Poesies, 2011

L’île de critias (2011)



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CAP HORN I



COLLINES DE VALPARAISO

11 janvier 2011

comme la meurtrissure d’une Garonne

les torrents et les veines bleues des villages

de sables

sur les Chili à l’aurore des volcans je me suis rompu

dans la nuit

la rupture de tes bras  pétrifiant l’ombre

de mes sommeils

« bientôt tu seras là » à l’asphyxie sur mon ombre

cobra d’amour mon désespoir

sur le lisse de ta peau sans l’angoisse de la nuit

ma respiration d’aurore mon amour « quand tu seras là »

                                         ***

je te laisse un goût de lèvres à la césure de la nuit

                                         ***

l’âme des vagues du haut des goélands

                                         ***

14 janvier 2011

Valparaiso est décoiffée

                                         là la nuit tremble comme ses murs

qui s’empourprent

l’or obscur et l’obscurité des caresses

                                         ***

rue de la soif  l’isla negra avec les ressacs

le rechant des femmes et les sirènes

à la soif des vagues

                                         ***

les goélands à leurs zéniths elle a porté ma tristesse

sur les chemins lourds de vent et ses yeux de fièvre

comment aimerai-je ma sœur au-delà des murailles

et de ses blessures

                                         ***

une femme s’intéresse à un homme quand celui-ci

n’attend plus

                                         ***

Carros

je te vêtirai de l’ombre de mon amour

du bleu immaculé du jour

je te cherche dans la pluie  de ma détresse

bleue et douce comme les lèvres

que je cherche dans les pluies de l’amour

qui porte mon ombre

je te vêtirai des pluies de mon amour

de cet immaculé de chacun de nos jours

4 février 2011

ces îles noires où meure Neruda

ces sables quand s’irrite la houle

et que se détache la main comme rose

d’une à peine entrevue …

F. disant «  votre amour pouvait durer

le temps de la vie parce que nous sommes

proches de la dernière plage de Pablo » …

cette écume si froide  du pacifique

et le baiser virtuel de ma bouche

contre un avenir incertain vers Temuco

                                         ***

5 février 2011

comme un crime l’amour les collines la légende l’ivresse

Valparaiso

                                         ***

elle sait lire les labyrinthes les jasmins

de ma barbarie mise à nue

                                         ***

7 février 2011

la mer le vent qui se dénudent

le secret de tes gorges qui respirent

le rouge et le noir l’amour contre les brisants

dans ses violences de sud

                                         ***

l’extase de l’été la peur de perdre

l’enluminure de tes robes qui succombent

                                         ***

douleur la nuit qui défait les nombres

qui décille les vents qui vacillent

l’ombre du désir clos

ce blé et cet or des juillets sous les faucilles

                                         ***

Dimanche 13 février anniversaire de Lucie Bousquet à la dégus

                                         ***

comme ta peau irise du nu de tes talons

l’horizon sur ses cercles infinis jours après jours

me laisse au secret des astrolabes d’amour

 

Chili de métal et de la soif du ciel

de la tendresse bleue des sources

Chiloé ma main s’est écartée de la tienne…

                                         ***

en la isla negra sa poussière les vagues noires

qui viennent échevelées

la rencontre dans l’incise d’un infini

qui laisse les algues affamées de toi

et moi à la claquemure froide du pacifique

                                         ***

je t’ai demandé de m’aimer et je t’ai offert

une rivière dans mon cœur

ces émeraudes d’amour des montagnes

l’excès d’azur de tes yeux quand je meurs de ton sommeil

                                        ***

13 février 2011

calèche d’or des constellations aux bleues images

des romances

clarté de la fièvre qui distille un silence proche de dieu

tous les chants des morts reverdissent

sur les palmes des nuages

celles qui colorent la parole du désespoir

l’argile de notre corps

les foudres de ton souffle

la lampe allumée sur l’univers de tes lèvres qui s’entrouvrent

                                         ***

14 février 2011

je porte en moi des tragédies des horizons et des cratères

les forces d’airain de vulcain

et le verre tranchant de la femme

sur mes visages de mosaïque

                                        

Natal Reyes vrai nom de Neruda

je porte en moi des tragédies j’ai l’orgueil du condor

la solitude de l’Aconcagua

j’ai essuyé un long vertige une lame de fond

cette aridité du cœur

qui porte le baiser de nos bouches dans le caché

du marbre

je me présente à toi dans la nudité de mes perfections mortelles

                                         ***

15 février 2011

je reste l’ornière de tes jours couperet de la chair

la raucité de la rancune

les draps nus des matins qui se dépouillent

comme des parjures de l’aurore le chant brisé

l’abîme du cratère

je viens d’un dernier vertige à l’acier

et au calvaire noir

dans la doublure de tes soleils

l’été respire dans la ville prisonnière de ton souffle

quand l’ombre descend les cloches ressemblent au vent

dans ses dernières respirations

je meurs de cette route aux brisants d’un seul soleil

je t’aime de ces rêves qui t’unissent à ma liberté

 

je m’enchaîne à ton haleine au respir et à l’ocre

de tes crinières nuit contre nuit

                                         ***

Dalila des sommeils les yeux d’œdipe

la lèpre levait les algues les forteresses

dans les poignards de nos caresses

                                         ***

22 février 2011

tu restes terrestre comme le fruit à l’arbre de la douleur

je te parcours dans la dureté de ton cœur jeune

d’avant l’émondage

tu restes terrestre et féconde de ce corps qui lève l’acier

de la fertilité

racines à hauteurs d’étoile

de tes seins terrestres et des cyprès d’orgueil

toutes les houles et les sèves qui versent

ces territoires où je chemine

sans tes yeux je reste seul devant la nuit

aveugle en ses obscures constellations

                                         ***

je ne meurs plus d’impatience j’entends les champs

de ton corps qui brûlent

    

 

Mars 2011

comme les rêves qui déposent la vie dans ses gouffres

le cristal du baiser dans les arrogances du miel

avec nos bras en désordre

le souffle nous vient dans ces déserts du matin

à l’heure de la solitude

et quand je t’embrasse c’est toute la fertilité

de la terre qui repose sous les faucilles de l’amour

                                         ***

Debussy disait que son indulgence allait largement vers les fautes

d’harmonie

                                         ***

celle que j’aime traverse la place de justice

le cuir troué la crinière rauque

et ses yeux sont de fièvre

                                         ***

mes yeux se ferment mon amour porte l’avenir

les pavés disjoints de nos routes d’insomnie

la laine de l’hiver

et les brebis de l’ange qui extermine

                                         ***

4 mars 2011

sans tendresse le baiser à la marge

l’escalier dormant sur  la nudité

de la bouche qui vient dans des mondes qui s’effacent

je t’aime avec le rire des amants

les étoiles qui pendent et le volcan sur les étoffes de la nuit

                                         ***

tu es source d’orage tu es fléau

dans les regards propices à la nuit

tu immerges dans le feu de tes crinières

de la pierre la plus rude

le brûlant volcanique de tes yeux

                                         ***

10 mars 2011

Chili j’étais avec toi

mes yeux aveugles

mon cœur ouvert

j’unissais les astres

à la destinée des chants à venir

                                         ***

12 mars 2011

toi et moi tressés aux lierres des vagues

à la pierre et aux éternités

                                         ***

…dieu frappait à ma porte ma maison était sourde à la grâce

que je portais dieu frappa encore plus fort à ma porte…

ma demeure est aujourd’hui ouverte aux quatre vents et je range

les mots et les pensées dans l’ordre qui lui plaît

par ma main sur le papier…

                                         ***

18 mars 2011

tes éclats de rire tes prises d’arme nocturnes

sont la clameur de nos aurores d’avenir

 

dans la main des vagues je ne souffre plus

 

me fréquenterais-tu si j’étais immortel

 

la mort est ma dernière maîtresse

 

je pose mes lèvres sur la nuque de la nuit

ta peau lunaire de marbre bleu

là où vient l’écume qui s’immacule

                                         ***

tes mains comme celles de l’amour dans le cri du sable

je ne suis ni de toi ni de celle de la fin de mes voyages

où je meurs tu es là de nos chants d’aurores

                                         ***

gris comme les cris qui crissent  les portes qui se ferment

les couleurs de celle que j’aime

les poumons de couleurs de celle qui vient vers moi

je te prends dans les épis blonds comme à la faille

et à l’onglée sûre des jours qui jonchent tes crinières

tes éternités

                                         ***

comme tes vagues qui ne se donnent jamais

                                         ***

les torturés les assoiffés ceux qui viennent

vers les collines vers Valparaiso

                                         ***

carrare asphalte de l’azur éclat de l’amour

décapitation de toi et moi

comme les longs ressacs de ce qui brise

ce qui prolonge les longs bras de nos enserres

« bientôt tu seras là » vers l’absolu des bars

où je suis à t’attendre

et ces crimes de tes yeux dans le plus bleu de toi

de ce plus bleu de nous comme la grande douleur

sable contre éternité

je laisse ton sommeil qui me laisse respirer

ce sabre solaire quand tu incises l’or de mon cœur

au miroir des étoiles

je suis ton autre douleur je suis ton orgueil

la mort regagne les rivages

océane de nos soifs aux fenêtres d’exil

 

la sveltesse des velours et des lambris qui accusent

le plein vent et l’asile lyrique du cercueil

les entailles et les gerçures de l’hiver

ta joue qui se pose contre ma main

                                         ***

24 mars 2011

le cristal de ton silence

l’éclosion de la fleur

qui se penche sur les lèvres

                                         ***

comme le pain qui casse

 à l’attente des fenêtres la vacuité

et la solitude

ceux qui attendent pour seul livre

l’épigraphie des pierres et la douleur d’aimer

                                         ***

Chile San Antonio matin des taudis

là j’ai vu des matins au travers des rideaux d’hôtel las

des chiens crevant les dernières poubelles de la nuit

et bien après les ombres des hommes avec leurs dents bleues

pour les dernières pelures éventrées des trottoirs…

                                         ***

l’astre se fait artiste et guerroyant

la dernière douleur des amants

derrière les lucarnes les dièses qui montent

la fantaisie de Schumann

comme quand je te perds à la pointe du cœur

 

la nuit a des yeux elle rampe à la douleur

elle te cherche

                                         ***

comment sais-tu mon amour sans perdre haleine

sous des pierres éternelles

dans les veines qui disent la vie qui circule

les chrysalides des orgueilleuses

d’un jour seul de papillon

comment t’aimer plus

que la logique des pyramides

l’aile de celles de la mer

les derniers mots de l’horloge

le poids de mon sang

les vertus de la solitude

 

                                                   

 

4 avril  2011

la mer tremble mon âme s’envole

j’aime tes pigeons qui bougent

je sais que je vais mal dormir

pour te mettre nue sans plus aucun satin

dans des verrières de crépuscules

                                         ***

5 avril 2011

Nuit de Valparaiso

et je verse l’ivresse

et le soleil de la danse

la mer n’a plus de siècle

le volcan nous épouse

les femmes du Chili

épousent nos désirs

Valparaiso des rues

valparaiso des murs

l’amour qui nous inonde

avec des lèpres d’amour

lèvres après lèpres soleil

de nous errant dans l’errance

l’oubli des pavés de rues

et l’oubli noir des serpentements d’étoiles    (fin)

                                         ***

ces sangs mêlés de l’incertitude

le vent qui tremble sous le givre de ton souffle

                                         ***

ce fléau du lierre

ce temps qui passe

dans la pierre

                                         ***

je t’ai embrassée pour l’amour de la mort

sous la terre aride

et sur les sillages blancs qui consument les effrois

à la face de notre droiture

dans le baiser et le miroir glacial

sous l’azur qui donne le fléau du jour

                                         ***

l’air éclate soudain comme le fruit mûri

la grenade qui susurre

 le sang rougi de ses épines

                                         ***

comme le valet de trèfle celle qui tient le miroir

le champ des discordes

le sable sauvage comme un sceau de clavicorde

et le discontinu de la terre profonde

 

et je suis ce qui a été durci du feu de l’azur

dans la patience du marbre

                                         ***

6 avril 2011

je veux te rejoindre je m’enlace au baiser

quand la nudité et la nuit restent

                                         ***

l’asphyxie à la respiration de l’autre

la dorure du jour qui tombe

                                         ***

le jour dans son pli dans sa lèvre

dans le mordu de la morsure

je t’aime de la brûlure

des confins des semences

de ces foudres à l’orée de ton corps

                                         ***

tu m’inondes de l’asphalte clairvoyant de mon chemin

                                         ***

montagne du froid ce corps d’après mon renaître

et le couteau qui rend l’oubli

 

moi aveugle comme la neige

dans les foudres de son silence

 

reste le risque de mes avenirs

cette encoignure au plus loin de la pierre

                                         ***

comme aveugle j’invente des harmonies de Norvège

de neige comme détresse sous les chemins de ton cœur

ces absolus de l’azur

                                         ***

12 avril 2011

l’automne sent le fauve bleu des forêts

l’épicéa des pacifiques et les vagues sans retenues

la main qui me prend le bras

la brune dans l’île noire tout en sable

qui ne sût nous retenir

                                         ***

j’occulte les murs dans la mémoire de mes embolies blanches

                                         ***

je m’allonge près de toi à la chaleur immergente

loin de la nuit le couteau blême

j’embrasse le jour qui vient pour t’aimer

sans bleu respir comme amour d’un souffle clairsemé

                                         ***

viens-tu d’aurore dans les ornières du soleil

 

j’encage le fruit mûr de tes passions

                                         ***

l’immobilité de l’amour comme cette chaleur

désaltérante de notre avenir

                                         ***

viendras tu  blanche comme quelle qu’elles fussent

la chaleur des pierres

pour m’inventer ce soleil

que je souffle sur l’herbe des temps doriques

                                         ***

je t’accueille comme le pas du jour le baiser qui dissipe

les lames de la nuit

                                         ***

enchaîne mon cœur comme une nuit de misère

comme un sommeil sans la nuit

là où la lumière déraisonne

le souffle propice

où nous enlaçons l’herbe brutale de nos amours

                                         ***

ce cri de mon récif cette plèvre du souffle

avec le socle qui accompagne les glaises fondatrices

comme à ce jour grandi où la lumière se déchire

                                         ***

je dors sur ces fleurs froissées de mon désir

dans l’albâtre du soleil qui nous reverdit

baisant le rituel de ces matins à polir

dans l’inhabité de tes pierres

 

fusses tu un cri une demeure

le vent qui nous mûrit

                                         ***

rocher serti comme à l’ombre des jours

à l’égrène des glas et des cloches

qui disent les dernières verdoyances

de nos misères contre ces galbes du soleil

ma joue contre la tienne

dans la rafale de la neige

le souffle vacant qui demeure de miel

                                         ***

18 avril 2011

nuit à la violence de la neige possible

janvier au-delà de mes pas

quand je ne t’ai pas perdue

                                         ***

nue dans les nuits de l’accorte

venant des montagnes

mon corps achevé

les fleurs glacées qui ouvrent

la face nord du bleu qui nous définit

                                         ***

d’une nuit à Los Vilos Chili pacifique

Pisco chez « Violetta »

les vagues heurtaient nos magmas vacants

sur des pontons de solitude

quand je te verrai enfin soleil

quand tu caresses de la main

cette route des pressentiments de poussière

                                         ***

Reste dans mes bras reste ce bleu

des bras de  Valparaiso

la caillasse des collines et les draps

de nuits dentelées

ne t’arrête jamais sur ma soif

le pavé se souvenant de nos pas nocturnes

sur le talon de la soif

                                         ***

nous étions soudés pour un avenir incertain

pour des baisers neufs

pour des enclaves à la laisse de la nuit

les corridors de notre amour à peines entrevus

ton sommeil joint

dans les enfers lumineux du printemps

                                         ***

je jetais des pelures de ciel sur la tristesse

les géorgiques et l’éloquence de nos deuils

ancrés d’existence

                                         ***

contre la force des hommes le vent le hululement

                                         ***

23 avril 2011

REVES LUCIDES

j’allais à la nuit lente et lucide

blême comme les pommes de tes joues

sous les baisers qui disent le nom

de notre rencontre

j’allais à la nuit dans les ambres

qui font trembler la hanche des femmes

les velours secrets qui disposent

de la force des marées

de tes reins rompus lorsque que j’allais à la nuit

j’allais à la nuit comme un tranchant de soleil

à la blessure nocturne

je t’irise de ces chemins réciproques de nos cœurs

la mort m’ayant suivi sous les asphaltes du soleil

                                         ***

je meurs d’une mort nocturne sous de blanches chemises

à l’écart de l’azur

et la blancheur de la chaux laissait une morsure de larme

                                         ***

« laissez la immaculée laissons le froid venir

 le sable sous la violence le pas vers l’avenir qui cogne

la sécheresse du désir dans les déroutes

dans les vases de la douleur ces couleurs d’ornière

du vent mort et le concassé des astres »

                                         ***

Eratosthène découvre 2000 ans av. J.C la rotondité de la terre

                                         ***

25 avril 2011 (Pâques)

la nuit comme le vide de mon ombre hostile

et l’azur bleu de celle qui m’attend

dans le sourire du scalpel

dans les outres de la lumière

ferroyant les justices et le biseau du couteau

la voix comme un ciel de femme qui amplifie

le long fuseau le long des jambes les bas noirs

qui dirigent la fulgurance

rouge de lèvres noires l’apaisement qui vient le point d’orgue

                                         ***

longues et monotones mes nuits de Santiago

mais nous tutoyions l’Aconcagua

                                         ***

…éternisée dans ses agonies slaves

à la polarité de notre rencontre

                                         ***

Cochrane 568 bar « la playa » Valparaiso






CAP HORN II

 

2 mai 2011

j’en suis arrivé à t’aimer comme un assassin

du haut de mon billot

dans les sentences qui coupent court le col nu

de la fidélité

46358577[1]

                                         ***

la nuit crisse les joues s’endorment…

« et toi trouves-tu que je t’aime assez »

Me de Rénal à Julien

                                         ***

et sur l’herbe jaunie

l’ajour du temps

la blessure vacante

où seul le ciel est habité

                                         ***

de tes bras nus vers moi le linceul ombilical

la chaleur plisse le ciel

ce soleil des fontaines droit comme les fruits glacés

et leur vasque d’arabesques argentines

je démembre l’air qui tremble l’élimé

du temps sous le flétri des murs qui respirent

l’accueillant jour l’herbe prête au passage de nos souffles rapprochés

                                         ***

du scalpel aigu d’où vient le jour lucide

l’azur comme timbré d’un cœur vivant

                                         ***

désir des profondeurs dans tes yeux dolomitiques

                                         ***

ce chiffrage des étoiles encourues

                                         ***

6 mai 2011

dans les rivages les couleurs et les masques

les robes imprimées

le rouge à la fin de notre nudité

                                         ***

ma solitude qui enclenche la foudre

sur une faille de moi sans gîte

                                         ***

l’endorphine caresse la couleur

à couper au couteau de l’haleine

                                         ***

le temps transpire

                                         ***

l’évanescence ce surcroît de bleu

au dôme discret de vents figés

et au congé des fléaux d’azur

de soleils qui s’enchevêtrent

dans l’ordre qui déchiffre l’infini

 

ces vents et ces pas habités

ces fleurs de la pierre pourrissante

l’arborescence comme poumons des jours

qui abritent ces vipères à la pierre fugace

                                         ***

17 mai 2011

l ‘ordre des pierres l’écriture du métal

ce qui demeure de la soif

 

les jalons du soleil

                             ces pas qui résonnent à l’ancrage

et à la lumière bridée

la chambre pierreuse sous la voûte des étoiles

 

j’entends le cristal dans sa lumière brisée

les solstices de ton visage de vieil astre

les accords schumanniens dans leur rostre

quand la raison se divise et la nuit rentre vacante

                                         ***

lumineuse la soif

                             le vent marche avec le feu

                                         ***

caducités aux cyprès des chemins

le souffle toscan des ruptures aigües…

                                         ***

noire la prunelle l’amorce de la mer

la géologie qui avance dans son souffle

                                         ***

l’herbe languissante le silence bleu de l ‘éloquence

là où le sable a l’ivoire de la mort

                                         ***

l’illisible lierre depuis les fêlures

le crosse de l’espace comme un mur

et le déni de solitude sur la chambre qui s’ouvre

                                         ***

passacaille dans l’aurore qui s’avance

avec l’exil le silence que je porte

cet embrasement de soleils disjoints

                                         ***

dans la vigueur du vent l’asphalte bleu de l’avenir

                                         ***

mes murailles d’amour comme l’haleine qui souffle

la mort se hisse sur les écailles et l’opacité nue

de la solitude

                                         ***

20 mai 2011

je t’aime du chant de l’oiseau

de cet obscur cri de la poitrine

de ce printemps de fleurs rassemblées

coquelicot de femme sur les pelures rouges

pour ne pas nous blesser dans le sillage des vignes

bleu raisin obscur de nos veines

 

ce chemin pierreux de la plus brûlante poitrine

 

fin des collines de Valparaiso

 

Eugénie

les bras des femmes sont les balanciers de la grâce

 

DE L’ISLA NEGRA

 

(les images de la géologie volcanique de l’islande aussi belles que celles des

rocheuses de l’utah –

la isla negra c’est aussi un jour de décembre 2010 sur la côte déchiquetée au

sud de Valparaiso l’ultime demeure de Neruda et cette rencontre en incise

d’une femme qui m’offrait tout le varech et le sel de la vie perdus de ces

embruns qui chuchotent le nom de nous à l’oreille de la mer qui en garde

le secret soudé par l’écume)

                                         ***                                                   

je t’ai aimé du sel des jours

à la malemort des vagues

qui m’écorchent jusqu’à me rencontrer

                                         ***

28 mai 2011

l’apollinien regret du jour qui descend

                                         ***

kanga de Tanzanie ma peau imprimée

ma peau comme une toge mon âme de coton

                                         ***

pureté des nuits les asphaltes de la lune

                                         ***

montagne de lure dans les sources de ganagobie

et les ruines de volonne…

                                         ***

pendaison de la treille l’avenir des saisons

ce jour où j’accorde la montagne non loin de notre haleine

parce que nous

dans l’extase du bleu les sables nous ont donné les asphaltes

dans les recoins de la mémoire

                                                    nos montagnes sont en cours

                                         ***

heurter l’ombre rapide

la rature du monde comme une charrue

le silence tremble à l’apert des enfers

de ta bouche comme avec l’épi du baiser

                                         ***

le ciel s’ouvre et le passé de mon ombre bleue

dans le perdur qui tient d’enclave

la broyeuse bleue de notre chambre terrestre

comme écosse d’amour les grands chavires

là où je me tiens tes baisers sur ces repus de nuages

ces montagnes qui inoculent le froid des étoiles

                                         ***

pour toi la nuit le flanc a l’éraillé du bleu

loin des récifs

mais nous criblions le bonheur

 de la soif violente que nous dicte la mer

                                         ***

de ce froid comme d’un âtre cette envolée

pli de ton aile qui boise le cuir froid de nos bouches

l’âme caduque sur ses versants plissés de sud

(ambroisies des dolomites)

 

6 juin 2011

je t’ai sue recluse tu m’as aimé

brisés des chaînes

loin des nuits hors d’haleine

je t’ai aimée comme à la rotondité de l’astre

loin des nuits lorsque les jours n’existaient pas

soleil à l’ombre des réverbères

tes yeux dans les miens

à la caducité de la nuit d’aujourd’hui

nous ne sommes plus esclaves de la fin du jour

                                         ***

dans les fins de la nuit se sont décloses

les chaînes de l’incertitude

j’ai su ton visage sculpté le coquelicot de l’éphémère

qui énumère mon rouge et mon noir

cet espèce de cœur dans les asphaltes lunaires

et l’égrènement des jours

                                         ***

mon cœur qui savait le jour où tu partirais

mon cœur cette grenade où tu dis mon sang

nous traverserions le temps des baisers

avec la douleur de l’herbe caressée

et sans fin cette pluie diffuse

les vaisseaux qui n’osent les sables

les cimes à la porte et aux jabots

des cœurs mangés qui nous changent

                                         ***

ce temps qui diffusait l’ombre anfractueuse

des murs

ces soupçons avec l’amour de la nuit

ces lierres diffus d’où jaillissaient les douleurs

de notre bonheur

la nuit mûrissait cette pénibilité des vieux calvaires

loin des lèvres et des fleurs

comme ton couteau dans le bleu des cendres

la ferraille de nos souffles avec ses baisers de poussière

                                         ***

7 juin 2011

l’un dans l’ombre des petits matins

l’autre dans l’incertitude de la fin du jour

les deux dans la rencontre brève des accents du soleil

tu m’as donné cubiste la face glorieuse de ton profil

                                         ***

comme la nuit est pure il m’a été donné

de te voir infinie

le monde a la couleur de notre amour

partout sous le soleil sous l’arbre des énigmes

à sa racine

l’herbe qui attend nos respirs

partout où je peux dire ton nom

sur les écorces et sur les brûlures des étés

ton nom riverain des confidences

partout sous la complicité de nos murmures

le monde a la couleur de notre amour

                                         ***

pour le soleil où je succombe

pour la neige qui ensevelit

pour le froid et l’accablante solitude

de la lumière

je te murmure

ce règne ensemencé de mes amours

                                         ***

je me penche vers tes lèvres comme sur les vagues atrides

d’un soleil noir

                                         ***

je t’ai imaginée dans des temps divisés

dans des forêts

les cachotteries de petites cabanes

de peupliers à peupliers

et  le sang qui vient jusqu’aux forces des porches de Laon

                                         ***

12 juin 2011

elle surgissait du désir de l’homme

ce corps extrême qui en garde la mémoire

                                         ***

13 juin 2011

tu règnes sur moi-même dans mes rêves

tu me donnes la transparence de toutes les femmes

dans les origines au plus près du désir

déjà vert de l’humain

                                         ***

dans ma liberté de chair la lumière de ta peau

est exclusive

le respir et la pilosité de tes hivers dévident

la rancune et la complicité de nos bras

soleils qui nous rivent d’un bel azur qui nous rêve

                                         ***

vitrail des liesses anciennes le feu brûlant

dans les angles de l’ombre

le cœur a la semence des ténèbres

les éclats de soleil rendent obscure

notre douleur de règne

je te hissais verticale sur les plis possibles de la nuit

                                         ***

connu au cœur même de la douleur

ces raisons du cœur

qui funambulent un même soleil

connue par cœur tu es là où je finis ma nuit

et mes yeux disent le cœur finissant

et l’intemporelle ruine de ces cœurs qui s’étreignent

                                         ***

certaines villes sont aimées comme on aime

les femmes

san francisco valparaiso salzbourg prague sienne…

                                         ***

14 juin 2011

tu as le visage de l’avenir

la bouche de l’émancipation

les ailes qui courraient vers assise

et le non-dit tout bas de la rue

qui régnait sur mon cœur dans les chaînes

de mes jours qui n’en finissent pas de toi

                                         ***

15 juin 2011

de nuit les anges et les sages dans les ruelles extrêmes

le corps démenti

la plage vacante

                                         ***

23 juin 2011

 

là où je te mène dans l’île

il y a l’amour et les ossements de l’enfance

pirates et trésors mêlés

                                         ***

mirage Cythère les robes de l’imaginaire

l’idéal monde du secret

ma fille mon enfance les simples sentiers

de ma main dans la tienne madonette

                                         ***

29 juin 2011

dans la tectonique de la lumière nue

les canyons rouges et mauves

de ma mémoire

le ruissellement du sang dans sa gangue

comme les espaces brûlés de l’âme

 

1 juillet 2011

dans la douleur d’assise dans les cercles de l’orage

tu restes fertile dans le cadenas des jours

où le cœur en ordre

nous nous départîmes

                                         ***

10 juillet 2011

là je suis resté vingt ans sans désenivrer

j’ai aujourd’hui le visage lisse d’un homme

qui sent l’éternité

ma mort ne m’appartiendra pas

j’ai marché sur les couleurs des escaliers

de Valparaiso

j’ai su la fierté de leurs couleurs

mère et enfant qui descendent la colline

vers le port

l’écume qui fait le visage du voyage

la mort qui dit l’amour de cette mort

toi et moi sur les nuits qui brûlent

Evguenia la pluie pour enfin nous rendre

                                         ***

16 juillet 2011

l’automne qui donne ses tresses à la fin des jours

l’automne tressé du roux de ta peau

combien de fers rougis

sous le cratère de tes impatiences ?

 

combien de vagues sous le masque de tes paupières

                                         ***

j’enchâsse la peau de l’azur comme tu dévides

le temps patagonique de l’éternité

                                         ***

nue jeanne de Flandre

                                         ***

22 juillet 2011

éboulis de montagnes celles qui te vont

comme les perles du plus beau bleu

de notre gouffre

                                         ***

25 juillet 2011

dans la pensée de j.l. borgès un mystère doit arriver à la clarté,

un djinn d’un temps lointain sortir une vérité dépolie venant à la lumière

après des temps d’oubli, l’évidence surgissant d’une antique mémoire

de bronze, la lecture des sables…

                                         ***

dix-neuf années déjà mordant la vie de sa robe

de carreaux de vichy vert et blanc à éclosion

lèvres de cerises couleur d’incarnat

comme la morsure rouge dans la viande nue

son bâton de rouge à lèvres son baiser à venir

                                         ***

ma poésie est à la navigation des astres

ma femme tient un gouvernail et la pluie bleue

et le cristal de mes yeux qui la contienne

ma femme universelle qui tient sous mes mains

comme étoiles dans l’orbite de mes amours

                                         ***

hammerklavier la nuit descend comme un soleil

                                         ***

nue comme la pierre l’extrême sève et l’écume

je dors sur la pierre j’attends l’enseveli

à l’écorche meurtrie des feuillages du secret

je dors sur la mort quand tu rêves du sommeil

du jour repeint

dans sa couleur qui feuille à feuille

cache une voilure d’éternité

 






CAP HORN III

1 août 2011

 

                                         I

Rubayat                                                                                                

comme je disais griffure persane

la patte ancienne des tigres

le vieux déchiffrement de la pierre

et de la chair

le fouet mongol pour les déserts

et la soif de la fertilité

cette visitation glacée aux racines

implacables de l’arbre

mon sommeil à la rencontre

de mon esclavage et la chaleur

de ta joue

comme la mer d’Ulysse et les chaînes

dans leur écriture de baiser clos

dans l’infidélité des sables

et de ce seul règne du monde

qui est le mien

quand tu frappes à la ferraille de nos confins

 

                                         ***

                                         II

mon amour mes artères et mes rues mes villes

qui planent sur mes sépulcres

de solitude les bleus de Samarkand

dans le damier du vent à l’aurore

et au règne du sommeil de l’aimée

pour les arbres qui inventèrent l’ombre

à l’heure et à l’attente des jeux d’échecs

je t’aimais chaque jour de ces voiles qui claquent

comme chaque drap démuni de sa nuit

à la traversée des lacs où mon nom règne

comme à la fierté de nos racines qui viennent

 

fossoyeuse la mer lointaine

litanie du varech

la marée épouse le désir de la lune

qui distille de ses doigts la caresse

des rivages où la peau de nos épousailles

prennent le sommeil du large

le dernier crépuscule

le vol du goéland

le cri concave du miroir à l’haleine sourde de la nuit

 

                                         ***

4 Août 2011

l’or des tigres que peint Borgès

de gouaches argentines et félines

l’or des tigres d’un Buenos-Aires de citron

et de solitude

l’or des tigres cheveux du varech

torride glacier comme les vagues

d’une île noire

l’or des tigres quand j’aimais la mer

à la fin des reflux à la pilosité jaune

des femmes de soleil à la crinière des avenirs

rugueuse comme les marées et les astres

l’or des tigres

dans les solstices ascendants la dague acérée

du temps

comme un trou et un venin sur le dénudé

du chemin

l’or qui sommeille à la floraison du jour

tes bras dans les miens

demain je serai mort éternel

demain je serai des tigres qui risquent

les flaques de la soif au miroir mortel

des crépuscules

et ces arcs en ciel dans la nuit qui vocifère

 

                                         ***

13 août 2011

sur la route de Salzbourg

comme incise : avant san bartolomeo al mare (ligurie)

une église baroque au sommet d’une colline «  comme à cuba »

 

de l’œuvre d’art : « de l’usage inutile d’un objet circulant identifié »

 

longtemps je me suis habitué à mourir le matin

avant de renaître après un très long réveil

18 août  2011

Autriche Allemagne ? autoroute sur le sud arrêt

 de repos avec fléché, le pissoir 

l’allemand rend réaliste le français

Salzbourg 2011 rayonnant

anton dermota le plus italien le plus lyrique croate

de l’école allemande

le plus bel évangéliste de la st matthieu

                                         ***

 

le vau architecte

le brun décorateur

le notre jardinier

les trois  L

chez fouquet à vaux le vicomte

                                         ***

 

24 août 2011

mer qui dévaste celle de la matrice

celle qui nous déclare

mer d’Ulysse celle qui m’initie au jour

et à la lumière

mer des marées et des varechs

des reflux

et de mes renoncements

mer des vagues qui s’écaillent

sur les retours incessants de l’enclume

 de l’écume

mer de l’infidélité des sables

comme les oasis qui lèchent

sur les assises des rivages

mer de la soif et des forçats de la galère

avec le sel d’avenir sur les lèvres

dans les routes du grêlé et de l’impalpable

mer à voix basse

qui donne constellative

ce bleu que je vois au fond de l’azur

la calme clarté d’infinie

des bleues rondeurs de notre orange

terrestre

celle de tes yeux

                                         ***

28 août 2011

démon de la femme qui constitue l’ultime défi

de dieu

…et la mort qui attend comme un verdict

« la mer et ses asphyxies de ma poitrine

sur les certitudes de ton souffle

j’avais lu le livre des gouffres

décrypté la face abrupte de tes désirs

je chantais l’élégie des oublis »

femme de clarté vieille lucidité de la mort

«  nous pouvions nous aimer eve des abysses

racine d’adam sous les baisers de la louve

dans l’agora et la proximité d’or des géorgiques

comme «  femme à la peau de contrejour

femme de tubercules au sang de la fin du jour »

nous vivons là de la profondeur

 de pieuvre démone

féconde arythmie de la forme

et brûlante synthèse de la terre

qui se meut

« je serais de ceux qui meurent sur ta bouche… »

louve antique et douleurs

de trop attendre les lieux de ma naissance

dans le fer que la mort attend

«  serai-je ce souffle

                                         notre déconvenue vitre fermée

sous la buée de nos haleines allant vers des hivers

qui ne finiraient plus … »

je suis revenu à toi parce que tous les feux

de l’orient et de l’extrême orient

m’ont parlé de ma misère

«  je ne  mourrai jamais comme d’autre

moururent dans le fer et le désarroi du temps

je resterai guetteur de tristesse

ma solitude infinie comme le plein vol

de la cigale dans sa dernière apogée »

les miroirs sont comme les ruines

qui nous disent le reflet des éternités :

« ils ont semé le glaive l’homme obscur

et la prison »

femme comme à la force de l’abysse

celle qui rend les levains et les racines

comme le temps qui s’émonde

où d’autres moururent cicatrisant

le visage de mon avenir

                                         ***

par les fleuves et les éternités que la nuit s’enquille !

                                         ***

la poésie est un mode de connexion supérieur

4 septembre 2011

 

maman est morte ce matin

                                         ***

tu restes mon Salzbourg de cristal

ce champagne frais de tes églises

ce miroir des roses comme ces femmes

de roses avec les souvenirs de ces allées

du Dr bohm de ferenc fricsay… et ce parc

de la cebotari

tu restes mon Salzbourg dans les petites pluies

et les grands soleils du mirabell

mes errances dans la ville et les collines…

là où de Mozart à Strauss je buvais

des bonheurs parfaits

en ses pleins roussis de vins blancs

                                         ***

11 septembre 2011

l’éloge la palme l’atlantique  et toute la blancheur

de la ville  qui nous a vus naître

là sont les sanglots avec l’épée et la force des dieux

                                         ***

le  8 septembre, anniversaire de Nonina, maman, dans le cercueil avait ses beaux cheveux

blancs et le front glacé  comme chez tous les morts, ses vêtements

de tricot, ceux de ses humbles jours ; j’ai vu sur les poches de ses yeux

clos, comme des larmes d’adieu.

Hélène avait glissé sur l’épaule un chapelet avec une petite croix

et une icône florentine de la vierge qui l’accompagnerait au-delà de la

crémation

après le lever du soleil

il est toujours trop tard

la nuit vient toujours à nous

                                         ***

je t’ai aimé dans le temps

parce que le temps

était le temps de la soif de la solitude

j’ai vécu ton sang pour vivre l’insolence

de ton temps

de cet amour et de l’errance qui se donne pour vague

                                         ***

14 septembre 2011

Ceci porte une petite vierge une bougie un crucifix

la maison est en paix, l’urne nous impose son silence

maman est encore près de nous

                                         ***

18 septembre 2011

plateau de valensole

dans le soleil de nos abeilles qui s’activent

nos étoiles naines bâtisseuses de miel

je touche les triomphes de la chaleur

le long des lavandes  les brûlures des vieux rhums

celles de la pierre rugueuse qui raconte

j’ai écrit sur les murs l’amour qui viendra

j’ai écrit sur le temps les jours de nos lèvres

souchetées de nos encres communes

                                         ***

30 septembre 2011

je t’avais désapprise je t’avais crue lointaine

les couchants et les lumières diurnes

me donnent la main pour te savoir heureuse

au-delà des vins vieux des ivresses

comme un pâlir de planète

je t’avais désapprise nocturne qui tient la nuit

dans les obsolètes boudoirs de mon nom

comme de la chiffonnerie dans ces espèces de soif de l’oubli

 

17 octobre 2011

 

POLYPHONIE DE CIEL

derrière les décombres de la mer les paradis de lagune

parsemés du cuivre de mes défunts

les aquarelles qui posent le doigt sur le sommeil

de notre visage

j’ai fermé les paupières sur le bleu de l’azur

j’ai clos la souffrance dans la lueur grave du rêve

je t’ai laissée rejoindre l’enclos où tu prends

le visage de ma naissance –

j’ai pris le ciel à témoin

le seuil la croissance

dans les volières ombellifères où s’accable l’azur

ces poids d’arcs-en-ciel avec ces montagnes

de chili qui tutoyaient

comme la pierre dans l’arrogance

mon nom sur tes espérances

cette asphyxie du devenir le long joug des rivières

ce marbre de mes sources qui se jette

dans l’écho du ciel

celles qui déchiffrent la nuit et nos attristements

«  …et ce réveil dans la clarté blanc du charnel des sables… »

je sais cette foudre et ces fleurs corruptibles

 de l’attique

là dans les volières de la mer les murmures

humains qui s’épousent dans l’écume

les voltefaces des grandes avenues de l’âme

îlienne et pourpre à la voie obscure

dans le miroir réversible d’une nudité des astres

étang de mémoire et «  vents d’antarctique ce feu

glacé de dieu »

ce profond froid qui glisse dans les claquemures

de notre amande d’azur

et le blanc cadavre rituel de nos haleines

qui soufflait de battements de colombes

les écorces de l’être

                                         ***

Lolonoua du nord est du Viêt-Nam…

8 novembre 2011

 

nous les suppliciables suivant les âges de l’angoisse

les yeux à l’azur comme les piolets acérés

sur les glaciers de tes chairs

ce bleu qui a la dimension de la femme

                                         ***

l’orage  a l’aura de tes reins

sanguine au couteau rouge de tes lèvres

                                         ***

14 novembre 2011

Gieseking walter et wilhelm pianistes et surtout chasseurs

de papillons vers chez nous… l’irisation de notes comme de couleurs

dans les rets de lumière du Villefranche des collines

le sentier de Nietzsche le nid d’aigle et l’enfance du poète virtuose…

                                         ***

dans la navigation des jours dédallant

dans les lyrismes mahlériens

de la naissance des lacs à l’écho des cors qui se meurent

                                         ***

je t’ai sue valse marbre et ocre

carrare des errances

carnation du chemin

jusques aux marches des suppliciantes

                                         ***

d’un vieil onirisme ce qui se voit ressurgir

du vieux clavicorde :

les os grêlé d’une mélancolie

les osselets d’un avatar d’azur

et la vanité sans toit ni trèfle

des vieilles ruines au miroir de la mélancolie

                                         ***

l’aurore et la rose dans leur déclosion …

                                         ***

l’irrévérence qui balbutie ses certitudes

et qui dénoue ses pieuvres …

par le jasmin et le visage du sommeil

j’ai la promesse de ton univers

                                         ***

16 novembre 2011

contrapunctus inversus l’âme du ciel qui s’inverse

le poids des âmes qui perd la gravitation

j’ai l’aboli de la nuit au cruciforme

de nos normes mystiques

et dans cette nuit qui vient j’ai la promesse de ton univers

                                         ***

contrapunctus  comme une liane

rendue de lumière pleine

au garrot de ceux qui ne se séparent pas

j’entends le vent de tes assises de sang

ces ventricules qui battent comme des bouches

 de rouge à lèvres pour des baisers qui vivent

sur les nuits incandescentes

                                         ***

O amour les rochers

mes assises

les écumes qui frappent

avec le souffle et les bronzes de l’agonie

                                         ***

O amour les vents et les fugues

la tutelle des étoiles qui tutoient

dans le froid de la solitude

la fleur entre les dents la sève du couteau

sous les porches de pierre du sommeil

                                         ***

vers Amiens vers les cieux !

                                         ***

ma fille aucune force plus grande que la notre

                                         ***

mon père est mort un 19 novembre 78

150 ans  après  Schubert 1828 

                                         ***

nara des fleurs et des temples

de l’eau sainte de la nuit

comme du couteau au sein du corsage

les amours corsaires

je sillonne l’infinité des enfers verts

sur les rafiots de l’âme

                                         ***

et tu marches sur tes rêves

et tu m’apprends mon visage

cette eve qui déambule jour après jours

lisse de lune dans la grâce de givre

de ses lèvres sibériques

callosité rougie de nos baisers de crevasse

                                         ***

répéter nuit après nuit tes incandescences frondeuses

                                         ***

ce  que je savais de l’azur comme balise

polyphoniant les souffles verts de l’amertume

                                         ***

nous déconstruisons comme le dépérir des roses

l’acier et la réclusion de l’homme tubulaire

                                         ***

nuit torride du galactique et du veilleur

le souffle lacté sur le rivage de la naissance

l’enclos pour le temps qui dicte les dogmes naufrageurs

                                         ***

et l’atlante sur l’effilé du rasoir à la fin du ciel

celui qui porte le dessin de mon visage

et l’ombre bruissante de l’azur barbelé

l’apparition du jour la torche des morts furtive

                                         ***

j’appuie sur la détente de mes désespoirs

et la part de ce monde a la couleur

que tu poses sur l’ombre de mon avenir









CAP HORN IV

 

 

2 décembre 2011

 

nuit qui gerce comme pelures de citron

aux angles de l’angoisse

gerçures de la nuit qui nous flétrit

et dicte le feuillage éphémère des cloches

                                         ***

l’eau fugitive sous la roche

de celle qui coasse de son prurit

d’ombre

tu me donnes à mes foudres

et au décharné du monde

                                         ***

moi aussi n’attendant que la momie de toi

pour que la lumière ferraille

pour l’insensibilité de mort vive du souffle

les accrocs du venin de mon sommeil qui s’étoile

                                         ***

que nous disait le vent

au champ de blé

pour vivre du cerf-volant ?

(97 sur la route de basse Autriche)

                                         ***

le blé pour la faim

le rappel des oiseaux

le matin qui s’ouvre

                                         ***

minérale comme avant la soif

le souffle de l’éternité

et le trèfle agonique

la faille géologique

                                         ***

l’entrée dans petra tombeau

des jours anciens

vivifiantes fleurs des plénitudes

                                         ***

je meurs du chrysocole lucide

de son répétitif d’azur

                                         ***

philipp glass métamorphosis 2 comme un Chopin blessé

une crevasse bleue

                                         ***

feuillage comme le vent des cloches

l’ornière aboutie

                                         ***

tu  prends ma bouche sur mes chemins de misère

comme sous la dague du fer une plaie

un varech et une rose qui s’attache

                                         ***

de la via appia le chemin d’azur vers le crâne

                                         ***

cyprès de celle qui dans ses bagues de poison

porte la marque de l’ivresse

pour toute conquête de la mort

                                         ***

jérôme st jérôme les battements de ton cœur

au plus féroce de la nuit

                                         ***

4 décembre 2011

le régent avec le sarcy et la côte de bretagne …

(gemme portable en crochet de chapeau)

topaze impériale du brésil …

mais où est donc le grand diamant bleu 

le plus beau caillou battu par les vents ?

                                         ***

5 décembre 2011

nous  espérions en nous des empires vierges

des espaces d’amazoniennes incandescences

des curares à l’asphyxie du soleil

de noirs Aguirre de soulèvements en cercle

avec l’aurore incorruptible

la flèche au plus sensible de l’acier

dans le plus profond du cœur

où suffit l’espace embolique d’une meurtrissure vacante

                                         ***

ces lettres de confessions sont le sang qui coule

la voie sanguine et serrée du nord des montagnes

pour avant la neige et la mort le pouvoir des ivresses

                                         ***

combien  d’espace contient le jour de ton cœur ?

combien de nuit s’amasse sous les étreintes blanches

hors du cœur ?

                                         ***

les plaies de la nuit se ferment je reste l’armature

des bleues ferrailles qui poussent au diverticule

                                         ***

je reste à la soif qui commence le joug

la parole crépusculaire avant l’infini

usure  et tarissement bleui

des plus beaux carrares

ma mort se nourrissant de chemins poudroyant

                                         ***

l’épouse dans sa blancheur à hauteur de lèvres

la nuit désunie dans le poudrier du baiser

                                         ***

l’arbre pleureur dans sa nuit finissante

la neige obscurcie et les chuchotements

à même les mots pour nous reconnaître

                                         ***

clairière de l’encoignure ce nord enneigé du secret

                                         ***

Brahms de Rubinstein clair et nocturne qu’il se hisse

à de désinvoltes simplicités

                                         ***

petite sibérique quand la nuit vient

dans les gangues du froid la débâcle

les lèvres trop frêles sur des joues de renaissance

                                         ***

Claudio arrau sculpte le son de Debussy

Gieseking l’irise

                                         ***

j’ajuste l’absence dans les lieux du silence

la mort vivante et la respiration du verbe

qui me donne ton nom à voix basse

et comme d’une éloquence

une parfaite clarté du zodiaque

                                         ***

ce que je te murmure qui me fait trembler

c’est sous les tuiles de lumière de l’orage

qui nous traverse

                                         ***

…comme elle me sculpte dans la foudre

d’un granit qui viendra éclore

                                         ***

carrare de la blancheur j’attends le couteau

qui dévaste la foudre qui dit

et celle qui dicte ces gemmes de nos voltes faces

l’arbre à la clameur des racines qui diaprent

ce goût de la pierre et du dolmen

pour dire ceux qui revivent des anciens abîmes

                                         ***

…de l’hiver qui résonne de ce bleu des douleurs

comme avec la foi de la foudre

                                         ***

6 décembre 2011

écoute Neruda ce bleu très noir de la mer

cette mer qui lèche

de vague en vague le tout vivant d’île noire

de celle plus sirène qui  échoue au rivage loin des mâtures

                                         *

en ce 6 décembre je pensais qu’hier Mozart nous quittait depuis

220 ans

                                         ***

7 décembre 2011

pensant à la nuit et au temps que je traverse

les landes de ma vie

est-ce que le chili se souvient encore de moi ?

                                         ***    

8 décembre 2011

battues  des vents les landes futiles de ma mémoire

                                         ***

dans les désordres de l’amour il y a le visage blême

les doigts qui s’anamorphosent sous la caresse

ce soleil toujours jeune de la douleur

                                         ***

ces cloches quand l’homme disparaît

cette nuit qui construit la lumière

semblable aux voûtes et au miroir

de l’homme disparu par la grâce possible

par les pluies qui gardent l’écho démuni

d’une verte tendresse sibérique

de ces vins captifs du soleil

élans d’ivresse de cette malemort

d’où vivent les verts cépages de nos ombres

le souffle du vent ne nous dicte pas

 le sens ferroviaire de la mort

                                         ***

cet éboulis de ville d’où vient

de pleine lumière Valparaiso

                                         ***

12 décembre 2011

l’or par les réverbères au van Gogh de la nuit

et son or factice

le froid métal dans des ténèbres d’algèbre

qui dévident des miroirs de lune

les terrasses de blancheur et les fantômes d’oréades

de bleues naïades rieuses de ton sommeil                                          ***

et je suis sur terre comme la fertilité des racines

et tu es la vie et le prolongement de la vie

la floraison et l’élargissement des fleurs

l’arbre commun de notre vie commune

                                         ***

l’homme décaptive la ville insomniaque

la ville durable dans les artères du rêve

                                         ***

13 décembre 2011

celle qui vit de ténèbres la neige

la captivité de l’ombre

                                         ***

l’orange  était bleue comme une peau

pour l’amour des hommes

un cœur qui chante un baiser sur la terre

                                         ***

1 – j’irais avec l’oiseau de la branche

     parler de l’ombre                              2 – j’irai dans les silences

                                                                            brûler les parchemins qui tutoient

                                                                                        les secrets de la fleur…

                                                                                                   de l’orchidée noire…

                                         ***

 1 – soleil sous les lombardes roses à l’éboulis de l’azur

je rentre sous les caresses de l’ombre

                                        

2 – polyphonies de l’azur et des gouffres

celles qui enfreignent les malemorts

la clarté de la misère et du cœur

                                         ***

1 – la soif revient à sa source

                                                    l’angle propice de la mémoire fugitive

 

2 – celles de mes douleurs

                                         les burinages de femmes

                                         nos phalanges de fleurs avec l’écho des brunes

                                         dans le puits sonore et bleu d’un nocturne

                                         ***

16 décembre 2011

tu es le sommeil où penchent les vagues

                                         ***

le soleil n’a d’autre amour que la force d’irradier

l’arbre qui nous convie en ses racines

                                         ***

la lame qui brise le long ressac les longs fleuves d’Helmut walcha

                                         ***

comme en laisse violoncelle des suites nocturnes

les bécarres de la nuit

où vit imparfait le droit de vivre

 

là où tu vis le seul soleil qui prend la main

 

paul  tortelier l’archet qui dit les chants de srauss

et ceux de bach droit devant salzbourg

les rigodons de vin blanc

                                         ***

dire le nom dire le nom de la couleur

la faille qui prend le cœur

le fusil qui masque la rupture

 

la sève et la grâce sans nous perdre

je renais de nos désordres

 

l’infini de ces doigts de clavecin

le baiser digital

l’émeraude comme l’appoggiature

de ta poitrine de cristal

                                         ***

 

 

DON  DE  HAIKUS  POUR  L’AN  QUI S’ECOULE

19 décembre 2011

 

1 -A l’errance des âmes

un papillon a frémi

 

 

2 – mon temps passe

bleu

les nuages restent

un doigt les confond

3 – la feuille écorche la cloche

qu’un secret subreptice meurt

sur les lèvres

le désir blême de l’Asie

 

 

4 – la dragée dans son amande

la flèche haute et nuptiale

5 – pétale bleue du silence d’un mûr sommeil

du vivace

 

 

6 – l’opus 117 de Brahms

sa maison natale ?

 katchen le promeneur

7- vienne la rose l’épine

qui irrigue

Salzbourg le sel des lèvres

 

 

8-l’été l’amour

 Tyrol

les fleurs dans la maison d’opéra

9- seule fleur de Haydn

les longs soucis d’Esterhazy

 

 

10- ce goût du mirabell

le sang des fleurs

à falaise de hohensalzbourg

11- ce vin qui donne dans le goût de nos attentes

 

 

12- ceux de la douleur intime

la fleur du quintette

13- comme ils s’aiment a fresco

Giotto montre du doigt

le vert des voutes du ciel

 

 

14- errant dans assise la pierre dicte

le vin vieux

l’insomnie et les vieilles sagesses

15- de langueur décorative

de femme qui succombe…

 

 

16- démone comme à l’opiacée rougeur

de la fleur

17- ma nuit de solstice

avec sa rivière de lune

 

 

18- ces greffes de pierres qui s’offusquent

des élans de la lune

19- la mort est torride mais ses voûtes

nous invitent à l’éternel

 

 

20- j’irrigue du bleu des veines

à l’estuaire dolent et large de la mer

21- la mer dans de larges graves

l’orient soupçonneux

 

 

22- l’effeuillage des tentations

le nocturne avant le gouffre

23- dans la main de la sonate

le bronze et l’acier

 

 

24- nuits de Brahms

l’auriculaire du cuivre sous le vent

25- la nuit la passacaille

chemin d’épousailles

 

 

26- grive musicienne celle de l’oreille concave

27- j’entends le monde

la feuille morte

l’extase du gravier

 

 

28- promontoire de source

japonaise lascive du promenoir

29- vivifiante dans le varech

l’océane caresse du sable qui grandit

 

 

30- « d’île noire » comme requiem

une main de femme sur la peau des sables

31-  d’ « île noire » l’écho de femme argentine

 

 

32- d’île noire le bleu varech du désir

33- d’île noire l’empire de l’embrun

 

 

34- d’île noire Neruda du sable

route de Temuco

de l’enfant à rebours

35- mer des vertiges

mer des vestiges qui la sondent

 

 

36- celle qui m’a nommé

du bleu de son désir

d’une soif sans océan

37- l’aile du milan

la solitude acérée du plein vol

 

 

38-du jour où j’ai vécu le monde s’est rendu

Aux promesses de la soif

39- nippone de rouge

de brisure de talons

lacérée de solitude

 

 

40- je reste d’haleine

ce dur droit du désir

41-  vaincue de haute nuit

d’assaut et de désordre

 

 

42- chiliennes les ornières droiture des jours

qui finissent de ses crinières sages

à l’oblongue de la sagesse

43- plus sublime que l’aurore  ce diverticule

de Montignac

les souffles hauts de seins vivants

du plus vivant de notre ombre vécue

 

 

44- dans les gaines de l’azur froid

l’eau de fièvre

et celles de lèvres à la fleur facile

45- l’ombre et le jardin à fresque

d’homme passeurs d’ombre et de nuit

notre vie à vide

linceul du plus haut mât de la rosée

et du plus bel empire de notre visage

 

 

46- comme la nuit

du poids de l’aurore

la douleur respire

47- des jeux de l’enfance

 les fleurs dans leur turbulence

 

 

48- les sables du vieux rivage

l’étoile qui mime les temps de l’aurore

49- de son col de cygne l’arpège

et la parure de haute nuque

la nudité du velours

 

 

50- j’ai chanté le givre la fleur future

et la perdition

51- la chair s’accorde sur les fenêtres

de ton cœur qui bat

 

 

52- riveraine l’eau ruisselle

de tes sources d’incandescence

53- je te respire dans un vent torrentiel

 belle amazone dans le cœur démuni

d’une porte qui s’ouvre

 

 

54-  avant la mort cardinalice

le bijou mauve

55- dans la paresse et la pivoine

l’incertitude au dégrafé de la robe

la neige de l’oubli

 

 

56- le bronze de la cloche et l’éveil des volières

les yeux de l’abîme

57- l’orfèvrerie des chevelures

les blonds désirs nés de la femme

 

 

58- d’outre ciel

de voie lactée

l’émeraude en son seuil

59- dans son cuivre d’atlantique

l’éclat de la lame

la vague nostalgique

 

 

60- …comme tu souffrais l’éternité

l’éphémère des baisers

61- l’avenue claire de mon enfance

ce visage à la rosée qui construit

le seuil de la lumière

 

 

62- cette éternité de la neige

et le bleu mouvant de la chrysalide

63- papillons des désespoirs

les ailes d’orgueil d’un seul jour

 

 

64- ce visage de la nuit

ce couteau qui tranche les yeux

et le souffle du renaître

65- vivre au-delà des rides

avec les asphodèles

de naissantes clartés balbutiantes

 

 

66- je sais des roseaux de fidélité

et des remparts aux caresses de crépuscule

67- la rosée sous les jougs du plaisir

le pourpre et le long frisson de la casuistique

 

 

68- le palais des miroirs

le hennissement sur le sable

des jours finissant du salon de musique (satyatjit ray)

69- sauvage et limpide la fleur vers l’oubli

 

 

70- pilier de l’ombre je t’ai faite dénudée

du jour qui arrive

71- visage des grands jours la terre porte mon profil

 

 

72- dormir de ton ombre

 en simulacre

 la brûlure de nos avenirs

73- nuit du monde

les lampions giboyeux de l’espace

 

 

74- clarté du monde le diamant noir

ce désert froid des serpents

75- ce qui m’aide à vivre

la pierre blanche sur le chemin

des baillons de soleil

 

 

76- je sais vivre ici

pour résonner

toutes les ivresses du couperet

qui garde nos songes

77- l’ange dans son cahier d’école

la rature et l’éolienne

de celle qui arrive

 

 

78- passacaille d’ut mineur

d’avenir en expansion

l’encrier qui tâche les tabliers de l’univers

79- femmes veuves comme des torrents en vrac

et nues comme des reines

 

 

80- éloge de l’alchimiste

des damas

d’avant la rencontre des routes de nuit

81- violoncelle dans la chair douce

à l’éclisse des secrets

à la misère de ce qui veut vivre

 

 

82- ce que chante la rivière

c’est l’oreille lointaine sur l’écho de Cythère

83- tu brûlais dans le désert

comme un Giotto

dans sa toscane ombrie

 

 

84- vraisemblable océan du retour

avec la grâce de la vie infinie

85- les abeilles perpétuelles dans le miel

de mon sommeil

les arcs boutant du parfum

 

 

86- cœur de l’homme

comme un drap plié

au bout des nuits

87- nous nous aimions dans les sables

dans les diverticules de nous-mêmes

 

 

88- la nuit penche avec ses océans qui tournent

la lune respire comme un jaune de chagrin

89- tu restes la pérégrination du sable

qui monte loin dans sa supplique de tornade

 

 

90- les Walpurgis de la vénus immédiate

par nuit d’étoiles écartelées

91- de la toscane du plus vert des collines

le plus solaire de sa toison

 

 

92- japonaiseries de la nuque

ce doux murmure de l’herbe

de notre écho

93- la rue ensorcelant

la misère dans ses replis

 

 

94- japonaiserie la fièvre et le crépuscule

des caresses –

rêvent ces reines tigrées par la hache

95- murmure de la houppelande

dans le froissé de la confession

la lèvre sur le rouge

 

 

96- mon amour à battre la nuit

d’un vivant qui nous tutoie

97- de défaites en défaites les foudroyants soleils…

 

 

98- blanche foudre

nénuphar du secret

appoggiature au fil de l’eau

99-  apocalypse au versant de la clameur

sur un rivage nu

 

 

100- l’aiguisé de la soif

 la mortelle certitude des sables

d’incorruptible scorpion

 

 

 

 

HAIKUS EN REPONS

 

 

101- l’arbre halluciné de l’hiver

 

 

102- la main se crispe au seuil du ciel

103- brouillard dans la fêlure de la cloche

l’île en dit le vieux rêve

 

 

104- Cythère des résonances

carillon d’un froissement d’étoffe

105- celle qui découd le visage fidèle de la vie

 

 

106- celle qui règne de la fleur et du lys

107- l’océan a des yeux d’acier

son ombre a la soie des vieux rivages

 

 

108- l’infini qui danse en guirlande

 sur le chemin des femmes

109- le souffle éperdu du velours

d’un puits brûlant de la soif

 

 

110- les déserts d’avant

 les bouquets solaires

coin de rue des baisers

111- nuit des andantes

les hallebardes d’étoiles

qui nous prolongent

 

 

112- l’éclipse et le sentier des larmes

l’herbe des morts et le rire fossile

113- la nuit mystique

le vieux chemin qui va à la pierraille

où est le feu d’étoiles

 

 

114- comme viennent les rossignols

au solstice de la nuit

je dors à l’aigu du chant

115- là où tu règnes

ma nuit dans ses sources

 

 

116- captives de nos ombres

j’aime au jardin oblique

les larmes dans leurs gravillons

117- celle de la fièvre

au grêlé de la peau qui m’éveille

 

 

118- celle qui succède à la nuit

cornes de brume

bigarrure de collines

à boire je touche Valparaiso

119- le silence des milans

le haut vertige

et sa faucille d’altitude

 

 

120- nuit dévorante

bastion d’azur

 celle qui précède la mort

je marche avec toi d’un ciel neuf

 

DONS DE ROSES GLACEES

 

toi qui m’ensorcelles pour toujours renaître

tu fus un rocher tu restes un soleil

le duvet vert de l’amande sur la mémoire

 

ce vent fossile dans l’or noir de la nuit

ce sillon jaune depuis la fenêtre du rêve

 

de la solitude restent gravés

le fer incendiant

la peau neuve du désert

et sous les sables des vérités de serpent

la nuit dicte les derniers lieder

 

et l’écume et le havre des chants

mènent aux cris et aux rues

en lieu et place de palais

 

des déroutent solaires

 des routes jugulaires

frissonne une boréale illusion

l’ouvert cimetière de candeur

du baiser où la mort est à renaître