Poesies, 1990

prélude d’icare (1988 – 2002)



Cartagena


De mon amour blanchi j’arrive des navires

Dans le silence ancré d’un ciel neuf où tu dors


La vie nous prenait dans notre première aurore

L’autre nous touche dans nos dernières éclipses :


Colombie qui est amande et paume des Andes

L’escarpement premier où chaque sourire de toi

Serait soif d’embrun

Et qui nous laisse meurtris de la double espérance

De la mer et de notre amour propice.


—————————-


Ces châteaux et ces opéras mon blanc berceau

Barbare Vierge d’embrun et aux doigts de Loire

Epousant souvent des barcarolles d’azur

Dans la nuit fardée soufflent la conque au ciseau

D’azur et le vent de brume des rois de gloire

Mille murmures qui nous tiennent de blessures.


  


L’Isle sur la Sorgue, Fontaine de Vaucluse, 

Du Barroux à Bédoin

De la Garde Adhémar au Val des Nymphes

Buoux en Lubéron

Notre Dame des Doms

Sénanque Vénasque Silvacane

Maussane les Alpilles

Fontvieille Montmajour

Buis les Baronnies – Vaison

Bonnieux Gordes


L’Isle sur la Sorgue

L’or de tes fontaines

L’épée ayant omis son choral d’acier

L’épée affiliée à ton aube orphique


Mais où tu sais tout

     De ce qui fut tant aimé


——————–


Ma fleur brune que les abeilles prennent pour le parfum

de tes sœurs

Miel futur de toi éclose


Orpierre d’Or et d’Avril

Ressac du vent

Qui nous comprime


Lubéron navire minéral

Et flanc de Vaucluse

Géologie mémorable au cœur des hommes

Lubéron

      Portique et gisant de Vaucluse

Tu dis une géologie mémorable

Au cœur des hommes

L’avalanche de ses fruits neufs

L’âge immense d’un matin

   Qui naquit.


Des soleils vinrent

                        Ne connaissant point de nuits

Paille et fleur

Hissaient leur cri de haute naissance

Restaient à pétrir les lentes

                        Moissons du jour

Parmi les mers l’appel d’une peur

            Indicible :

La désertion des dieux nous saisit

            Sur    la grève …


… Restait à reverdir la rotation

            Des jours.


… En venant de Balagne …

Hauts clochers insulaires …

Hauts défilés de faîtes pierreux

Rectangle de ta place

                O port noir de Bastia …


Combien d’impatience

                  a ton éclosion

D’ambition aux flambées

                         De l’éclat

D’amertume au fossile de 

                         L’oubli


L’éclair …

A mi-chemin du serpent mortel

Et de sa zébrure …

Qui lui donne son gîte


Lorsqu’il fut hissé à la crête

De son chant

L’épée trancha –  

–  L’astre répandit

                          Ses fruits muris


Phare de nos nuits baignées de vague

                Insomniaque

Reste confident de l’angoisse qui s’érode,

Du baiser sous la fièvre où s’ouvrit mon 

     Amour

Premier balcon à l’estuaire des vivants


Hors les tragédiennes

            Nul ne sut au midi

                Du cadastre temporel

Cet ailleurs qui nous précéda,

L’ossement

                La doublure du gisant :

Mort qui nous précède

                Et prépare l’estuaire

De plus large béance

                Retour de Source


L’inquisition poétique en est au doute

Et ma douleur en friche


Le gisant à son terme

Rejoint-t-il son point de naissance


L’éclat de l’étoile

        Plus bref

            Que de la source

                A l’éclosion

                        du fruit


L’éclat sur le sablier

         Des âges

Lierre sous la pierre éprise

          A distance

                Du vol

                     De l’oiseau


Et des nervures du fossile

L’écriture prise

   Au fermoir

                        de l’oublié


Equateur

            Midi du monde

Glaive des cieux

Du vol auguste

    Et du retour de l’Inca

L’auvent pour les neiges :

Tristesse qui nous prit nus

Par l’égale distance de notre faim

Pizarre Belalcázar votre lassitude

Essaim du monde

              Vertigineux Ecuador


Femme de juillet à la robe de grand large

                « Et l’or de ton corps »

                 Caraïbe peint en jaune

                Et mauve à l’enclos

De mon désir.  


Et je songeais à Héliogabale

En sa nuit

Hyperbolique de bétyle et d’améthyste

Maîtresse des hommes et maître de Tanit

D’un royaume des menstrues au fil de l’épée

Délaissant l’ordre génésique pour la robe

Des femmes.

                Rouge comme la honte de Rome.


Mais quand rendis-tu

L’émergence tonitruante ?


Dans la Sorgue l’eau

Coule encore

                        A l’ombre des moulins :

                                    L’extrême du désespoir clos


Pour la crypte de Tavant :

O mort je serai ta mort

Je serai ta morsure, enfer

(Laudes du Samedi Saint).


Mères et hommes furent

Enfin vague

Pour plus lointain loin

             De ces rives.


Et toi

        Désordre de Cythère

                Arcadie d’argile

Loin des envols d’Icare

Ma part céleste

                Celle des reflux.


Pour Paul …

Lumière  qui fut

              De l’apôtre prosélyte.


Debussy triple alliance

               De la mer

Festoiements des jours anciens

Tes vagues se déplient

Tes paupières refermées

Sur un tombeau

                D’antériorité auriculaire


Beauté nous passions la lente

Lapidation du Temps

Nuages anciens demeuriez-vous

Fantômes palimpsestes


Des justes la Justice de la nuit

De l’étoile son expansion


Eternelle vanité

D’Orion l’écriture de feu


               Mais où ouïrai-je l’oubliée


C’est un souffle de Nord

               Où le ciel se dépèce.

             Et là,

     Les totems se dressent

Hérissés à la solitude des Pascuans


est  revenu l’âge barbare

Masques qui se turent à la source

                 Tarie.

Le bronze des vainqueurs ne saisit 

Que mon double de sable


Ne retranchez pas de ma nuit

L’embellie du point du jour

L’embellie immunisante comme une mer

Lyrique,

                A la face de l’Ouest,

Juge de nos fidélités

            Aux mors de nos promesses.


Nous entrions dans un âge nocturne


D’étoiles initiales

Passées le seuil des astres


D’un sommeil secret

La            Source est scellée


Lierre cassant de nos amours …


Chaleur oblique

Vérité qui garde son ombre

            D’octave ascendante

     _


Bossuet

Je pars éphéméride la nuit n’attend pas


Nuit des saltimbanques

             Vos larmes endormies

Grandes roues les yeux de l’enfance


Flambée de parfums

             Vertige de ma saulaie


Matin aux écailles oublieuses

Pelures intimes de nos rêves


O mer longtemps sur nos barques de langueur

Ton idiome était de mort


            Héraclite homme de rocher


Ce que j’ai parcouru dans l’enracinement 

Des jours

Les nues le redispensent


L’azur biblique qui fut sur l’échiquier

Des vents

            La prescription des voies


J’organise mon tombeau


Longtemps tu te fis passeur du rostre

Nocturne


L’équinoxe  de la vie

             A l’éveil des sources.


Là je  vécus le supplice des espérances


Vertigineuses et cosmiques

Me laissant puiser à ces blondeurs un peu rousses


Revenus de Balagne nous prîmes la mer

La mer qui porte les naufrages

Et les baumes de la mer

            Nos amours cassantes


C’était à Mégara

Bleue comme vos dentelles, amour

Et de la mort la ciselure de Carthage

Notre demeure blanc sur bleu


Papillons ascendants de l’angoisse

               Vous

Dans la luminosité habitable

Qu crispez d’agonie

            Le silence vous espérant_


Nuit : nocturnes à vos noires zébrures

                Schumanniennes


Revoilà venus les temps barbares


J’ai aimé l’aurore aux carreaux du Temps

Ma femme spectrale

Le chant des connivences …


De l’aurore aux carreaux du Temps 

Cariatide

     Musicienne

                 La chevelure était rouge


Cité des voiles mon beau départ


Dans Prague rue Nerudova je t’ai aimé


Diurne notre chant avec le nu antique

Lapidaires vinrent les Tragédiennes

                        Nos suppliantes


Mon silence

Mes dieux absents.

              Virginité

            L’or aux bras nus

Des femmes


Reste ainsi le vent en sa source

Qui n’a cure

De nos éclats d’avenir.

La geste humaine pour large soprano


De nos vanités une soif impatiente

L’étoile des eaux


Nous fûmes du nombre stellaire

De l’enclos prénatal.


Permanent consumé, soleil.

Papillons du matin avec celui du soir

Notre amour s’abolit, sa chrysalide advient.



Oasis

L’enclos du désir

                L’étoile de volupté


Gravité

Notre étoile

              Marginale

            Sous le soleil


            Magnétisme des ruptures


Je m’étais moqué de Dieu

Je pouvais bien rire des hommes


Nous sentons autour de nous un froid  

De sépulcre


Franchissons notre seuil

  

Tu es mon sable mon infinité qui vient des gouffres

Avec ta peau à contre jour

C’est toi que j’aime dans la femme aux cheveux rouges.


chanson

Plus près d’Eluard que d’Aragon

De Char que de Breton

Ma vie

    Nostalgie de Villon 

            Les illusions

Plus près de Char que d’Eluard

Et d’Aragon que de Breton

De Breton que de René Char

Et tout près des poètes 

De Charles d’Orléans et de François Villon


KIDMAN (scène)

    ELLE


     Mes yeux de ciel

    Ma peau blanche pour tes caresses

     Ma crinière de feu pour t’ensorceler

     Mes bras, mes reins

       T’yenlacer, t’y engloutir


    LUI


     L’azur à l’âge des idoles…


    Kidman  madone de Dürer vierge

    Renaissante


Ma vie me fuit j’aime une icône

Pour t’aimer j’ai porté ton deuil

Ta fraîcheur est le sang libérable

D’un  sillon tissé


POEME JAPONAIS

Mizoguchi’ situ che

Chin’ ema là d’Ozu

Ran e ran Kurosan

E si Takemitsu

Sunano onna

Setsuko Hara Masayuki Mori

Ayako Wakao Kinuyo Takana

Toshiro Mifune Chisu Ryu

Machiko Kyo Takashi Shimura

Misa Shimizu

Aibu (l’amour)

Madamu to Nyobo (mon amie et mon épouse)

Lorsque nous plongions au vivier de nos amours

Toujours semblables

Vers notre toujours empirique nudité


L’amour congédia l’amertume sur les désordres 

de la nuit.

l’été irise aujourd’hui d’un sommeil météorique


Lumière tutélaire ma nuit

T’as suivi

Doux silence

Je construisais l’azur de tes rêves avortés


Hérédité gouffre d’un diamant non taillé

Empédocle au baiser d’airain


Longtemps sur les grèves de solitude 

Notre soif azurait notre double présence


Variations 1


Lumière tutélaire ma nuit

T’as suivi


Hérédité

     Gouffre d’un diamant non taillé


Longtemps sur les grèves de solitude

Notre soif azurait notre double présence


Doux silence

Je construisais l’azur de tes rêves avortés

Empédocle au baiser d’airain


L’oracle sourcier dans l’abîme des présages

J’abats une foudre dans l’écho de ton nom


Sous l’empire de ton nom uré tout un jour

Mon temps m’appelle

Et que se figent sous les feuillages du cœur

L’aube, qui transie, assigne la transparence

Avec murmuré ton nom tout le long du jour

L’amanite de la mort

De celle qui embrase de clarté les forêts


Là où coule la Sambre jadis la tristesse

Du Cambrésis

T’arrimait à ce grand Nord des vrais solitaires

Loin de l’azur


L’amanite de la mort

De celle qui embrasse la clarté des forêts

Fut la clarté de ta solitude 

papa


Nous nous sommes aimés par delà les orages

Amants parcourus d’un seul corps 

   Comblant la nuit

L’éclat la morsure de l’azur de diamant

Nous nous sommes aimés par delà tout l’azur

Sous les îles jumelles de notre distance


La poésie d’ici est un résidu gagné

Comme sur les sables.


Puis voici l’ornière

     Le gage de notre voie qu’on affame.


Tchador


Ton corps

Avec nos nuits perdues…

Et soit là le rapt anguleux

Soit là l’éperon fugifif


Et il me plaît d’élire une blanche Nadya

Naïade enserrant le naufrage où je fus

Longtemps éternel

     Et pour clarté vénitienne si

Bleue.

Aschenbach s’y meut là, la brune Tazia


L’amanite de la mort

    De celles qui embrasent la clarté des forêts


Là où coule la Sambre jadis la tristesse de ton front

Lieu des vrais solitaires

Dans ce grand Nord que tu aimais loin de l’azur

Les échos de la mémoire me ramenèrent

Celui qui fut dans sa solitude mon père


L’amanite de la mort

                De celles qui embrassent la clarté des forêts



LUS SUR LES SABLES 2

De Chartres de Conques

De voûte et de désert

Là nous roulions la rocaille théologique

L’entéléchie mystique


Blessures des vents d’Ouest

Notre parole est rugueuse et nos cœurs soupçonnables


Le marais et les cœurs

    L’épée de l’oiseau

Avec tout amour vendangeable


Derrière chaque arbre une forêt de baisers cachés

L’embellie de ta passion de fer


Les dieux les vagues l’embrun

Les humains qui arrivent

Mon désir mon vertige

Leur désert de rotondité


Vivant de passion je t’ai aimé

Dans les gouffres de l’azur


Fragments d’ordre d’éclairs et d’azur

Femmes des rivages je reste sur les baisers

De la mort le froissement du sablier

Provence sur la Drôme Sainte Jalle mes aïeux

Enfouis


De l’arithmétique du passé des nids d’oiseaux

Perdreaux perdrix

Oisillons de la communale


de vers en vers plus Agrippa que Baudelaire

pied en pied de d’Aubigné

   vienne mal armé

de ces tragiques vers sonnent les plus classiques

Et s’érodent nos modernes

    Fleurisse Agrippa

Où tout versificateur s’agrippât


San Francisco

Certains sont venus par les quarante trois collines 

Qu’accroissait notre amour

    En la ville qui rêvait

Ou

Certains sont venus par les quarante trois

   Collines

Qu’accroissait notre amour

C’était en nous la ville qui rêvait


j’ai aimé l’aurore aux carreaux du temps

la femme spectrale et le chant des connivences

de l’aurore aux carreaux

hachurant les sommeils

cariatides

   musiciennes la chevelure était rouge


noire de la couleur de l’espace absolu

comme d’instinct où y puiser

la mort, l’être intime de la terre initiée

Brûlant de son feu saturnien

    Une galaxie fit naître la fin

De ton innocence


L’extrême des oraisons généra le charroi achevé de 

Tes jugements

La pendaison durable

Fort de la justice qu’aimions-nous mon amour ?


Paroles iliennes et schismes des certitudes

Le lieu de votre doute

Est la mesure de notre ignorance

Et de l’Etna nous fûmes visiteurs de l’ombre,

Mais de dieux pétrissant les laves de l’antique

Et quand, commencée, là, l’éternité respire.


J’organise mon tombeau

   Celui des sourciers

Pour la parole redevenue marbre


Dramaturgie de l’eau

Fontaines taries des vins

Je me dépouille de mes tentations

  

Une mère seule

     -risible roc de résistance-

franchit notre lac des vanités

une mère seule fléchit les calligrammes de nos

énigmes

seule une mère ne témoigne 

   au petit mur des trahisons

de nos équinoxes conjugués


de toi jeunesse fléchissante


femme de ton ventre la danse a rebondie

je me lie à son avenir


Dans le pollen du jour l’extrême poésie.


Fracas condensé de rosiers inextinguibles


Des toutes fragrances nocturnes


Lascaux conscience des cavernes

Les noces vécues de l’Eden


Et d’Adam les premières lueurs d’Eve

  

doppio coro


Charon des oublis Monteverdi des vertiges

Del mezzo del cammin quelqu’un par qui la ville

Sera ouverte


Cante jondo dès cinq heures


Cornes et taureau au front des casuistiques

Les sangs se mêlent à ma blessure Ohana

Minotaure céleste


Pour les Tragédiennes nos suppliantes

Les siciliens aux sangs noirs


Ma poésie soumise aux espaces brûlés, à l’épreuve 

Des sables, du vent, de la mer.


Autant de déserts de virginité. Peut-être un jour

Atteindrons-nous l’atome poétique

L’ossature verbale.

Sa fission nous réduisant au cri d’infini


La mort sera silence 

En ton image

Beau miroir assoupi


Longtemps tu te fis passeur du rostre nocturne


…et de sourdre à l’équinoxe de la vie

    à l’éveil des sources.


là je vécus le supplice des espérances 

vertigineuses et cosmiques

me laissant puiser à ces blondeurs un peu rousses


Ganagobie qui garde les saintes

Ténèbres

Montagne de Lure 

     Ma part terrestre

  

Et toi désordre de Cythère

Arcadie d’argile

Loin des envols d’Icare

Ma part céleste 

Celle des reflux


Matin des uniques

Nous, d’Atlantide

A la proue de l’être

à la clarté signifiante

au seuil d’obscures voies

je t’ai aimé

tu m’as redouté

silencieuse



Paroles d’Atlantique

Paroles de naissance

Granitique

L’écho vous a rendu au rivage

Tel le varech du reflux.


Je fus votre voix,

     Désaliénante  mer…


Caraïbe

Ma latinité ultérieure

Ma voie andine parallèle

Les vents nous démunirent

Les voiles nous rendirent haleines

Paroles d’Atlantique

   Gouffre platonique

Cinglante sagesse

   D’avant le large

  

L’aigle d’Icare nous perçut

En notre seuil propice

L’âme extirpée de son enserre

charnelle

L’âme à la triple rencontre 

Des vents 

Des vertiges

Des irradiances sépulcrales 


D’aujourd’hui tu naquis 

éphémère


Mon amour ne sied qu’à l’usure des espaces

Et des Temps

L’ossement et le chiffre de nos jours

Ma lande patiente

Son écho usurpé


De Grèce, de Phénicie, des Portiques

Les vents nous ont donné l’espace

De l’enclume où se forgent 

Les poumons de la mer.

L’âge de Byblos et de Tipasa

Et les ruines de Tyr qui connurent

Les larmes d’Ezéchiel

Et les paroles de plénitudes

L’âge d’airain

Pour tout chant de sépulcre


Mille et mille fois tu fus porteuse

D’amour

Et nous allâmes, respiration de mortel.

Poésie de mes vanités bibliques

L’âme dans le crâne soustrait,

L’os incertain

Et les nus mourants

D’une amplitude à venir.

Mille fois tu fus ma si vivante

Marbre juvénile mes noces voulues

Lourmarin cadastre d’eaux vives


Nous partîmes au tombeau  

où l’eau est vivante


Chant après chant sept fois infléchis au souffle

De vents vertueux

J’écoute au coquillage le retour

Des âges mis au secret 

  

Lorsque tu parus mes os reprirent naissance

Ma fille mon double

  

MATISSE


Pour Hélène, ma fille

Restiez-vous naïfs…

Poissons rouges ?


  


Plus courte fut la courbe de l’inclination


L’or penchant du soleil


La frayeur de la nuit


Noces de feu et de fer

D’Eldorado neuf


Sur les neiges 

La fleur mouchetée de sang


Nuit numide, prisme constellé…

D’autant plus 

Qu’après le temps,

Durée, je te sus prise en miroir

  

je t’ai aimé une main


en chaque étoile


angoisse de l’univers…

Et nous fûmes Gémeaux tout le Temps

Des astres 

Mais mort! Je fus ton faux

Ton masque ton détour


Mort…


Certitude rigide 

Pesanteur du divin


Je vous ai aimé dans la pierre vous qui

Entriez dans une nuit de fossiles


Nos nuits sans ombres offrent un destin

Jubilatoire.

D’une leçon des ténèbres.


Paupières des amours

Rivières des plombs

Et ce que les sucs d’avril

Distillent sur le ressac nocturne 

C’est la pierre des amants rentrant dans leur nuit


Balanciers de la danse

Comme des bras de femmes 

Les ailes repliées des anges


Nuit sur mes solitudes

Mes plaines 

Mes douleurs

Notre existence se nourrit-elle de néant


L’éphémère avait l’épaisseur de nos amours

Mais que les femmes étaient proches de nos anges


L’abstraction rivale des déserts

Ma fenêtre compacte sur Persépolis


Buvons l’azur le toit du monde vient s’ouvrir


Puis vinrent les nuages et ceux 

Qui s’accordent au bleu


Soleil azur raffiné barbare soleil azur


Dans notre amour il n’y a plus de nuit

Nous mourrons dans l’être

Nous mourrons dans le temps


Empédocle comme une lanière surgie du volcan


  

LU SUR LES SABLES

(approche de la mort)


Puisque nous avons dansé la mort

Cher Pierre Henry

De souffle et de voyage

Que vienne au seuil d’après-midi d’été

Le plein volume de si  roucoulants silences


  

  

D’un Bach proliférant

La vie devint fugue. Eperdument.


Muet

Je m’étreins feuille morte

Entre les pages du livre d’oubli


Mort sans tendresse

Rejoignons l’infinéant


et rêver le rêve du rêve

cette mort des Venises qui tient à nos âges


nous avons tous eu peur de l’éternelle mort

n’ayons peur que de la souffrance dans la mort


danses métisses qui rendent l’impudeur en vertu

esthétique

plume et rebonds des nombrils


mondes avec nos banlieues 

et Talibanlieues


en ce temps là nous n’aimions 

que les femmes aux profondeurs insondables


les louves de Rome

cribles et silence des pins de Rome


Sommeil qui va sommeil qui grise

D’apesanteur


Comme une mort recluse

Que l’éternité achève


Mort où est la paix qui cachait l’enfer

Mort où est ton péché ?


Naissance la mort qui voulut la vie

Naissance la vie d’une mort probable


Belles et brunes qui me parlaient de si loin


O les blonds épis et les dards vermeils

O les architectures de soleils

Blanc Lubéron

     Aux abbayes d’abeilles


Faustine me la donneriez-vous votre âme?

Et donneriez-vous plus mon âme?


Et nos amours eurent plusieurs vies

Dont une seule parut mortelle.

Dans laquelle fûmes-nous donc Isolde ?

Cortot en sculpte le son du fond des touches


Petite chanson

Pour Henri Aubert


Boire comme se noire

Gisant d’amour et droit

Dans chaque bar

D’épitaphoire

Est-ce bien pour ce soir ?

  

Lu sur un mur de Millau

(descendant de Rodez)

« les millavois sont de petits lapins bleus »

début des années 80 graffiti disparu

  

  


L’offrande de Jean-Sébastien Bach est un centre 

Gravitationnel

Au cœur de l’homme

Schönberg ose un univers sans référent mais

D’expansion

Galactique

Giacinto Scelsi en sculpte sa rotondité


Dévastées et vastes mes illusions

Des astres je t’ai aimé mon avenir


Leçon de ténèbre leçon d’Apocalypse

Dans l’eau vivante

De celle venant deux doigts mystiques à tenir

Le quatuor à la fin du Temps


Perdus (veux-tu) quand nous étions

Enfant fantôme

D’âme d’aujourd’hui O de champs solaires

Vers mon plein automne de mort et d’abstraction


Ne pas te vouloir serait mentir aux étoiles

Revolver sur le cœur mes papillons d’extase

  

Nous commençons d’une autre vie avec l’automne 

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