paludéennes (2015)
↪ nuages d’orion
↪ liesses
noétiques
1 janvier 2015
sous les nuages de dimanche
les cuivres tristes de la gloriette
***
l’amour immense venait comme la nuit qui ouvre le ciel
j’avoue le temps oublieux
l’ininterrompu de tes lèvres…
***
ces chemins inusités de nos amours en dédales
***
2 janvier 2015
des fractures de lumière
aux pampres des baisers
dans ton chant d’alto
ce qui fera de nous un visage d’avenir-
***
3 janvier 2015
dans les parages de l’orage
enchevétrés
pareils à la foudre
***
Paris… Rome…portes ouvertes les clés remise au barbare
sans résistance
***
5 janvier 2015
la falaise qui dicte le vertige
l’abnégation oblique de la fleur d’ulysse
***
6 janvier 2015
sous le solstice de la nuit une vieille étoile
***
8 janvier 2015
la lumière de la nuit qui se mange
dans les yeux de la solitude
***
…plus vibrant que le seuil du soleil
***
9 janvier 2015
les fins d’amour comme avec les neiges…
ces seules blancheurs inhabitées de l’absence
***
j’avais perdu la source de tes baisers
***
…de ces sources de soleil
la gerçure de tes lèvres
***
un avenir venait de cette lumière lovée à l’insolence de soleils
dans la vulnérable fissure
de ce rire proche des sources de notre cœur
***
je t’aime déjà de l’oubli qui viendra
***
je prendrai les neiges sur les épaules
la férocité du temps
à heurter ces battements du mourir de toi
***
dis moi le maillage
de l’azur caduc
l’aujourd’hui de nos sommeils renversés
***
j’ai crié de la blancheur de ton absence
***
10 janvier 2015
ne me laisse pas pierre contre pierre quand plus armé
qu’au plus fort de la nuit
je bois l’eau de ton visage
***
notre visage inachevé
à mourir
de cette herbe qui se meure
dans ton corps de blé
***
12 janvier 2015
la mort t’envoie pas à pas accueillante
***
justiciable au cœur pour vivre de vérités vertes
ma main sur ton sein au cœur habitable
***
ma douleur qui dicte mes couleurs de désespoir
***
la palmeraie pour nos amours obscures et ténébreuses
quand je respire la gangue des proverbes arabes
si loin des nuits de nos franges de lumière
***
la clairière au heurtoir de nos pas qui résonnent
***
celle que j’aimais s’en est allée dans des poivriers d’ombre
jusqu’au fléau d’été à la brisure de nos désirs
***
je m’en allais renaître à l’éclat du jour
dans le lit froid de ton ciel
***
…ma main sur chaque parole de ta peau…
***
renaître quand l’insolence de la glaise
me donnera cette respiration
d’un beau miroir au biseau de la mort
***
dans ces ruissellements du désir
la cassante émeraude au sein du vin noir
a l’haleine de la femme que j’aimerais
***
… des baisers de fées à l’arme blanche
***
à ensevelir la mémoire du cœur
dans la chair bleue de ton revoir
je redoute les issues de la mort
***
comme un coulis d’amertume
de fenêtres éxilantes
que le jour vient vivre
dans la nudité de notre nuit
je t’aimais aussi dans tes exils
***
la nuit aride les volets clos masques après lagunes
seul et sans toi
le cœur de la vie qui me prolonge…
***
la soif de nos nuits qui dégrafent…
***
je vivais de mars et d’avril de l’avant lèvre de mai
qui sonne des faubours de cloches de coquelicots
***
15 janvier 2015
comme schumann le pouvoir des miniatures…
ce monde qui vient dans toute sa lumière noire
***
la lune m’endormait du miel de tes fatigues
***
nous avions toujours vécu dans ces bars de rêve
où le zinc et le verre ne faisaient qu’un
dans ces espaces réduits plus grands que les musées
***
nuages de verrière le miroir tentaculaire de tes yeux
***
mon amour si tu venais du fond des glaciers…
comme la lame d’une épée de lumière
***
je vivrais pour toi
dans le papillon bleu
pour que la terre ne nous oublit
***
silencieuse jusqu’à te rendre matière
comme à irradier la brûlure de la neige
***
16 janvier 2015
cette mélancolie du baiser
et l’angoissante nécessité
du blé entre les bras
***
17 janvier 2015
je n’ai plus la force de mes insomnies
avec la fièvre sous les talons
le livre rouge de tes lèvres
***
18 janvier 2015
la mer auriculaire le sang battant dans l’île natale
***
19 janvier 2015
dans les gouffres de la nuit
à la perce claire
des aspérités charnelles
***
21 janvier 2015
navigant j’ai quitté la lune où mes amours désespéraient
mes paupières lourdes sans toiture et sans avenir
les yeux au ciel la terre inscrite dans le feu constellaire
***
glas de la nudité pierre bleuie des départs
cette voix lointaine d’ossuaire
qui parle bas avec l’herbe morte
ces chuchotis de la bouche émue
qui se mêlent à l’or certain de la chevelure
***
ce respir de l’angoisse qui donne au sang ce vin froid
***
j’évoque la pleine blancheur de nous revoir
***
…nos baisers qui prouvent que je m’étais perdu
dans la blancheur de la neige
***
j’ai déchiré la chaleur de tes abandons intimes
et gardé tes mains pour les étoiles
***
ma faim terrestre a toujours eu la couleur
palimpseste de notre avenir
***
dans notre amour je ne suis qu’à moi-même
au seuil de tes falaises
***
ta voix d’alto au multiple
au centuple de l’écho
à la pleine gifle de la chair
***
l’acte de naissance de ce temps qui nous lie
d’une jugulaire de lumière
***
je t’aimais de temps de couleur de pluie de douleur…
***
la nuit a vidé l’espace probable de la désillusion
reste la page blanche de nos amours mortes
***
nous nous étions aimé dans la blancheur de l’indécision
***
la nuit inaugure…
la nuit vitrifiante….
mais quel est donc l’ordre mobile de la nuit ?
la mort dans la paume de la nuit
… le poing du jour
les ossements qui nous lient
le ciel à nu
***
22 janvier 2015
les mines de potosi dans le blanc du ciel
aux gerçures de femmes qui révèlent tout bas
les lèvres pétrifiées du baiser
***
23 janvier 2015
la nuit ensevelit avec l’archet du concerto
tu tenais le monde entre tes bras
et ses mains de neige
***
je n’ai plus qu’un miroir pour ne plus me masquer du vide
***
l’amour m’avait longtemps masqué ce qui va à la mort
***
je l’ai aimée longtemps derrière ces vitres
portant la nuit
à la lisière des labours du temps qui nous émonde
***
porteuse d’irréductible
pour toujours reparaître
pour nous aimer à en finir
***
elle était nue c’était juillet
le vent gerce aujourd’hui
pour tenir le ciel
le soleil se meurt sous des morceaux de glaises
***
moulinet
je revenais de ce village qui n’en finissait de mourir
avec cette autre maîtresse qui vivait en moi
pour ne plus mourir
***
plus loin de nous le soleil fléchit
désir âpre qui nous définissait
ce retour de nos amours à la bascule
de ce temps de nos lèvres
je n’irais à la mort qu’après ce temps de ton oubli
***
l’amertume des cœurs qui ne reviennent plus
***
nuit indécise à la meule vive
qui nous parle de ton retour
je t’ai aimée comme cette ombre de l’azur
qui n’a vécu que le temps de te vivre
***
nous nous aimions comme s’aiment les amants
écorces qui s’éprennent d’un monde long d’éternité
l’amour est tombé à l’angoisse ciselé de la lave
le jour posé sur tes lèvres
la nuit rentre dans ses poupées russes
passionnément nue
***
je t’oubliais de toujours te voir revivre
mes amours cassantes comme un printemps de miroir
vivant de l’éternité de mon passé qu’accuse ce temps
au dépeçage de guillotine
vivant encore constellé de ta solitude
ma gémellité de toi palpitante
dans ce pays gris de mes amours
tu gardais les yeux purs de mon respir
***
la mer m’est infinie
comme le naufrage
aux poumons de l’angoisse
je te désirais
bleuissante
à la verdeur
de tes mensonges
***
qu’aurais-je désiré de toi ?
ce collapse d’un navire de nuit ?
cette constellation de ta peau
à prouver la finitude de notre démesure ?
ou les goélands dans l’épaisseur de l’été ?
***
Savais-tu mon cœur gâché toi vivante
dans une aridité qui prélude aux pierres
et à des linges simulant nos havres ?
***
l’avenir accompagnant la force de tes dessous de crépuscule
***
j’avais incriminé les torrents de te vie…
***
24 janvier 2015
jamais sans toi où tes yeux m’illuminent
***
ces champs où les sommeils de la mort refleurissent
le soleil finissant
***
ma nudité… je retourne à l’écriture
sur l’écorce des arbres
***
la laine qui dévide les amours comme les chansons
***
25 janvier 2015
retrouver un cœur tranquille…
retrouver le monde des amours dernières
le monde derrière la ferraille du jour
l’azur insolent de ce que tu rétractes
***
la séduction c’est d’être invité au mariage
dont on ne connaît pas la mariée qui vous invite
***
toutes mes cascades de bonheur n’ont pas rendu
le temps de tes bras indociles
je venais d’un ciel triste
dans la tourbe de nos amours
et aux crépuscules qui ôtaient
les robes de nos intimités
la mort est venue
jusqu’à mourir
sans autre douleur
comme avec de longues parures
***
mortuaire à dire les allées de la mort les balles…
les estuaires exsangues des plus hauts ciels
ce qui crispe l’amour à la proche douleur
de mes lèvres sur ta bouche
et des plus proches finitudes
***
comme tu tenais le temps je cherche encore
la terre à ton image
***
la voilure comme encore avec des larmes d’oubli
***
moi sans toi à venir dans les plèvres du jour
***
27 janvier 2015
dans le velours noir des loups de la nuit
ce vélin des graviers lumineux
comme des yeux ouverts
tes baisers de miel
le goût du soleil
dans le vent envieux
***
28 janvier 2015
je vivrais de t’avoir voulue
dans les lilas de tes pensées
***
29 janvier 2015
il n’y avait que nous…nous sommes aujourd’hui
remplis de pleurs
***
je t’avais donné ces quelques rigoles
où l’or infuse
où les soleils prennent naissances
***
les louves avec les astres
l’embargo des désirs
où succomber
la main poreuse
où tu es là pour m’éveiller
le temps à battre les fièvres de la mort
amants avec le temps de la source
haletants
***
dans les plâtres de la vie…
dans l’or stellaire de mes jours
la nuit à cogner cette respiration
dans le blanc de nos draps
***
j’inverserais mes désirs lorsque la nuit
vibrillonnera le champs de mes blessures
***
loin de toi
de tes calomnies
à t’oublier
***
le vent vivra de toutes les paroles du temps
blanches comme la similitude de nos adieux
***
tout est blanc dans mon cœur
jusqu’au ventricule des fléaux
dans la tragédie de la lumière
***
31 janvier 2015
ton visage méritait le sens des baisers
***
nous ne vivrons que tributaire de nos lits de lumière
***
j’ai envisagé ton absence dans ces moments nocturnes
où je t’inventais de mes mains
***
boire jusqu’à un jour d’éternité
nous deux vivants d’une chorégraphie d’albatros
***
…et ce sang qui s’en va avec le vent
j’ai dans les mains ton suffixe abandonné
le goût de la mort à repanser les ombres
***
le bonheur s’énonce comme une plage aride
le sein de la soif
le talon rouge d’une putain
3 février 2015
nous nous sommes perdus
la foudre sur nos fronts absents
***
le soleil cherchant notre ombre mobile
je t’embrassais jusqu’à la blancheur de nos ombres
jusqu’à la rotondité du vertige
***
tu étais celle qui étais le ciel
et qui ouvrait sur le ciel
***
l’atonalité a-t-elle moins de champs de caresse
que tous les modes de tempérance du clavier ?
***
j’ouvre le couteau à la menace de l’azur
j’ouvre le couteau à la bleuité de samarcande
***
t’ayant aimée dans les cavités du cœur
et les cachettes des caresses absolues
j’approfondis aujourd’hui la solitude
bleuie de nos épousailles d’azur
***
à trinquer pour une vie meilleure
le filigrane des closeries
les épousailles de la mer et du rivage
à chaque degré du meurtri
***
passé l’orage m’ayant déserté…
***
morts de la plus pure équivoque
à la périphérie de la parole
nos amours qu’accable ce tango de jour
à la mort naissante…
***
….et cette tellurie de la nuit loin des berceaux
pour que le jour demeure
***
4 février 2015
dans le cortège des anges ces bribes d’azur aux lèvres
sous la toiture de nos paroles
***
6 février 2015
la vie sacrifie le jeu obscur
le plain chant d’altitude
la ravine pariétale
où circule le ciel mûr
des goélands à la traverse de l’aurore
***
dans la discordance tintinnabulante
de l’eau des fontaines
dans le jour accablant à imprimer nos amours
nous n’avons rencontré personne
dans la certitude de nous conjuguer de nos éternels sommeils
***
nous étions morts à nos propres ombres
dans la minceur de l’été
où se posait au balcon le fleuri soleil de nos lèvres
***
le rite consenti des goélands
aux usures tendres
des matins de notre hiver
***
tu vivais nue dans tous les courants d’air
où je t’exposais à mes baisers
et à la force des pierres
***
les claudications constellaires nous parlent
de nous
balbutiants
***
… le vert Véronèse mohair
sur l’absolu de ta peau
***
nous avons vécu d’un soleil qui s’aiguise
… de nous rayonnants
***
comment nous rendre hors du temps
dans l’accompagnement des pierres ?
***
en perdant l’entrelac de laine de notre nuit
je perdais le monde
***
je te vivais haletante comme à la soif des falaises
***
j’ai toujours voulu te tenir dans des nuits incorruptibles
à boire la terre de nos désirs volubiles
la foudre est sur la route
dans la profonde volonté de la chair
***
dans le cœur de l’écorce
mes sources oublieuses
la blancheur de la nudité
qui nous habite
***
la nuit inféode les ruelles de plaisir
taillées à la surdité rauque du désir
plus que la nuit le basalte le limon d’orion
cerclé de l’archer
***
couleurs de ta peau blanche chavirantes de source
***
10 février 2015
l ‘angelot à la cabane verte d’une île noire
toi contre moi pour la nuit qui nous sépare
***
cette pègre de la nature qui revisite le pouvoir de nos baisers
***
l’éros aveugle aux yeux d’œdipe
à refondre le monde de notre sang
***
l’heure blanche sur ta peau de frisson
cataracte de jour des prisons
dans la scintillance de l’orage
la bouche des fontaines
dicte la douleur de l’eau sur les paupières
***
nous nous savions nus dans la désolation
à l’irrésistible architecture du temps
pas à pas comme une certitude d’incendie
***
montagne de janvier à la racine d’avalanche
je tiens mon cœur ferme
comme au bitume de la douleur
l’usure du givre par la force du baiser
***
… nous évertuant à la plastique de la ténèbre…
***
(en hommage à « la Dégustation » qui tourne une page)
de la roche tarpéienne depuis le Capitole nous avons fini ce parcours
de la Dégustation le cœur parcouru…
mayas lézards du soleil
et de l’immobilité où nous fûmes…
avec les incendies du désir
le temps prenait la plénitude de notre temps
d’avoir le temps de boire pour ne plus mourir
***
la couleur de la hideur est entrée
dans la ville
aux épaules qui se voûtent
***
ces murs blancs de la mémoire laissent les cris rauques
et hachurés de la naissance
j’écris sur le seuil de la cendre
mes nuits d’ivoire dans le vent ralenti
***
12 février 2015
plus même de nuit sous le givre
la porosité de nos rêves
où je t’ouvre à mes bras
***
13 février 2015
où est-elle l’éternité
après les blanches embolies du temps ?
***
cette folie déliait les vents et notre cœur
ces sables ensevelissaient ce sang de notre désert
***
15 février 2015
dans le vin bleu de la nuit
d’une colère érotique
***
j’ai quitté mon ombre proche de toi
où le vent crie
***
pour ne plus mourir dans ce qui demeure
comme un vieux mur dans l’impasse des violettes
cette laine pourrie sur des paroles redevenues muettes
***
la mer sur nos lèvres dépeuplant le monde
***
19 février 2015
la grande prison blanche de la blancheur des pas
dans la nuit
qui ne désaltère pas le cœur
***
je t’ai reconnue avant la hampe du miroir…
***
…et à force de nous quitter nous revenions
sur des routes blanchies
***
20 février 2015
l’arche où nous nous sommes aimés
contre la pierre
et où nous perdions le sens du vent
***
l’acheminement de la paille dans le vent du jour
la perte du cristal à la lisière de la nuit
et les paroles irrésolues d’une murmurante
***
mon visage avec toi a la balafre de nos nuits d’été
***
mon amour j’entrevois une procédure qui nous délierait
du vent de velours de nos douleurs…
la solitude a tracé comme un sommeil
sur le velours de nos ombres
***
tu étais la plus nue de mes espérances
***
le soleil ne va pas en enfer
***
21 février 2015
la femme que j’aime plus belle
que le monde de nos mésalliances
***
22 février 2015
le chant des oiseaux conjuguaient
dans la force polyphonique des matins
comme un dernier mariage que nous offrait l’été
***
la plage avait vécu accoudée au balcon des abysses
l’avril est venu comme une faux
pour nous être fidèle
à la nudité qui naissait
***
…dans le chant des morts errants
comme corneilles de champs obscurs
***
elle avait la voix sombre du grand alto
le baiser des miels franchissant l’estuaire
***
tu me donnais toutes les largesses du monde
***
nous penchions pour les perspectives solaires
des plus brunes
***
25 février 2015
le tamarin à tête blanche
***
ton baiser est de l’absolu vertige des magnétismes
***
tu tremble des larmes de notre visage de passion
***
27 février 2015
les vertus convulsives comme la soif d’étreindre
(ce que n’a pas rêvé
de l’azur en plein vol)
la femme innervée où nous ne dormions jamais
***
28 février 2015
nos visages de mars et d’avril
à l’ombre ruisselante de la ville
comme si nous faisions naître de terre
entre nos bras l’effusion de la pierre
je suis sur l’horizon en lisière de l’asphalte
dans des distances qui ne nous séparent plus
***
1 Mars 2015
et tous ces villages de vaucluse comme une poignée
d’osselets sur l’armature des astres
***
reste ce baiser qui abolit la chaleur hantée
…la foudre s’étant posée sur la fièvre
dans les drailles du cœur tu es maîtresse de mon sommeil
***
entre mes bras dans la vallée des tombes
le cri vivant de la chambre vide
et cette blancheur du silence
***
le monde s’offre à nous comme un naufrage
d’un rythme lent d’asphyxie
***
je suis dans la blancheur de mon incertitude
***
que risque mon cœur de trop de pieux mensonges ?
***
dans le pourpre pariétale des diverticules d’ombres
et sans racines
je t’aimais avant que vint la mémoire de la pierre
dans ce qui se dit dans la folie de la parole
je t’aimais d’avant ce pourquoi de la raison
***
3 mars 2015
Daphnis et Chloë le chant des oiseaux
qui débusquent les entrailles
la haute mer et les sirènes
***
6 mars 2015
l’ange est entré dans la ville
dans un tourbillon de cœur fœtus
***
j’ai le coquelicot de tes lèvres
au rouge et noir de nos baisers
***
8 mars 2015
sous les infinis dômes vénitiens de la mer
la douce morsure de tes lèvres comme un lied
***
dans ta diablerie d’ange noire à l’ombre de l’inhabité
je reconstruis l’espace vacant où nous nous aimions
la chaleur s’inventait à la lumière claire de ton visage
***
nous éblouissions l’hiver
l’hiver perfide
que la nuit finit au sommeil où tu respires
comme un océan lourd
… puis elle respire sous ses éclats de verre d’étoiles
***
nuit seule
désormais
à t’attendre dans des vents haletants
***
13 mars 2015
misère de l’homme armé…
***
parvenus jusqu’à nous-même
météorites à l’écorce d’orgue
dans les scintillantes pailles
de nos amours volcaniques…
***
14 mars 2015
un règne arachnéen de désir
***
les yeux morts immensément ouverts ils voyaient le ciel
***
mes lèvres te parlent à la résonance des violes
de gambe
la ténèbre lumineuse soulève des vents
l’or des incertitudes
***
du plus profond des goélands
au guttural de la blancheur
quand tes yeux s’ouvrent aux plus grandes voilures
***
…alors ils rentrèrent sous terre où tout commence
***
17 mars 2015
même ton ombre
un sable blanc déchu entre mes mains
***
18 mars 2015
le sang jusque dans l’épaisseur des murs
et le bleu des fièvres de trop vieux calvaires
***
19 mars 2015
Connais-tu cette tourmente de la parole
cette verroterie de ton absence
dans une vieille tenaille de soleil
dans des caches grandes comme nos bras qui nous enserrent
***
20 mars 2015
(pour K et Petite Chose)
1….. les balbutiements du cœur dans ses ascendances de ciel
le miroir noir de nos amours
2…..mon ange a posé une question
pour le jour où nous verrions le ciel
3….. tes paupières ne reçurent que le baiser
d’un vent inachevé
4……
…puisque nous enfantions le baiser de ta nuit solaire
5…… tu fus l’ombre qui ne finira de grandir
6…… et tu fus donc cette éclosion de notre nuit native
avec des petits cœurs bleus qu’elle te donnait
pour te dessiner tes ailes
***
24 mars 2015
comme l’écume d’un glacier je ne ressentais
que l’écorce de la douleur
ma plèvre respire d’une main ouverte
qu’elle me donnait de sa paume
de cœur tranquille
***
26 mars 2015
dans les fractures de la nuit
posais-tu nos baisers
comme autant de gravats de vent qui ne sauraient rêver ?…
***
la foudre pétrifiante dans ce toujours dénudé d’un amour obscur
quand tu venais nue sur la pointe de pied du silence
la gangue de l’été sur ma poitrine
***
tes bras dans la longueur blanche de notre sommeil
comme une liane de premier matin
à l’équinoxe des murs froids
où nous balbutiions des pétales d’amour sur nos visages grandissants
***
chevelures tornadiques
la nuit vagabonde
où l’homme vient crier
***
27 mars 2015
béatitudes théophaniques de ceux qui restent
d’un soleil debout
***
1 Avril 2015
fusses tu tapissée de corail
murène magnétique
je sors du ventre de Jonas
***
comme dans les entrailles le chœur de l’écho
j’étoile ton baiser d’angoisse au flanc des falaises
***
l’avion tranche le ciel d’une faux qui traverse le temps
***
5 Avril 2015
dans notre obscurité facile
l’été ancien nous devenait glacial
***
je suis sur terre pour la couleur de tes yeux
et ce ciel de solitude qui divise ce pourquoi
notre nuit vient à son terme
***
la blancheur de l’avril qui revient
avec ce miel futur de tes lèvres
***
l’encensement depuis la ville et vers le monde
***
comment serais-je sans ces chuchotements
qui partent des vallées
aux abysses
de paille
à la lumière de la mort
***
mon amour sans pauvresse du haut de tes plaies
sous quel vallon viendrais-tu
aux versants finissant de notre précipice ?
***
8 Avril 2015
il y a un crépuscule dans les cuivres
au rouge mis à nu
de ton ombre née de géorgiques andalouses
***
je viens en vous en de verts Véronèse
et bleus Velázquez
la mort au creux de la main
***
candélabres si près des pendus
paraissant dans de larges répandus
de soleil
nous nous aimions hier et comme bientôt demain
***
et sous toutes les voûtes du ciel
même celles de la pierre qui meurt
avec toi dénudant de féerique
les impudeurs de tes yeux de neige
***
dans l’aventure du cri
tu posais nos ailes
sur le vent des goélands
***
nous vivions du temps de la pierre
dans le souffle dégrafé
de ta lumière pariétale
***
11 Avril 2015
le déboisement d’un cœur simple
laissé en friche de terre lunaire
***
tu me tenais dans cette ombre qui dictait la pleine nuit
tu murmurais une mort maîtresse de notre éveil
… « je suis Icare »…
***
les mots de l’amour
les mains de la nuit
***
montagnes contre montagnes où nous nous aimions
dans nos baisers sans discipline et de pourpre cardinalice
***
ta bouche comme une source dans notre compacité de nuit
ce rendu de monnaie solaire
à vaquer de notre nudité fertile
***
tu n’avais rien de mortel tutoyant ce mur d’étoiles
nuit après nuit
vivante de ta poitrine qui respire
***
je finis ma nuit comme celle de mes derniers scellés
je rentre dans ces désastres de murs morts
qui inaugurent la ruine
***
13 Avril 2015
ce redoublement de printemps
de vent calleux
à disjoindre la pierre qui enserre nos amours
***
côte de lumière de marais vendéen –
l’anguille jaune posée au labyrinthe du cœur
***
15 Avril 2015
les cigognes naviguent comme si le voyage
ne nous avait pas durci
***
pour venir vers l’amour mourir
***
il disait l’incandescence à son ombre de crépuscule
***
18 Avril 2015
noire avec son ébène sur le billot de la terre
la clarté de nos visages dans les jeux de la neige
venus depuis les pierres
ce ciel qui crispe dans son embolie
***
je redécouvre l’acier de la mort
l’ambre de ton corps disparu
***
de tes murmures de source
les soubassements de Vaucluse
et ses entrailles de Ventoux
***
mes haïkus cuirassés d’occident
***
l’oiseau rare a le regard japonais
et sous le pont rouge
sa fertilité de désir
***
le temps est comme cousu de soleil
***
ce baiser perlé à flanc de cor qui crie ses cuivres
ses échos émondés
***
à anéantir le jour qui me prend d’asphyxie
nuit contre nuit
ce soleil qui s’époumone comme au large de tes marées
***
comme ce monde plus monde que nous-même
tu viendras vivante avec ce qui venait
poignardant clair
celle qui sarclait les vents portants
***
19 Avril 2015
je veux voir Venise dans tes yeux de cristal
ces Véronèse verts de nos verres qui cassent
aux fenêtres de la mer
***
21 Avril 2015
mère au cœur de l’atome
nous nous sommes retrouvés
***
23 Avril 2015
tu ouvrais mes yeux sur la montagne
tu m’offrais l’asphyxie
sur la cimes des gerçures
nos lèvres rejoignent la clarté
***
blanche et nue
revenante de cendres
***
25 Avril 2015
je m’en irais comme une glaciation m’enivrant de ciels
dans la faiblesse de nouveaux soleils
***
26 Avril 2015
pourquoi octobre parle-t-il de ton visage ?
pourquoi t’éloignes-tu de l’ignition du vent ?
***
la plus aimée debout dans la dormition
au tout début de la douleur
***
tu demeurais diluvienne…
***
je n’ai gardé que les cendres et le mauvais goût du marbre
***
quand la nuit blanchit de son givre la mort brûlée
***
mes mains te cherchent dans la nuit doyenne des étoiles
***
Michel est mort de sa pendaison ; nous parlions souvent de Schönberg ;
il reste dans une nuit qui transfigure…
***
mon arme de poing fut-elle aux branchages du cœur…
***
vénitienne elle disparut vers moi, lagunaire,
d’une ville qui nous ressemble
***
27 Avril 2015
tu habitais le visage d’un temps déclinant notre toujours
plus féconde rencontre
la mort ne nous avait pas encore donné de nom
***
comment ne pas aimer l’avril
cette lumière qui
depuis les carreaux
veille comme des battements d’oiseaux sur l’exil
***
30 Avril 2015
… et nous voulions la polyphonie des abîmes
***
et nous restions vivants à la nudité d’encre
de cette raison qui nous emmure
…et l’air où je vis l’air où je m’époumone
ce souffle du désert ce sel qui nous dénude
loin de l’albatros qui nous exile
***
comme je me savais dépendant des faiblesses de tes exigences
et comme vivante rosée des roses
la nuit qui transfigure
***
… et je suis venu vers toi je te fertilisais sous un pont rouge d’orgueil
***
et dans des bouches nocturnes des étoiles de lyre
tous les chanvres d’amour des dépendus
nuages d’orion
1 mai 2015
Pour K :
je t’envoie 40 petits grelots de muguet
pour qu’ils t’embrassent
***
et le soleil a-t-il la gravité de l’azur
l’entre-les anges de l’Angelico ?
et tu m’as laissé tout le jour
dans les encres improbables de la solitude
***
ma vie est scarifiée
de souffles pétrifiés
de jalons d’extases
***
4 mai 2015
la nuit nous investit avec des mains qui touchent
la douleur blanche
***
5 mai 2015
l’aube dissoute dans la rue
l’aube à croissant lunaire
comme les pierres diluviennes
la paix calcinée
où nous nous aimions dans les ferrailles
***
c’est ta bouche dans la mienne avec des grelots de soleil
la vie qui tremble à dire des fables
pour seule demeure
***
elles fermait ses yeux d’amour de toutes leurs forces
***
la clarté inonde des soleils qui démolissent
***
nuits grandes comme les falaises tous nos granits
disant ce nom de nos amours
***
7 mai 2015
le soleil en chambre froide
comme des cendres de roses
dans leur bassin de marbre
trop près des morts déjà
dans le gîte des sables
***
A l’accablante, l’hallucinée…
la pluie transperce l’inhabité
***
elle transperçait comme les fanfares
ces soleils de cuivre qui nous inondaient
la vie nous a masqué dans l’ombre intime qui nous parlait
***
11 mai 2015
l’aboli jeu des étoiles ombrées
pour que nous puissions nous rendre plus grand
ce cœur qui s’écarte de la nuit pour nous définir
***
et comme ces vitraux cette nuit qui nous prépare
***
ma mort qui donne de cette main les verroteries rouges
dans la turpitude vorace du vent
***
tu ne m’aimais plus à force de nous manquer
***
12 mai 2015
j’ai le couteau rituel de toi loin de moi
cette foudre morte dans le rêve où nous nous inventions
***
nos bonheurs sans violences dans des incertitudes
qui se gravent comme cette mort nous aimait
dans des jalons de ciel
***
la mort prétend comme un absolu de sagesse…
***
ceux qui meurent lèvent un voile…
***
ce voile levé sur la blancheur au partage de la nuit
***
pour mourir que tu ne viennes
de ces paroles qui me détruisent
de vin blanc à l’heure pâle
sur une terrasse d’embarcadère
***
je lève l’ancre
comme tu m’éconduis
dans des salves silencieuse de solitude
***
14 mai 2015
d’entendre le rire à la ressemblance de la tristesse
dans un velours à fleur d’haleine
comme à revenir à ce petit bal perdu…
***
16 mai 2015
pour moi mourir en eaux basses
et nous revivre aux résurgences
de nos couleurs passées
***
je t’aimais de toutes nos couleurs de drapeaux
jusqu’à cette mort qui soulevait des oiselleries de paradis
***
mes amours mortes comme des pierres fendues
s’épousant pour d’autres éternités
***
nous sommes sculptés par le temps désirant
de sable mouvant
***
revenu de toi d’un sommeil pour y mourir
***
le mûrier de nos amours et l’acacia
vers les collines qui nous ont quitté
à l’infleuri de la vie
***
19 mai 2015
le monde s’étant dérouté du ciel….
***
la laine du temps dévident de ses fléaux
la bouche des nuages
et le rouge et le noir du baiser
***
j’éclaire ce temps qui tremble à l’image de nos baisers
en un long gouffre de frissons
***
j’avais cru à mes métamorphoses dans la lumière fondée de toi
***
ce qui s’inventait dans le cuivre vieux à l’herbe du Lubéron
l’eau native du baiser comme source
…et ce vent protégeant de toutes mes enserres
***
j’attends la paix qui ne surgit que de la pierre
j’attends la paix mûrissante
***
c’est encore un temps enseveli
de lèvres de fertilité
du ballast de nos étreintes…
***
23 mai 2015
lune aux écailles d’épices que tes yeux
de poisson d’or réfléchissaient
***
25 mai 2015
de tous ces pas sur le monde la limpidité de nos paroles
refleurissait
***
26 mai 2015
j’étais un homme
pour une femme dans sa barbarie d’amour
un règne de château où nous ne pouvions dormir
***
27 mai 2015
dans des forêts de fougères
les yeux lacérés de foudre
tu étais promesse nocturne de palombe
***
mort dans la rectitude des solitudes
le vin saignait de tout mon sang
***
réverbère des pendus dans la nuit qui brûle…
comme une morsure avec les vents
cet éperon au plus bleu des montagnes
***
monts de Vaucluse après les pluies métalliques
et les nocturnes
la main des moulins de Saturnin
***
étais-tu maîtresse de mon sommeil
derrière les jalousies des fenêtres
et des désespoirs ?
***
je criblais les craies de l’angoisse
dans l’aridité du savoir
et les généalogies du tableau noir
comme les pierres qui prennent aux rêves
ce soleil claquant aux portes
pour ne parler que de la tristesse
***
l’amour tombait comme des pluies de pomme
cet hivernage de l’aurore qui donne
le meilleur blé de nos épousailles
***
mon amoureuse avait des membres d’airain
pour les joutes obscures
quand la nuit tombait sur les étoiles
***
nous nous aimions obliques loin des fonderies du cœur…
***
comment resterais-je riverain au lâcher prise de l’estuaire ?
***
comme la foudre des pendaisons
la nuit insolite brûle de cris anciens
les vitriers de l’aveuglement
***
28 mai 2015
les montagnes comme mes épaules de douleur
hissent très haut vers des absolus d’orgue
***
30 mai 2015
ce plus rouge des harmoniques
de vents sauvages
le temps de nos lèvres qui dévastent
***
tu avais la voix des tragédiennes
ce feu de la chair rendu au jour clair
la parole dans le porphyre
au front de ta turbulence
1 juin 2015
nous revendiquons l’immuable…
***
2 juin 2015
cœur du monde
sur les quais où tu t’éloignes
***
en surplombant la mort depuis les lucarnes
le ciel descendait sur nos paupières
***
…et un vieil échafaud de falaises
tombait sur nos rêves usurpés
***
4 juin 2015
et nous seuls avant que nous ne disposions de ténèbres
trouant les filets du temps
avec des bouches et des spasmes
les paroles murmurées le long des allées d’orangers…
***
5 juin 2015
blanc comme un château
une chambre de fantôme
où nous nous sommes aimés
***
7 juin 2015
je m’en irai vers le Vaucluse
vers les paupières bleues de la nuit
sous des coupoles peuplées d’étoiles
***
comme ces peaux de vanille d’Andalousie
les nuits odorent l’haleine de ta nudité
les balcons proches de mes caresses qui te déshabillent
***
11 juin 2015
elle avait la violence de la grande mystique espagnole
les safrans de la jalousie
***
mon amour vivait d’une respiration qui se dérobait
aux roseraies
au fil de nos sables et à l’agonie des prisons
le jour avait mal dans sa pâleur
***
tes lilas murmurés à nos sommeils odorants
cette ville dans la douleur bleue de nos amours
***
16 juin 2015
femme dans le cœur de nos paroles
femme plus sombre que nos ombres désunies
femme à ton visage ressemblant
plus pure fontaine extinguible
comme eau bleue de toute nuit à nouveau rêvée
***
17 juin 2015
de l’estuaire allant à la mer
déployer des ailes pour ne plus revenir
***
19 juin 2015
prendre ton nom sur le sable avant la vague
de celle qui vient de l’oubli
celle des varechs sur les échelles de la mer
***
20 juin 2015
dans la calligraphie du cœur
j’irais à l’érosion du sommeil
jusqu’à creuser la femme qui manque
***
et que disent les brunes
les fruits aux lèvres –
possédant le monde ?
***
21 juin 2015
le vent dans sa route de vieux calvaire
porte des paroles immémoriales
jusqu’à ce goût de nos cendres
***
la nuit précédait ce souffle froid de nos cendres
et l’albatros mûrissait des horizons jeunes
***
22 juin 2015
…et les amours meurent dans le lit des rivières
la pluie des étoiles bleuissant
à l’ambre du désespoir
les cloches sur la poitrine
***
quand des vents
hors des détresses
les albatros
quand les vents à Fontevraud
l’abbatiale
au château nu
la colline hurle
d’airain et de nuit
de ces vents blancs
quand siffle l’azur de l’albatros
***
je vois le jour de tes pleines nuits
la blanche ecchymose
à l’absolu des ténèbres
***
misère de nous savoir semblables
à errer dans la nuit
***
au creuset des étoiles
les montagnes ruissellent d’éternité
***
pourquoi le soleil
de rayons de raison
la rose empourprée ?
***
de cet oriel pour t’aimer dans l’enserre chaude
de toutes ces pierres aux vitraux de notre intimité
avec des draps blancs qui s’aiguisent…
***
faisant fleurir les trèfles et les pas solitaires
celle qui depuis les cendres et les fougères
fait naître le chemin des sables
et ce souffle qui m’anime
***
28 juin 2015
murs contre lesquels -la faim noire
sur des routes blanchies-
ma clarté s’agrandit
***
29 juin 2015
ma vie m’emporte loin de la blancheur improbable-
déjà j’avance avec les pierres de ton ombre
***
et tu fus dans ma vie cette éclosion
du dernier automne
cette saturation de goélands dans le jour qui perce
***
…les mains sont comme le réveil du corps, celui qui s’extirpe des ténèbres en avançant les bras tendus vers le premier besoin des fibres que sont les étirements félins, si nécessaires à ce monde de sang et d’oxygène pour ce jour qui va venir, l’azur réconcilié avec de la pensée d’impossible incarnation, ce monde de bougies qui touche au jour de sa lueur la suppression cognitive, celle questionnant d’elle-même nos horizons…
***
déjà la douleur le pinceau des calligraphes des nuits de juin
cette aimantation pleine de ces amants
d’un qui perdra
à entendre que les figurines géométriques
donnaient le sens du sel et les complots du sang de nos amours…
***
ma vie m’occulte depuis ce miroir du fond des mers
***
les châteaux à chaque retour des saisons…
et ceux qui nous oublient
l’âme dans la mort
***
j’occultais ta vanité et ce désir d’être à toi
dans cette nuit vaine qui nous boit
4 juillet 2015
et quand verrais-je nos corps de cathédrale
aux contreforts de l’horizon ?
***
6 juillet 2015
l’éperon comme un mouvement de soleil
aveuglant
le mur
violemment
***
tout le jour à la lèpre du temps
les carreaux qui compriment la chaleur
dans l’attente
sur les lèvres
à la fosse d’un rêve de cristal
***
Polytope de Cluny, comme de l’eau sur un chemin muletier..
***
le baiser du fond de la nudité
l’eau profonde d’où jaillit la nuit
***
les eschyliennes—-de celles au bord des rivages…
***
dans la nuit répétitive
au plus tranchant des oiseaux
sur des bavures de volcan…
***
dans les closeries de la lumière et le vent du vitrail
comment t’oublierai-je ?
***
l’ombre des mélismes
la brisure des résurgences
et ce vide aboli vers les astres
***
ce temps des coquelicots comme un temps de nos lèvres
dans les brisures de l’éphémère
***
« tu m’as tout appris » … jusqu’à la noirceur des rues
où nous nous aimions
***
tigres de Sibérie d’yeux bleus d’agate
Jean Malaurie
la cerisaie des astres
***
11 juillet 2015
et où vont les ondines
la souffrance insupportable d’être veuf d’une femme vivante ?
***
12 juillet 2015
nous nous dessaisissions des orages
***
je voudrais qu’à tout jamais je ne t’eusse connue dans cette fin de notre brisure
***
je m’inscris dans tes rêves aux rails sans parallèles
***
je rencontre ce coin d’été de ton visage
la joie douloureuse dans le madrigal
***
13 juillet 2015
ma vie immortelle vers le sang qui songe à mourir
***
tu disais l’avenir celui de la femme qui manque
***
dans la lumière des juillets je n’ai plus les preuves de la nuit
c’est du sang de ton sommeil que j’égrène les cloches du bronze
la fin de ce temps qui m’émerveille
***
d’une errance sans constellant ma peau avec la tienne
la pluie froide jusqu’à l’érosion qui nous connaît
jusqu’aux douleurs
à l’effroi guttural des goélands
***
elle me parlait de la mort :
« plus d’errances, plus de place pour l’ombre que je deviens… »
tu posais tes baisers sur mes douleurs
là où la mort dans le commandement de t’aimer
surgit
de ma ruine lointaine et sans faille
***
15 juillet 2015
reclus sur ce chemin pour jouer
la fin de ma vie d’homme
***
mon amour s’exile le verre cassé
aux pavés crissant de hauts talons rouges
***
l’errance de nos baisers aux plus profondes drailles
qui ne fussent convenues
***
16 juillet 2015
ces traces de colère dans la chair
les cicatrices de Dieu
au plus charnu de tes fléaux d’été
***
18 juillet 2015
René Char precioso…
source de feuillets hypnotiques
miel pour Icare
celui qui respire aux fontaines
d’un grand Causse nocturne
***
mes sources dans le Tarn dans des gorges bleues
aux méandres passionnels
ces nuits désespérément solaires
au goût de cristal sur tes paupières
***
23 juillet 2015
cette épigraphie du temps qui marque le labour des caresses
***
toutes ces fleurs contre la mort … ?
***
27 juillet 2015
comment revivrions-nous ce Tanger des muezzins
des hautes terres
de ses champs de fraisiers
et des médinas bleues et blanches ?
***
sur les plus hauts rochers de l’atlantique
j’ai connu comme pêcheur de vagues
la plus haute soif
***
mon avenir est en incendie
j’avais effleuré tes baisers
dans des forges de douleurs
***
29 juillet 2015
…et la sauvagerie reste où ton corps est à notre ressemblance
dans une vallée profonde comme un couteau
qui cherche la chambre que nous avons quittée
***
30 juillet 2015
et dans des nudités d’orage
tes lèvres vacantes
vers tes pays à venir
c’est sur moi que le monde respire
***
depuis la montagne
des baisers endurcis
jusqu’à l’assèchement de la soif…
***
31 juillet 2015
j’occupe mon cœur à apaiser son chant d’oiseau
***
j’inventais des gouffres d’insomnies
avec les carreaux des guetteurs d’orage
comme autant de lames de fond
1 Août 2015
puisqu’au dedans de nous
les temps ne nous auront séparés
il y aura une facilité à faire parler les pierres
***
3 Août 2015
loin des villes où l’ombre n’est plus notre
te fuyant sur un cheval cousu de fil blanc
***
5 Août 2015
comment te faire vivre sous des pinceaux de lumière
sous les joncs de l’azur renaissant
ces ruelles pierre après caresses
ces encavements d’amour au fond des failles… ?
***
Hiroshima des soixante-dix lueurs
de cette ombre définitive sur ses murs
***
tu étais la nudité de nos baisers
que les coupeurs de feu rendaient
loin de nos brûlures
***
dans les gorges monumentales du doute
les doigts sur le clavier
d’un nocturne de traversée schumannienne
***
d’un baiser de balafre
tes jambes comme une géographie de chili
qui m’enchâssent aux ciseaux de la nuit…
***
mort sans plus aucun doute
dans le cœur du trèfle
***
je vis encore de la morsure de tes absences
***
6 Août 2015
elle aimait l’ombre de mon souffle
ce nœud sur la nuque
de mon poids d’homme jusqu’à me perdre
***
7 Août 2015
ma vie coule agrandie de toi
à l’heure des goélands
***
8 Août 2015
milan aux couleurs nuptiales…
vers les vallons et les falaises
comme des famines à la flambée du cœur
***
la pauvreté du cœur le sang joué à la manille
***
des larmes dans le naufrage du caprice
l’incorruptible silex de notre rencontre
***
10 Août 2015
elle sent bon l’herbe coupée
avec ses seins d’archipel
pour qui vient
naufragé
***
dans la nuit des blancheurs le baiser glisse
sur le front des glacier
comme à Venise la ciselure des marbres
a valeur de ténèbres
comme le travail des bouchers après que la viande
fut morte
je dépeçais les portes du ciel
j’étais né de plein soleil
quand mon visage n’avait pas encore de larmes
***
11 Août 2015
rentrant dans les espaces orphéiques
ta voix donnait l’architecture des mondes
***
12 Août 2015
peut-être au-delà des caresses
la montagne au sommet bleu…
cette sauvagerie de la respiration
où nous ne pouvions nous reconnaître ?
***
voir la Vendée les jardins de William Christie
voir Clisson…
***
13 Août 2015
toutes les écorces ont souffert
du couteau des poètes
***
14 Août 2015
Lucéram l’érotisme de la pierre
de secrets et de failles
l’érection de N.D. du Bon Cœur…
***
15 Août 2015
dans les bleus de l’amour la terre est tiède
d’un insoupçonné vitrail
et d’une femme avec qui j’ai vécu
***
nous aimions à oublier l’atemporalité de l’amour
***
proche amour nostalgique d’orient
***
17 Août 2015
l’été achève ce qui ne désaltère plus
la montagne où nous dormirons
comme des humains à la force de la lyre
***
18 Août 2015
la mort sur les éboulis du visage
à l’avenir tangible
de toutes nos fibres ancestrales
***
20 Août 2015
tu as les visages de mon désir
pour engendrer la clarté
mon ombre fantôme
d’une lente agonie de soleil
***
23 Août 2015
lymphe et chrysalide
à la cruauté d’un seul jour
***
vers la mémoire du ciel de Cordes
de Rocamadour
où sont les vierges noires et les roses publiques
***
dans la clarté des estives et le chant des plus hautes montagnes
l’écriteau disait ce qui se souvenait
du marbre de la plus belle éternité
***
tu me laissais dans toutes les autres douleurs
***
nous avions franchi l’encolure farouche du désir
où l’ombre nous a défait
dans le ciel du plus bel Août
***
l’albatros nous a montré l’évasion
la lumière hors de nous
le vent
la pierre
la résurrection
…l’oubli au visage
le besoin de s’unir
les larmes
dans la lumière hors les murs
sur ce dur déclin des hommes
***
25 Août 2015
nous n’avons qu’une route faite de notre sang immobile
et le monde n’a plus que la pesanteur de notre chair
***
26 Août 2015
de tous les brisants
de tous les gisants
pourquoi m’éveiller
près de toi vivant ?
j’ai vécu ici sur le chemin qui mène vers toi
dans ta bouche peuplée d’oiseaux
au miel de ta voix d’alto
je remonte ta source
au buccin de tes lèvres
dans un sommeil à notre ressemblance
comme un désespoir de pierres
***
tu viendras d’un jour ancien
mourir du secret de notre famine
***
28 Août 2015
de mon sang vers le tien
l’airain du beffroi cogne
la nuit retranchée des hommes
comme un cavalier d’apocalypse
***
29 Août 2015
avec tous ces trèfles sur les chemins du cœur
la solitude venait immensément
dans l’amour bleu à l’ombre des larmes
***
dans la voie domitienne l’eau coule
sur le visage bleu du massif de mes amours
coquelicots d’élection
à falaises de Luberon
je ne suis promis à rien et ma nuit est en feu
…ma vie incluse dans la force des nuages
***
nous serions dans les fondrières de l’essentiel…
nous étions doués pour reconnaître la mort
***
nous nous espérions comme une lettre retrouvée
dans la poche d’un mort
***
Périgord pourpre noir blanc vert…
le visage de la Dordogne
***
le temps décousu de nos nuages
***
…et le fond de bouteille dans les soleils du sommeil
je perdrais le monde dans la voilure qui nous habite
***
31 Août 2015
ce qui habite les désespoirs de vase
que figurent mes désirs
aura le visage de cendre des chemins où tu vas
liesses
1 septembre 2015
ces soleils qui donnent le billot de l’aridité
embrasent le seuil de notre rencontre
l’éclat du jour a mangé nos ombres
***
2 septembre 2015
nuit lucide de glaciers glabres
ciel qui s’abaisse
à hauteur de ta chair vivante
nuit lucide
jusqu’à fondre le seuil de tes sources
***
3 septembre 2015
…et le sentiment du néant se perçoit analogiquement
quand les paupières fermées j’élargis le noir absolu
à l’espace infini dans la surdité des sphères galactiques
***
les fruits de la nuit au couteau qui précède cette écriture de la chair
fontaine
j’ai fait halte au tranchant de la soif
***
4 septembre 2015
j’ai connu l’incertitude des tempêtes
les ronces posées sur la plénitude
de tes ailes libres
les paupières closes d’un temps qui nous aimait
***
5 septembre 2015
plus brûlante que la neige…
la passion bleue qui coule aux fontaines
figure le visage de notre visage
le ciel s’est desséché
au limon d’un déluge d’azur
broyé aux ailes d’un moulin solaire
***
6 septembre 2015
l’écritoire des orages à la craie blanche
comme la robe des mariées
la faux qui fait siffler le vent
et l’aigu aux lèvres des labours
entrouvrent le cœur sur des paysages
sarclés et émondés d’aujourd’hui
***
7 septembre 2015
l’oiseau nous parle de notre cri
l’oiseau jouet du ciel qui se hisse
jusqu’à la griffure
***
nous vivions au-delà de miroirs
de toute la sève
des baisers qui se brisent
***
forêt aux arbres maigres aux ombres sans soleil
là où la terre nous prenait dans ses bras
***
8 septembre 2015
femme aux bras nus aux fenêtres d’aurore
femme dévidant la laine de mûrier du soleil
le cœur caché le désespoir dans les mains
***
9 septembre 2015
nous répétions le nom de la terre sur nos lèvres desséchées
pour la ruine de la pierre
pour l’herbe de la nuit sous la nuque
l’étoile inconnue à qui nous donnions un nom
***
10 septembre 2015
rejoindre ses origines sous la lézarde
la terre mise au rouge
le vent qui parle de notre retour
***
11 septembre 2015
éloigner les ténèbres à dimension d’homme
la rose des tristesses
venue un matin ému de résurgence
il n’y avait plus rien de mortel
sous le fléau solaire de tes baisers
***
12 septembre 2015
ces quatre saisons que sont tes lèvres
et le soleil de tes reins
dans le sommeil jour après jour
je ferme les yeux sur un visage
que ma bouche dessine nuit après nuit
***
13 septembre 2015
mon quartier de soleil croissant brûlant
comme une orange
que nous mangions d’une même bouche
d’au bout des seins pourpres de coquelicots
d’une même morsure d’un baiser de sanguine
***
14 septembre 2015
montagne comme une étrave sur le ciel
à la vieillesse des cimes
un morceau de soif
sur les brisants de ta peau vive
sur ma peau d’amour à battre tambour
***
15 septembre 2015
prison des désirs nous nous étions aimé
et nous aurions à en guérir
désir de cobra les herbes étaient en ruine
***
nous étions la terre tremblante
le bout du monde de la chair
le ciel a blanchi l’heure des goélands
***
les étoiles de sous-terre
l’irradiant auracignien
***
16 septembre 2015
la lumière est en ordre l’oubli est sans nombre
les roses rouges versent une ombre pour toujours
dans la chambre close
***
nuit étoilée dans des ruines de ciel
passeur de lumière
***
17 septembre 2015
blanc pariétal le ciel sur tes lèvres
pour m’éveiller
tu es apollinienne Vénus dans la pierre
***
l’archipel dénoue ses chevelures au front des grands larges
… le bonheur demeure sur des escaliers
qui descendent vers la mer…
***
18 septembre 2015
c’est l’abîme des oiseaux l’écho de ta voix
la lumière venue par le ciseau qui grave
jusqu’à vivre au cœur de la pierre vivante
l’arc en ciel où chaque couleur est un degré de harpe
gravissant
***
20 septembre 2015
elles sont venues depuis ces grands mouvements telluriques
de la mer
de tous les tremblements organiques
au modelé du baiser depuis sa source
à l’airain forgeant sa route d’étoile
jusqu’au sommeil de pierre au nocturne du visage aimé
elles sont venues les mains caressantes dans une lumière
de faïence
avec toi le gloria de la terre le sillon de la chair
debout dans le jour debout dans le blé ascendant
***
champs aux corbeaux comme une houle blonde
la nuit vient dans son haut le cœur
…déjà dans l’azur
claquent les derniers battements d’elle
***
21 septembre 2015
ce corps qui est celui que j’ai aimé est une île battue des vents
sur d’égales falaises d’avenir
à l’écorce des vieilles lassitudes
de fougères et de voiles vers ses nouvelles tropiques
***
répons de Gesualdo à la fonte des ténèbres
bleuie de la brûlure comme autant de faille
à six voix de ciel
dans la raucité de la clarté
***
22 septembre 2015
c’était gravir ma montagne
franchir le seuil des hautes neiges
que de me hisser à la fièvre de tes chants d’insomnie
***
23 septembre 2015
l’âme dans la mort nous exécute
au billot du temps
dans un sommeil de sud
de ce jour neuf accueillant à nous-même
***
25 septembre 2015
dans l’embrasure d’un dédale de faubourg
neuf roses rouges où la nuit commence
26 septembre 2015
les murs respiraient de la blancheur d’un été glabre
le sommeil ressemblait aux pas inhabités
sur des graviers d’étoiles
et aux orfèvreries de chevelures
nos matins vivants de draps défaits
***
28 septembre 2015
nudité volcanique ce n’est que la nuit
d’un soleil fascinant
celle qui relève de la chute des anges
***
29 septembre 2015
Ponge disait : « choir… ». Et tout le dictionnaire s’animait
de sa danse de gravité.
aux jardins suspendus comme des pommes
il tombaient des bouquets odorant de lieder
et des anges aux colonnes de Gibraltar
elle était celle aux mains de lavande
celle qui ne tremble pas
sous le regard de l’homme
les paupières closes à l’orient du cœur
le vent dispersant la solitude de Caïn
dans une terre de fièvre
***
30 septembre 2015
nous sommes la métamorphose dans le regain du trèfle
à sa source
un torrent vif qui s’ouvre à ta passion
tes baisers ont le bleu de Valensole
la détresse des lilas au fond des verres
qui perle sur la joue comme une renaissance
1 Octobre 2015
nul ailleurs à la nuit
l’homme cherche l’ombre
dans le bouquet du jour
nul ailleurs qui déserte les chants de rossignol
la femme à la fureur de Durance
à la déchirure de turquoise
les moulins de soleil la lance à la perce
à conduire les étoiles
***
2 Octobre 2015
l’écriture pariétale
d’une vie antérieure
de la chaleur d’un sein et du mimosa des astres
cœur premier dans le règne minéral
***
3 Octobre 2015
vivrons nous dans la pâleur de miroirs
à réfléchir l’ombre crue
d’une nudité désavouée ?
l’épaisseur du jour vient dans les rehauts vivifiants
de la chair
où perdre souffle dans de plus hautes herbes
et le velours clos
depuis nous vivons sur les toits du monde
dans des brasiers de neige comme autant
de pelletées d’amour à consumer
***
l’homme navigant de sa propre nuit
l’homme métaphysique de son absurdité
***
c’est une porte à la mer qui s’ouvre sur la laine des chagrin
c’est le cœur qui déjoue ses terrasses battues des vents
ce monde longtemps remémoré de nos cendres
***
5 Octobre 2015
(circonstanciel)
mais d’où vient d’estoc sylvain
de fer à mourir en vain
Manosque des quatre collines ?
***
mes mains mangent ton visage
comme une pierreries rare
des cailloux de torrents dans la bouche
***
6 Octobre 2015
d’une faille
les yeux à l’abîme
parvenus au terme de cette naissance
d’avec le jour qui nous prit par la main
aveugles aux confluences de profondes misères
notre visage d’avenir
dans la chaleur de laine
d’un soleil d’en dedans
***
7 Octobre 2015
comme une ville au lit défait aux pluies arbitraires
à la blancheur grêlée de misère
comme une ville de roses rouges
l’épaisseur de l’été
fondé dans la chambre qui fut la notre
***
8 Octobre 2015
l’automne au moulin clos
chemin rouge d’un orgue crépusculaire
dans sa morsure de sanguine
tes lèvres remplies de ciel
qu’elles prennent
pour perfection d’amour les oiseaux que j’y dessine
***
10 Octobre 2015
les pierres ont l’odeur du temps d’un cœur qui bat du dedans
et nous posions nos mains sur l’argile de pays de mutisme
de promesse que nos bouches se donnaient
de chant d’automne
lorsque le vent porte toute l’errance de nos présences abolies
***
11 Octobre 2015
navigants de l’automne dans un val obscur
la lucidité des nuits d’étoiles
à nous en aller comme nymphéas
promeneurs fantômes de nous-mêmes
***
Giono
Virgile giorgionesque du Manosque des plateaux…
***
danseuse à la pointe de l’étoile dans ses géométriques de papillon
l’eau verte chuchotée dans l’écho de ta nuque
***
12 Octobre 2015
montagne qui hissait à l’asphyxie du milan
la fracture de falaise
adossée à des bronzes de neige
portant au couteau de l’abîme
***
et que fais tu sans moi les herbes si hautes
dans cette rugosité d’arbre
de racines recluses
sur les toits dansant des ciels
***
ceux qui sont dedans des tombes
dans les résurgences de vent dormant
portent leurs jardins ladres
vers des carreaux de ciels
***
13 Octobre 2015
ma douleur dépeinte a fresco
poignard des cyprès
à la colline des Giotto
montait droite au velours nocturne des étoiles
***
14 Octobre 2015
dans les bouches du vent à la crête de Lozère
les éboulis de ton nom
et les yeux de source de notre ancre de sud
***
Lozère Tarn Peyreleau Hauterives
habitats des gorges
Causse noir
la Bastide Pradines
aux mains de lauzes
aux yeux de lavogne
à caresses caussenargues
par les cueilleurs de vent
dans les fleurines de Roquefort
(ces premiers gardiens du froid naturels et millénaires)
on a fait de l’or
***
15 Octobre 2015
par-delà la mer j’écoute la nuit glacée
le chemin d’un automne perlé
où tu creusais un sillon d’étoile
***
nous définissions l’amour comme une téllurie
je sais que j’aime quand je reçois les tremblements
quand le sang gagne en puissance
dans les artères fébriles de la ville où elle vit
et quand la parole s’extrait de sa demeure
de porphyre
au risque d’y sculpter de pleines gerbes de couleurs …
***
16 Octobre 2015
cette langue qui casse de Gévaudan
dont le vent taille les clarines et les flûtes
à l’os même de l’âme parcourue…
***
l’âme a la porosité du souffle à visage pur
d’un chant de jonchaie
d’un torrent de Durance
traversant un ciel rose du fond des âges
caressante blancheur de goélands
et de draps à l’envol des voiles
de l’été qui s’écaille
de la peau du temps incisé de nuages
qui fuguent à plusieurs voix
***
17 Octobre 2015
la mer s’approche plus chaque jour
de la marée de nos désirs
à étreindre la clarté de grands brisants
18 Octobre 2015
Noë à la sortie de l’arche s’est donné au vin
comme Villon aux filles
nous allions à l’ivresse
tous ces bateaux tous ces oiseaux à l’endorphine
dans le pisse dru immémorial
***
19-21 Octobre 2015
( I )
bleu du poème visible des ciels
comme une clémence
d’oiseaux saphir
proche de l’azur
de paroles japonaises où le silence
et le blanc de la page ont une ombre bleue
bleu de l’Angelico orphique
anges pur anges radieux
contre le marbre froid la main délaissée
comme écrin de mort dans le ciel d’azurite
dans le désir de désert
le vent nomade de la faux a-t-il ce bleu de la peau de porcelaine ?
…notre mort hiéroglyphique…
***
la vie sans la mort porterait un manque…
***
pour ce qui peut se défaire d’orage de blés mûrs
des nudités
roses de passion roses jaunes des adieux
(II )
Lorsque je dis bleu, c’est une vague de paupière qui se déploie et se déplie, tout à la fin de la mer, c’est la mer elle-même, répandue par toute la planète vue de la lune, la fameuse orange d’Eluard, la mère virginale drapée de la mante, à l’arbre de Jessée et à la Belle Verrière lazzulie, à Chartres, où le trou dans le vitrail, à la saint Jean de midi, vient coïncider avec le rai de lumière qui frappe au sol la pierre de l’équinoxe, c’est la femme sculpture de Matisse sous les ciseaux, aux bras portant la chevelure lourde de bronze et celles de papier découpé, sans ombre dans la blancheur charnelle et irradiante. Tanizaki dans l’Eloge, n’imagine pas ce règne bleu de l’ombre, les veinules du dedans, et l’iris qui épouse la couleur du ciel et se délave dans les regards de l’amante, Delf qui lui donne un nom et un paysage, de froide sensibilité urbaine, de verre et d’acier, cette note perlée sur les ivoires du clavier d’un équilibre hors tonalité, rejoignant de lourds démons incontrôlés de cintec et de saudade, de transes par-delà les danses, dans le feu des litanies quelque peu sorcières, côtoyant souvent le rouge de la braise, la banquise du fond du Chili et de l’Argentine dans leurs sud, qui croule en lamelles grandes comme des grottes entières , avec sa voix éperdue de fracas d’avant le monde, du vin lourd dans les veines vives des ivresses, du téton de sève comme origine du monde, de pluies de poudres d’enluminures de Livres d’Heures, de Berry et de sang royal, de ces saisons qui passent au zodiaque circulaire les planètes revenues, ces violettes en parterre et les lavandes en sillons odorants mordus des abeilles de Valensole. l’odeur du cri qui glace n’a d’autre couleur que celui du froid bleu du fer. L’errance a toujours la fièvre qui porte la douleur aux fontaines, et la soif est bleue dans son goût de la mer fugitive, les pierreries d’Orient ont une étoile damassée de femmes comme un reflet de leur danse, aux heures du lilas avec le khôl du jasmin dans leur paresse. Je m’entretenais de ces risques de vivre sans l’espoir de la dimension de la mort, et je concluais à l’imperfection d’une éternité d’azurite. Cézanne comprit vers la fin cette nécessité du bleu, malgré la mort, rehaussant aussi haut la vivacité immobile qui pénètre et irise la montagne d’Aix dans le midi de sa course, et les bouquets en sommeil, aux couleurs de frais artichauts, dans le violet qui en est une variante. Bleu du « O » , du Rimbaud de l’oraison et de la vénération, celui du silence et des anges, ce silence au val froid du dormeur dans son cresson matinal. J’envisageais le paradis, pavé des songes bleuis de l’enfance où le goût des lettres et de l’écriture passaient par la séduction indissociable du parfum de l’encre. Celle que j’aimerais plus tard, si brune, que les reflets de la chevelure à la lumière paraissaient issus d’une scène sacrée, d’or et du cobalt de l’Angelico. Les voyelles sur lesquelles descendaient les anges berçaient le sommeil, comme autant de marins cherchant le nom du havre, et touchant au havre et les débarcadères aux sirènes qui saluent les retours, les yeux étaient remplis de la clarté du bleu des Valparaisos enfouies. Dans d’autres ports, Jean et Raoul Dufy hissaient les pavois des départs, les azurs endimanchés à la recherche de quelque perle d’huître au nacre d’une île noire battue des vents et gorgée de plénitude. Les azulejos et les portes de la casbah de Rabat à flanc de falaise, font mirage avec les jardins des Oudaïas qui sont comme un petit Alhambra dans la niche aux souvenirs, toujours à défier sur le nuancier de la mémoire, l’enfance des tabliers d’écoliers. Et pourquoi Giono se dit-il Jean le Bleu? Et quelles ténèbres traverse-t-on dans le bleu nuit? Les volets s’ouvrent de grand matin sur Saint Saturnin les Apt, au moulin de libellule, à Reillane, et sur toute la Durance de l’émeraude, le cœur repeint dans les pluies de la nuit. Avec Jean le Bleu du Contadour. Dans des paysages d’orge, la révélation d’un orage n’a pas plus de signification que la tombée du jour, quand l’incendie nous surprend sur le banc, mais en guise de perfection, s’il pouvait y avoir une note de plus dans ce décor de fin de jour, après la pluie, dans le ciel lavé qui monte vers sa nuit, ce serait d’ajouter, parmi les couleurs de l’arc en ciel, ce bleu qui fait encore défaut.
***
Requiem de poche II
et quand ils furent tous bien morts
ce fut la grande braderie
le scorpion à foudre huppée
la grande fin du silence
l’abandon des grands sommeils
la trompette
le jugement dernier…
***
22 Octobre 2015
l’hiver est au plus noir et la mer en est aux cris des oiseaux
la lumière poreuse se dévide sur le glacier du temps
à la nuit nouvelle
il nous restait l’absence de dieu dans le poids du monde
***
perfidies du vent de ne jamais détenir des vérités de marbre
***
la naissance est le seuil brûlé de la mémoire d’un monde antérieur
***
le vent véhicule des mondes qui ne se gravent dans le marbre
***
23 Octobre 2015
ce voyage d’hiver est une semaison de la tristesse
les goélands ont replié leurs ailes
et la neige ne pèse que sur la mort
la solitude ne menant déjà nulle part
les soleils habités restaient dans les clartés de Schubert
***
24 Octobre 2015
mains de trèfles
jonchaies de nuit dormante
l’eau du moulin coule sur le sein de la colline
jusqu’à la transparence de tes yeux d’incendie
***
25 Octobre 2015
tu éclaires comme une dormition qui s’est ouverte
d’une neige
dans sa certitude de plomb
la lumière aujourd’hui a la porosité de notre cœur où
tu éclaires cette femme qui n’a pas le visage de sa violence
***
26 Octobre 2015
déjà endormie la main dans la mort
remplie de ciel la tête dans les astres
***
mûrir contre un corps qui s’éclipse
avec toutes ses douleurs à recoudre
d’un paysage blanc à la foudre d’août
posées sur leur long fleuve
de miel et de pourpre
comme n’importe quelle clé de sol à forte armature
***
27 Octobre 2015
…et je ne dormirais pas dans un lit de tristesse…
nous entrerions dans les chroniques des vents
vêtus de sagesse temporelle
de tout un vieux désert de galaxies
qui parlent à la ville haute de la chair inachevée
***
28 Octobre 2015
loin sur des terres rouges au solaire de l’insolente vacuité
du désir
je couchais dans les grands vents
et les vins dans leurs noirceurs de mort
aux pilastres du nocturne
aux colonnes lyriques du temps
la blancheur du monde revenait hors des tombes
dans le fer scellé de la lucidité
***
parterre de fraîcheur d’émeraude des ciels nubiens
depuis l’arbre à croître dans sa danse immobile
et la mer qui sculpte la plénitude
dans les hordes du bleu
j’épouserais la narration des dieux dans les meilleurs mûrissements
***
l’errance au cœur des songes
le vent des blés qui oublie ma naissance
***
29 Octobre 2015
Saint Maximin -hôtel-
cœur à la force de revolver
quand elle guerroie par la force des amours
ces murs qui rongent l’incertitude
cœur en asile
cœur en exil
le rire bègue et les yeux au pouvoir de foudre
***
30 Octobre 2015
peupliers de sang et d’or aux heures d’automne
hissant au ciel les parfums des laines de brebis
et les noces de la vigne
peupliers de flûtes sur les bouches du vent
j’entrais dans la ville de l’eau Cours Mirabeau
***
nuit iconoclaste
matin luisant sur l’asphalte
des lèvres
-féerique
tu étais mon sommeil
comme déesse de l’abîme
***
31 Octobre 2015
et les errants nous disaient : – où étiez-vous ?
– à désombrer les déesses d’Erachtéïon
nous sommes apparus sous les palmes et les fougères
où la mer est partout
le vent des conques marines jusqu’à l’oreille de nos amours
1 novembre 2015
Debussy. Avant lui, la musique était cursive et linéaire
depuis, le temps musical devient étoilé
***
2 novembre 2015
ces chants des anciens paradis
d’oiseaux à qui nous pardonnons
migrateurs et chanteurs
ce bleu de l’aigu
ce polyphonique perlé de vitrail
au don inextinguible des armoiries du vent
***
blanche et nue sous le bleu des palmes
l’eau de sa bouche comme un blé venu
dans un sommeil d’albâtre sceller
la promesse de nos lèvres
***
celle qui murmurait la lyre au front
d’un arrière monde peuplé de pluies
à la paille du vent
aux tresses lavées d’or
comme une chair mûrie
possédante de clarté
***
ta robe ouverte comme une émeute
l’épaisseur du monde
une fable errante
la reconduction tacite de la mort
ta robe ouverte comme un cycle de saisons
à voir le monde à sa naissance
en eau profonde
vaisseau de conditions humaines
ta robe qui s’ouvre sur de larges avenues
les incendies d’arcanes
la désavouante clarté
la pénétrable blessure vacante
***
3 novembre 2015
j’embrassais la foudre à quatre mains
dans la blancheur ivoirine
du sein courbé comme un fruit d’été
j’endormais mon désir dans la verdeur
de ses cicatrices
petit calvaire de cristal
ce soleil de sangs mêlés
au cœur ivrogne de chaleur bleue
***
4 novembre 2015
…par les rues vénitiennes les femmes lagunaires
de roses et de ténèbres
dévoilent
de poignées de cheveux d’or
leur amour faussaire
***
4-8 novembre 2015
Je renonce à expliquer le monde dont les chaînes seront toujours là pour nous. Je m’étais détourné du suicide bleu où tout hurle de silence. J’entends ce chant des esprits sur les eaux, non comme Ophélie dans ses vases, avec ses mains blanches et ses nénuphars, mais l’écho du Schubert des lacs hantés. Je renonce à expliquer le monde mais je le regarde. Il est bleu et noir, des couleurs de l’encre, de l’océan et des yeux de ceux qui partent sur les mers, des couleurs que j’ai sur les doigts, donc de l’eau profonde. Le bleu est un moment de la transition vers le noir. On dit bleu nuit, bleu de cobalt, ce qui est déjà très bleu et presque noir de nuit. Comme un espace miraculeux préservé dans le transitoire. Existe-t-il une couleur qui n’ait son prolongement vers sa mutation future, en une sorte de négation de ce qu’elle fût ? Un îlot tout au plus. Comme ces corps où nous nous reconnaissons, qui ne sont que les états transitoires vers le sable. L’arc en ciel contient la confidence permanente des chuchotements du ciel, les murmures dans les robes éphémères de la lumière épinglée sur l’étendoir de ciel où le bleu s’est dilué, entre violet et noir. Vers le vert de la luxuriance, des herbes hautes et aveuglantes du florilège. J’ai renoncé aux secrets du monde, à ces diverticules au ventre de toute forme de savoir, pour une abstraction d’anxiété qui ne nomme pas le limon de l’angoisse et sa récurrente résurgence. Le temps passe à l’orange de la vie et il y fait déjà noir. Sa passacaille (« passar y callar »), avec son masque sombre de Commandeur, ou plutôt de commanditaire d’un fameux requiem, avance de son pas lourd de cortège. Je m’engloutissais, il y a peu, dans l’immense vaisseau de pierres de la basilique de Saint Maximin, où habituellement les fastes dominicaux faisaient résonner l’armada des tuyaux d’orgue dans son miracle d’acoustique, et ce jour-là, on y donnait un enterrement, dans le plus grand murmure des humbles tessitures, comme en s’excusant de devoir s’adresser au mort . Je renonce à expliquer la mort qui nous enchaîne. Ces clés pour l’ azur, et les draperies de Vierge et d’Enfant à la feuille d’or, et à l’écarlate, aux pourpres ciselés avec les anges et les bienheureux. Ne connaissant que le sommeil, l’enfance. L’Angelico nous mène vers les sphères métaphysiques du ciel et je demeure Paul l’Oiseau de vitrail. Et il n’était que désir de vivre sous l’arbre à chaconne, la main des branches tendue vers de plus hauts horizons de bleus apocryphes. Cette appartenance à la fièvre a toujours enraciné le poète dans l’ivresse des abeilles de lavande, dans les Valensole aux seuls amandiers pour ombre diurne, et ses sillons sont autant de rides, le front aiguisé. Et c’étaient des murmures de midi aussi dur que le couteau mauresque de ces sud où je pénétrais le cœur vêtu de feu, la terre de notre propre chair. J’y chantais ce que je renonçais à prendre. La mer à tout prendre, mes bras infiniment impuissants, quel plus grand orgueil que de prendre la mer… Les marins s’y risquent dans la noirceur de leur cœur, l’ivresse et les chants de désespoir, les sirènes aux écueils bleus pour les gouffres. Dans ce domaine de l’acier nautilien, les bras ouverts de l’anse de Valparaiso a quelque chose des cloches du cœur, après la longue litanie de l’errance. Un champ de blé dans un ciel à la renverse, et plus loin, le coup de grâce qui mûrit dans le chant du corbeau. J’écrivais, à défaut d’y renoncer, puisqu’elle concerne une autre défaite, la stèle du baiser aux étoiles, comme un van Gogh dans sa foudre architecte. La vie laisse mûrir les fruits à l’héritage secrètement dosé d’hérédité. Une passacaille chaloupée allant au terme de l’alphabeta. Voilà que même le renoncement serait une avalée de sens en vieilles guipures, une froide détermination de l’âme aux racines d’opacité. Les dieux pensaient-ils en termes de chromatismes ? Dieu aurait-il même reconnu la fameuse orange bleue, si belle, l’unique planète au clair de terre sur son fond noir de solitude et de néant absolu. Celui de la Genèse : « Et Dieu créa le ciel et le Terre. Or, la Terre était vide et vague… », avec description des éléments qui qualifient l’âme première, ténèbres et abîmes tournoyant au-dessus des eaux. La Lumière enfin, pour crée le premier matin du monde, et le premier soir. Premier Jour. Séparées les eaux, et les multitudes de terrains vagues, il y eut un bas et un haut, une terre et un ciel… Il fit les continents. Les espaces délimités. Puis, il parla de la croissance de toute chose, que les fruits portent les fruits de leur espèce. Puis les arbres, les grenouilles, les oiseaux, les étoiles, les firmaments, ainsi de toutes choses… Puis ce fut le tour de l’Homme. A la ressemblance du créateur. Le monde fut façonné. Fin du sixième Jour. Dans une fureur passionnée d’Etre… Dans aucun recoin des textes sacrés ne figurent la couleur de toutes ces choses, comme cachées derrière des feuillages… la couleur que Dieu attribue à celles-ci est un bel indéterminé, renforçant par là l’idée abstraite de la création, à la seule fonctionnalité des éléments créés. Quand je pense à une pomme , je dis, c’est une belle pomme rouge, tu as des couleurs, donc tu es en bonne santé, la mer était belle ce matin dans son vert émeraude, tu es blanc comme un linge et tu es rose de plaisir. La couleur n’est pas qu’un qualificatif, elle est signe en soi, l’être même dans son apparition à l’écorce des choses signifiées. Elle est une parousie. Elle n’est pas que surface plane avec sa densité lumineuse et ses attributions chimiques de vert, jaune ou bleu arbitraires, mais dans ses profondeurs travaille la morale même de son existence, ainsi le bleu des océans et le rouge et jaune de l’incendie (les petits points bleus et rouges sur les robinets de salle de bain…). La couleur se touche, du cœur de son être émerge l’âme de sa signifiance. D’une blessure au sang béant, simple flaque de rouge liquide, nous avons les prémices ancestraux du signal du feu intérieur qui évacue, qui s’échappe de son enveloppe vitale. D’un mort, ou d’un qui va s’en aller, on dit il n’a plus de couleur… J’errais ce matin, et c’est vrai que la mer portait ce beau manteau lourd d’émeraude qu’elle a parfois après les gros orages de la nuit. J’avais renoncé à expliquer le monde dans ses cruelles fantaisies impénétrables, j’attendais ce premier matin du monde qui se recommence tous les jours à l’heure où la lumière modèle et façonne le relief inanimé du décor, dans les parfums, les sons et les couleurs que prendra le jour d’aujourd’hui. Parce que c’est déjà un jour qu’on annonce sans grisaille.
***
5 novembre 2015
l’ange porteur d’épée d’une seule nuit
touchait les portes du ciel
d’une chrysalide de sang
***
détourner le ciel
augmenter la voilure
le partage des sources
***
parler avec une pierre bleue dans le cœur
de paroles au visage de vergers mûrs
d’éparpillement de ciel dans le lit des torrents
***
6 novembre 2015
Palmyre n’est plus la porte ouverte sur Byzance
et sur Rome
Palmyre la nuque renversée…
***
7 novembre 2015
la mer n’a pas le goût des larmes à la tombée de l’été
colliers des chagrins de perles
à défaire le ciel aux fléaux des cloches à toute les volées
de femmes en bouquet avec leur bruit de fleurs
et de parfum de véranda
nous irions dans des pays d’abstraction de draps verts
de baigneuses aux bouches de coquelicots
qui tirent des rideaux de ciel après l’amour
***
dans la désorganisation des orages la synesthésie a couleur de femmes
aux seins aux pointes de soleil
nous porterions les étoiles atalantes jusqu’à tes lèvres d’embrasure
***
les étoiles portent les brisants des anges
et les métamorphoses des femmes
l’éclat d’un fuchsia de neige qu’a la faïence du sein
ma main ouverte sur l’enclos de tes sources
d’un lyrique corseté depuis ces fenêtres de Venise
d’où s’échappaient les paroles parfumées qui disaient
… pour toujours
***
mon amour à bout portant au cœur d’une balle
***
8 novembre 2015
l’étoile rouge a croulé avec la jeunesse qui a fané
bien des années après… le soleil pèse encore
bien des lampions dorment dans la nuit finissante
***
dans la cour de récréation sous l’effet de nos jeux
d’arbres à cabanes
dans les préludes l’azur était d’or
sous les jupes enfantines les marronniers prenaient feu
***
dans les robes de tes séductions à la croisée des hasards
des quatre lobes du trèfle
la paille de la lumière nous donnait l’ombre d’une chance
***
9 novembre 2015
d’une chambre sur une terrasse de Bolivie
à fendre haleine la pierre de soleil
de vent et de gerçure
les enfants aux cerceaux le sel et le riz aux lèvres
sur les vents des déserts je vois que ce n’est pas le Pérou
***
la ronde de Rembrandt clair de nuit aux hallebardes
à Saskia riant
au sein bleu ombrée de clarté
***
10 novembre 2015
littérature mourante peuple sans alpha
de neiges d’antan de nuages de demain
bêta sous les sceaux du secret des livres à pâlir
***
framboisiers de lèvres entr’ouvertes comme une porte
au débarcadère de Vaucluse où le cœur vaquait
le chemin des chevelures dans des brasiers de tournesols
le vent est venu décapiter
le col de cygne de la beauté d’être aimé
cette douleur de la terre devenue rouge
à la morsure du monde naissant du baiser
***
11 novembre 2015
les oreilles de Judas viennent de la cuisine asiatique –
nous avions longtemps cru qu’il s’agissait d’un tragique pensionnaire
de banquet céleste
parti battre la campagne
***
12 novembre 2015
Lucrèce et Judith le soleil tombe sur elles
en décollation bouillonnante et le sein percé
et corsage comme fer aux chevilles
non soumises et brûlantes
lépreuses de ce théâtre de la peur sur fond noir
je frissonne à reclore le sacré
***
et sur le quai de cette gare
posant mon regard sur elle
ses yeux parlaient de moi
***
13 novembre 2015
des montagnes qui séparent –comme les eaux de la Durance
coulent loin de la patience des pierres —
descendant pour des pays de source et des paupières de neige
hissant des haubans vers les ciels de vins noirs
et des herbes hautes plus enfouies que la douleur d’aimer
à détourner le lit des torrents et les trains de la nuit
les asphaltes où je peignais des repentirs et des nus d’œdipe
je t’ai rejointe au lointain d’une étoile vacante
qui se posait près de cet arbre bleu où tu m’attendais
***
14 novembre 2015
dans le vieux parc aux caresses
à toucher le cœur des choses
des fenêtres s’ouvraient sur la parole
tout au creux de nos ombres
le soir descendait sur le baiser scellé
nous apprenions le verbe être
***
15 – 17 novembre 2015
Les mouvements du temps commencent toujours par « il était une fois » et les images défilent, et l’histoire commence. « Il y aura une fois… », là nous rêvons que demain il y aura une page blanche à remplir, une page prospective… L’imagier, plus encore le poète, peuvent inaugurer la parole par l’une ou l’autre formule suivant qu’ils ont choisi de plonger dans les sources respirées de la mosaïque de la mémoire, dans le tranchant d’un mouvement de la matière ou dans la fulgurance d’une décision de l’esprit…
« Il était une fois… une femme rencontrée »…
Dans cette voie du souvenir, puisqu’il s’agit bien ici de remémoration, en l’occurrence d’une femme inscrite dans sa réalité aujourd’hui rendue à l’état de fantôme, mais ayant eu cette réalité de chair et d’âme dans les cavités quasi tombales ressurgies de mon cerveau.
« Une femme rencontrée bien des années auparavant, venue ici même, dans ce lieu de rendez-vous que je sais être probablement le dernier avant cette rupture qu’elle saura initier. Je savais que c’était la dernière fois que je la voyais… ».
Je peux proposer dans un récit narrant l’irruption d’une situation passée toute la vigueur et la coloration propre à ce vécu de sang et de chair qui sut être, à un moment, aussi réelle et appréhendable qu’une sculpture que je toucherais du bout des doigts, les yeux fermés. C’est la voie de l’histoire, celle que l’on raconte, remembrant ce que nous en dit ce puzzle d’une image globale, souvent trompeuse, et bien sûr morcelée, qui ne cesse de recevoir des informations cérébrales qui poursuivent ce travail du premier témoignage oculaire, visuel ou auditif, comme une hydre modifiant au gré d’un désir de voir surgir une couleur, une odeur, plutôt que celles qui auraient été la première impression, ou comme si un moteur poursuivait un travail d’enregistrement de fausses données, voulant se fondre dans un flot mouvant de vie, se surajoutait à l’événement ancien. C’est la relativité du témoignage de la mémoire.
« C’était donc la dernière fois que je la voyais quand elle apparut, durant ce temps qui fut une éternité telle qu’on ne peut la retenir dans les méandres inflexibles de sa volonté. Alors le jet de revolver fut le prolongement naturel de la rupture… »
Cette autre formule ( demain il y aura ) aurait pu, dans la vision projetée, s’énoncer sur une perspective toute autre (et je pense aux Ames Fortes de Giono, qui transporte deux versions radicalement opposées à partir de la veillée d’un mort) :
« Rencontrée bien des années auparavant, j’étais sur ce trottoir, dans l’attente de la venue de cette femme que je savais m’être pour toujours liée de ce lien … ».
La phrase ainsi orientée vers un avenir non encore avenu a autant de réalité que le ressouvenir, sujet à erreur de cet « il était une fois ». Cet « il y aura » relève de l’arbitraire du désir (par lapsus je pouvais écrire du dédire) . Dès maintenant, il m’est possible de transformer un acte ayant eu lieu ou non, en une réalité qui se trouverait supérieure, par simple volonté de mon esprit. Cette femme dont la rupture avec moi ne fait aucun doute (ce revolver), se voit devenue, par projection, l’enchanteresse éternelle de ma future félicité. C’est aussi l’acte d’invention. La création d’un monde à ma convenance. Pourquoi l’aspiration au meilleur monde possible, à la manière de Leibniz, avec tout le pouvoir de cette attractivité vers le monde imaginaire ne contrebalancerait-elle pas cette fatalité d’une réalité passée, subie et déformable par la mémoire, et hors de mon vouloir ? Pouvoir poétique, magnétique, pôle ascendant. Michaux disait poésie pour pouvoir, dans le double sens de l’acceptation…
« Elle avait pénétré dans un champs où l’herbe était comme les ruines, devenue haute et à nouveau vierge. L’herbe ne pouvait cacher l’âge de cette image qui nous réunissait depuis si longtemps. La femme avait la chevelure des méduses qui tombait sur les épaules avec la couleur douce des pains d’épices… »
Tragédie de la séparation ou création d’un désir éperdu ? L’infidélité possible du travail mémoriel ne rend pas plus véridique de clarté la supposée réalité d’un fait passé que la construction arbitraire et subjective d’une composition d’évènements issus de ma seule imagination. Je dirais même que , dans le domaine de la fidélité aux faits, ma fiction est plus solide (puisque pure création de mon imaginaire) que des faits avérés dans cet « il fut un jour », ou cet « il était une fois… » sujets à expertise.
« …elle pénétrait jusque dans les fibres même de la mémoire de ce champs d’herbes, hautes et à nouveaux vierges, et s’y tenait ainsi depuis des millions d’années que durèrent les temps qui suivirent et qui s’assurèrent que jamais plus nous ne nous revîmes dans ce lieu clos et glacé. Le revolver enfoui dans un amas de ronces avait depuis, les cheveux blancs, la femme souriait de ce sourire énigmatique que je lui dessinais, éperdument et éternellement, puisque la scène suivante ne serait pas construite, que la véritable mort par balle ne pouvait signifier que la fin de l’histoire telle que le souvenir futur que j’en avais s’inscrivait sur la toile de cette peinture énigmatique de ma séparation qui durerait l’éternité d’une séparation telle que durent, à la vitesse de la mort, les séparations, c’est à dire à des vitesses infinitésimales, avec le vertige du sourire, puisque l’infini commençait à poindre dans le cadre de ce champs immensément infini, aux herbes croissantes présentant un début d’ombre sur le tableau, quelque part du côté de la femme prenant toute la place de par l’importance de cette ultime séparation et qui me tendait une main d’adieu au sourire d’énigme, d’un adieu infini s’inscrivant dans cette morale d’herbe haute et de déclin du jour qui devra durer des millions et des centaines de temps à l’échelle de la mort qui vient comme la fin de la rencontre où la femme qui me quitte prends le temps d’un sourire durant le temps du jet de force qui était sorti du revolver déjà enfoui et oublié au pied de cette scène de cette fin de jour occasionnant l’ombre grandissante tombant sur les épaules de ce tableau dramatique et infiniment douloureux d’une séparation à vitesse d’une analepse, ce qui rend le temps beaucoup plus étiré dans notre ressenti pour être sûr de ne rien manquer de cette séparation désastreuse attestant que seule la mort et le revolver peuvent séparer avant de nous pencher vers ce futur (ou prolepse de la mort) qui laisse cette scène d’elle et de moi nous séparant dans un tableau qui se fissure parce qu’il est encore temps de cesser de revenir vers ce temps d’avant la décision de prendre de vitesse les craquelures qui entament la toile où nous sommes enfermés, ce si sacré moment de cette séparation qui comme toute les séparations doit prendre conscience qu’il s’agit bien d’une défaite malgré le sourire que nous apercevons maintenant plus que tout à l’heure figé sur les lèvres empreintes de gravité donc d’un pacte de ne jamais revenir vers ces je t’aime révolus que je sens l’échec dans cette éternité qui se fige la lacération du regard de ceux hors cadre qui visitent le long couloir du musée où il y a si longtemps nous sommes mort on ne se souvient plus comment sur un tableau menaçant de jaunir et que maintenant qu’ils nous voient l’éternité nous a remis au creux de ces herbes hautes si hautes que les regards avec indifférence s’en retournent vers d’autres couloirs puisque nous disparaissons de leur horizon et que c’est aussi cela cette petite éternité de séparation et que les visiteurs s’en allèrent voir des scènes de mythologie ou de Diane au bain, des Suzanne et les Vieillards, et que nous continuons dans la nuit maintenant tombée à sortir de l’enfermement de cette scène à faire cesser l’éternité qui s’éternise pour nous hisser comme dans la dernière page du Paradis de Dante vers les astres rejoindre les sphères qui tournent vers les célestes etc… finissant de graver avant l’oubli, ce quatrième vers avant la fin du Paradis : « al alta fantasia qui mancò possa » ( et ici la haute fantaisie perdit de sa puissance) ………….
***
je ne touche plus que le cœur et j’ai quitté les embarcadères
libre comme sur une terre inoccupée
l’herbe inorganique dans le maillage de nos amours
faisant de ses jambes nues un sillon de ciel sur la ville qui respire
d’un surplus de baiser occupant seul notre carré d’azur
***
16 novembre 2015
ces « chants de l’aube » les derniers feuillets de Schumann
derniers bémols du désespoir
de nuit nous attendre sous les ponts de bois de Düsseldorf
de vitraux vivants
du silence palpitant les marbres bleus de tes seins
***
17 novembre 2015
l’échelle de Jacob où luttait l’ange dans les chutes de la nuit
à monter les marches plus douces que la douleur
une fontaine de papillons verts au pouvoir d’aimer
***
de fraises et de mûres qui froissaient la blancheur du corsage
d’un refus disait-elle de son désir
se moquant comme d’un défaut de langue
un lapsus qui disait dédire
***
20 novembre 2015
je voyage comme une foudre immobile
d’une cécité de feu de bengale les hanches
d’un vieux colin-maillard aux mains blanches
tu donnais des baisers d’une ville disparue
remontant d’un temps blême
une archéologie à chevelure d’hiver
***
de nuit minotaurine aux cuissardes d’hôtel
comme pluie d’existence
elle disait du baiser qui sculpte
« je garde tes murmures »
des protocoles de nos amours je hissais
nos voiles de goélands
***
21 novembre 2015
boulevard de Magnan nous faisions l’amour
dans des lits de femme aux pieds cassés
et le ciel croulait sur nos membres
***
le vent s’envole la tête pleine d’or
dans les wagons noirs de nos secrets
entonnant des valses de grive musicienne
dans les parages des grands sables
se structuraient de bleues sculptures d’azur
***
22 novembre 2015
comme la gambiste de viole d’une forêt engloutie
sa chevelure complexivore dansait dans l’archimage
de paysages de pluie
les joues rougies de perles et de fougères jaunies
elle gardait en guise d’adieu
tous les miels et les voilures de cocaïne de sa voix d’alto
***
nous nous aimions du temps du pallio de Sienne
les cerisaies fleurissaient au lys des casaques
chevauchant large
ta bouche assujettie au rouge des cerises
***
gardien des étoiles dans l’errance vivante
côté miel
son aurore au large de soleils salvateurs
***
23 novembre 2015
l’œuvre au noir est une incandescence de la connaissance
la cendre de la douleur les jambes en Y
métamorphose décousue de l’X inconnue
celle qui entre dans les feuillages de l’enfance
au portique des étoiles
***
dans la moiteur les rideaux lourds les draps
et les peignoirs de l’après-midi à l’attendre
jusqu’à la pierre poreuse
grandissant à la lumière dans son seuil crayeux de solitude
***
disant pleurer peut-être de bleu ou de sang
attendre et mourir de gris de noir
aimer d’arc en ciel de roses rouges
et dans les plis des autres bijoux constellaires
mes pas marchent sur tous les graviers de la nuit
***
25 novembre 2015
l’ombre sur le mur a gardé la fièvre des anciens paluds
je serre la jalousie au fond d’un ravin
ta bouche de carillon
arbitrairement rousse comme paradigme de vieux soleil
***
chant vertical de ta chevelure de feu
dénouée au sablier d’une nuit mûrie
***
nuages entre les bras je descends le fleuve de tes lèvres
le rosier livide de sources bleues au rostre de la nuit
***
mur absolu comme la hache du regard
de neige excentrique
d’aveu de solitude
***
lance au dragon de St Georges cette union libre du dard
la malaspina d’une rose égarée à l’errance chevaleresque
***
les papillons ont ces oreilles qui ébruitent des ivresses
de couleurs schumanniennes
mouchetées de sanglot
***
25/28 novembre 2015
1- comme un arbre de Jéssé je remonte à l’hérédité de la douleur…
2- peu à peu les ombres disjonctives aux jaunissements de l’automne…
3- … c’était un jardin nimbé du sommeil de l’arbre dans sa foudre
4-…nous quittions le miroir de métamorphose où tes yeux creusaient ce temps qui nous oublie
5-… l’écorce d’un bouquet d’existence à la boutonnière…
6- c’était un travail de deuil dans les labyrinthes d’une liberté fossile
7- nous eussions pu poser sur des lèvres brûlantes des guirlandes d’étoiles
8- la terre émondée de ses rosées embrasées…
9- de ce monde naissait de grands incendies à dimension d’homme
26 novembre 2015
P
DEJA , LA PIERRE
L
U
D
E
E
N
N
E sur nous tombée
la terre chaude
défibrillée
la fièvre sans visage
… déjà sur nous refermée
les murs d’Aïda
***
nuages d’orange nés d’Orion
les nus éperdus mis aux fers
perle d’angle du Timée
close dans la verdeur que je franchis,
asymétrique
***
27 novembre 2015
venue de nuit archiangélique assise aux terrasses idéales
au vent vert jusqu’au truisme de la lumière
de verres vides qui contrepointent le parasol où je t’attends
***
les filles de Sion dont on coupe la chevelure
en forme de punition sexuelle
comme celles de la Libération
ces anti-Mélisande
***
29 novembre 2015
les aiguiseurs de couteaux métamorphosaient
les armures du cœur
elles creusaient de désespoir vif
ce trèfle de métal confondu avec la paume d’une main ouverte
***
vieux moulin qui faisait tourner
les étoiles de blé mûr…
***
30 novembre 2015
montés à l’étage du cœur les figurines
de sommeil
du vieux magasin
dieux d’une nuit le soldat à la blessure
et la princesse fileuse de souvenir
jouets de bois oubliés
1 décembre 2015
chant infini des possibles
larmes
***
en habit de lumière comme Saint Michel
les chants endimanchés jusqu’à la clé de voûte
à incarner ce satiné de la peau
sur le pavois de la nuit quand tu viens à moi à pleins bras
***
2 décembre 2015
ta chevelure brûle
mêlée de nuit entre mes mains
la ville est lourde dans son horizon
au baiser de fonderie
bourreaux de fin du jour nos doigts s’entrecroisaient
***
j’écris ton nom dans la prison mentale de la solitude
rouge sur noire
***
noctambule jusqu’à la fin de l’éclat
oiseleur taciturne
de tout ce cristal du plaisir
de l’ivresse
de l’oubli souverain
***
charmeur de nuages il dirigeait la pluie
s’engouffrait dans les robes du désir
la nuit ne rendait plus aveugle son exil
***
4 décembre 2015
d’une même matière toi et moi avec le cœur
comme un lierre grimpant
ce train de la nuit qui s’essouffle d’errance
dans des mondes à venir
mes mains comme une enserre libérant de lumière
sur le sablier stellaire
tes hanches et ta taille de libellule
***
5 décembre 2015
l’abstraction de l’oiseau (même pour l’aveugle)
est l’apesanteur sonore
le recitativo secco d’un carillon de matin
l’aigu sur le cristal du réveil
c’est l’Ucello des grands piaillements de bataille
les lances orientées vers le ciel
pavois migrateurs fidèles à nos villes
leurs zébrures flamboyantes dans la liesse du crépuscule
***
comme un manteau sur l’épaule de la ville
***
la plaine
les vrais van Gogh
depuis les hauts remparts des Baux
***
6 décembre 2015
glaneur d’étoiles
de celles qui brûlent
de la nuit des chemins
par poignées de lampions
dormir sous les javelots de la pluie
glaneur de labours
dans le vent vivant de nos corps habités
***
7 décembre 2015
échancrée comme une tombée de jour
l’érection du souffle foudroyé
la pierre à voix basse
***
le torrent parle la langue de la ravine lente
l’éboulis du cristal
et nos corps échangés
traversent un mûrissement tectonique
dans le récit d’eaux murmurantes
***
dans les orgues de la matière un halètement de soleil
du plus loin de la brûlure
le nom de la pierre
***
8 décembre 2015
le ciel insurrectionnel
les yeux décillés
s’il n’y avait le roulement des graviers d’orage
des forgeries de nuit
et les carillonnages de lumière
ces seuls fleurissements de famine
d’une foudre qui pourfend notre chemin
***
l’accroissement de montagne dans sa part bleuie
le corps ingouvernable qui vivait d’infini séculaire
la hallebarde qui désagrège
***
la mer entière à paroles d’écume
la mer à force
inlassable
***
9 décembre 2015
de grandes orgues à la verticale comme javelines
qui gravent des soleils de liesse
l’ombre jaunie du plus loin du cœur des choses
dans des détresses attendues qui s’aiguisent
***
10 décembre 2015
mon pays à la mine de plomb
à faire vivre l’ocre et l’azur
la patience dans les veines
qui portent les voiles des départs
***
les cendres ont-elles la mémoire des non lieux d’une femme ?
***
11 décembre 2015
femme du fond d’une allée
elle écrivait des haïkis
avec des pinceaux les lèvres
le sang rouge des kakis
elle saluait la lune
dans les halos du saké
sous ses pas de cœur caché
et de graviers solitaires
***
toi et moi après l’amour faisions un tronc fleuri
***
12 décembre 2015
l’image taurine au creux de la nuit pariétale
les corps antiques d’une droiture de lumière blanche
***
ma clarté réfléchie à vivre la gravité de femme faite brûlure
la vie gîtée au plus haut du vivant
je déchiffre la nuit sans corruption
ce dedans du visage aimé
***
réfléchis de pierres en pierres nous sommes de vivantes collusions
***
moulin de la nuit
berçant les étoiles
meule aveugle
la plus que lente
***
Lucas Cranach aux femmes si blanches
aux velours de coquelicots
aux gorges de fureurs érotiques
***
je m’abîme avec toi dans l’haleine du jour
de dormitions de neige comme une faim consumée
***
de violence amère le vent à main armée
à la porosité qui déprécie
***
mes lèvres contre les tiennes d’une écorce torrentielle
***
j’attendrais d’autres rides les derniers éclats
à boire la mort
le ciel en plénitude à quelques encablures
***
13 décembre 2015
il reste une réalité aveugle pour vivre
***
derrière la fenêtre l’incendie de l’automne
l’or mûri proliférant
que je prends sur ta bouche
dans les rouges et les jaunes
***
14 décembre 2015
j’ai toujours aimé Cyrano, néanmoins…
***
mûrir l’embrasure de l’estuaire pour les jalons d’oriflammes
levant les voiles
l’herbe du chemin comme un chemin qui brûle
dans les baisers de l’insomnie
l’espace de ma poitrine au tison des étoiles
***
15 décembre 2015
ce monde bleuit quand nous quittons la terre
et la nuit se dédore d’un grand incendie
sur la colline du temps premier
un orgueil bleu dans le poing du diamant
***
16 décembre 2015
l’écriture de la neige est un manteau de brûlure
creusé dans la nuit théoricienne
une lumière désapprise qui soulève
des draps bleus de ciels
le temps à revivre dans l’écorce prairiale des montagnes
***
gravir les échelons de la gangue nocturne
l’ingouvernable désir comme un aplomb d’étoile
à voie basse
***
ce n’est pas le vent le cœur en morceaux
derrière les barreaux les arpèges rauques
du brame de cerf
***
mes barreaux en jalons
la nuit ferraillant l’os de l’insomnie
à nous rester fidèle comme un jour cuisant
***
17 décembre 2015
le dernier dé jeté sur les étendues de l’espace
j’en appelle à l’incendie
infini dans un sillon de solitude
***
l’armature sibylline du cœur
dans les ciels dépliés
de ta poitrine aux soleils exsangues
***
crépuscules à la voix d’alto
aux résiliences féroces
***
je mesure Cézanne sur le Cours Mirabeau, la grande maison jaune de la Banque, comme une ombre de père…
***
18 décembre 2015
existe-t-elle traversée de ce vent mauve
que je prends entre mes mains
au plomb des embarcadères
j’allais anfractueux
vertigineusement alcoolique
dans mes amours terrestres sous les paupières
***
ce vin qui a le parfum du cœur d’olivier
comme les baisers de ta bouche de clarté
flamboyante et gueuse dans les tressages
de l’amour
dans ce que j’amoncelle de verrous à pourfendre
je buvais mon enfance sans mesure
dans des ornières de mésalliances
d’une flexibilité …….. d’où je t’attendais
***
19 décembre 2015
l’inutilité de l’angoisse dans la plus grande proue du ventre
cette ornière profonde du bleu de l’exil
***
des grands souffles de la mer
du seul respir de la pierre
falaise d’amour
dans des mensonges lucides
***
l’ombre a passé
le cri a donné toute sa blancheur
***
reste à moi
lente et longue dans le baiser que tu me donnes
***
lointaine Atride pourquoi serions-nous dans la ténèbre
***
les bras blancs de la douleur…
***
tenir le temps jusqu’à la dissipation
blanche et belle sur tous les stucs
du fond de la poitrine
la montagne qui s’expose lente
du plus profond de cette faille
à nous hanter
***
20 décembre 2015
d’une ruelle à la tombée de la nuit sur la vielle Bratislava…
une encoignure rêvée
à la feuille d’acanthe d’éros et d’héroïnes
***
là où on ne va pas ailleurs
dans un azur retrempé
***
je mesure le degré de la blancheur
ce grand cercle de l’orage
des murs de la basilique
limpide dans l’ordre de la clarté
***
dans les escaliers de la nausée
comme une rature de la mort
ascendante et frappé d’airain
***
d’une pluie sur le cœur
préfigurée de nos doigts
qui s’aiment vivant d’ouragan
par des murs glacés d’amour
d’haïkaï de ce génie de décembre
de pagodes engrangeables
à liberté d’homme
les lunules de tes yeux sur les miens
***
dans la nudité de nos murs l’accablement glabre
d’où vient
la terre dans sa rotondité
***
l’ankylose du temps pour ce qui ne fut
que l’éclipse d’un baiser
***
à prendre la forme de l’orage tes yeux qui ne dorment le jour
vivant de toi mortellement vivante
***
je me réveille de vivre dans ce blé infini de notre rencontre
***
21 décembre 2015
mon témoignage était de cendre
je t’avais vécue à hauteur d’homme
assujetti à une mort de pleines brassées
que j’entrevois que je suis vivant
dans la volière de nos baisers
***
ce vin du Var dans le gras de l’olive
le charnu de la terre
l’horloge a retrouvé l’heure des morts
sur la Place de la brasserie close
***
22 décembre 2015
cette fontaine tout près de l’abîme comme une transfiguration
***
cet incendié d’une rhétorique à la barricade
avec autant de ravines de l’angoisse
qui ne finissent
***
…et qu’il s’agisse du feu et de la pureté à nous creuser
ces clartés de l’homme et de la pierre imprimant
la milliardième aube avant notre jour
l’abrasive Lascaux
***
que me reste-t-il du langage de mon père ?
ce cœur soumis à la rayonnante guitare du vent ?
***
la lumière qui tient debout
la pierre de la Ste Chapelle
***
partagé entre la tendresse et les dentelles de la perversion
les murs nus sabordant de nos soubassements
***
23 décembre 2015
finir le temps
regagner le sable
rendre la réflection de la pierre
***
reconstruire la foudre d’un voyage d’hiver
à s’abîmer dans l’équarri du temps
d’une ville de platanes jaunis
de jets d’eaux pareils aux chevelures
de poignées d’étoiles jetées depuis la paume
de la nuit
et rendre ton visage à la ville qui nous inonde
***
sur la place où je t’ai connue qui n’existe plus
passait la nuit noétique dans son velours de pluie
où nous ne faisions qu’une même asphalte fantôme
l’abîme du mûrissement est une douleur
à visage de pierre
sculpturant une solitude musagète
***
Ponge ciselle des géorgiques d’aujourd’hui
***
Noël 2015
Chartres de pierre et de la lumière en haute colline
sous ses blés
la foudre algébrique
***
comme danseuse flamenca les talons de l’enracinement
qui infusent de la terre
la provocation de ses crocs
***
par la malboire la souillure du temps dans son visage noir
***
viendrais-tu amputée d’insignifiance ?
homme brûlé dans un temps assombri
***
ces bourgeois de Paris qui dictent le goût de se perdre
***
l’étoile effrontée aimée dans la nuit qui nous brûle
***
l’arythmie à rendre ces cornes de Lascaux
sous des volutes de ciel
***
26 décembre 2015
partir avec un vent qui respire qui est le vent de toi
que je respire
recoudre la terre
les gerçures de tes lèvres
d’un amour neuf gravir le ciel
***
l’oiseau à conjuguer les couleurs
dans les aigus qui s’ébouriffent
ce juste tranchant
les yeux ouverts dans l’attente du bruissement
***
27 décembre 2015
c’est un amour noir et blanc d’un film de Naruse
je crois
de lits de bambous qui suivaient le va et vient
de nuages
entre une île grise et les convulsions de tristesse
d’une femme au ciel flottant
d’avant la mort
la beauté des clairs obscurs sans navires
***
28 décembre 2015
ma trop sincère étoile qui pense à la pluie sur ton front
à la nuit sereine
ma trop voluptueuse à crypter cette forme de soleil
qui gage sous ta peau
ma grande joie volubile comme une soif de terrassier
de trop d’embruns sur la lumière des pierres
de cette eau de la vie nous laissant mourir
l’angeline source qui me commande comme des greffons d’espérance
***
Par-dessus la garrigue les sources profondes…
***
chaque désir a son ombre
***
c’est aujourd’hui un bonheur sur les murs de Mon Oncle Tati
***
ce qui est inaltérable
dans la mort affublée
d’un masque de vent
c’est le mûrissement inquiet du jour
***
banlieues des cœurs sur la mort imminente de la terre
avec des bonheurs de pavés
***
l’ordre du vent
celui des paupières
de ton corps qui se dissipe
sous nos alizés
***
mon amoureuse dans le fond des nuits
taillée dans la matière du ciel
***
l’heureux temps des mansardes aux nuits de dettes étoilées
et leurs vieux vins de misère
***
mécanisée d’amour la nuit inocule
d’asphalte et de clarté exsangue
***
29 décembre 2015
dans les baraquements des astres
je laisse boire le rouge du couchant
d’une monnaie ronde qui brille comme les étoiles
***
dans un champs de blé encore vert
cette sorte de poème de cloches incandescentes
***
m’avais-tu dis cette aurore aux grands goélands
et le cristal qui brise les prédateurs ?
***
ce désir de me confiner à toi jusqu’à l’embaumement
***
la pierre grandit dirait Ponge
les noyaux de volcan qui portent
le souffle de nous aussi
***
plutôt que les intentions du mûrissement nous voulions
la chair même de notre volonté solaire
***
l’oisiveté de la lumière jusqu’aux exotiques blancheurs
du levain qui monte jusqu’à tes collines
cette folie de la mer les marins aux cadastres des étoiles
***
je viens vers toi comme cette pierre dans l’immobilité de la pierre
qui vient vers toi dans cette pierre qui remplace
***
partir où ? dans l’anémie du monde ?
***
les hommes n’aiment pas les accouchements, les venues à la vie, attendant de futurs guerriers…
***
30 décembre 2015
Chostakovitch dans des champs de pierres qui ferment les yeux
cet organon limpide
mémoire mise au défi dans des lagunes d’hérédité
la peau de tous nos baisers calcinant
***
dans le baiser mon sang a les ailes qui foudroient
narratives aux creux de nos arpèges
***
ta bouche est belle comme un jeudi à mordre
***
belle à bijoux d’ombre comme un fruit sur la bouche
***
ce jour premier janvier je t’emporte ton prénom oublié
mon amour j’ai rechuté sur tes paupières
comme une fièvre à faire croître d’un clignement
un printemps de neige
***
ne m’aimais-tu que d’une figure de style ?
***
31 décembre 2015
les formes de l’amour tiennent les linges aux fenêtres
mon amour sur l’étendoir de mon avenir