matière d’opéra au même titre que Richard Strauss et Puccini. Peter Grimes bien sûr, mais aussi, Billy Budd, Le Tour d’Ecrou et Songe d’une Nuit d’été. Une douzaine d’opéra en tout, dirigés par le compositeur, incarnés, la plupart du temps, par son alter ego, le ténor Peter Pears.
Witold LUTOSLAWSKI : Concerto pour orchestre, Jeux vénitiens, Partitas pour orchestre (par lui-même ou par Antoni Witt). Le concerto pour violoncelle (Rostropovitch).
Henri DUTILLEUX : La sonate pour piano par Geneviève Joy, son épouse. Mais aussi par Jean-Pierre Armengaud récemment (2024). Le quatuor à cordes, « Ainsi la nuit… » (quatuor Rosamonde), le concerto pour violoncelle « Tout un monde lointain » ont fait le tour du monde (Rostropovitch en a été le créateur). « L’arbre des songes », (concerto pour violon) par Isaac Stern. La nuit étoilée, le Mystère de l’instant, les Métaboles (Charles Munch), œuvres orchestrales d’une délicatesse et d’un classicisme à l’usage de l’avenir (divers interprètes dans l’édition Erato).
LES CLASSIQUES CONTEMPORAINS (XX° siècle II)
Iannis XENAKIS : la déflagration, le tellurique dans l’univers des sons : Kraanerg, Metastasis, Jonchaies, Noomena, N’Shima, l’œuvre pour percussion (Pléiades, Persephassa), les divers Polytopes pour Cluny, Monréal, Persepolis etc. (musiques électroniques sur projections spatiales).
György LIGETI : Concerto pour violon, pour piano, pour violoncelle, et pour divers autres instruments solistes, un concerto de chambre. Rendu universelle au-delà de son public habituel grâce au Requiem, utilisé par Kubrick dans « 2001 Odyssée de l’espace ». Deux quatuors à cordes, Dix-huit études pour piano. Le Grand Macabre, opéra (version Wergo, version Sony donnée à Salzbourg)
Luciano BERIO : la génération de 1925. Un Re in Ascolto (Salzbourg). La Sinfonia (Boulez ou Berio lui-même), Coro, Epifanie, l’œuvre pour piano (Bevilacqua, Lucchesini) et les fameuses Sequenza (14 études d’instruments solistes)
Luigi NONO : Paradoxe de l’artiste « engagé », à la musique intemporelle. On pourrait tout citer. On en restera à Como una ola di fuerza y luz, Guai ai gelidi mostri, La lontana utopica nostalgia futura, Prometeo, Intolleranza 1960, le quatuor à cordes (Fragmente… an Diotima). De longues plages sonores. Un équilibre des textures bouleversant. Une tragédie de l’écoute, l’autre musique du silence.
Karlheinz STOCKHAUSEN : Aus den Sieben Tagen, un condensé de son odyssée, Licht, (héptalogie de quinze heures de musique (un défi à Wagner ?) « Des sept jours » comme art total.
L’intégrale des Klavierstück pour piano (Herbert Henk).
Punkte, Contra-Punkte. Stimmung, Mantra par divers ensembles
Jean BARRAQUE : Pour son extraordinaire et unique sonate pour piano (Jean-Pierre Collot, Claude Helffer, Stefan Litwin, Herbert Henck) et sa Mort de Virgile inachevée (Le temps restitué …au-delà du hasard) –Sylvain Cambreling –
Bruno MADERNA : chef d’orchestre de toute cette génération de 1925, il compose un grandiose Requiem (dirigé par lui-même).
Kristof PENDERECKI : De natura sonoris, Les Diables de Loudun (Philips), Concertos pour la plupart des instruments de l’orchestre, Passion selon Saint Luc, Utrenia, huit symphonies, un Te deum (Antoni Witt), Requiem Polonais (par lui-même).
Ivo MALEC : Concertos pour violon, pour alto, pour violoncelle et pour contrebasse. Cantate pour elle, Dodecameron, A Wagner, Week-end. Un des grands du Groupe de Recherche Musicale.
György KURTAG : l’œuvre pour quatuor à cordes. Kafka-Fragmente. Jeux pour piano. Double concerto pour piano/violoncelle, cantate (Messages de feu demoiselle R.V. Troussova)
Toru TAKEMITSU : L’œuvre pour piano par Roger Woodward. C’est tout le raffinement du Japon passé au prisme de l’influence de Debussy et Messiaen.
Le Requiem pour cordes et Arc pour piano et orchestre avec Toshi Ichiyanagi et l’Orchestre Symphonique Nippon Yomiuri. La plus belle passerelle entre l’Orient et l’Occident musical.
L’ELECTROACOUSTIQUE :
Pierre HENRY : Pas un ingénieur du son de studio d’enregistrement n’existerait sans lui. Ni Sergent Pepper, ni aucun album de quelque genre musical que ce fut. Le Griffiths, le pape de la musique concrète et de l’électronique. Mais aussi et surtout, un immense corpus de chefs d’œuvre que cache le trop célèbre Psyche Rock de la Messe pour un Temps Présent.
L’Apocalypse de Jean. Toutes les œuvres des années cinquante. Haut-Voltage, première œuvre intégralement électronique qui dispute en 1956 la primauté au « Chant des adolescents dans la fournaise » de Stockhausen.
Le Voile d’Orphée, Pierres Réfléchies (d’après Roger Caillois) Dracula (basée sur la tétralogie de Wagner). Le catalogue est en cours…
François BAYLE : Couleurs de la nuit, Fabulae, Jeïta (enregistrements de sons enregistrés d’une grotte du Liban), Mimameta, Toupie dans la Nuit, Grande Polyphonie, le Sommeil d’Euclide, l’Expérience acoustique, la Divine Comédie (avec Bernard Parmegiani). Le styliste.
Bernard PARMEGIANI : De Natura Sonorum, Violostries, La Création du Monde, la Divine Comédie (avec François Bayle). Les sons, l’harmonie et la disharmonie avant même la présence humaine dans ce monde.
Le Nouveau Monde :
Philip GLASS : à tort ou à raison, ces compositeurs américains sont considérés sous l’appellation de musique minimaliste ou répétitive. Philip Glass en serait le grand lyrique.
Les quatre premières symphonies.
Les Concertos pour violon et pour piano.
Les cinq quatuors à cordes. Les opéras : Einstein on the Beach, Satyagraha, Akhenaton.
Metamorphosis pour piano. The Hours (d’après sa musique de film) – Tout le piano par Nicolas Horvath –
John ADAMS : Nixon in China, peut–être l’opéra américain contemporain qui aura renoué avec le genre dans les années 70 (Marin Alsop, Colombia Symphonie Orchestra), mais aussi Harmonielere (San Francisco Orchestra, Tilson Thomas).
Steve REICH : la musique répétitive qui justifie l’appellation : Drumming (Steve Reich and musicians) et Music for Eighteen (The Colin Currie Group)
Morton FELDMAN : Souvent inspiré par la peinture, Rothko, Guston auxquels il rend hommage dans des œuvres qui leur sont directement dédiées « Chapel Rothko », « Music for Philipp Guston », mais aussi la littérature (Beckett), on retiendra deux œuvres qui résument son minimalisme « Crippled Symmetry et « Why Patterns ?» par des interprètes de circonstance, chez Hat ART. Un quatuor à cordes de quatre heures (Naxos)….
…
PUIS ENCORE,
Kaija SAARIHAO : de l’électroacoustique (Lichtbogen) mais aussi des formes classiques comme ses trios et quatuors à cordes. Des opéras dont L’Amour de Loin (Kent Nagano) et puis des petites perles comme Private Gardens (Production IRCAM), Cinq reflets de l’amour de loin, Nymphéas Reflection, Oltra mar. La compositrice majeure de la fin du XX° et début du XXI° siècle.
Sofia GUBAIDOULINA : Son Offertorium (concerto pour violon) par le Boston symphonie Orchestra. Une Passion selon Saint Jean (Valery Gergyev) et trois quatuors à cordes (Danish Quartett).
Alfred SCHNITTKE : L’alternative à Chostakovitch. Converti au catholicisme, son œuvre est souvent méditation. Trio à cordes et Quintette avec piano (Naxos). Les deux concertos pour violoncelle (Alexander Ivashkine et l’Orchestre d’Etat Russe –Valery Polyansky). Le Requiem (par les mêmes…)
Tristan MURAIL : l’initiateur de la musique spectrale avec Dufourt et Grisey. Couleur de mer, Treize couleurs du soleil couchant, la Barque Mystique Un Concerto pour ondes Martenot (Ensemble Court-Circuit, Pierre-André Valade). L’œuvre pour piano par Marilyn Nonken. Poète parmi les poètes.
Pascal DUSAPIN : L’élégance et le raffinement sonore. Il a écrit pour tous les genres musicaux. Des concertos et des opéras. On retiendra Morning in Long Island pour grand orchestre et le magnifique concerto pour violon, Aufgang (Carolyn Widman)
Jean-Louis FLORENTZ : L’Enfant des îles et L’Anneau de Salomon (Orchestre des pays de Loire, Hubert Soudant). Disparu trop tôt. Un marginal de l’univers musical contemporain, un indépendant et un mystique poétique.
André BOUCOURECHLIEV : Les Archipels et Anarchipel, divers musiciens autour de Georges Pludermacher. Les trois Quatuors à cordes par les Isaÿe.
Gérard GRISEY : Mort prématurément. Celui qui, avec Dufourt et Murail, initie le monde à la musique spectrale. Cinq Chants pour franchir le seuil (Barbara Hannigan) et surtout les Espaces Acoustiques, bréviaire d’une génération.
Hughes DUFOURT : Philosophe selon Rembrandt, Saturne, Surgir pour ensemble instrumental, instruments électroniques (Ensemble Itinéraire, Peter Eötvös). Et puis la grandiose Erewhon pour 6 percussionnistes et 150 instruments … (Percussions de Strasbourg, Lorraine Vaillancourt)
Wolfgang RHIM : le plus prolixe des compositeurs de la seconde moitié du XX° et de ce début de XXI° siècle. Ses quatuors à cordes (Quatuor Arditti), sa Passion selon Saint Luc, son opéra « la Conquête du Mexique » sont des œuvres foisonnantes qui peuvent toucher jusqu’à un public généralement rétif à la musique de notre temps.
Arvo PART : le mystique de la Baltique. Ses chefs d’œuvre Miserere et Canon Pokajanen. Tout ce qu’a dirigé et enregistré Tönu Kaljuste avec l’Estonian Philharmonic et le Hilliard Ensemble (Passion selon Saint Jean notamment)
Valentin SILVESTROV : les grands espaces ukrainiens pour un lyrisme bouleversant, hors des chapelles et des courants musicaux de son temps. La 5° symphonie par l’Ural Philarmonic Orchestra (Andrej Borejko) et la 6° symphonie par Orchestre symphonique de la Radio de Stuttgart ((Andrej Boreyko)
Jacques CHARPENTIER : les 72 Etudes Karnatiques qui mériteraient de figurer au même titre que le Catalogue d’oiseaux de Messiaen parmi les sommes pianistiques les plus abouties du XX° siècle.
La ligne de démarcation dépassée, on ne sait maintenant où s’arrête les « cent » initialement proposés avec ceux qui figurent au-delà du nombre en question. Comme un tuilage invisible, une plaque tectonique en chevauchant une autre, les derniers venus de cette longue liste ne méritent pas moins, par leur importance, de figurer en lieu et place de cette anthologie. Qui irait jusqu’à Mille e tre ?
ET PUIS ENCORE,
Dans les musiques traditionnelles du monde, en « OFF », pourraient figurer des musiques du Japon et de Chine que nous n’avons la prétention de connaître avec une même familiarité que les compositeurs de notre histoire occidentale,
mais notre sensibilité nous porte vers ces horizons ainsi qu’à Bali (Wayan Lotring). De magnifiques témoignages sont accessibles pour le Japon (Junko Ueda, les Ensemble YONIN NO KAÎ, KINEYA / NAGAUTA, HIJIRI KAI, l’immense virtuose KINSHI TSURUTA), et pour tenter le NO, « le Pont de pierres » …
La Musique des Indes (Ram Narayan, Lakshmi Shankar, la sœur de l’autre, Ravi), Lalith Rao (chant Darbari Kanhada)
La Chine avec le virtuose Chen Zhong, la musique classique des années d’avant la révolution chinoise, une compilation de Fu Xuezhai.