Poesies, 2012

Presqu’isle (2012)



↪ de vers véronèse
↪ fragments de Tarquinia
↪ dans des vents Etrusques
↪ dans le bleu du Mantegna







de vers véronèse

   

1-4 Janvier 2012

ROSENKAVALIER

COMME JE VIVAIS DE BLEU

 

nous avons vécu de polyphonies de lune

avec les anges

dans les désaccords de nous-mêmes

cet or de la pauvreté dans les poussières de vins anciens

nous avons congédié l’ivresse de bouches de goélands

« tu vivras avec moi dans les lies de la nuit

dans le visage de tous les hommes

et la ténèbre sous la glaise fragile

les lèvres du baiser et l’étoile guérissable de ton absence »

celle qui décille l’aveu d’avoir vécu les tutoiements

du désert

la lame froide d’astres neufs

et toujours te vivre toujours de roses

dans leur bouche de crépuscule

ma nuit m’ensevelit de pluies sans âges

de montagnes à gravir et du nouveau jour

indéfini

du rose des roses de notre écume d’amour

                                               ***

POLYCHROMES

                                                                                  « Pythagore : qui connaît dieu

et le soleil » 

9 Janvier 2012

 (cryptomnésia)

tu es là pour m’éveiller prendre sources aux pampres

des naissances

et ton amour qui charrue mes amours comme un nocturne

de vent d’octobre

en vents occis de carcération

de ceux qui naquirent palimpsestes du sable

de ceux qui prennent la voile pour tout désir

de ceux qui découpent les carreaux de soleil

dans des amanites de mort et de clartés

les robes rouges et les talons bruissants

comme aveu les longs cribles portuaires des sirènes

                                               ***

tu es bien vivante dans les attelages de l’azur

avec des doigts de rossignol

la marbrure du temps et les ankyloses du chant

la douleur et la couleur de l’oubli meurtri

du rose des claquemures et des ferrailles

ces vents crépusculaires qui disent le long éloge

de nos ombres

                                               ***

11 Janvier 2012

graves et fastes les heureux

dans les coulis et les drapés

à la naissance des désordres

l’océan et la vague en fin de rocaille

de nous la rencontre

de pierres

et des curares pour nourrir

les forces et la faim de celle qui est là à venir

                                               ***

j’entre dans ta nuit

dans la soie féroce

                                                           le velours qui ne cligne

                                                           et la peau sur les ressacs

                                               ***

l’azur qui m’incarcère

la nuit blanche

et les femmes virtuelles

dans les pelotes cognantes

de la toupie

                                               ***

petite nuit de la faim

l’étoile naine

fidèle à la fenêtre

                                               ***

12-13 Janvier 2012

mourir à l’ombre des arbres

avec les cloches en fleurs

                                               ***

comment aller vers l’immortalité ?

vers la mer

vers ces pulsions de la vie

du plus haut de la taille des roses

                                               ***

j’entre dans le curare la mort bleue

et le vieux bronze des cloches

de toutes les closeries de la nudité

la solitude tutoyant de sa paume

la vie carnassière

                                               ***

dans les piliers classiques et la symétrie

au socle de la naissance

vers l’ombre et le secret brûlant du désert

les figuiers futurs à visage d’homme

cet étal de l’oubli

dans les criantes sphères du sommeil

mon nom qui récitait mon ombre

dans la poitrine vivante des varechs

mon nom pour régner

sur la vivante naissance de la solitude

l’avenir avait meurtri le miroir des pluies

sans âge

le sable des temps à la contre cognée de l’azur

et ces tombeaux passionnés

de nos dimensions multiples

                                               ***

ces soleils anonymes comme la femme

qui manque à l’angle de ces ruelles

où par éclat te deviner

                                               ***

…d’un amour vivant de la plus obscure neige

et de l’indivision du monde…

gorgée des tréfonds  bleuis de la lumière

                                               ***

et comme l’écarlate le rouge des nuits du monde

les lèvres pour être aimé

et cette force qui nous rêve de notre sommeil

                                               ***

l’évanescence du rêve a l’encolure du sommeil

la blanche venue de nos parterres d’avenir

                                               ***

crevasser par les fonds de l’azur

cet épiderme clos au mors nocturne

et l’or sur les désordres

                                               ***

Paul  Tortelier Pierre Fournier  aux archets

et à la flétrissure d’une suite bleue

de sarabande

pour chacun de nos jours

                                               ***

comme la houppelande a la lande du secret

l’amertume et le vent

et ce qui porte la misère…

le gravier sonore de nous complices

                                               ***

le violoncelle dicte le dédale la nuit son éclat

la voie sombre le miroir lyrique

                                               ***

dans l’orchidée noire et le rire de la chair

les passementeries rouges des lèvres vivantes

d’aurores venues du plein miel de ta peau

boréale

comme à la fin du nocturne le rappel des oiseaux

                                               ***

le ciel clos sur tes paupières propices

                                               ***

nos amours granitiques sous les combles

 et les lucarnes d’azur

l’abyssal violoncelle aux branchages de la nuit

un velours dénudé de notre vivant sommeil

l’or des longs coulis de nos ruines

                                               ***

18 Janvier 2012

ces soleils qui gardent nos songes

ces prisons qui redessinent

sous les herses de l’azur

la lumière du cœur captif

et le métal de tes yeux

en bouquet de lagunes

                                               ***

25 Janvier 2012

l’ange de pierre en pays thaumaturge

porte l’éclipse de la mer et le chant de thanatos

le bronze des cloches dans des jardins antiques

embouquant le vieux lierre

où le hasard a son éternité

tu poses les lèvres dans les tutoiements du feu

à l’ourlet du désert et les blanches dormitions

drapées d’opaline

quand tes reins se rient de la nuit

tu poses les lèvres sur l’origine du monde

et la dissymétrie du cœur 

dans les forges de l’orage

dans les souffles d’orgue

tes lèvres se posent sur mes paupières

navigables

ces tressages de la nuit qui lèchent

l’encolure et la nuque en ses arpèges de cygne

et tes baisers lissent les ombres

qu’on y peut lire les ciseaux sur la pierre

                                                                                         soleil

1-6 février 2012

l’ombre et les miroirs l’arc des jours traversant

les forêts obscures

dans le livre nu des graves et des glaises

les masses bleues des cœurs qui incendient

sous les jougs de l’azur

et toute la mer à la tombée des voilures

vers qui battent les écorces de mon sang

et les paupières des sables naufrageuses

au déni de nos rêves

l’arbre a la croissance univoque comme mon amour

qui porte notre secret de terre et de ciel

tous les cerisiers en fleurs de ta bouche

nuit de porphyre qui lâche les foudres

dans leur poing d’orage

nuit calleuse de volcans dans leur pluie d’orgue

hallebardiers des ténèbres à la lente coulée du vivant

dans des baisers de sel

du bleu de la mémoire de la mer

nuit d’écaille de rose qui nous déserte et qui porte l’exsangue

                                               ***

Earle brown twenty five pages piano

Pour 1 à 25 pianos 1953

                                              

                                               ***     

9 février 2012

mourir de ce que je meurs le glas au torrent

sur les chemins de la mer

celle qui allège l’univers de sa lumière abrupte

de papillon

celle de grand téton fécond à la hanche

de madrigal noir dans l’ordre aigu du plaisir

de ce qui meurt dans le survivre et la ruine

dolente et vive à la craie de la douleur

ce fard des polyphonies de la refondation

de brûlantes théophanies

le trèfle d’acier du baiser dans le nu des fleurs

quand affleure le grenat sourd de la rosace

ma vie pour mourir d’où nous mourons de vivre

quand celle sur mon front en garde

comme fée de vènerie

la reverdie blanche du double éclat de la neige

                                               ***

10 février 2012

en cet an 1607  mantova voyait naître l’orfeo du divin Claudio

j’ouvrirai un jour d’avril les fenêtres sur la place du palais ducal

de Gonzague et de Mantegna

dans le rose du couchant

les ombres confluentes

et le fer de la nuit

Tancrède et Clorinda au sein percé

hôtel des deux guerriers

                                               ***

12-20 février 2012

dans la poussière de Ségeste dorique et jaunie

de jonquilles

l’enlacement du lierre totémique

de couleurs tragédiant la voix de celles aimées

au sein de connivence

nous nous riions des herbes

et des vents pleureurs

de l’écho testamentaire des haleines byzantines

de la fontaine vivante de notre sang noir

la pierre est lépreuse de notre double nom d’ossement

                                               ***

là-bas la vie de violette et les mamelons de l’enfance

qui pousse d’un rêve de corail vert

« le monde est un baiser qui corrompt …»

l’univers entier de femme à voix d’alto

dans son long capricorne

et la nuit de cap Horn à la chevelure

qui tient lieu de seule torche

avant Valparaiso qui porte les étoiles

et la mort nous rêve dans les bleus tapis du sommeil

l’arachnéenne enserre du vitrail  où je baise le blé

caressable de tes yeux

l’enserre mauve recluse d’amour la sans cesse sœur

de juin de juillet de la plus profonde lyre

et l’ankylose de la pierre ci-gisant le vent d’haleine

au seuil de palmeraie la vivante tant aimée –

des sables nous ont rêvé le fruit des sources

ce vent de conque au secret de quinte ascendante

de l’aigu

de toi irisant de nos doigts maigres ce baiser sur le monde

                                               ***

 

 20-28 février 2012

HAIKUS DES VANITES

 

 1- l’ortie bleue sous les nuits

l’équivoque  déchire le silence

gagaku d’ombre

 

 

 

 

 

 2- nuit carrossable à chaque ourlet de lumière

 

3- j’initie le labour fécond

de calleuse éternité

 

 

 

 

4- pilier des sagesses le visage du ruisseau

au cœur de l’errance

5- neiges ensevelissant es

bleues comme l’âme à sa chute

 

 

 

 

6- le chant du rossignol a sa chute

dans la lumière oblique

 7- ma fille au cerf-volant naviguait

haut les étés jaunes

papillon d’Icare sur les lèvres

 

 

 

8- dans la sveltesse du chant

les éboulis mûrs de l’arpège

du baiser retenu

9- bourreau de pierre

comme ciselures

comme pelures de l’âme

 

 

 

10- la nuit forge la ferronnerie du désir

des épis de soleil

11- la parole tisse des filigranes

de rapaces migrateurs

 

 

 

12- ma sœur ma louve

 à l’éclat bruni d’or des jalousies

 13- du vieux Delft qu’altère de sillon froid

le don des tulipes coupées

 

 

14- de fleurs et de ressacs

au vif de l’eau morte

l’écume approximative

15- comme pour mourir

la terre frissonne

d’une vieille ivresse toscane

 

 

 

 6- la douleur est en biseau

diamant de l’azur

 

17- ce que disent les masques a l’augure 

des roses

ce cristal noir du madrigal

 

 

 

18- ce que visent les vanités giboyeuses

de leurs dents jaunies de bals anciens

19- femme à la robe de nudité

au sein perlé de violette

j’entre dans la nuit du concerto

 

 

 

20- l’azur chante un poids de pyramides

pour vivre la foudre

qui gravite de son lierre de serpent ininterrompu

21- comme un parfum le sein rougeoyant

la nuit lisse dans ses sphères de mimosas

 

 

22- le visage de la nuit dort

de paupières closes d’azur

23- beauté aux volets clos

à la source dicible de la lumière

je construis ta fertilité de désert

 

 

 

24- l’incréé miroir du vent

dans un assourdissant unisson d’été

25- d’égyptienne ou de japonaise épigraphie

la pierre s’enracine

 dans l’ombre univoque d’un secret

 

 

 

 POLYCHROME 2

1-8 mars 2012

ma source de vitrail l’extinguible lumière

la vanité de sa clarté comme Gesualdo

à la joie douloureuse

soleils à la chair renaissante

nous nous étions promis de vivre l’été

 jusqu’aux couleurs inaltérées du dernier trèfle

celles qui restent dans le tressage de clarté

des grandes capitales aux horizons

de vie et de mort crépusculaires

et celle qui dénoue les chevelures de l’oubli

du diamant pur des ressacs de pleine mer

ma perle brute de sauvagerie à l’aboli des neiges

et à la lézarde de l’arbre qui est en nous

ma source de vitrail a l’or qui se cache

comme visage d’idole dans le sommeil des torrents

ma bouche amère revenue des archipels

pour qu’éclatent les citrons et les tamaris

et les veines glacées de celles

 qui ont longtemps bu au téton noir d’Aconcagua

pour toujours ma chair de vitrail

et les territoires aux guipures de roses

sur les sables du levain nous nous étions promis

l’incandescence îlienne de nos noces d’azur

jusqu’à l’acier de la fidélité

la mort seule reste sur les verrières du sable…

là nous avions promis de mauves baisers

à l’anthracite de la solitude

et à la houppelande d’étoile qui nous révèle

l’amour seul qui renferme l’étendue de la nuit

et la clarté de l’ecclésiaste  mûrie

 comme je n’ai que toi comme orfèvrerie

de vanité des cœurs

ma source que je baise

 de la bouche où le miel dort

du sommeil noueux de nos racines

                                               ***

8 mars 2012

ces cantiques de requiem de Webern en Stravinsky

comme une messe des morts de poche

                                               ***

12 mars 2012

l’amour touche du bout de ses lèvres

l’origine de la solitude

l’amour murmure ses graviers de solitude

et les intonations de métamorphoses de la mer

                                               ***

14 mars 2012

des quatre cavaliers de rouge et de noir

de linceul

constellants du grand accord à l’octave

d’où renaître

l’eau vivante de nuit répétée de paupière

de soif disjointe

l’infinie nuit a la chair de cresson d’étoile

et l’Orion dans son origine

matin des mondes vertébral

 matin d’où je nous vois

avec les yeux organiques du souffle dissout

                                               ***

15 mars 2012

l’eau à l’orient de la soif

de la plus grande angoisse

au surplomb des fleurs

l’oiseau kibitaki

balcon pour attendre

ce qui nous reste de la nuit

                                               ***

margelle de l’usure aux pas aveugles

aux clapots tiède de l’eau fanée

encourant les parfums de la ruine

l’herbe avec l’histoire du vent qui colle à la peau

                                                 *

de la blancheur que recouvre le sommeil

à l’or vif

le clairon du temps sur la chair

de l’anxiété a la ville en ses murailles d’orgue

                                               ***

ma vie tient dans les velours rougis à l’or

et aux sables

dans ses rets d’humanité que débusquent les os du vent

                                               ***

Monteverdi les vêpres 25 mars 1610 mantova

                                               ***

gela face à l’orient gela nourricière au portique

 d’orient de mon ombre à venir

comme le pas naissant d’Ulysse

la houle et la ronce des barbaries doriques

le rivage au sein jeune

je suis né d’hérédité lacustre

d’un havre comme d’un pacte avec la mer

                                               ***

26 mars 2012

l’étoile fugitive

le vent soupçonneux

l’acier à l’heure des dieux

qui boise la tristesse

colloquant deux ombres

sur des parfums de fleurs

et des naines rouges

d’une lente barque de sommeil

l’amour a dans sa demeure

le cœur emmuré

                                               ***

grenades  à l’éclat des cœurs qui saturent

et l’amarre pour les vents qui portent l’hiver

d’exil

tu sais le ciel épigraphique

galactique nébuleuse d’un soupçon

les mâtures auriculaires d’un voyage de traîne

tu sais les harmoniques du vent sur les miroirs

de la mort assourdie

                                               ***

28 mars 2012

rien qui ne soit route de galaxie

naine obscure à la naissance de l’azur

                                               ***

GAGAKU

29 mars 2012

lambeau du bleu d’un lit d’étoiles accortes

nébuleuse d’encre sous mes pas d’acier

papillon de crédulité le jour s’en est allé

                                               *

l’ivresse a ses pampres de tant aimer d’un sein lourd

la sève montait des racines son chant de terre

                                               ***

comme une vivante à la fidélité de fleuve

ma sans amarre

l’étoile dans la paume fermée

foudre captive de l’aurore

                                               ***

31 mars 2012

chêne qu’on abat de solitude la Bérénice des sables

qui sourd sous les perles de la passion

l’équarri des jours comme la pierre pourrissante

et la salve des amours sous de vieilles pluies

l’airain amer où la femme se fait nuit

pour se croire veuve de cœur

aux quatre vents de ruine

comme un chêne qu’on abat de solitude

                                               ***

l’azur aveuglant de noces bleues où se perdre

                                               ***

parfum de la nuit qui conserve l’épée endorphique du soleil





fragments de Tarquinia

     

 

par-delà les ruines les arcades de l’enfance

la mémoire même de l’origine

restaient les flétrissures de coquelicots et les jalons

de l’ambre

les jasminants aplombs sur les bouches hostiles

d’atlantique

ce monde arrivait comme un matin

avec les yeux aguerris de l’amour 

et le lierre a étreint la pierre périssable

et j’ai connu la clarté lunaire

pour naître encore à la foudre

et à une ville nouvelle

par-dessus les ruines de cet hier j’ai senti

cette carcasse de nuit à venir et le sang obscur

par-dessus les ruines l’île accorte et le chenal

du jour navigable

de ressurgents miels dans les vents graves

et le plein fouet de nos racines

l’usure et la tristesse à gros bouillon de ton corsage

suppliciable

comme à l’appel des voiles la route de l’écume

et la malemort de toi rose magnétique où je suis né

de bougainvilles tragédiant mon ombre d’entrelacs

par-delà les rues vagues de la mémoire

et de blanches terrasses

comme calèche d’or des jours qui phaëtonnent

l’univers carrossable

par-delà le nacre des plages le cœur du vent

dans le rire des tragédiennes et la haute mer barbare

haute mer dépliée mer apocryphe qui cherche la source

haute mer par-delà la naissance tombale

la ruine que parchemine le vent dans son goût de rose

et de terre flétrie

 

 

 




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HAIKUS DE NARA

 

 

1- ciel qui crie dans ses rouages

 

 

 

 

2- le bronze glisse son infini l’azur qui carillonne 

3- plus froid que le froid de la terre

 chronos sans soleil 

 

 

4- hautes herbes froissées

haute lyrique des alanguis

témoins des harmoniques du vent

5- l’aurore bleue du tombal

amante galactique

 

 

 

6- elle dirige la dague vers l’infini de dieu

celle qui rit aux anges

7- coulées chaudes du cuir

roses les cuisses hautes LHOOQ

 

 

8- rouges de robe

orgique de talons nus

à fendre l’âme

9- nous mourrons de tes yeux d’encre

la foudre à portée de nous

 

 

 

10- doigts du chant d’Orphée architecte

à pierre fendre

11- l’étoile qui meurt comme le mimosa après la nuit

 

 

 

12- ces jardins de l’éden suspendus à tes lèvres

13- la foudre est froide comme la colère

sa nuit trace un sentier de rancœur

 

 

 

14- mon cœur écaille les degrés de l’abîme

la nuit avare d’une fièvre ébréchée

15- les ombres respectent la douleur du silence

les désaveux de la mort

 

 

 

16- plus mortelle sous l’auvent de tes paupières

la ville qui renoue à l’azur de tes yeux

17- la nuit charrue les calibres de la foudre

 

 

18- aux portes d’Antigone

dans la peur agrandie

19- la cerisaie dans la neige avec deux doigts de sang

 

 

 

20- leçon des ténèbres figure de proue du secret

21- elle a vécu de son visage d’ombre

la terre a les joues en feu

 

 

 

22- dans l’avril et son étau de désir

l’avril où tombent les étoiles

dans les serres chaudes du désastre

23- dans ses dormitions de louve

elle ouïssait des chants de ravines

 

 

24- mémoire reverdie

le vent a la transparence de notre langage

25- dans les a fresco de purs pavots à visage de collines

ta bouche d’or néflière

la mise au monde de mon visage au miroir

 

 

26- l’homme vers le sud a levé l’ancre

et ses territoires de solitude

…l’or voué aux sables…

27- pierrot lunaire

ces champs auriculaires qui arment ta nuit

 

 

 

28- l’homme saturé à la massivité des jours

la gravité rauque de ses châteaux d’argile

29- enfants nous unissions nos ciels d’or de la poésie

 

 

30- mon automne dans le roussi froid

de la raréfaction du jour

31- ce chiffre des jours

pour mourir du bleu

ou de l’éclat neuf

de ton passage d’étoile

 

 

 

32- l’archipel d’Orion jauni

de vieilles lèvres de coquelicots

des pas survivants sur les sables

33- dans le corsage qui tangue

le vieux chant d’argile

le couperet reptilien du désir

 

 

 

34- de mémoire bègue le redire de l’amour

le cri fossile de la clarté

35- nous vivions dans des ourlets de galaxies

aux racines mêmes des ossements

 

 

36- le vent de la lyre

le jour remémorable de la vigne d’avril

37- fioretti des champs de trèfle des vieilles garrigues

la magnétude de l’ombre des vents sourciers

 

 

 

38- femmes palimpsestes

comme des palais hantés 

sur leur fondation de sable

39- l’azur qui creuse les rocailles de la parole

 

 

40- châteaux d’abîmes

l’étoile théologique

et le marbre blanc des bras de femme

41- d’île en île voyageur à visage à nouveau glabre

hanté du lys et d’Ulysse

 

 

42- Danube de valse

la nuit qui cambre

serpentine bouche d’or

43- …et je t’attends la lune sous les paupières

 

 

44- nous avions la couleur de la douleur

et l’utopie de la terre

la clarté qui trace le sillon

45- de l’étoile à grande écume sur nos tuiles

qui s’éveillent

cet azur qui respire

 

 

46- elle prenait la douleur par la main

mon paysage clos sur ses paupières

le sang des roses ne nous abandonne plus

47- les éboulis de cœur fantôme des amants telluriques

 

 

48- pour écorce de visage

de la plus belle neige l’arbre vit en nous

49- des filigranes de vertige

la mort cousue à vif

sur le damier du sable

 

 

50- le vent carillonne au bronze de ma mort

que s’échappe des chevelures d’incendie

 

13 avril 2012

ce goût de zéphyr de cloches en chrysalides

des pelures de soif d’avant la nuit

des harpes au goût de mer

et le scellé rythmique de l’homme giboyeux

dans sa voilure de haute violence

haut torchis de sa solitude

dans la chair du quatuor l’aigu irise

de haute étoile

de falaise de solitude

la couleur de muraille du cœur

                                               ***

                                                                                                                                

15 avril 2012

notre seule guerre vécue c’était soixante huit

nos murs étaient barbouillés de sang de mûres

de barricades d’allumettes

et de longs doigts de bâtons de craie

pour peindre des arcs-en-ciel

et des poésies qui nous prenaient par la main

du lycée gravissaient l’escalier des fleurs

et des chevelures adamiques des vents d’avenir

nous avions le goût des cerises

mordues aux rouges de lèvres de valeurs nouvelles

                                               ***

 

 

16 avril 2012

NARA II

 

1- cerisiers rouges de nara

de l’aurore aux seins lourds

 

 

2- le livre ouvert comme le miel du monde

sans songer à mourir

3- les songes à l’embarcadère la vie bue aux sources du temps

mise en terre dans des territoires de soleil

 

 

4- …celles portant des clartés d’ossuaire

5- à jaunir les jonchaies

ce poids des corps sur l’herbe fade

 

 

6- l’herbe défaite

la mort lunaire

qui nous rêve massive

7- tu rêvais de longues terrasses de lune

des clartés d’opium vert

 

 

8- le vent reptile

 les joues rosies

9- les glaciers qui tombent leur visage d’ombre

 

 

10- le cœur est resté l’asphyxie

la ville dorée qui ruisselle

11- Pérou démuni de tes os de jade

tu gardes un balcon sur la mer

les dents de jaguar de l’inca

 

 

12- dans des tunnels de soleil

le chemin des foudres

la perfection qui creuse

13- l’étoile naine en bordure d’abîme

le si grand bal du nocturne spectral

 

 

14- nuit qui creuse

jusqu’à la nudité

l’aurore où respirer

15- les métamorphoses du cristal que la nuit crie

 

 

 

16- et les tombes se font vieilles

et les roses se font cendres

les chevelures du temps

et le sommeil cousu dans le ciel

17- chant de la terre

osselet de la nuit

celui à la douleur d’infini

 

 

 

18- ma main sur le cristal du clavier

ferme les paupières de l’ivoire

19- nara nue de chevelures qui pleurent

au bas des reins

les cerisiers rosis du plaisir

 

 

20- dans l’azur au partage du bleu

qui dévide le feu libre des volières

21- le ventre nu de la nuit

à boire tout son soûl la respiration de la mort

 

 

22- comme un extrême amour

la floraison de foudre

la blancheur de la robe tâchée de mûres

23- o le basalte et l’azurite

le vent conquérant

et l’eau hantée

 

 

24- l’aurore était maigre dans sa chaconne de vent

l’étoile fermée sous la mer apocryphe

25- libera me…

entre les colonnes de porphyre

la nuit dans le silence auriculaire

 

 

26- la nuit porte plus profond que les racines

ses diamants de pluies

27- le verbe mémorable sous les scellés du vent

 

 

28- venus à l’échancrure des sources

sourciers de vent qui chante l’éclat

et le poinçon de la chair

29- chromosome de la voie sombre

nervures qui tracent ses lèvres

d’un coulis d’ortie noire

 

 

30-comme l’ombre qui soutient le jour

l’éclat nocturne perle sa nudité de verre brisé

 

KULU SE MAMA

Bogota du pourpre et de l’ocre de l’automne éternel

de verre et de pierre qui montent vers le ciel

à la rencontre des cruautés

des dents de jade

corne du vent à la souillure et aux écailles de ses murs

la tellurie de « la cinque de la tarde… »

quand la violence est en elle

et de mort blanche et taurine

la chevelure qui ruisselle de la craie

de ses morceaux de ciel

du couteau effilé de ses résonances de guitare

par l’archet j’ai chanté les pavements de l’enfer

le choral des rugissants

la nuit crissante au septentrion de violoncelle

Bogota chante sa nuit végétale Bogota la chaude

le parfum des vents orfèvres

Bogota chante le boyaca de l’or vert

pluie noire de la mémoire du tambour

de belalcazar et de jaguar immémorial

j’ai chanté les poumons de sa cuirasse

et la peau de ses femmes de cuivre

et le buccin lourd de son limon de safran

Bogota où les hommes arrivèrent

sur la plaine grande comme une mer

riche de rêve aux mâtures de caravelle

Bogota du sel et de l’émeraude

de ses femmes lacustres à la hanche de fièvre

à l’ivoire de leurs dents de cumbia

d’orchidée fauve sur les tuiles de la nuit

de solitude sculptée

et d’homme de glaise torrentielle

                                               ***

De hautes odyssées ce qui souffle par le cuivre

le ciel éperdu

l’asturias grave et comme sculpté par la parole

le jaguar et la peau d’angoisse

le venin des transes et de l’anamorphose

nuit ancestrale de curare

nuit révulsive par qui souffle la parole

qui va à la vague et au vent

cohorte des blés mûris de leur chant de pluie

vers le ciel

cohorte de nos ombres de pierre

qui embrasent vers le large

et la terre qui mesure la rotondité

de mon retour à sa base

de ce lent vertige de lierre qui épouse la ruine

haut vertige qui porte au cœur la clé de voûte

au plus harmonique sarclage du buccin

hauts vertiges des telluries fertiles

ces coulis de fleuve de nervures bleues

et du limon des sangs arythmés

déréliction des peuples de pierres

vertiges au soleil des vanités de gangrène

hauts soleils sculptés

et le visage émondé par le buccin à l’astreinte

et le colloque des printemps aux asphaltes neufs

hautes flambées de fleurs dévorantes d’espace

égales à l’antique

de tipasa de nacre et de rivages l’éole lydienne

qui corrompt la nuit qui se transfigure

hauts bétyles de nuque blanche

dans les spères addictives

et les longues mains de parfums rares

hauts seins de volcan que pétrifient les neiges mûries

mer de Cyclades mer litanique de kaïros et d’Ulysse

de noces dans leur œuf de soleil et le travail du vent

dans la clarté vitrifiante

je reviendrai happé de la mort par des mains de fleurs

« pour vivre des champs clos de soleil

des paupières lasses qui divisent la nuit

dans la fracture même de l’eau ressurgente

dans la clameur du glacier »

l’eau fauve bâtisseuse de la naissance

et des humanités d’argile

d’une lumière qui tenaille et qui pétrifie par le temps

et ce sang de labour à la machette de l’azur

haut tombereau de l’oubli et du souffle

de la haute refonte

de ceux qui ferraillent dans le cœur de la mer

                                                                                                         

25 avril– 5 mai 2012

 

 

 




http://louispoesie.free.fr/poesie/presquisle/source/enluminure/presquile-vertveronese.gif

GAGAKU 2

11 mai 2012

 

1- mer déclinante

mer enfouie

le château vacant

mer d’Ulysse

et de bronze

du souffle d’Ys

 

 

2- là où est la neige inhumaine

la parole est sans cadastre

3- femme au corps orfèvre de basilique

avec ses jeux d’artifices

et ses plis secrets de bouteille à la mer

 

 

4- Manosque de la main de tuile

comme un ciel ouvert de chant d’abeilles

5- …elle avançait herminée de l’orgueil

à talons profonds…

 

 

6- …nous demeurons lourds avec la mort sur les épaules…

7- …crotale qui siffle le sang bleu du fond de la terre

 

 

8- droite et torride comme une Espagne

l’au-delà de cyprès qui s’accablent

la dague mauresque

9- dans le domaine de l’acier

la religiosité cardinalice d’une mort à vif

 

 

10-  dans les ocres de cartagena

où les brunes vespérales tissent la chair noire

des navigations

11- de Schumann à Liszt

la douleur nautilienne

 

 

12- des doigts de pluie sur les foudres maigres du koto

13- la plus que lunaire

nuit de pierrot

sur la corne d’errance

 

 

14- et sous le poids de tant de nuages

la chrysalide des filles fleurs dans leur cortège

15- l’heure agonique des navigations du vent

et le sillage de femme

des roses

 

 

16- l’heure des cloches

 celle du cœur

qui rentre dans le bleu de ses sources

17- l’heure fléau qui azure

la fertilité des limons de clarté

 

 

18- l’albayzin dans ses morceaux de ciel

et ses vieilles murailles d’orangers

la bouche dévote qui sent la fièvre des femmes

19- nuit gémelle de l’angoisse

et de l’encre sans fond

mon sang de cendres

comme un sablier qui dicte l’infini

 

 

20- qui à l’heure votive des crépuscules

dans le langage de l’ombre ?

21- l’épine de rose des mystiques

l’extase s’abat de son poids de ronce

 

 

22-   a) monde inauguré de nuit

         b) nuit qui creuse notre temps nocturne

23- nuit extensive comme un poids d’univers

 

 

24- pastorale de l’ombre asphaltée de temps

25- nuit verte de la mer qui bat le glas

nuit du cercle de l’homme et du taureau

dans leurs géométries de mort

 

 

26- habitant le monde et l’été dans ses forces

j’ai l’âge des fleurs

27- et dans la rose inhabitable

ma ville au chant de volets clos

le cœur a l’azur immobile

 

 

28- …la ville traverse les jasmins

qui portent tes seins d’incendie

29- d’aurore nous n’aurons eu que l’haleine sans tain

d’un parterre d’étoiles

 

 

30- les ascensions éternelles vers dieu

à débusquer des nids d’aigle à paroles de vertiges

31- soleil qui transfigure

dans son œil de ténèbre

 

 

32- nous aurons le monde

le feu dévêtu

la pulpe d’un sablier de soleil

33- le désir d’infini s’est senti croître

 

 

34- par des femmes habitées de long fleuve

la parure des quatre derniers lieder de cristal

35- cette respiration de fer rougi

l’entrelac des vagues de sépulcre

l’alliage a l’acier à hauteur d’homme

 

 

36- l’épi de blé dans un ciel à la renverse

le coup de grâce qui mûrit

37- dans ma rue naissaient de verts citrons

qui mordaient la peau neuve et la bouche

encore acide de baisers d’étoiles

 

 

38- le cœur est loin d’habiter

la jeune fêlure du diamant

39- dans le tombereau des couleurs

Paolo l’Uccello

candeur d’un pur sillon d’incendie

 

 

40- dans la chair de la pierre la foudre architecte

41-  nos alphabets s’ouvrirent sur la nuit

et la foudre du scorpion

 

 

41’- et le verbe se fit chair

et la douleur portait le nom des estuaires de la femme

42- et sans ressource

par un pays de douleur

en elle je venais pour la chair et l’obscur

 

 

43- rouge rose orangé créée de terre neuve

et de lumière

le sourire du sang a l’ombre de la rouille

44- la chose est sûre

résumons

nous ne savons ni où ni comment ni quand…

 

 

45- j’ai la force d’une source

chaque syllabe du vent porte ma clarté autiste

d’île en île

46- fleur maladive le cœur respire vêtu de feu

 

 

47- de ses yeux de ténèbre

un souffle d’enclume respire le corps

sculpté de la foudre

48- la nuit ferme ses verrous

sur ses débris de verre

qui creusent des pluies de cloches

 

 

49- nuit de confiteor

de cyprès qui témoignent

50- bergers toscans

nous échafaudions l’éden

 

 

RABAT 2

Rabat je me souviens il y a cinquante ans, rue taillandier au n°6

faisait face le blanc palais des phosphates. L’éclat des murs en été

empêchait les yeux d’en fixer les surfaces ; rarement nous nous risquions

dans les rues environnantes avant seize heures ; l’été brulait tout. La vie

ralentie était derrière l’ombre unanime des volets clos ; le matin on rinçait à grande eau les mosaïques de pavement des chambres et des couloirs ; ainsi la fraîcheur donnait ce même bonheur que les flambées d’alcool durant les maigres hiver.

La dernière vision que j’eu de cette rue fut ce fameux 15 juillet où nous quittions la rue, la ville, le pays. Je garde l’image de B.C. qui sifflotait après m’avoir dit au revoir dans l’insouciance de cette enfance où on ne croit guère aux départs définitifs ni à rien d’autre qu’à la plénitude de notre éternel présent. Il allait lentement à bicyclette sans se retourner, pensant que demain on se reverrait ; les murs étaient accablés de blancheur. Il allait certainement faire le tour du pâté de maison comme on l’avait fait mille fois durant les années qui précédaient.

Faisant face à l’avenue Mohamed V le grand minaret ; le muezzin, deux fois par jour, lançait son souffle antique de foi ; je suis né là. Par les cloches de la cathédrale et par l’appel des minarets.

Mon grand-père maçon avait contribué longtemps avant, à l’érection de la croix au sommet de la cathédrale.

C’était le Rabat des blancheurs, des bougainvilliers, des consulats, des larges boulevards et des terrains vagues.

Rue normand, sur une place qui me paraissait large en ce temps, une pharmacie faisait angle, puis la librairie d’Angela, la librairie « Horizons » où je faisais la trouble et définitive expérience de la lecture. La Garde Noire, en tenue d’apparat rouge, avec ses grosses motos se présentait tous les vendredis pour la presse du Palais Royal.


La librairie avait un étage, un escalier en colimaçon où je grimpais, où j’étais souvent seul ; j’accédais aussi aux réserves de papiers, de stylos, de cartons ; un lieu résiduel qui paraissait immense ; j’étais tant absorbé par ce qui fut mon école du rêve, qu’un soir d’été, à l’heure où la lumière compte double, je levais les yeux et m’aperçus que le magasin  s’était refermé sur moi. On m’avait oublié à l’intérieur. J’étais derrière les grilles de fer.

Ma tante crut  que j’étais parti avec ma mère, ma mère me pensait chez ma grand-mère alors que j’étais seulement absorbé dans des lectures en silence et comme absent à l’univers environnant.

277 07 37 … on vint me libérer à la nuit déjà tombante ; extirpé comme Jonas de la baleine. La frayeur fut plus grande pour les femmes de ma famille que pour moi , qui n’était finalement , que dans le ventre clos de ce sanctuaire de lecture qui reste toujours un peu le mien même après sa mise en vente et le rachat par un des employés , des années plus tard.

1956 ; 1957 ? dans un coin de chambre, tous mes livres épars à même le sol, une pleine page attirant mon attention, illustrant un texte que je ne savais encore lire, un lézard (n’était-ce plutôt un énorme serpent) vert, en pleine contorsion, avec peut-être des stries jaunes …

De là, ma première érection consciente.

Quelques années plus tard, soulevant une pierre oubliée depuis longtemps dans l’humidité d’un sous-bois de bord de mer, un scorpion, noir comme l’enfer, son couteau de mort dressé comme en un mouvement de turban guerrier ; après un frisson de répulsion sous l’ombre des arbres maigres,  je respirais pleinement tant était sereine et prégnante la musique des vagues et douce la sensation sous les pieds du sable accablant de blancheur 

………………………………………………………………….

 

PASSACAILLE

à plusieurs voies et chœurs imaginaires –

-encore nous vivrons

                                               de spectre de soleil

-noir de nuit

s’abattent ces silex de silence

la nuit prenait sa naissance à la proue

d’une source close

                                   ma sœur Electre

une grande mixité d’anges parvenus au seuil

c’est un monologue de sphères et de bretelles de galaxies

 

blanche spirale au si aigu de diamant (et ce la faisant si mal

à Schumann) qui corrode le sommeil

dans la robe d’anxiété au travers des fenêtres d’endenich

la grande absente

                                   Clara…

 

ce la qui portait à la torture…

de cloches blanches battant la campagne des chants de l’aube

 

encore nous vivrons à porter le feu d’Orion

notre sang noir de l’épaisseur de la nuit

est-ce toi qui entend cette douceur de la mort ?

 

cet opus 133 venant après les pièces nocturnes

toutes les digues rompues d’un ultime hoquet

chromatique

 

ce charruement d’accords comme autant d’âmes évacuées

de la queue d’une comète auriculaire reçues comme un vent d’orgue

 

ce la fondamental mis à nu sans sa chair gravitative

 

les délicats chapelets d’arpèges ainsi dépecés

étaient perçus tels les colonnes d’un temple dorique

instaurant une évidence crissante

hoquetantes dans l’ordre nécessaire de leur succession rythmique

 

des cliquetis féroces d’un augure disharmonique…

 

-l’aurore au travers des carreaux d’endenich poudroyait

du jour neuf

le curare d’Oreste agissant sous les doigts d’accords

qui n’étaient que l’os et l’oripeau dysfonctionnant

les premières vapeurs de l’aube naissante

 

 

-est-ce toi qui prélude à la chair de la nuit ?

-recluse

            dans le bouquet melliflue qui féconde les astres

était-ce dieu qui inventait l’harmonie

à seule fin de défier le chaos ?

-l’étoile est l’achèvement de l’Enfer

-l’étoile est à  l’achèvement du Paradis

 

-et puis d’autres folies apparurent –

cobalt

            l’ombre tombait sous les coups répétés du glas

tout porte à croire qu’entre cette vie et la mort à venir

dans l’enserre de la folie

d’un tombereau de vertige nous édifierions

le tombeau des dogmes

embouquant les voiles et les navires

demeurons les fragmentaires

les nautoniers diurnes

pour les espaces vierges à l’inouï des océans bastringues

l’argonaute comme un soleil entier –

igitour dit «  vous mathématiciens expirâtes »

toute la grâce de l’Egée

et la jambe dorique

la peau au rire de perle

et à l’éclat de verrière

d’un cornet de dé d’un hasard absorbé

de diotima

de sa naissance au lit des prairies blondes

rêvant de vivre

et mourir dans des îles blanches

comme un corps de beffroi mille et mille terreurs

aux dentelures de pierres

                                                           -cette nuit qui a exclu dieu

                                                                  …

                                                           -celle qui vit en nous

 et son charruement du sang

dans le fleuve de l’homme céleste

 

comme pour Schumann la nuit commence

avec les mappemondes

la géographie des sources

l’enfance qui n’est plus très loin

les noms claquent au vent solaire

des noms phonèmes et portuaires

 

rivages et amarres dans le langage

de ceux qui ont doublé l’Horn

qui ont mordu la ténèbre

blanchis à l’enclenche de glaciers lucides

et aux pourpres de doigts d’aurore

de  nuit d’oracle igitour aurait pu dire

« vous défendîtes l’homme

nous pensions sa transcendance »

ce grand midi pétri si près de cyprès étrusques

                                                                                              (petit écho de lied)

-et sous quelles bures charnues de la terre

                                                                       l’abîme d’azur ?

dans des coiffes de foudre

                                               dans les ut majeur

                                                                       « à rêver l’herbe que chantait karl erb »

a quelle source de solitude rompre la mort 

de nuit seigneuriale

de gravier hanté

de France depuis les plus beaux villages du monde

d’où l’on voit toutes les étoiles

 

 

-l’esprit nous mène à la fin de toute chair

-j’enserre les lignes de la main
recluse de l’avenir

 

-des cris du monde polinisent le feu des astres





dans des vents Etrusques

 

 

 

JUILLET 2012

 

NIBIRU

 

 

1- nul sommeil

la lune avait le rouge du sang

la nuit du serpent quechua les affres du fruit défendu

2- l’aurore pareille au chiffon des poupées

sur le balcon des étoiles

un théâtre de cosmogonie

3- …là où boire le vin et la musique

des vainqueurs

à la puissance de fleuve

4- closerie de lavande

la blancheur des draps

fermée sur le bois de rose

5- …celle de Pouchkine

aux yeux en pain de miel

6- de la tombée du jour

du bleu

du satin de givre

de fleurs écloses

les poupées de kitano qui s’aimaient

7- ferrement du souffle

de haute fièvre

d’une fracture de chevelure

la rose à l’éboulis de lumière

8- nous franchissions les jonchaies d’or

des portes cochères de l’univers

9- dans l’odeur du séisme

l’ébouriffé de sang

le serrement d’angoisse

d’aurore tectonique

10- la nuit détisse la fibre angulaire de l’ombre

l’épousée du jour de nos pétales d’oubli

11- demeures au faîte des geôles

paupières closes de larmes

qui irriguent la neige fertile

12- ce fossé de la dure douleur

d’un baiser qui creuse

13- il pleut sur Valparaiso

des ivresses de navires

des poings qui s’ouvrent

sur des quais d’arcs-en-ciel

14- comme le cœur allait d’île en île

et le sable à la solitude…

15- c’était donc là la pierrerie du sable

d’isla  negra

la mer loin sous le capricorne…

16- dans la graduation de l’angoisse

dans  la blancheur emmurée

le cœur bâti à la chaux

redevenu nuit

17- battues des vents

verticales pascuanes

tournées vers la nuit d’Orion

18- dans le bleu terrestre

la voix qui fonde…

éterna…le cri dans la gangue

le nom gravé

19- de la ténèbre et de l’ortie

dans les violettes de l’ombre

le territoire de l’oubli

20- la foudre moissonneuse qui va

aux chemins des torrents

au pavot de son lit terrestre

21- dans les grandes justices sidérales

le fermoir des ductiles chevelures

qui s’aimantent

22- comme avec un pleur de la viole

le nocturne et consort tout étoilé

 de la chevelure…

23- et si c’était le vide

« jamais un coup de dé…du fond des naufrages »…

le trajet de la flèche est le nombre aboli

24- (lissées de nacre

la matité ombrée

des peaux blanches nipponnes)

25- … et Bastia est noire de tout le blé de sa nuit

de ses ombres crénelées qui restent à quai

26- pourquoi la route des gouffres

porte-t-elle les étendards d’or

du silence des étoiles ?

27- le soleil est fatal

dans la fièvre fertile

 

28- …et se colore mon été blanc et pourpre

d’Iberia

les doigts filent sur les ivoires…

29- le temps respire de notre alliage

d’un cristal de douleur

de ville de papiers peints

où ne périssent plus les fleurs

30- Roland furieux…qu’on lui rende le soleil

dans un coffre de chimère

qui fonde la lumière acérée

 

 

BLEU HANTE I

 

 

l’agonie de vivre les a pris comme une mer

enjambant le présent pour le lustre des étoiles

2-ma sœur dans la fournaise et la famine

la voix du cristal

jusqu’à des cliquetis de guerre

david comme jonathas

3-tout l’or de la fièvre

de feston de masque

et de ciselure vénitienne

4-de son cœur baroque

de noces marines

le bucentaure et la salute

5-l’herbe est bleue pour mourir à la mer

si le cœur veille

6-byzantine du bleu édénique

la rosace qui ne peut faillir

7-…celles qui franchissent l’incendie

le cœur amarante

le flambeau dévot…

 

8-seuls les morts

se dépouillent

de la nudité

9-falaise au baiser calcaire de la mer

qui dit : «  pierre d’oubli de bleu éprise »

10-et où se cache le jour finissant

sinon sous un songe inachevable ?

11- déjà l’ange sur l’épaule

comme une mer qui chuchote

la nuit nommée

cet abîme de voix du monde qui chavire

12 –de quelle racine de lumière

la mort creuse-t-elle le réveil ?

13 –Venise sous les brumes d’oiseaux

la nuit roule ses masques de vieux palais

14 – ces nuits de cigales

pour l’homme captif

sur les plis du cœur

15 – pierre éprise que lèvent les levis du cœur

l’orage a la clé de voûte de ma demeure

 

 

Août  2012

 

 

 

 

BLEU HANTE II

 

 

1 – du fond de l’abîme n’as-tu eu la tentation

de cette pelletée d’étoiles ?

2 – de quelle nuit ce chant des entrailles

qui diverticule le taureau pariétal ?

3 – en terra incognita le ciel découpe la nostalgie

d’errants bouquets d’étoiles

8

4 – papillons de Schumann

dans leurs robes griffées d’extase

5 – ce souffle du nacre bleu

qui nous revient jusqu’à la mélancolie

6 – ces débris d’avant le sommeil

les circonvolutions fossiles

la mémoire araigne d’un champ pour la ruine

7 – de bleu hanté

de quelle épaisseur est la mémoire ?

8 – ce soleil noir d’une âpre lumière

où j’habite une intégrité diffuse

9 – convive de pierre qu’habite un soleil saturé

le sang sur les tessons

le bourdonnement des mouches

10 – beauté qui ruisselle

du Botticelli

dit « petite bouteille » …

en écho

11 – blancheurs des murs

et des nœuds de ténèbres

12 – ce souci du sang

et de la terre

jusqu’à la pierre percluse

celle qui renonce à la lyre de lumière

13 – des voûtes pour le ciel

et les étoiles

dans la courbure de l’infini

14 – ce velours qui découd le ciel

de son poids d’infini

15 – paroles aux parfums d’orangers

froissement de roses velours

rues d’esquive et de pierres

à l’écriture du vent

et la douleur qui garde son goût de naissance

glaciers patagons au cœur bleu

déchirés à l’acier bleu de ses vitraux de verre

qui meurent dans le fracas théophanique

16 – chant de la terre

flèche sommitale

la mort œuvre dans l’irruption de quel oméga

la renaissance de nous-mêmes ?

17 – des noirs de soulages

les zébrures abrasives

de néant éradiqué

l’infinie morsure

nuit de nulle part la nuit de partout

nuit l’encre de la chair

la nuit est une mort contumace

18 – de couteaux de cigales

de géorgiques à force d’incendie

essaim miraculeux

bourdonnement de lavande

au cri de la chair

au vif agonique de midi qui penche

19 – des noirs de soulages

la terre tremble

de sillons à chairs vives

20 – vivant du vieux souffle des failles d’altitude

et de la blancheur des solitaires

le vivant de l’éternité raréfiée

21 – l’aurore de silex

dragée haute incendiaire

le feu à flexibilité de tumulte

22 –   a) sourcier d’insondable

b) le ciel est rencontré dans le visage qui se dissipe      

23 – de quel bleu d’insondable

tu fais perdre pied

à hisser le ciel ?

24 – nue qui transfigure à lever l’ancre

de nuit de muraille

incueillie dans la clarté

à poser l’éphémère dans le jour qui désarme

25 – déjà les hanches des femmes

font  une houl

26 – dans les silex du silence

la zébrure noire de soulages…

27 – cet éclat de la ténèbre

l’œil solaire qui crible

le haut sillage du diamant

28 –  … l’épée picaresque qui fend

des soleils de harpes incendiaires

29 –  ce plus bleu de la nuit à hanter

l’auriculaire foudre des étoiles

30 – L’arbre a toujours un visage qui ne ment pas

à l’estuaire de ses racines

 

 

 

 

 

LECONS DE TENEBRES

 

 

 

א

  L’ALEPH  où respire la source à franchir les seuils

 la terre chante sous la paupière des mondes

l’imminent  enclos du souffle qui mesure la naissance

 

 

 

ב

BET  dans l’exil et le sable des jours la foudre à l’os même

qui fend la ténèbre du crâne

de nuit large de la lumière jaillie

dans la poussière de l’angoisse

dans le marbre d’étoiles au lieu-dit du Crâne

 

 

 

ג

GUIMEL  ce qui vient d’avant la vie

ce plus dur que la pierre

de drap blanc où la mort n’est plus

ce qui vient d’avant la vie

qui décille l’enclume de la ténèbre

à l’oppressive forcerie de la chute

dans l’assise de la solitude qui s’émonde

la nuit de Zurbaran a l’immunité du verbe

ce tombeau qui dévide  ce souffle d’avant la vie

ce qui vient comme la douleur native

le cœur lisse dans l’aurore qui porte ses larmes

ce sable qui murmure

 

 

 

ד

DALET  à polir la nuit  l’haleine de la crevasse

la volteface de la mort reconnue

par les degrés de la cassure

le cristal torsadé de voix haute

hardes d’embrasure qui murmurent

à doucir la nuit

 

 

 

ה

HE   Gethsémani qui arrime à l’estuaire de la chair

le ressac de l’angoisse

le soleil agonique qui tresse les plaies obscures

 

 

 

ו

VAV   cette surdité du corps en quinconce du vertige

 la gravelle du sommeil

qui foudroie l’accroissement diffus de l’éveil

dans l’azur augmenté

j’attends l’épaisseur de la mort

 

 

 

ז

ZAIN     Guilhem au désert tranchant le haut sillage du dormant…

de quelle plus profonde pierre s’épouse la ruine à la source ?

 

 

 

ח

HET    ce sang qui interroge le visage dormant

des œuvres vivantes de la nuit

c’est la ville ouverte sur la mémoire de la pierre

la psalmodie de l’azur

comme un chant sur le territoire des humains

à la ressemblance des cloches

l’embrun dans son aurifère  temporel

le murmure du monde d’avant la vie

 

 

 

septembre 2012

 

 

 

ט

TET   c’est un jour de cendres de celles qui renaissent

de paludes battantes

la part des anges au seuil nuptial

 

 

 

י

YOD   c’est un jour de décombres et de silence en laine noire

de tessiture de rocaille qui dit ce qui finit d’ombre

comme un septième jour

dans l’achèvement qui a l’épaisseur de la mort torrentielle

 

 

 

כ

KAF     c’est l’eau qui abonde où descend ce souffle de branchie

dans des respirs d’avant le monde

celle de la vase originelle qui porte le nom de la source

j’habite là une toupie de clarté

 

 

 

ל

LAMED     là où nous sommes venus depuis le filigrane

des eaux

les pas s’effaceront

 

 

 

מ

MEM    de la source murée        rosée recluse à l’orée du cri

avec une parole qui respire

tous les tessons de la nuit –

mélismes d’obsidienne le jour descend ses dentelles de douleur

à flanc de murailles

cœur solitaire rendu au cœur des abîmes

la terre brûle de la nouvelle naissance

ce qui mesure et balise l’aboli –

de quelle tristesse les flocons de nuit égrènent

ce qui révèle des soleils de cendres ?

de quel tissage de pierraille du cœur nous nous sommes perdus

pour abriter la tristesse ?

 

 

 

נ

NOUN     de quel vent la nuit qui cisaille porte la poussière ?

-de la nuit qui ne gît plus de son écorce apocryphe

-de la nuit qui crible de sidéral

le ressac dans la nuit dépassée

-de la nuit dressée dans son emmurée d’herbe

à l’alpha du silence

-de la nuit défleurie de sablier qui émonde

-de la nuit de l’âme qui engendre un maillon de l’âme

-de la nuit mortelle dans les espaces des ténèbres

qui  décousent de haut sommeil la mort de la mort

….nuit des décombres

 la vernale nuit de jéssé

 

 

 

 

 

 

                             ***

du décervelage au vide spirituel

l’empire de la matière brute

l’appel des sirènes et du veau d’or

 

13 septembre 2012





Dans le bleu du Mantegna

 

GRAMMA

 

chaque nuit qui passe est un voile de l’âme qui se déchire

                                         ***                

la vague croule sur l’essieu des jours

ses paupières d’insomnie

d’amertume bleue –

                                         ***

paroles irriguées comme des labours

paroles qui décuplent d’une ombre d’orgue

                                         ***

17 septembre 2012

creuser  la tombe jusqu’au miroir

boire l’image du visage jusqu’au sommeil

                                         ***

Dans les géographies de la douleur

l’ossuaire  siffle son vent…

                             de  ces paroles qui sont les migrations du silence

                                        

parlent les visages de masques

de sources et de souche ancienne

les os croulent du fond des marbres

le monde est tombé longtemps

de plomb et d’or sans clinamen

jusqu’à l’érection de l’homme sans âge

 

tu as le visage des sources rythmiques

comme celui de tous les torrents

et celui de toutes les mers

tu as le visage des pluies paludéennes

des vents d’incendie et de famine

celui qui résonne du motet irradiant

à la chaux blanche des églises

de l’érosion et de la gradation fractale du ciel

tu as le visage de la fertilité d’abîmes

de ceux des soleils primitifs le visage qui faucille

des landes ciselées de brume

 ce visage de sablier et de désert dans sa part d’ombre

ce visage de l’Alzheimer comme une Venise d’agate

la gothique noire à la lagune des bruines

ce visage qui s’en va d’un cœur tutélaire

à la claire plage lunaire

tu as posé  d’un souffle ces mille regrets

où tu lis mon visage émondé de nuits –

du pourpre de la mort

tu es le visage de toutes les nuits qui respirent

de l’haleine d’ossement

les vagues des plus tarissantes orgues

 

2-3 octobre 2012

 

GRAMMA II

 

des mains maigres en fuselage d’albâtre et la sveltesse

titane

la beauté acérée qui décoche en flèches des amours éphémères

celle aux brèches pourpres de ces bonheurs furtifs

par des vents tristes de décembre

elle marche par-dessus le ciel un paradis franchi

d’azur de carton

et de soleils de louis d’or

allongeant ses dorures        nue aux herbes folles

de vieil après midi d’amour

                                         ***

de vieux soliloques qui se souviennent des jours

flétris quand le soleil était plus grand

la mémoire arachnéenne nous a mangés

ces chapelets de lagunes comme les autres rêves

quand les ciels étaient plus grands

et tous ces débris de soirs qui viennent avant la nuit

nuage

tu marchais sur des routes blanches

et le vent criait ses longs parterres de coquelicots

d’anciennes géorgiques

l’outre-tombée mûrissait d’une haleine froide

et le monde jeune avait en mémoire la poussière de nos os

                                         ***

d’un sourire bronzino toute de plénitude

Toscane

hallebardée de verts cyprès comme des doigts de ciel

le blé venté des vins âpres jouit seul

de la voix fraîche des sources

à scruter son ire de pleureuse dans les bornes du ciel

Perséphone au masque

                                         ***

l’enserre des jours les futurs et les masques

et le nouvel amour

l’enchanteresse au visage de craie  l’ombre portée

des festons gothiques que la nuit aiguise

trébuchet d’ivresse tu m’épouses de plein jauni

dans les terrassements du cœur et les visitations

de la chair

tout le dolent de la beauté dans ses brisants

et la nuque de cygne blanc

l’éternité  sur la terre

                                         ***

ma solitude avait les éternités successives

d’un poids de désert sur les épaules

comme un lent travail de métal

la reptation de l’ombre

la solitude pantocrator qu’une épée d’abîme

déchire le cœur des neiges

solitude des cendres dans les coulis de l’oubli

dans les draps du temps

de cette écriture de terre brûlée

la femme primitive dans sa fluidité de sang

ce qui respire de miroir sans tain cet afflux d’éternité

 

l’éternité sur la terre a le visage de la nuit qui dénude

 

cet ameublissement d’azur

l’équarrissement du labour

dans la verdeur glabre du cœur

ce jour dans ces gravats de ciel que tu nidifies

                                         ***

 

Evguenia Krasnova

 

ton soleil de miel qui cisaille les ourlets de l’ombre

tes yeux d’arcades et de palmeraies

tes parfums d’herbes coupées

la vie qui décoche des flèches de roses

                                         ***

14 octobre 2012

parfums de la déclinaison de col de nuque qu’éclaircissent les roses

de celles au long sillage de dentelles dans la zone du poison

de celles qui viennent aux paupières de lumière

                                                                                        d’arpèges blancs

sables après sables les soleils lisibles dans les yeux

pour vaincre le cœur à l’échelle de l’homme   l’origine du monde

les géologies à gravir les chairs du silence

dans les strates d’un amour chaque jour à l’heure vivante

                                         ***

18 octobre 2012

des éclats de ciels en lucarnes

et dans la bouche comme un oiseau barbare

de vivre du sommeil d’ocre de ceux qui vivent

sans mourir

le soleil s’écaille comme cloches d’Atlantide

l’angelico comme visage des errants

de ce que tu nidifies je ne reconnais plus le monde

                                         ***

 

20 octobre 2012

 

nous avons eu les mêmes rêves qui venaient des eaux profondes                         

l’ensablement des sources

                                                    les syllabes finissantes                                           

dans le fer de l’ombre

                                         au cœur de la clarté

                                         ***

Cassandre au flambeau d’incendie

                                         ***

mariés devant dieu

mariés devant les hommes

époux demain des étoiles

                                         ***

31 octobre 2012

 

je t’écris de la chair

                             de l’ivresse

du manteau de Noé

des pays de nudité j’écoute tes cendres

de ta vie neuve tissée de cendre

débris de vents polyphoniques

règne des porphyres je t’aime 

dans ton cœur de foudre

du cœur de l’anagramme des métamorphoses

sans hiver sans saison sœur de cendre

l’exil d’oubli 

la vie ignée

                                         ***

celle au visage de porphyre aux longs doigts de paille

dans les glacis de silence je l’ai nommée

de son nom bleu de solitude                 l’orphique

celle qui est la nuit secrète du jaguar

celle qui me nomme de son miel lourd

de syllabe et d’anagramme d’amour

des plaies de glacier à la fêlure d’infini

rieuse à la bouche de rosée le sourire d’albâtre

à la houle russe ou vénitienne

celle qui laisse de ses mains des nudités de fleurs

                                         ***

dans l’enserre de la ville

comme les nus pieds des lilas du sourire

dans la ville ouverte quand elle arrive

de toutes les foudres de la rosée

pareille à la mer l’accord muet de son chant d’archimage

    

 

Novembre 2012

BLEU  MANTEGNA

 

notre-dame des narthex douloureux stabat

bleu de la chair de ce bleu mantegna

notre-dame d’émeraude dans la vivante mandorle

cœur des neiges qui bat avec la faux qui cisaille

de terre féconde la perséphone qui fleurit

notre-dame de l’arche à la floraison

de fleury dans les mains de la loire

dans ses proses de pierre le cœur libre

des lilas de nuit

de taureau pariétal

dans des pays d’espérance

les brebis et l’odeur de la paille

dans les grandes braises et le parvis de la lyre

de ce qui souffre de mal lapidaire

pour la mort du mourir

ce stabat bleu de la chair de ce bleu mantegna

 

***

 

 

 

COLORATURES

 

 

1- meurtres soupçonneux du cristal

le soleil en biseau diamanté

2- danemark ce fou d’elseneur

3- dans l’andante de la 6 de mahler

on entend circuler l’infante défunte

4- des baisers d’infante au goût d’orangeraie

de blond parvis de soleil

5- et toutes les traînées de baisers

que la nuit croule sous les tuiles du vent

6- mantegna di mantova un lit de fleurs

meurt d’avril sous la pierre ducale

7- dans la nacre bleu et mauve dans la parole

de l’exquise blancheur

à lisser les éperons du glacier

8- cris du monde

à tristesse de couperose

l’enfer se lève

9- je baise le rubis de ta bouche

ton nom d’extrême hiver

10-  boucles de nuages de blanc hautbois

11- georges de la tour l’enfant à la vierge

le bébé de bois emmailloté

cette invention du rose sur rouge

12- bestiaires romans calleux lapidaires

sous la serpe du vent qui tisse

sa rhétorique de dents jaunies

13- BEC ECB EZB EKB

en langue bancaire l’europe

14- benoît sur loire

crénelures du cœur lisse

15- nudité d’orgue du temps famélique

mozartienne ivresse des jeux de volcan

16- fughetto des chasseurs de soleil

lentement le quatuor de zéphir s’éblouit

17- la nuit déplie de vie rêvée le vide artaudien

18- le soleil est monté jadis à l’échafaud

par le cœur de la lumière

19- le monde se meurt la nuit redevenue

l’homme éviscéré

20- corne pariétale à la pointe du jour

21- l’égypte présente ses falaises.

aux heures tombent des géométries d’ombres fondatrices

22- je vis au fond de toi

ma liberté creuse le libellé de tes yeux

23- le cœur empierré

parce que toi partie

de cette neige endurcie

24- comment serais-tu grenage rouge

de tes lèvres

sans ce cuir sur ta peau de blé

25- comme une sculpture de pluie

la femme lisse

comme un trépan de foudre

26- muraille d’homme à temps d’acier

27- la foudre en ses empires de sommeil

28- comme un bitume de vanille

des vieux orages du giorgione

29- nuit de la nuit écrire le nom de la faim

sur la paume de tes miroirs

30- rivière gantée de silence

la nuque à l’apogée

31- papillon couleur d’avenir

mortel d’un seul jour

32- vent des hargnes vigie des astres

insoumis au temps

33- nô dizygotique de sources diphones

34- les décombres de l’encre sous la neige

comme des copeaux de vérité

35- l’irregard aux yeux de sirènes

pour la peau du secret

36- …et que la rosée ne sache où est allée la tombe

 

 

 

COLORATURES 2

18-19 novembre 2012

 

MALEC

 

nous appartenons à la foudre de la sonoris causa

qui se fonde à la chaleur de tes cuirs rouges

rouges d’un soleil dans les gants de la mort

ma défaite est sans approche et sans avenir

j’habite ce vertige du temps et à l’osselet

des plus hauts horizons

plus loin aujourd’hui des orgueils que des seuils

d’asphalte de temps infinis

cime des solitaires où tu dors aux sources

la verticalité dans la ténèbre

beethoven chair nue de sonate vive au lapidaire vénéneux

sonoris causa de la foudre pariétale

tu viens de mise à mort tauromachique

en tes cuirs jusqu’au sang crépusculaire au sacral d’ohana

mise à mort à cinq heure des foudres d’acier

des exsangues à la sciure tragédiante

nous avons l’incueillie source bleue

de tambours de la mort qui bat de sa peau blanche

et lunaire

les yeux en fuseau les louves vénitiennes et sibériennes

nous venons de foudre

de cordes de quatuor comme soleil

celle qui ne me manque jamais ni nuit ni jour

tant que je sais qu’elle est là lionne

et metropolia cinetica des fleurs dans les mains

jusqu’à la pelure de l’anthologie de la femme

sonoris causa et le cran de l’archet sur la foudre

comme chevelure qui parle l’airain

et la voilure des langages de la mer

                                         ***

désespoir habitable d’un nid de rose

                                         ***

seul ange

dernier ange

guérir toujours

d’âme renaissante

                                         ***

30 novembre 201

peau lunaire comme bleu de l’angoisse

pierrot de quart de lune cette foudre de silence

de ce toujours aujourd’hui la nudité

pierre à pierre à la chaux blanche des murs de l’azur

les longs fracas où mon cœur bat comme un marteau

                                         ***

la douleur dénude la femme de son abstraction

comme décapitation de soleil

pour que nous vivions

                                         ***

la mort sculpte lentement le visage de l’aveu

                                         ***

dieu est tournesol à la faux galactique

                                         ***

celle qui initie tout un herbier à la renverse du ciel

de vert veronese

                                         ***

nuit qui t’as fait ruine 

qui déplore le soliloque des cendres ?

                                         ***

pierre comme au cœur mangé

dans les grisous de l’ivresse

                                         ***

nuit narrative de sang noir

d’un chili comme d’île parousique

 

COLORATURES  3

 

Baïkal

 

Vitrail 1

Médée riveraine de la brume

succession de flux de matière

de sang et d’ombres…

neige qui érige

d’éternité qui dure                                 (variante)

                                                                et mon père d’abord

                                                                maman hier

                                                                moi demain ce trou noir

                                                                de flux de matière etc.

                                         ***

cœur famélique      nu de femme

à distance au cœur de Lear

l’architecture des ruines

                                         ***

Vitrail 2

du chanvre des naufragés

le silence bleu et l’abysse

l’oubli des sources

                                         ***

elle dessine les guillotines les lames de fond

d’un décapité  cubiste

aux lèvres d’aquarelle

                                         ***

vitrail 3

cœur  désombré j’habite un surcroît solaire

de chant orphique

                                         ***

à vieillir à mourir au seuil de l’ombre inaudible

                                         ***

Vitrail 4

clarté écrêtée de la parole dans sa mise à nu

désordre de lumière qui se farde de paupières

                                         ***

l’épicentre de la cécité à la corolle du baiser

                                         ***

dans ce carrossable de la nuit

de lucidité mozartienne

                                         ***

Vitrail 5

nous mourions en ordre discontinu

promeneur double à la blancheur de lys

                                         ***

c’est la nuit qui crie

lourde comme les chaînes

les cliquetis d’étoiles

de l’homme à sa source

                                         ***

Vitrail 6

krasnova veut dire rouge

comme solnychko

qui tient au creux de la main

                                         ***

dans le nocturne du quatuor

le vent qui évide le génésique des cloches

                                         ***

Vitrail 7

capricorne des vents et des astres

l’humilité des fêlures qui passent

sur la voix mauve du soir

où va le cygne seul

de la nuit à la nuit pourrisseuse

de fleurs de cœur lacéré

j’ai ouï l’ombre qui disait

de fleurs  de « cœur navré »

                                         ***

14 décembre 2012

dans les foudres de didone

sur les routes sans usage

dans la nuit stochastique

 

dans la foudre vivante

dans l’échevelée valparaisienne

dans la mémoire du porphyre

 

pour la nuit bleue du jaguar

 

sur la nuit vers toujours

dans la rose cunéiforme

dans l’or de l’angelico

les murmurés viennent mourir

                                         ***

celle qui fait qu’un accord de harpe

qu’un croisement de jambes

qu’un froissement d’étoffe

un port de cygne

 d’un rouge de cuir

des doigts de fleurs

longs comme des fleuves nourriciers

longs comme les rails transsibériens

ne changent  rien à la marche du monde

 

 celle qui pose le cœur dans l’alignement de sa lumière

                                         ***

16 décembre 2012

 

je mesurais à son souffle toute la lassitude du désert

                                         ***

(elle habite sur le boulevard jean XXIII avec des escaliers

qui montent la colline sur les épaules de la ville)

 

et les yeux disent toujours la neige qui tombe

et le rouge des pommes sur les joues

son nom d’amarante dans la débâcle du rosir

dans le secret des harmoniques noires

de la nuit

les yeux de dentelles vénitiennes

et la lagune famélique où elle invente

le nom orphique des étoiles

les nocturnes de bronze au pianisme de cloche

 

le jour se lève purissime

                 promeneur d’ombre double qui martèle la vie

qui se farde

qui cerne la double dormition du cœur

et les yeux d’avenir où l’homme marche sur l’autre rive

                                         ***

le cœur a sa nuit féodale

                                         ***

des éboulis de silence à ourdir des chemins de source

                                         ***

et toute cette pesanteur de sang

et de la mer

                                         ***

la nuit est fluviale d’encre confidente

cassandre et tirésias de verbe noir

                                         ***

la nuit les torrents auriculaires

et toute une héraldique de rocaille

                                         ***

papillon du plus caligo la plus éphémère extase

                                         ***

grisou des ivresses des douleurs faméliques qui se brisent

comme le verre

                                         ***

la vanité est la parure de l’âme l’orgueil en est la pudeur

                                         ***

25 décembre 2012

dans la nuit les parapluies solitaires

ouvrent des roses de murmures lyriques

dans la solitude schumannienne

se meuvent des arpenteurs de gouffre

les haleines à visage d’homme le sang lourd

des roses roses comme de corps crédule

                                         ***

les errants dans leur soleil mort

leur lit de ténèbre bleue

 comme les emporte le blé soufflé de l’enfance

                                         ***                            

28-31 décembre 2012

mouvante la hanche comme un flanc d’argentine

                                         ***

mon cœur n’a pas tremblé à la terre qui m’explore

à boire la mort

piaffante de cardiogramme lisse

celle qui s’enracine dans la foudre

                                         ***

matin durci au croc de boucher

à la croisée mystique

de son rire de diamant

qui crie sa blanche récession de bonheur

                                         ***

ce cri cet alep de muezzin

et le cavalier de damas

au monde qui nous habite

de lèvres closes

 

le jardin parfumé qui lapide ta peau blanche d’aromate

                                         ***

 

NU DE L’ANDANTE

« l’an diotima »… le cri de l’archipel du surgir

de luigi nono l’ « an diotima » phonétique

de celle qui respire de son nom d’an diotima

nom inexistant nom de la foudre pour ce qui

nomme le premier nom de la douleur et de cinq

syllabes diotima de la désignation  la plus haute

par le voile du palais qui donne la voix grave des

femmes an diotima celle du rubis rouge de la corde

qui nous lie dans ces cythères phonétiques de brunité

l’archipel des brunes qui disent diotima vers la mer

des phares qui griffent  la nuit des écumes   an diotima

de celle qui perd la mâture et la gerçure comme à

l’approche de la lumière des calleuses nuits exangues

comme j’entends son nom diotima  « des sceptiques

des héraclites des puits socratiques mes foudres

souples » an diotima par le quatuor comme nous

porte le nom qui fige le feu nocturne

celle qui visite mes crimes et me parfait de sa perfection

                                         ***