Cahier de pathologies pittoresques (2025)
PITTORESQUES 1
Janvier 2025
c’était dans la nudité des grandes garrigues
dans ce souffle d’abîme
une mort sans avenir
paupières closes
d’un vol bleu d’une presque nuit
…
je continuais la route de ma vie
sur des larmes confidentes
…
la nuit d’un prodigue linceul
…
relisant Spinoza ce cosmique de fausse abstraction
de redoutable demeure universelle
j’avais atteint les gouffres de Padirac
les Pech Merle
les matins nourriciers
***
nous avions mis nos vies porteuses de chaînes
en geôle
en carcération
j’attendrissais le temps avec des étoiles naines
…
j’avance d’une finitude qui s’exclame
***
renard soleil roux
soleil pourpre
apache meurtri
***
détresses abrasives et solaires
pour des demains dotés de phare
de pleine poitrine
ouvert de ciels
et de mâtures
qui creusent des devenirs portuaires
***
les vieux navires de l’Euphrate avec tout un ciel de cuirasses
***
… s’agissant du bonheur humain universel il y a de la
suspicion à avoir
***
porter son cœur finissant en une fugue à quatre voix
un courant d’orgue vénusien
un infini tombeau de marbre
d’un nasard sourd et ténébreux…
***
ma ruine était d’argile
qu’un rossignol d’absurdie
rendait mes vestiges de larmes
en arpèges d’asphalte
***
serai-je ému à l’approche du phare ?
***
l’ensorcellement des sables
des nus à la nuit des nudités
à l’année lumière
au surplomb de foudre
de nos âmes multipliées
***
… nos archipélisations laissées pour compte …
***
distorsion cognitive
sans soleil
nos enfantines frayeurs antiques
à visage de plésiosaure
***
j’escalade les marches de ma mémoire
par la face nord des flétrissures
de trous noirs
et d’éboulis d’ombres
c’est le poète qui s’évade en bas de page
***
dans les couperets de l’ombre
les ailes de l’oiseau
n’ont pas toujours les moyens de faire fortune
***
le penseur de Rodin
l’humanité de marbre
poreuse d’un cœur de craie
***
plus loin que les cuivres du crépuscule
les au-delà océaniques
roses et chair sans pareille
était-ce ainsi ces armes miraculeuses
le sans pourquoi
de l’homme noir la femme blanche ?
***
c’est la pluie qui fendait le rosi de notre innocence
c’était une pluie de fleurs blanches
de saisons de murailles
le mors des terres de Sienne
aux chemins de halage nos cœurs crayeux
vers quelque caravagesque sable mort
***
dans le temps courbe d’Einstein le voyage n’avait altéré le visage de mon enfance
***
influencée par quelque fluide surréaliste une coutume des années 30 veut qu’en certain village on chie tous les jours sauf les mois sans O
***
les étoiles éclosent en perles de mimosas de nuit perdue
***
le ciel était mortel et la raison vrombissante
le rouge et le noir au cœur de la dague
d’une finitude surannée
***
j’ai repris l’armure qui ferme les paupières de la raison
***
j’immacule le temps de nos hérésies
***
je faufile ce palliatif à venir d’une chambre blanche
dans la blancheur coupante
de stores vénitiens posés telles les ailes en partance
d’un vieux corbeau
***
comment l’intra utérus ne serait-il pas dans cette odyssée
de clignotements d’étoiles ?
***
le loup au langage de la lune
de ses blancs cratères hululé de mémoire
***
de tous les fragments de naufrage à l’échafaud du temps
une scintillance à couleurs d’oiseaux
me fit caresser le vent aux crêtes de lourds océans de blé
préludant le champs aux corbeaux
mais c’est d’Utrillo que c’était ouvert aux fenêtres
un blanc absolu
***
c’était un bleu boréal un Klein à forte poitrine
le chant bleu
le tari d’un mensonge méconnaissable
***
régissant les hauts massifs de la nuit
Kathleen Ferrier plus qu’Eurydice
était-elle à la naissance ou à la fin
d’un haut mysticisme la pierre angulaire ?
***
l’arbre de Paul Klee les mariés fugitifs
à la croissance d’une longue traine
le versus d’un sombre Novalis
l’angulaire de la chambre d’hôtel
encore un cercle de Dante une Ariane à Naxos
un sel noir sur un vent de blessures
***
le ciel s’était épuisé de nuitée blanche
de préexistence abrasive
la malemort de jours à rendre gorge
***
j’écris sur le cuir du monde à fleur d’une peau de haut voltage
***
PITTORESQUES 2
Février 2025
c’était la grand roue d’un bonheur solaire
le cœur en toupie
à l’aigu d’oiseau de nacelle céleste
***
Mozart raconte des pluies blanches
comme quenottes d’ivoire
d’une pluie clavecinante automnale
les souliers menus de la pointe du pied
sur quelque chemin
à la clarté natale sans retour
à l’âge des oiseaux tragédiants
***
Mergellina au pied de Naples où est Virgile
la colline au tombeau au-dessus de la ville
***
combien dure la lumière
l’occlusion du temps
temps labouré
sillons d’asphalte
***
huit minutes pour percuter le soleil
à la vitesse de la lumière
baiser de mort
retour de source
rancœur sans retour
mes corpus mes amours
cinq milliards d’hydrogène à perdre encore
pour pétrifier quelque espérance de « je t’aime »
***
j’ai marché sur mes sillons
j’ai entré le temps dans un mal radical
***
Eurydice Jocaste Didon Antigone
et celles que j’aime
dans le vrai cristal des fleurs
légendées coupées et légendaires
d’héroïques papiers fanés
***
un champ labouré
où j’allais à la marche du temps
à hauteur d’enclume
comme une pluie féconde
sur tes yeux de rizière
***
la pluie arborait le mauve de la tristesse
***
des percussions du soleil il ne restait que le sable
***
je romps la constellation où tu gis dans des dentelles d’Hypnos
***
la beauté qui fragmente
qui rend captif
***
par la malignité de la faux
séismale sur le cœur
à la pointe du couteau
***
démuni de vent et d’héritage
d’une terre grêlée
aux vieilles cendres
de ce quartier des orangers
aux aurores mal née
à l’incendie guttural
***
DANS L’AMBROISIE
dans l’ambroisie fugace du Masaccio
les avants propos monumentaux
de la nudité
…
à la froidure vilipendée
à l’abord du marbre
à la menace d’un seul seuil
…
dans l’envoilure des glas le gros œuvre de la lyre
et des cendres fertiles
…
la nuit des chercheurs d’or à la pleine espérance orpaillant
de ses fruits opaques
…
la mort advenue vaine de ses baisers constellés
…
à renaître quelque part vers Avignon
l’ocre et le vermillon
dans les marges des résurgences
vers quelques obscures dérision d’étoile
…
dans les constellations du Cancer et d’Orion
un arsenal géologique qui gît
à visage d’homme
le pourpre et l’incandescence
de la femme recommencée
…
c’est dans un berceau de mémoire un puits accrédité d’anciennes rancunes
et de vieilles chevaleries
que s’étoile sur nos poitrines la fulgurance lyrique de nos survivances à poings fermés
…
… dans son immémorial volcanique de cendres froides
la poitrine ouverte des foudres dans leur blancheur de linceul
***
la nuit est là sereine dans ses controverses
***
j’entends la généalogie du monde dans les couleurs de ton nom
***
c’est toute la mer au creux du coquillage
le simulacre de nos noces
le vivace et le chant de la plus fauve des textures
l’étoffe griffée balconnant en leur ornière de soleil
***
… d’une parousie qui martèle sur la terre
la nuit qui couture
le vent qui altère …
***
nébuleuse dite de l’Œuf au Plat
la naissance brutale dans la matière
***
l’éternité n’est-ce pas ce temps de la lumière qui nous mesure ?
***
… infinie lande de ces lèvres qui portent le désir
***
j’envie le grand duc dans son nocturne d‘hypnose
***
j’avais jadis caressé ta taille de tutu
et le glaive froid de tes beautés sidérales
la maigreur de tes anneaux de Saturne
***
la nuit meurt comme Galatée sous sa couvée d’étoiles
***
AN NURIA
Mars 2025
l’homme du Nord le rebondi
à la maison de briques rouges
au clocher et au carillon
aux poings de bronze
à la source secrète des beffrois
nous allions vers les empires
vers ces mondes dévorant
les rivages dominant vers les pôles
les glaciations précédant les pas
de ciels antérieurs
***
ces eaux rejaillissant comme l’avers de la mémoire
la fontaine bleue où les lèvres se sont rencontrées
cavalières seules chargées d’Histoire
***
ses robes et ses roses allaient faciles
d’un chemin de minotaure
enserrées
météoriques
ronsardiennes et soupirées
de beauté et de cœur facile
de toutes les grâces félines
et de toutes nuits calleuses
la foudre invisible venait
en une invite de dentelle
du plus crépusculaire
devenu ce point d’horizon
aux pétales qu’on attend
toujours avant la nuit
***
l’écriture de l’avenir a ses propres rythmes
je m’y aménage quelques sillons
loin de Corinthe
et savamment dorique
***
… Reconnaissez Madame que mourir
c’est veiller sur le vent qui s’en va !
***
(tout ce que Jean Genet a fait c’est par derrière
il y avait eu la cantatrice chauve certes
il eut aussi celui qui disait « adieu couilles aimées » –
entre deux pages de Pléiades
… couilles d’est-ce… est-ce !?)
***
je dors sur une étoile l’âme aiguisée
le cœur en archipel
dans les bandoulières de mes blessures
je dors sur une étoile d’une pesanteur légère
dans cette ronsardienne souvenance de l’aimée
***
… le taurillon doucement vers la mort
***
j’aime du plus beau de Mars ce mois où la terre ne refleurit pas encore, où l’hiver a capitulé et les jours n’ont pas encore donnés avec opulence les plus heureux prestiges du bouquet à venir. Mars des Béliers dit-on, avec celle qui a posé sur mon front le sel du baptême il y a si longtemps.
***
Etre Eric Clapton
être la poussière
le guitar hero
peut-être le fond de la mer
les moody blues d’une nuit de satin
la pierre le fond de la mer
***
en toute connaissance la foudre
s’était attardée à ceindre notre lucidité
***
la rose crie au bord des gouffres
à cueillir un refus de mille oiseaux
la main baisée madame
de celles qui vont partir
avec des roses dans le champ des courtoisies
***
j’ai longtemps marché sur une éternité séjournée
***
contre champ… dans ses dérives
à l’oubli du tonal
***
je gardais dans ces temps d’angoisse
la fleur qui grandissait lucide
et d’une verdeur de ruse
cette fausse persistance de l’éternité
***
… dans l’inscription furtive de la poussière …
***
dans le domaine clos à perdre des cosmogonies volatiles
***
tant de milliards d’années-lumière pour un pourrissement
raisonnable devant une dernière porte battante
***
reciel nos baisers abrupts les ankyloses et les murissements
à bleuir la volonté droite des lèvres sur la foi d’un temps fécond
***
le visage du temps sur les plages de Rabat
garde le sourire opulent des marées
qui efface à mesure de rocaille
le va et vient de nos sables
les sépultures persistantes de jours anciens
***
l’adolescence est-elle exponentielle à la bourse de l’avenir ?
***
l ’univers dont on nous dit qu’il ne se touche du bout des doigts
est d’une opacité lointaine froide et aussi fourbe que l’ignorance raisonnable qui le présente sur un plateau de désir d’une Salomé
pour Jean Baptiste
***
cette nuit la terre a tremblé de cent mille fleurs
d’une entéléchie de couleuvres
***
Nuria brune comme atone comme baiser du monde
sur toi dans les surmontagnes qui nous animent
***
en resterai-je sur ce solfège des rails à hauteur de voyage ?
***
nous ne vivons que de sépulture
nous ne vivons que de hasards fertiles
***
Parle moi nymphe de mes forteresses …
***
c’était dans l’arlequinerie de ceux de Carthagène
l’ocre matinal
Blas de Lezo
celui qui tenait l’épée devant la forteresse
le port des départs
***
viens-tu dans l’écho de l’étoile cernée de linceul ?
***
loin si lointaine dans les incendies de paille
la fureur d’éperon sur mes paupières
d’un nocturne solaire de Turner
***
étions-nous las de prendre le monde dans ses perspectives aveugles
à force de racines qui intimident ?
***
je pose ces roses à renaître
ces doigts meurtris
ces azurs qui perdraient la mer qui s’anéantit
je pose mes roses je pose la lumière qui s’en irait
rose des Ronsard de la pierre de saint Cosme
et de ses pierres qui tombent
…
je resterai dans la tendresse des tombes
***
je me rends nu clairvoyant et solaire d’un printemps volontaire
tout au long de cette Dordogne qui vient aimée à la clé solaire
le long des coupoles d’un ciel de Périgueux
***
la nuit porte enfin ton nom
***
loin de nous douloureusement la mer captive
le soleil à la place du cœur
quand vient au crépuscule tes robes qui brûlent
…
le temps en années-lumière les multiples morts
et les roses des naissances
j’avais perdu les amarres
le large
le courroux prodigue
le prisme de cent royaumes
du plus bleu de notre temps d’acier
***
des brumes migratoires d’Antigone … à tailler la pierre des murailles
… à déciller victorieusement l’ordre dans le désaveu
***
quelle sorte de doigts de tremble aurait la mort pour nous convaincre ?
***
nous avions racines jumelles jusqu’à ces espérances
au plus haut des cocagnes
***
nous nous étions aimés en abrégeant le jour
***
j’avais circonscrit le règne des oiseaux fuyant un concert d’orgue
et celui de ceux qui accompagnaient d’héroïsant commentaires
la sonate de Chopin à la chapelle de Nohant
un soir de virtuosité mutuelle
***
Ils avaient arsenalisés la justice des injustes jusqu’à perdre
au seuil des platanes les décrets de l’herbe des chagrins
de l’être et du néant au grand soleil
***
nous qui avons eu à vivre les résurgences des souvenirs de Valparaiso
les pavés au seuil de la désespérance de ceux qui perdent le port et sur les plèvres des collines aux lèvres même de nos sommeils des lendemains boiteux ivrognant maladifs au bord de la mer nous portions des avenirs insomniaques
***
j’énumère les temps qui m’oblitèrent d’une nuit massive
***
perdus où nos sources étaient vives
***
de chênes en chaines ces justices tenues en laisses
***